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BORN FROM LIE
"The new world order Part I"
2018 (Symbol Muzic/Brennus Music)
Discographie
Born
from lie
(2014) The promised land (2016)
The new world order Part I (2018) |
C’est avec plaisir que je retrouve une nouvelle livraison musicale des parisiens
de BORN FROM LIE. Le groupe nous propose depuis ses débuts (2014) une véritable
histoire que les musiciens ont entrepris de nous narrer tout au long de leurs
différents enregistrements : "Born from lie" (2014) et "The promised land"
(2016).
Le travail de BORN FROM LIE et leur esprit de composition est renforcé par un
line-up solide resté identique depuis l'arrivée en 2016 de Nicolas Boutinot
comme deuxième guitariste. Outre ce dernier, le groupe est donc constitué
de Jérôme Thellier (chant/guitare), Pascal Davoury (basse) et David Caparros (batterie). Après quelques concerts, de multiples répètes et des sessions
consacrées à la réalisation de nouvelles compositions, qui se veulent la suite
de leur épopée lancée dans les précédents enregistrements. Enfin prêt, le quatuor s’attaque à l’enregistrement du successeur de "The
promised land".
La
prise son est à la charge de Steven Moalic. Le reamping a lieu au Studio
Midlive, et le mixage signé Etienne Clauzel est réalisé au Studio Soult. Richard
Addison masterise l’ensemble au Trillium Sound Mastering Studio.
Huit titres sont ainsi enregistrés, chacun représentant un chapitre d’une seule
et même histoire. Cette histoire d'une ville entourée par un mur infranchissable
est bien entendu dystopique, mais trouve son origine dans des évènements bien
réels. Comment ne pas penser à Israël et à l’afflux continuel de
migrants fuyant les guerres, dont nous abreuve régulièrement
l’actualité. Le récit du nouvel album fait directement suite au morceau "No
escape" de l'album "The promised land".
Avant de nous plonger dans cette épopée musicale, voici un rappel de l‘histoire
et de ses protagonistes :
"Un groupe de personnes ayant quitté leur pays en bateau afin de trouver Terre
Promise débarque dans une ville mais celle-ci est entourée par un mur. Il leur
sera possible de tenter d'entrer dans la ville via une cellule contrôlée par
l'armée après avoir effectué divers tests (psychologiques et médicaux).
Les malades sont mis à l'écart afin d'être soignés mais, après plusieurs jours,
aucun d'entre eux ne revient de l'infirmerie. Les protagonistes restés dans la
cellule décident d'envoyer l'un d'eux, qui prétendra être malade, pour savoir ce
qu'il est advenu des autres. Il ne reviendra pas non plus. Une partie du groupe
est persuadé que les militaires leur mentent et décident de quitter la cellule
tandis que l'autre partie du groupe décide quand même de tenter sa chance dans
la ville. Le groupe qui a décidé de quitter la cellule y reste pourtant enfermé
et finit par apprendre la vérité : afin d'éviter toute rébellion et coalition
autours de la ville, ils acceptent toutes les personnes se présentant à eux et
font le tri une fois à l’intérieur : les personnes malades, gênantes ou
incapables de travailler seront éliminées tandis que les autres entrent dans la
ville pour accomplir les basses besognes".
Jérôme Thellier a écrit la majorité des morceaux du nouvel album, hormis "Insomnia" dont il a
coécrit la musique avec Nicolas Bouthinot.
"The new world order Part I" sort chez Symbol Muzik le 13 avril 2018, distribué par
Brennus Music, présenté par une superbe illustration signée Pierre Lazarevic. Il a su parfaitement restituer l’essence du récit des parisiens. On y aperçoit dans un
ton sombre, quelques "migrants" à
bord d’une barque, se dirigeant vers une cité cernant une colline que domine un
immense édifice, entouré de murailles éclairées par un ciel rouge de fin de
journée. Le livret du CD est riche des textes des chansons et d’une photo
centrale montrant les quatre musiciens. Cette conception graphique plutôt
sombre signée Grégory Lorenc, nous indique que nous n’avons pas affaire ici à
un conte de fée.
On retrouve donc nos protagonistes que nous avions laissés le cœur empli
d'espoir de trouver une vie meilleure à la fin de "The promised land". Cet
espoir que portent ces migrants est mis en valeur par "An endless journey"
sous forme de Power Ballade introductive menée par la guitare soliste de Nicolas,
qui apporte son lot de mélodies. La voix chaleureuse de Jérôme se veut douce,
représentant cet apaisement bienvenu des personnages de l’histoire,
après toutes les épreuves qu’ils viennent de subir. Pleins d’allégresse, ils
veulent croire en cette nouvelle cité pleine d’espoirs et symbole de vie meilleure. Une
entrée en matière toute en douceur sur un texte sans refrain qui pose les bases de
l'histoire.
Dépaysement garanti avec "The path of hate" et son côté oriental,
que l’on doit à l’invité Gilles Andrieux et son Yayli Tanbur qui ouvre le
morceau. Le titre évolue dans un registre Hard/Heavy Oriental que n’aurait pas
renié un MYRATH au meilleur de sa forme. La compo monte en puissance, la rythmique
mettant en valeur les soli plutôt inspirés de la guitare de Nicolas. Au fil de
l’avancée de l’histoire, la musique s’assombrit à l’instar d’un "The cell"
plus rugueux, tout comme la voix de Jérôme qu'il module au gré de l’évolution. Nous
sommes dans un registre plutôt Metal Alternatif teinté de riffs incisifs bien
sentis. Les titres durent un peu plus de
quatre minutes, ce qui est assez long pour que les musiciens nous proposent des
passages
travaillés et plutôt riches en informations instrumentales.
Evoluant au service de
l’histoire et de ses protagonistes, les chansons de BORN FROM LIE privilégient la
narration au dépend des sempiternels couplets/refrains habituels. On poursuit
avec "Draw straws" (inscrit avec une faute de frappe sur la jaquette de dos,
puisqu’il manque le "r" à "straws"). Une entrée en matière douce
où le chant tout en nuances poursuit dans ce même registre. Le morceau se durcit en
deuxième partie sous le signe de riffs bien sentis. La voix se fait elle-même
plus sombre. Le titre se termine sous le signe de la mélodie des soli de
Nicolas... simplement "Beau". Terme qui va d’ailleurs comme un gant à "Insomnia". Ce titre plutôt calme, limite balade, privilégie la beauté des
mélodies et nous permet, sans que cela ne soit gênant, d’écouter
les interventions d’un autre guest en la personne de Jules Jassef qui officie
ici sur son Bugle et sa trompette. Le rendu est parfaitement cohérent.
"With
their lies" durcit le ton avec des accents Hardcore et même un côté Punkoïde.
Gilles Andrieux y fait une nouvelle incursion, apportant un brin de fraicheur et de dépaysement.
Une nouvelle fois la
guitare est maîtresse du jeu, secondant et magnifiant le récit
de Jérôme. La rythmique de Pascal et David agit sur
l’impulsion donnée au mouvement de nos nuques, suivant le tempo ici imposé.
"The split" poursuit dans un registre plus long puisque l’on dépasse les six minutes.
On passe de passages plutôt calmes, dominés par le travail de Pascal sur sa
basse, à d’autres plus enlevés, limite furieux. Les voix se succèdent et se
répondent, à tel point que l’on a l’impression d'avoir à faire à plusieurs
chanteurs. La partie instrumentale privilégie une nouvelle fois la mélodie,
suivie de riffs une fois encore bienvenus. La batterie vient ponctuer et
accélérer le tempo, avant que la voix ne vienne conclure le morceau.
Il est quand
même impressionnant de voir, ou plutôt d’entendre, comment les parisiens parviennent
avec une facilité déconcertante à nous faire vivre avec force et intelligence
les tourments, les joies et déceptions de leurs personnages. L’espoir pour
cette vie meilleure qui s’éloigne à mesure que l’on avance alors que l’on
croyait en l’ "Eldorado"... voire le paradis à portée. Les personnages déchantent
et s’aperçoivent qu’ils se trouvent plutôt au Purgatoire.
BORN FROM LIE conclut cette
première partie avec "The new
world order", une grande œuvre maîtresse dépassant les dix minutes. Alors
évidemment on y évolue aux frontières du progressif, mais un Prog résolument Heavy, dont la conception fait penser irrémédiablement à IRON MAIDEN. Après une
entrée en matière aux couleurs orientales signée une nouvelle fois par Gilles Andrieux,
le titre monte crescendo en puissance, à l’instar de ses chœurs plus
graves qui ponctuent le propos. Une compo qui devrait prendre toute sa mesure en
live, en remportant sans conteste les louanges du public présent et
le voir chanter en chœur avec le groupe. Au bout de sept minutes trente, la
musique s’arrête pour laisser une nouvelle fois Gilles Andrieux ravir
l’auditeur, suivi par un nouveau superbe solo de Nicolas. Le titre se conclut
dans un registre plutôt calme, privilégiant une nouvelle fois la beauté des
mélodies.
BORN FROM LIE a la maitrise pour construire intelligemment avec une habilité
déconcertante des compositions mêlant riffs et rythmiques efficaces, ponctués de
soli à l’attractivité certaine. Un travail
parfaitement exécuté pour un rendu certes moins pêchu à mon avis que les
précédentes compositions des parisiens, mais privilégiant ici la mélodie. Pour conclure, même
si ce "New world order part I" est un peu moins Metal, il se révèle excellent et
indispensable !
On attend donc avec impatience le "Part II" du récit, pour voir ou leur imagination
des narrateurs va nous faire voguer ! En attendant, je ne saurais
trop vous conseiller de plonger dans l’univers musical de ces parisiens. Ceux
qui ont lu mes précédentes chroniques les concernant savent que je suis fan et
il y a de quoi ! Pour une fois que l’on a affaire à un groupe qui
nous propose carrément une véritable épopée musicale aux compositions savamment
travaillées, ce serait dommage de passer à côté ! |
Chronique par
Dom Baillon Juillet
2018 |
01 - An endless journey (4:08)
02 - The path of hate (4:27)
03 - The cell (4:35)
04 - Draw straws (4:39)
05 - Insomnia (4:22)
06 - With their lies (4:01)
07 - The split (6:18)
08 - The new world order (10:07) |
Musiciens
: Jérôme Thellier (Guitares/Chant), Nicolas Boutinot (Guitares), Pascal Davoury (Basse), David Capparos (Batterie) |
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