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BLAME
"Résilience"
2013
(Autoproduction)


Discographie

Blame (Demo 2007)
Résilience (2013)


En l'espace de quelques mois, deux groupes sortent leur album en l'appelant "Résilience". L'un dans un style Metal Prog (AWACKS), l'autre dans celui du Thrash/Death qui nous concerne ici... j'ai nommé BLAME.

La résilience est la capacité d'un matériau à absorber de l'énergie quand il se déforme sous l'effet d'un choc (déformation rapide). Il est utile de distinguer les matériaux métalliques, ou fragiles, des matériaux de type élastomères. Dans le cas des matériaux "cassants" (aciers par exemple), la résilience est caractérisée par l'énergie nécessaire pour déformer et rompre le matériau lors d'un choc par un objet percuteur. Dans le cas des matériaux de type élastomères, l'éprouvette n'est pas rompue, la résilience est caractérisée par la proportion d'énergie restituée à l'objet percuteur qui rebondit à la suite du choc. Mais c'est aussi la capacité à vivre et se développer en surmontant les chocs, les traumatismes. Il est plus qu'évident que ces deux groupes ont choisi la résilience dans sa deuxième signification.

BLAME nous vient des Vosges, formé en 2005 autour de Ptigrams et Bimbo aux guitares, Julien à la Batterie, Fred à la Basse et Jean au chant. Le groupe se lance dans la composition d'un répertoire plutôt axé Death Metal teinté de riffs Thrashs et de mélodies Heavy. En Juillet 2006, les musiciens se sentent prêts à passer le cap du premier enregistrement, ce qu'ils concrétisent en publiant une première auto-production, masterisée au Hertz Studio, temple du Death Metal Polonais.

Le mini CD sort en novembre 2007 et malgré ses imperfections, reçoit d'excellentes critiques et bénéficie d'un bon accueil des fans. Remontés à bloc, les musiciens se lancent sur les scènes françaises et européennes au contact du public, aux côtés de quelques combos reconnus dans le milieu métal : Crematory, Quo Vadis (Canada), Textures, Yyrkoon, Kronos, Black Bomb A, Recueil Morbide... mais le groupe n'est pas à l'abri des coups du sort, et subit un changement de line-up avec le départ de Julien, remplacé à la batterie par Vincent.

Période qui coïncidera avec la composition de leur premier album. Pour sa conception, ils choisissent le Kolhekeller Studio en Allemagne et le Ksound Studio avec Marc de Recueil Morbide. Le groupe investi ensuite la salle L'artiste à Golbey (88), aux côtés de The Winged Seahorses, Deficiency et Recueil Morbide pour le vernissage de leur album le 30 novembre 2013.

L'objet du délit se nomme "Résilience", ce phénomène psychologique qui consiste, affecté par un traumatisme, à prendre acte de l'événement traumatique pour ne plus vivre dans la dépression et essayer de se reconstruire. Un thème que l'on retrouve de près ou de loin dans les paroles de cet album.

Le disque tape tout de suite à l'œil du futur auditeur grâce à une superbe pochette signée Michal Xaay Loranc. C'est d'ailleurs après l'avoir découvert sur le site que Jean le chanteur tombe sous le charme de ce dessin et qu'il s'en inspire pour écrire "Triste cire" qui conclut l'album. Le livret de la jaquette contient photos des musiciens ainsi que les textes des paroles des chansons très importantes chez nos Vosgiens. Vosgiens n'est pas vraiment le terme quand l'on sait que les musiciens sont un peu éclatés géographiquement : entre les Haute Vosges, la Meurthe et Moselle et la Haute Savoie.

Une des grosses forces de BLAME est son frontman, véritable Pygmalion de la langue Française, jouant des mots et des maux avec une aisance bluffante et rarement égalé dans le monde du Metal. A l'image de "Double face" qui ouvre l'album : "Geler ma mort en maux / Logés même haut ont tort / Je l'aime ma mort en mots / Les maux d'en bas sont forts"... le chanteur joue avec un savant plaisir avec notre bonne langue. Par contre, n'importe quel néophyte aura du mal à comprendre le chant hurlé typé Death/Hardcore de Jean, qui sera néanmoins très compréhensible pour les habitués du style.

"Double face" traite de l'auto incompréhension, la folie légère, la dépression. Avoir le sentiment de ne pas se connaitre mais se sonder tant on en creuse sa tombe. Des personnalités troubles se nourrissant de paradoxes. Voilà pour la petite histoire. Le morceau a été choisi pour figurer sur un clip vidéo réalisé par "Art'now production" visionnable sur YouTube ou leur page Facebook.

Musicalement, ça commence par deux grattes bien Heavy, une rythmique bien Death. Ca blast sévère !!! La voix furieuse de Jean survient alors. Le refrain fait bien sont office. BLAME apporte des passages plus calmes, très mélodiques sur lesquels les gratteux charment l'auditeur.

On poursuit avec "Hétaïres" et là j'avoue avoir plongé dans le dico pour savoir qu'il s'agissait des prostituées de hauts rangs dans la Grèce antique. Apprendre et se cultiver en écoutant du Métal, oui c'est possible !!! Nous avons droit ici et je cite Jean "à un message cru sur les gens chauds, prêt à faire vivre l'enfer pour un bout de paradis glauque. La marchandisation de la chaire et le compromis fait entre son estime et sa situation". La musique monte crescendo, la rythmique nous martèle et on plonge dans ce monde de dépravés. Le refrain devrait faire un malheur avec ses "Hétaïres" qui devraient être facilement repris par les kids !!! Jul nous assène un solo efficace et le morceau s'emballe de nouveau, la double pédale massacre tout !! On flirte allègrement côté Brutal Death sur les couplets avec des growls furieux, ça envoie vraiment du bois !!!

Avec "En bloc" il est question de "sentiment de se faire rejeter, tenter de s'intégrer à se désintégrer. Besoin d'une acceptation qui ne vient pas. Se "fondre" dans la masse pour "couler" dans la solitude". Les guitares s'énervent, et se renvoient la "balle" tout au long du morceau, à l'image des soli assénés, vraiment salvateurs après les cris de Jean !!!! La rythmique est une nouvelle fois efficace. Une chanson qui aurait sa place au sein de celles de Tagada Jones, même si on est bel et bien ici dans le monde du Death. Il est vrai que musicalement nous pensons à un mix entre Kronos en moins technique. Destinity ou autres Benighted avec des touches Heavy et Hardcore, si on veut rester côté frenchies !!!

"L'enfer verre" évidemment traite de "l'envie irrépressible de se noyer dans un verre en ne digérant la culpabilité inhérente. S'oublier au dernier degré pour quelques grammes. La honte de devoir s'oublier. La culpabilité de ne pouvoir vivre dans un simple quotidien compliqué." Après une intro digne des meilleurs guitar heros du monde du Death, même si le côté Heavy est très présent ! Le morceau possède des parties vraiment furieuses, un chant vindicatif, et Ben nous prouve lui-aussi que côté soli il assure. Cet "enfer verre" est pour moi une vrai réussite, l'un des morceaux que je préfère de cet album.

Contrairement à ceux que l'on pourrait penser, "L'adulte erre" parle de "l'irresponsabilité des parents qui font des enfants des êtres plus matures que nature. Etre jeune et faible à observer l'indigeste. Devoir grandir avec des tuteurs tordus et souffrir en silence. N'être que le fruit d'une famille décomposée"... pas gai tout ça !!! Jean partage le chant avec Yann Pierrat, y apportant une dimension encore plus forte et jubilatoire. Le morceau se veut furieux et soli nombreux majestueux. Un refrain qui claque : "l'adulte erre et l'enfant perd", très fort !!! A mon avis le morceau le plus teinté Heavy de ce "Résilience" plutôt accrocheur jusqu'à présent !!!

"Ex inhibitions" est un "message positif incitant à la confiance en soi, ou il faut tenter de s'accepter et tenter d'avancer comme le reste du monde". Intro à la guitare une nouvelle fois, avant que les éléments ne se déchaînent. Cela joue bien et c'est rondement efficace. Pourquoi est-ce que je pense à Misanthrope à cette écoute ? Musicalement ? Ici nous avons à faire à un côté plus Heavy. Côté lyrique alors ? La question se pose encore alors que le nom du gang de S.A.S. de L'Argilière m'a littéralement sauté à l'esprit !

On poursuit avec "Fureur" et "ceux qui rejettent la différence pour se donner de la contenance, en propre rouage du cycle de l'histoire. De ceux qui glissent vers la facilité et l'embrigadement. Traduit ici le sentiment d'exaspération des mémoires courtes !". Et musicalement c'est furieux. Une chanson taillée pour le live dont les "Heil heil" et "Oï oï" devraient faire fureur. Le morceau qui dépasse les six minutes possède des plages très mélodiques grâce à la finesse et la fluidité de ses deux duettistes de la six cordes, et notamment une petit partie acoustique des plus salvatrices !!!! Un peu de douceur dans ce monde de violence !!!

BLAME propose ensuite à "se donner le droit de rêver malgré son éthique et constater que son point de mire est piétiné par de moins scrupuleux qui vivent ton rêve, le transformant ainsi en cauchemar." On ne s'ennuie nullement à l'écoute de ce disque, qui alterne passages résolument furieux, combinés à des refrains efficaces. Bien sûr les réfractaires au Death passeront leur chemin malgré les nombreux passages mélodiques.

"L'os ment" où "des individualités œuvrant dans l'ombre pour mettre en lumière l'humanité". Un autre morceau court dépassant à peine les trois minutes, brutal allant droit à l'essentiel. "Résilience" arrive enfin sous forme d'instrumental, très mélodique, mettant en valeur le talent de chaque musicien. Personnellement, j'aurais placé ce titre un peu plus tôt dans l'album. Ponctué de quelques passages acoustiques, ce morceau est très réussi et ses quelques quatre minutes et des poussières passent à vitesse grand V !!!

L'album se conclut avec "Triste cire" qui a été aussi le dernier titre écrit. On y parle des jeunesses brisées par l'incompétence des adultes. Faire de ses cicatrices des images pour avancer. Continuer de vivre et faire bonne figure quand sous le masque pleure l'enfant brisé. Se détester simplement car c'est ce qui a été inculqué". C'est furieusement bien construit et violent !!!

Au final, BLAME nous propose un premier album de Death/Thrash à la fois très brutal et très mélodique, grâce à sa paire de guitaristes plutôt talentueux !!! Des textes vindicatifs aux jeux de mots/maux des plus intéressants !!! A conseiller aux plus furieux d'entre vous et aux amateurs de métal travaillé avec passion et savoir-faire !!!

Chronique par Dom Baillon
Décembre 2013


01 - Double face (3:33)
02 - Hétaïres (4:30)
03 - En bloc (3:13)
04 - L'enfer verre (5:29)
05 - L'adulte erre (5:12)
06 - Ex inhibitions (3:36)
07 - Fureur (6:42)
08 - Ode hissée (3:41)
09 - L'os ment (3:13)
10 - Résilience (4:24)
10 - Triste cire (5:15)

Musiciens : Jean (Chant), Jul (Guitare), Ben (Guitare), Fred (Basse), Vincent (Batterie)



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