Octobre 2007, la rencontre de Frédéric Godefroy
(basse) et de Jonathan Jouenne (guitare) découle sur leur association et le
désir de créer un projet musical ambitieux, synthétisant leurs larges influences
Metal, du Progressif au Black, Death... en passant par le Rock...
C'est sous la forme d'un quatuor, complété par
Léa au chant et Silvère Lhermite à la batterie en 2008, que le groupe crée son
propre répertoire et se choisit un nom, une identité : ERESIS.
Après un premier concert en mars 2009, tout
se précipite. Léa quitte le groupe. C'est donc l'arrivée d'un nouveau chanteur,
Nicolas Cudorge, intéressé par le projet et dont l'impressionnante palette
vocale et la motivation vont donner un nouveau départ à ERESIS. Rémi Bardenet
vient compléter la formation, s'occupant des claviers, de la guitare
acoustique et des chœurs.
Fort de cette nouvelle cohésion, le groupe
s'investit intensivement dans la composition et les concerts. Une première démo
est enregistrée au Capitol Studio en février 2010, tout d'abord avec une
première chanson, puis deux autres au Hybreed Studio en avril. Le mixage est
finalisé en juillet et le CD, comportant également deux plages vidéos tirées de
leur concert à la Boule Noire à Paris, est pressé en septembre 2010. Ainsi
armés, les musiciens multiplient les concerts, et parallèlement composent
d'arrache-pied un répertoire solide...
L'envie de voir tout ce travail présenté à
un plus large plus public s'impose et ERESIS décide d'enregistrer son premier
album. Les musiciens s'enferment au studio Hybreed en 2011 et 2012 et c'est
Andrew Guillotin qui se charge de l'enregistrement, mixage et mastering. "Shedding
madness" sort en 2013 et devrait impressionner tous les amateurs de Métal
Progressif.
L'album suscite tout de suite l'intérêt
de par son superbe artwork signé Hicham Haddaji et représentant Paris (ville
originaire du groupe), sous la colère des dieux... donnant tout de suite un
aperçu de l'univers mythologique et des ambiances particulières de la musique d’ERESIS.
Le livret du CD comporte les paroles des chansons sur fond de photos des
musiciens... du beau travail.
ERESIS a mis le paquet, présentant plus de
soixante quatorze minutes de musique en huit titres des plus alambiqués...
Quelques notes de piano nous ouvrent les
portes de "Nothingness" qui en un peu plus de neuf minutes, nous présente
l'identité musicale de nos parisiens. Le son est bon, compte tenu des moyens du
groupe, rendant justice à chaque instrument, même si la batterie peut sembler
trop en retrait et le chant à contrario trop en avant... mais ce serait
pinailler !!! Retour donc au titre d'ouverture "Nothingness" et ses
nombreuses "cassures" tantôt en finesse, tantôt en furie maîtrisée.
On pense à un mix de Dream Theater et d'Opeth, rehaussé d'une touche à la Devin
Townsend et pimenté de la folie d'un Faith No More...
Plutôt prétentieux me direz-vous, mais c'est
pourtant ce qui me vient à la tête à cette écoute, qui demande une grande
ouverture d'esprit et d'y revenir pour en découvrir toute la richesse. Certains
pourraient être gênés par la voix grandiloquente, théâtrale (voir trop) de
Nicolas, ce n'est pas mon cas. Ce dernier est un grand chanteur à la diversité
plus qu'impressionnante !!! Chaque musicien maîtrise admirablement son
instrument dans ce déferlement de cavalcades dont les constructions et les
déconstructions interpellent !
"La reine des étoiles" (NDR : c'est
la définition d'ERESIS en Sumurien, mon côté fan de Conan le Barbare est
obnubilé !!!), continue "Persepolis" et ses guitares acoustiques suivies
de la maestria solistique de Jonathan. Avant que Nicolas n'use de ses multitudes
textures vocales, s'essayant au growl avec succès par endroits... Alors que l'on
peut ressentir de-ci de-là quelques sonorités orientales des plus appropriées.
Le morceau finit en toute beauté avec la dualité claviers et guitares magistrale
!!!
"Through the eyes of gods" très
épique, commence par une longue intro tout en douceur, comme la voix de Nicolas
qui nous présente-là une autre de ses facettes... Les guitares deviennent
incisives dans un registre Heavy au tempo plutôt lent, s'emballant légèrement
par moments tout en privilégiant la mélodie. Les solos sont somptueux,
particulièrement celui du clavier qui se la joue orgue Hammond façon Deep Purple.
La reine des étoiles nous prouve ici qu'elle peut être aussi douce, glorifiant
la beauté de ses mélodies... ERESIS nous emmène loin et avec savoir-faire. On se
laisse embarquer sans s'en rendre compte et les chansons, plutôt longues,
passent comme une lettre à la poste (NDR : quoique pour cette dernière il y a
des fois des ratés !!!).
"Down to Cassiopeia" est le morceau
le plus court de l'album, avoisinant les six minutes tout de même. Démarrant
comme un morceau à la Satriani (Jonathan est loin d'être un manchot !!!) avant
de sombrer dans le Death avec les Growls de Nicolas. Alternance de passages
franchement méchants et d'autres Heavy. Les solos s'enchainent tout en beauté et
guitares et claviers s'en donnent à cœur joie pour un rendu des plus jouissif
!!!
Après la pièce la plus courte, voici la plus
longue avec "Being" fleurant bon le Space Rock dans un registre à mon
gout plus dispensable. Même si Nicolas s'éclate, s'adonnant notamment au scratch
sur un passage. Il tire particulièrement son épingle du jeu avec un solo une
nouvelle fois magistral. La section rythmique n'est pas en reste, brillant avec
des passages free jazz, démontrant toute la technicité de la basse/batterie. Les
riffs se durcissent, Silvère se montre incisif, faisant cracher sa double pédale
sur les passages plus Death. Nous avons là un groupe en pleine cohésion malgré
la complexité de leur musique.
"Tales of the green fairy (The customer)"
se la joue plus barré, avec ces passages très jazzy, ou cette subite et éphémère
explosion de violence. A noter le son et le travail somptueux de la basse de
Frédéric, alors que Rémi et son claviers semblent partis dans tous les sens, la
jouant improvisation, donnant ses couleurs jazz à cette chanson. ERESIS montre
ainsi toute sa diversité et son savoir-faire.
Autre pièce maîtresse avec presque douze
minutes au compteur "Masters of the invisible" poursuit l'œuvre. Ouvrant
tout en douceur avec quelques couleurs folk, avant d'exploser avec un son Death
et des riffs béton, et que les claviers ne viennent "casser" et apaiser le
propos tandis que la voix s'adoucit. D'ailleurs, Nicolas se la joue encore plus
théâtral, jouant passage déclamatoire, chanté et growlé avec talent !!!
Musicalement, ce titre, tout en étant résolument Heavy est très riche avec
tantôt des influences Rockabilly, tantôt Jazzy, résolument progressif dans sa
conception, alternant passages Death, et plages rafraîchissantes et
mélodiques... Les solos s'enchaînent efficacement sur une rythmique tantôt suave
tantôt marteau-pilon, la double pédale crache son venin...
ERESIS conclut les hostilités avec "The
Aynans". Très complexe, j'ai personnellement eu du mal à rentrer dans ce
morceau très riche, qui dévoile une nouvelle fois des passages jazzy, des riffs
bétons et des passages de mélodies pures... Mais comme je l'ai précédemment
signalé ce "Shedding madness" mérite plusieurs écoutes pour en savourer
toute sa richesse et sa complexité.
Les parisiens viennent de nous montrer que
côté Métal Progressif, il va falloir compter avec eux et non pas comme une
énième copie de Dream Theater et consorts, mais bel et bien comme un groupe à
l'identité propre ne demandant qu'à se bonifier avec le temps. Discours assez
bizarre alors qu'à l'écoute de "Shedding madness" on a l'impression que
les musiciens partent dans tous les sens... ce n'est juste qu'une impression !
je ne saurais trop vous conseiller de vous plonger à l'écoute de cette œuvre
riche aux multiples facettes, dont les mots seuls ne peuvent rendre honneur !!!
Je laisse cela à vos seules oreilles pour apprécier ce travail !!!
ERESIS vient de signer là un album des plus
intéressants pour un groupe des plus prometteurs !!!