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BOWELS OF SUFFERING
"[B.o.S.]2.0"
2024 (Fantai'Zic)

Discographie
[B.o.S.]2.0 (2024) |
BOWELS OF SUFFERING (BoS) est un projet issu de la sphère nancéienne "Fantai'zic" avec un noyau dur composé de musiciens bien connus des suiveurs de ce label.
En effet, le combo est constitué du prolifique Matthieu Morand (La Horde, Dusk Of Delusion, Elvaron...) aux guitares, aux claviers, aux orchestrations et à la programmation ; toujours accompagné des fidèles lieutenants que sont Frank Laprevotte (La Horde) au chant et Julien Skorka (Dusk Of Delusion) à la basse et aux chœurs.
À ce solide trio vient se greffer Thomas Letscher (Soul Claim) aux guitares, aux claviers, aux orchestrations et à la programmation ainsi que la chanteuse Géraldine Gadaut, bien connue pour sa contribution au sein de Benighted Soul.
Comme vous l'aurez probablement noté, aucun batteur n'est crédité et les parties de batteries ont vraisemblablement été programmées par Matthieu et/ou Thomas.
Faut-il voir dans ce choix la raison de la classification du style du groupe dans l'indus Metal ?
La question mérite d'être posée tant, selon moi, cette étiquette me semble bien réductrice et ne reflète que partiellement le style du combo que je qualifierai plutôt de "Metal progressif moderne, à tendance extrême et symphonique" (rien que ça!) tant le spectre sonore et vocale proposé ici est riche.
En effet, si les programmations sont effectivement bien présentes, le propos et la démarche se révèlent bien moins synthétiques et jusqu'au-boutiste dans l'indus que des cadors du genre tels que Nine Inch Nails, Ministry, Fear Factory ou encore Rammstein quand bien même certains éléments peuvent rappeler ici ou là ces groupes.
La complexité du projet ne s'arrête pas seulement à son style musical car "[B.o.S]2.0", un titre à notation scientifique (à ce sujet écoutez un peu les paroles de "Metacog") est aussi un concept album basé sur les nouvelles écrites par Thomas Letscher lui-même.
Surexploitée par des êtres humains avides de ses ressources naturelles, la planète Terre est ravagée et décide, via Gaïa (son esprit défunt ici personnalisé par Géraldine), de se venger de cette race humaine ô combien irrespectueuse de son habitat, en lui menant une guerre sans merci avec l'aide des animaux sauvages transformés en cyborgs.
Je ne pousserai pas plus loin le développement pour vous permettre de découvrir par vous-mêmes l'histoire et son dénouement, mais ce concept album va vous plonger dans un contexte post apocalyptique, sur une planète ravagée par le feu nucléaire ("618 mégatonnes") au cœur d'une guerre sans merci entre Gaïa et la race humaine.
L'occasion pour moi de souligner les artworks magnifiques, en parfaite adéquation avec le concept, qui contribuent à l'immersion dans le récit.
L'album s'ouvre sur le titre "618MT" qui, s'il n'est pas le meilleur morceau de l'album, se révèle tout bonnement capital pour d'une part poser les bases du concept et d'autre part appréhender le style musical alambiqué qui vous attend.
En effet, sur ce titre introductif, les programmations (gimmicks synthétiques et orchestrations symphoniques) copulent sans vergogne avec de grosses guitares saccadées tandis que les chants de Franck et Géraldine se répondent (parfois de manière narrative), symbolisant idéalement l'affrontement entre les deux belligérants.
Les 3 titres suivants s'avèrent très (trop ?) complexes et on frise musicalement l'indigestion ("Catacombes") au risque de perdre éventuellement l'auditeur, mais il faut s'accrocher et faire un effort d'immersion, car ces morceaux bien que moins marquants, restent cependant très importants dans le cadre du récit.
Heureusement, "Deus X Machina" arrive à point nommé pour relancer la machine ! Après un décollage en douceur, ce titre débouche sur un refrain accrocheur qui en fait sans contestation le premier grand moment de l'album et sans surprise, le titre promotionnel choisi par le groupe pour illustrer l'album.
L'enchaînement des titres "Fact X" et "In the name of God" n'est pas en reste et le mélange programmations / guitares associé à des refrains efficaces fait des étincelles.
Mais ces deux morceaux valent bien plus que cela car s'inscrivant parfaitement dans le concept avec en particulier un remarquable travail de Frank et Géraldine pour vous plonger au cœur du conflit.
Si "Metacog" m'est sympathique pour ses paroles scientifiques, il est plus anecdotique musicalement selon moi, mais il s'agit juste d'un répit avant un "Neo divinity"... divin ! Une intro accrocheuse qui enchaîne avec des arrangements grandiloquents pour un Hard Rock très symphonique porté par la voix de Géraldine, avant que l'entrée en piste de Frank sur de grosses guitares sous accordées, ne viennent changer la donne.
Une des meilleures compostions de l'album où la mélodie est bien présente et qui se montre totalement en phase avec l'histoire.
Passé un "Saddest mind" moins convainquant à mon goût, "Seit dem staub am stein" lance la dernière ligne droite de l'album de la plus belle des manières avec un refrain martelé avec conviction qui fait la différence.
Les fans de musique progressive se délecteront probablement d'un "Tribal tek sin" et de sa richesse sonore où copulent au gré des changements de tempi des orchestrations grandiloquentes, un orgue aliéné limite Jazzy, des sons synthétiques technoïdes et de grosses guitares bien Heavy. Un titre intéressant mais très exigeant pour l'auditeur.
Mais une fois cette "épreuve" franchie, le groupe à une nouvelle fois l'habileté de proposer avec "XX-Y" (un hommage à Rush ?) un titre au refrain plus accessible, quand bien même la musique reste relativement complexe avec un piano et des orchestrations du plus bel effet.
L'album s'achève sur "Gaïa", un somptueux titre instrumental mêlant piano et orchestrations à l'atmosphère dramatique évidente, que n'aurait pas renié un certain Tuomas Holopainen (Nightwish), et qui sert à merveille ce dernier chapitre du concept.
Vous l'aurez compris, "[B.o.S]2.0", n'est pas le genre d'album qui se livre facilement à l'auditeur. C'est un opus dans lequel il faut s'impliquer, s'immerger dans le concept et dans la richesse musicale, pour en tirer la quintessence et vivre l'expérience à fond.
Personnellement j'en suis à plus d'une trentaine d'écoutes, dans différents contextes (en voiture, tranquille à la maison, en travaillant... etc.) et je découvre encore des subtilités qui m'avaient échappées jusqu'à présent.
Bref, cet album demande du temps pour s'apprécier pleinement et malgré quelques titres plus faibles à mon sens, l'implication en vaut vraiment la peine.
Alors bien sur, à l'heure où le marché musical est extrêmement saturé, il n'est pas forcément aisé de capter l'attention de l'auditeur avec un projet aussi exigeant.
Cependant, à ces auditeurs "pressés", je recommande malgré tout d'écouter BOWELS OF SUFFERING, car malgré le carcan du concept, le groupe réussi le tour de force de proposer suffisamment de titres accrocheurs qui pourront figurer sans soucis dans toute playlist Metal digne de ce nom.
Le meilleur des deux mondes en somme et ce n'est pas là une mince affaire !
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Chronique par
Lolo36
Avril 2025 |
01 - 618MT (3:15)
02 - Central 013 (3:53)
03 - Catacombes (3:30)
04 - D4rk sanctuary (3:05)
05 - Deus X Makina (3:46)
06 - Fact-X (2:36)
07 - In the name of god (3:49)
08 - Metacog (4:05)
09 - Neo divinity (5:00)
10 - Saddest Mind (3:47
11 - Seit Dem Staub Am Stein (2:48)
12 - Tribal Tek Sin (2:52)
13 - XX-Y (3:32)
14 - Gaïa (1:26) |
Paroles : A lire
ICI  |
Musiciens
: Géraldine Gadaut (Chant), Frank Laprevotte (Chant), Thomas Letscher (Guitares, Claviers, Orchestrations, Programmation), Matthieu Morand (Guitares, Claviers, Orchestrations, Programmation), Julien Skorka (Basse, Chœurs) |
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