C’est en 1982 que le groupe Méthane voit le
jour dans le nord de la France sous la forme d’un power trio constitué de Black
(chant – guitare), Lou (basse) et Buck Dan (batterie).
Ce n’est qu’ensuite que le combo accueillera Phil à la deuxième guitare avant de
changer de nom suite à la radicalisation de son métal et d’opter pour le
patronyme d’Excalibur en 1984.
Dès le mois de janvier 1984 le groupe enregistre une démo deux titres avant que
quelques mois plus tard, en septembre, un nouvel enregistrement ne donne
naissance à "Fils vengeur" une démo contenant 6 titres.
Avec cet outil de promotion sous le bras et grâce à des prestations scéniques
énergiques, les nordistes acquièrent une solide réputation.
Ils obtiennent des passages en radio et ont même l’occasion de décrocher un deal
avec un label pour la parution d’un futur LP.
Malheureusement, avec le départ de Phil, le projet n’aboutira pas et c’est au
cours de l’année 1987 que l’histoire d’Excalibur prend fin prématurément.
Vingt an plus tard en 2007, Phil et Lou remettent le couvert et en janvier 2008,
le label Emanes records exhume les 2 démos du groupes en mettant sur le marché "Fils
vengeur", un vinyle 33 tours édité à 500 exemplaires et contenant en bonus
un titre live bootleg enregistré à Armentières en 1985.
Démos, bootleg, bref vous l’aurez compris, si vous recherchez du gros son,
propre et le confort d’écoute vous risquez vite d’être déçu et mieux vaut passer
votre chemin.
En revanche, si en nostalgique du métal français des 80’s, en historien du hard
rock hexagonal, vous ne voulez pas passer à côté d’un groupe qui aurait pu (dû
?) sans problème se tirer la bourre avec H-Bomb ou ADX, ne passez pas à côté de
cette galette.
C’est la démo de septembre qui ouvre les hostilités avec un "Fils vengeur"
à l’intro qui ne manquera pas de vous rappeler le "Black Sabbath" de qui vous
savez.
Mais bien vite, le tempo s’accélère et on verse dans le speed métal à
l’américaine genre Metallica période "Kill’em all", la voix aigüe de
Black aidant, on songe aussi à Judas Priest, tandis que des cavalcades très
NWOBHM nous rappellent le Maiden de l’ère Di anno.
Vous l’aurez compris, on retrouve chez Excalibur, deux influences majeures :
d’une part une touche "so british" qui puise sa source chez le Sab’ et dans la
NWOBHM... et d’autre part une frénésie speed venue d’outre atlantique et dont le
fier étendard se nomme Metallica qui, en 1984, vient tout juste de sortir un 1er
album qui va faire date.
Et ce n’est pas "Black speed" et son refrain catchy et très clichesque, à
la dévotion du métal qui va me faire mentir. Ce titre aurait pu être un hymne du
hard rock "made in France" au même titre qu’un "Caligula" ou qu’un "H-Bomb".
Les textes en français aidant, "Holocaust" ne manquera pas non plus de
faire penser à ADX et H-Bomb tandis que "Prédateur" voit de nouveau un
vent venu de Birmingham (le tandem Iommi / Halford en particulier) souffler sur
la musique du groupe.L’"Exterminateur"
ne fait pas de quartier et utilise toujours la même recette
américano-britannique cette fois ci agrémentée d’un solo très germanique que
Wolf Hoffman d’Accept ne renierait pas.
La démo de septembre, s’achève sur un "Destination enfer" aux paroles
diaboliques et ultra clichesques, typiques de l’époque. Un titre dont les breaks
de guitares ne manqueront pas d’éveiller la nostalgie des respectables anciens
qui ont connu cette époque dorée.
C’est désormais la démo de janvier 1984 qui est à l’honneur avec un "Baby
killer" qui ne dépareille pas avec les 6 morceaux que nous venons de
commenter.
"Apocalypse" se révèle en revanche plus intéressant, malgré des paroles
bien d’époque, de part un tempo plus lent et lourd, donc plus heavy.
Cette composition possède de plus des réminiscences "zeppeliniennes" très
agréables qui associées à un refrain excellent font de ce titre un des meilleurs
du LP à mon goût.
En bonus, nous avons droit à "Heavy metal", un live bootleg capté à
Armentières en mars 1985. La qualité sonore qui laisse clairement à désirer
gâche malheureusement l’écoute et le seul mérite de ce titre est de témoigner de
l’énergie des prestations scéniques du groupe.
Quoi qu’il en soit, on ne peut que louer l’initiative d’Emanes Records d’avoir
ressorti ces titres des limbes du passé et de nous donner l’occasion de pouvoir
écouter un groupe qui aurait largement mérité d’enregistrer un album de façon
professionnelle afin de croiser le fer avec ses contemporains.
Mieux vaut tard que jamais et 21 ans plus tard, ce n’est que justice que ces
titres ressuscitent, qui plus est sous la forme d’un vinyle (joli clin d’œil
symbolique au passé) et la seule critique recevable à mon sens est celle de la
qualité sonore, encore qu’avec des bandes de plus de vingt ans d’âge on peut
trouver des circonstances atténuantes. |
