La gestation de cet album ne fut pas de tout repos car DARKNATION a dû faire face aux départs du batteur, du bassiste et surtout de l’ancien chanteur, Olivier Dupard, ce qui força le combo à réécrire entièrement les paroles, et les lignes vocales déjà composées, retardant ainsi la sortie de l’album, qui vit enfin le jour en juin 2013, toujours chez Brennus Music.

Présenté dans un très beau double digipack, "WW 2" comme son titre l’indique, est un double album ayant pour thème La Seconde Guerre Mondiale, qui est ici traitée en 23 titres. Bien entendu, le groupe a fait un gros travail de synthèse, et a choisi de privilégier certains faits marquants de ce conflit pour illustrer son propos, puisqu’il est évidemment impossible de traiter de La Seconde Guerre Mondiale en quelques titres seulement, tant les évènements survenus pendant cette période sont innombrables et d’une grande complexité.

Afin d’immerger l’auditeur dans l’ambiance de ce conflit, DARKNATION a eu la bonne idée d’incorporer tout au long de l’album divers bruitages et des instruments classiques (violons, cor anglais, violoncelle, des chœurs). On trouve également des extraits de discours de protagonistes de l’époque. Ainsi, on peut entendre Churchill annoncer le début de La Bataille d’Angleterre sur le titre "Battle of Britain Day", le président Roosevelt annoncer l’entrée en guerre des Etats-Unis suite à l’attaque des Japonais sur une de leur base ("Pearl Harbor"), ou encore le général De Gaulle à la libération de Paris ("Division de fer").

Et pour ne pas lasser, DARKNATION a également su varier son style de metal au cours de ces 23 titres. On trouve ainsi des titres comme "Blitzkrieg", "Stalingrad", "Operation Husky" ou encore "Before the landing", qui sont des morceaux assez courts et mais très heavy. D’ailleurs, les riffs de guitares, les tempos élevés et la présence de nombreux growls rappellent par moments la scène metal suédoise, notamment des groupes comme In Flames, Arch Enemy ou Dark Tranquility.

A l’inverse, les morceaux "Only ashes left", "Auschwitz" ou "Never again" sont des titres assez calmes, tout en ambiance, avec l’utilisation d’instruments classiques, de chant féminin et de chœurs, qui permettent à l’auditeur de souffler un peu. Il y a un même un titre classique, "Requiem Aeternam", très beau et solennel, mais qui aurait peut-être plus eu sa place en fin d’album pour ne pas casser le rythme !

Les autres morceaux évoluent plus dans un heavy metal classique, avec toujours des riffs efficaces ("Talvisota", "Resistance"), des très bons solos ("D-Day"), et parfois une alternance de chant clair/growl ("Pegasus Bridge") tout à fait réussie.

Chaque face de l’album a également son titre épique. Sur le disque 1, on trouve "El Alamein", superbe pièce de 10 min, tout en ambiance, qui traite de la défaite cuisante des nazis dans cette ville d’Egypte. Le morceau débute par une superbe intro mêlant un chant féminin et une musique arabe du plus bel effet, avant de se poursuivre avec un heavy metal épique et bourré de changements de rythme.

Et sur le 2eme disque, on trouve la suite "Overlord" (nom de code du débarquement du 6 juin 1944), qui est en fait divisée en 6 titres. Les bruitages, l’alternance de parties ultra heavy et de parties classiques font de ce morceau une véritable bande son illustrant parfaitement les événements du débarquement et les opérations commandos effectuées ce jour-là ("Pegasus bridge").

Pour cet album, le groupe a choisi principalement l’anglais, puisqu’on ne trouve que 2 titres ("La bataille de France" et "Division de fer") chantés dans la langue de Nabila. Le chanteur, Romain Loiseau, a composé des lignes vocales efficaces. Sa voix est plus maitrisée que son prédécesseur, et beaucoup plus mélodique. Elle manque peut-être un peu de variations parfois, et sonne un peu trop soft sur certains passages. C’est pourquoi les growls du guitariste Remi Derompas sur de nombreux passages, donnent à certains titres un petit côté "extrême" salvateur !

Un mot également sur les textes, écrits en grande majorité par le guitariste Alexandre boise, qui a fait du très bon boulot. Ceux qui comme moi s’intéressent à La Seconde Guerre Mondiale vont pouvoir réviser leurs leçons en les lisant ! Alexandre s’est également chargé de l’enregistrement, du mixage et du mastering, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est vraiment à la hauteur pour une autoproduction. Chaque instrument est parfaitement audible, les guitares ont un bon gros son, la section rythmique est en béton (mention spéciale au batteur)… bref le groupe n’a pas à rougir face à des productions internationales !