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ALEX CORDO
"Origami"
2016 (M&O Music)
Discographie
Classics (2013)
Origami (2016) |
Le terme Guitar Hero est apparu au milieu des années 80 avec comme fer de lance
Joe Satriani, suivi de Vinnie Moore, Steve Morse, Steve Vai... Non pas qu'ils n'y
ait pas de guitaristes prodiges avant, mais ils donnaient leur talent au
sein de groupes. Hormis Ted Nugent, Franck Marino... mais ces derniers proposaient des
titres avec un chanteur, alors que Satriani et consorts mettaient leur
instrument en avant en privilégiant l'instrumentalisation.
La France a, comme à son habitude, pris le train en marche. Le fer de lance
national est mené par Patrick Rondat dès la fin des années 80, mais surtout dans
les années 90, suivi par Rudy Roberts, Alain Aimé, Christophe Aubert (même si certains titres étaient chantés sur son seul et unique album solo),
Chris Savourey, Cyril Lepizzera, Yann Armellino...
Cette "vague" de sorties
d'albums instrumentaux se tarit vite, devenant sporadique dans les années 2000,
certains guitaristes mettant leur talent au service de groupes mythiques
à la gloire vacillante : Steve Morse dans Deep Purple, Vinnie Moore dans UFO...
même le Maestro Satriani s'offre une pause oh combien jouissive avec le groupe Chickenfoot avant de revenir à sa carrière solo.
La France suit bien entendu le mouvement et les sorties de Guitar Heroes sont
désormais rares. C'est donc, vous l'avez compris, d'un virtuose de la
six-cordes dont il est ici question ! Il se nomme Alex Cordo, et ce n'est pas
le guitariste d'un seul genre musical. Du groupe HOLOPHONICS qui
œuvre dans un Rock Metal US, à la musique Classique (mais bien saturée) avec
THE ELECTRIC BAROCK QUARTET. Véritable exercice de style à trois guitares et basse
qui revisitent les classiques.
Paru en 2013, son premier album solo "Classics" est dans cette veine,
avec l'adaptation d'œuvres symphoniques d'une rare complexité ("Le sacre du printemps",
"Une nuit sur le mont chauve"...) servies par une remarquable
interprétation. Le Metal Progressif n'est pas en reste quand il exécute les Leads
de haute volée dans les projets expérimentaux Light & Chaos et "Memorized", du compositeur Emilien Bontz. Il
participe régulièrement en tant qu'invité pour des artistes aux styles aussi
divers qu'avec le guitariste Franck Graziano ou le Folk avec Erik Tran, après
avoir œuvré dans une chanson électro avec Sebcy Rooz.
La pédagogie n'est pas en reste, puisqu'il est Professeur de guitare diplômé
d'état, responsable de l'accompagnement
de groupes et intervenant permanent pour la Scène de musiques actuelles (SMAC)
"La Cordonnerie", et intervenant du magazine Guitar Part. Côté scène, il a
partagé avec ses différents groupes celles de Papa Roach, Electric Mary, Koritni, Asian Dub Foundation, ou
encore Mörglbl.
Secondé par Ludo Chabert (Basse) et Mike Pastorelli (Batterie), il s'attaque à
l'enregistrement de son deuxième album solo, avec la complicité de Sébastien Langle
au Son. C'est donc le 30 Septembre 2016, que le virtuose se rappelle
à l'actualité musicale en proposant son nouveau "bébé" : "Origami" sur le label
M&O Music.
Son titre est bien trouvé. L'origami, cette tradition japonaise de l'art du pliage
de papier. En effet, d'une simple feuille, on peut obtenir une multitude
d'animaux, objets ou personnages, à l'image des six-cordes du guitariste qui
peut nous plonger dans différents univers musicaux, tantôt terre-à-terre ou
oniriques. L'artwork de la pochette est simple mais efficace et représente
parfaitement son titre, la guitare au dos de la jaquette est un clin d'œil au
contenu musical.
Chroniquer un album instrumental n'est pas chose aisée, car sa perception dépend du
ressenti de chacun. Alex nous propose ici neuf titres plutôt axés
Rock Métal. Cela commence fort et énergique avec "Straight", qui présente un
Metal plutôt moderne avec une rythmique béton qui laisse le six-cordiste
s'exprimer avec talent. La virtuosité est omniprésente et mise à disposition
de la mélodie. Une entrée en matière réussie ! Le virtuose varie les
plaisir et les tempos... "Above the clouds" se veut plus calme, plus planant, à
l'image d'un "Flying a blue dream" du Sieur Satriani. La référence saute aux
écoutilles, sans toutefois dénaturer le talent d'Alex. Attention, que l'on
s'entende bien ! Le morceau ici proposé ne ressemble pas à l'œuvre du Maître Ricain,
mais m'y fait juste penser du fait de l'ambiance et du groove ici dilué. Le
six-cordiste privilégie l'émotion, essayant d'occulter la technique, et on peut
dire qu'il y réussi plutôt bien.
Malgré une entrée en matière qui
"envoie du bois", "Memories" opte rapidement pour les ambiances tout en subtilité.
Les notes pleuvent pour un déluge d'harmonies mélodieuses. C'est simplement bon. La
distors parcimonieusement placée durcit le ton pour en marquer l'impact avec brio.
Alex Cordo œuvre dans des morceaux avoisinant les quatre minutes. Si l'on occulte
l'entrée en matière "Straight", plus rentre-dedans qui se suffisait avec ses
trois minutes 24. Un registre qui mise sur l'efficacité, car comme beaucoup
d'albums instrumentaux, son but est de garder l'attention de l'auditeur, et de lui
éviter l'ennui. Le pari est ici plutôt réussi, notamment avec l'énergique
"Hands up" qui allie riffs bien sentis et soli très mélodiques. On surprend
notre nuque à suivre le mouvement, signe d'efficacité !
"Himalaya" joue plus sur les ambiances, avec cette longue intro, avant que la musique
ne s'emballe dans un déferlement d'arpèges telle une avalanche dévalant les pistes de la dite montagne. Un déferlement qui se calme vite.
On privilégie ici la mélodie. Le titre dépasse les six minutes, alternant les passages plus calmes à d'autres
plus énergiques, diversifiant les plaisirs à l'image d'un skieur dévalant une
pente enneigée et slalomant entre les sapins.
Le très dansant et énergique "Sunny
day for an opposum" est une vraie réussite et aurait eu sa place aux côtés d'un "Surfing
with the alien", surtout la partie où la guitare se fait plus Metal, toute
distors devant ! Sans conteste le titre le plus percutant et marquant de
l'album !
Après ce déferlement, "Prism" fait office d'oasis au cœur du
désert ! Un havre d'apaisement et de fraîcheur, même si les musiciens
n'hésitent pas à durcir le tempo. Les notes pleuvent, à l'image d'une tempête de
sable pour former de subtiles et superbes mirages. La musique d'Alex est prompte
à l'imagination. Pour cela, il suffit de fermer les yeux et de se laisser porter en
dodelinant de la tête et en suivant le tempo.
A l'image de son titre "The crash test", et comme une voiture se fracassant contre un mur, le pare brise volant en
éclats vers notre visage. Son entrée en matière est puissante. Un morceau
énergique qui allie avec maestria brutalité et mélodie. Un titre
qui tel un boxeur sur le ring cherche le K.O. !
"Time for redemption" a été
choisi pour représenter l'album sous forme de clip disponible sur la "grande
toile". Un titre sombre qui conclut cet opus, ponctué par un gong régulier et
porté par une rythmique implacable, basse-batterie y accomplissant un travail
de sape puissant sur lequel Alex, tel un bolide lancé sur une autoroute vide de
véhicules, peut laisser parler sa six cordes.
Alex Cordo est une découverte pour moi. Il signe ici un album instrumental digne des plus grands. L'ombre de Satriani
y
est flagrante. Un disque qui
s'écoute avec plaisir, délivrant des morceaux percutants tels les très
réussis "Sunny day for an Opossum" ou "Hands up".
Le guitariste n'oublie pas de
nous distiller un déferlement d'émotions, tout en légèreté et sensibilité. A
l'image d'un origami des plus complexes, Alex Cordo, tout en fluidité, nous
propose un voyage plus que conseillé pour tous les amateurs d'albums de Guitar
Heroes. |
Chronique par
Dom Baillon
Novembre 2016 |
01 - Straight (3:24)
02 - Above the clouds (4:37)
03 - Memories (4:32)
04 - Hands up (4:33)
05 - Himalaya (6:19)
06 - Sunny day for an opossum (3:09)
07 - Prism (5:38)
08 - The crash test (3:40)
09 - Time for redemption (4:54) |
Musiciens
: Alex Cordo (Chant/Guitares), Ludo Chabert (Basse), Mike Pastorelli (Batterie) |
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