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LORRAINE CROSS
"Lorraine Cross"
2014
(Autoproduction)


Discographie

Lorraine Cross (2014)
Army of shadows (2016)


2014 aura été l'année des commémorations. Les cents ans de la première guerre mondiale mais aussi les soixante-dix ans de 1944. La guerre, la résistance à l'envahisseur et donc la croix de Lorraine étaient à l'honneur. C'est aussi cet été qu'un jeune groupe originaire de Toulouse se prénommant LORRAINE CROSS propose sa première démo. Mais nous y reviendrons...

Un peu d'histoire sur les origines de cette croix à double traverse devenue l’emblème de la France Libre, nous entraîne vers les terres orientales et des temps reculés bien avant le XXe siècle. Même bien avant le XVe siècle qui l’a liée à la Lorraine. En fait, on en découvrait sur les plus anciens objets façonnés par l’homme, et ce dès l’époque préhistorique. Ce signe avait sans doute déjà un sens…

Mais c'est au IVe siècle que les fouilles entreprises sur le Golgotha par la mère de Constantin, premier empereur romain chrétien, mettent à jour des croix dont celle de la mise à mort du Christ. Le bois de cette vraie croix, réparti dans des reliquaires, sera dispersé dans toute la chrétienté... Ce que l’on sait de ces époques anciennes conduit à penser que la traverse supérieure de cette croix, plus courte, représente la pancarte portée jusqu’au gibet devant le supplicié pour indiquer les raisons de sa condamnation, puis fixée sur la croix latine au-dessus de sa tête au moment de la crucifixion.

Tout au long de l'histoire de l'homme la croix est omniprésente.
La première référence à la Lorraine remonte aux Armes de Blason du roi Louis 1er de Hongrie. L’une explique que les rois de Hongrie se seraient emparés au XIIIe siècle de l’emblème du premier roi de Jérusalem, Godefroy de Bouillon ; ce héros que des généalogistes font descendre les ducs de Lorraine, et auquel on prête la flèche légendaire qui a immobilisé les trois alérions figurant sur le blason lorrain.

Mais revenons à son sens qui nous intéresse le plus ! Vers 1900, Emile Gallé le fondateur de l’Ecole de Nancy manifeste son attachement à la cause du retour à la France des terres annexées par l’Allemagne : il privilégie le chardon comme motif décoratif ; il incorpore cette croix entre ses initiales apposées sur ses œuvres et dans le cartouche de son papier à lettre. Avec lui, la croix de Lorraine entre déjà en résistance.

Ce n’est donc pas un hasard si cette croix figure dans les armes du 507e régiment de chars que le colonel Charles de Gaulle commande à Metz avant la seconde guerre mondiale ; mais la notoriété nouvelle date de 1940 quand elle devient le signe de ralliement de la France Libre.

Le vice-amiral Emile Muselier, à la retraite au moment de l’armistice, entend l’appel du 18 juin et se met au service de la Royal Navy. Les Anglais lui demandent de prendre contact avec les équipages français présents à Gibraltar. Il en convainc plusieurs de rallier la Résistance et prend l’avion pour rendre compte au Général de sa mission. En survolant Lisbonne, rappelle-t-il, l’idée lui vient d’un pavillon à croix de Lorraine. Le Général le reçoit le 1er juillet, le nomme chef des forces maritimes et aériennes. L’amiral explique : l'un de mes premiers ordres du 2 juillet (qui fut radiodiffusé), précise que les forces navales porteront à la poupe les couleurs nationales françaises et à la proue un pavillon, carré bleu orné d’une croix de Lorraine rouge, parce qu’il fallait un emblème à opposer à la croix gammée et que j’ai pensé à mon père qui était Lorrain. Une croisade toujours : croix contre croix !

A la même période, le capitaine de corvette Thierry d’Argenlieu, moine soldat, est à Cherbourg. Il s’échappe du convoi de camions qui emporte en Allemagne des officiers de marine prisonniers ; il embarque à Carteret sur un bateau de pêche, débarque le 24 juin à Jersey où il apprend l’armistice et l’appel du 18 juin ; il profite du dernier paquebot pour Southampton. Il est reçu par de Gaulle le 28 juin ; c’est lors de cette entrevue que d’Argenlieu lui suggère la croix de Lorraine comme emblème de leur action. De Gaulle proclame le choix officiel à la mi-juillet et semble lui en attribuer l’idée : … Votre croix de Lorraine… lui écrira-t-il plus tard.

Belle destinée que celle de cette croix venue d’Orient, entrée dans les armoiries de la Maison d’Anjou, brandie par les Lorrains en résistance, et finalement engagée dans une croisade mondiale pour la Liberté, mais ce n'est pas fini...


En ce qui concerne Guillaume (fondateur/leader et bassiste du groupe), il commence en 2000, jouant du clavier dans un petit combo de Rock Progressif à Limoges, prenant ensuite le poste de la quatre cordes dans ce même gang. En 2009, une fois installé à Toulouse, l'idée et l'envie de fonder un groupe de Heavy Metal, notamment pour pouvoir concrétiser des morceaux déjà écrits, se fait intensément ressentir. Deux combos éphémères de Heavy Metal verront le jour : ENERGY OF DESPAIR (2010/2011) et TIGERSHARK (2011/2014), tous deux groupes toulousains n'ayant pas pu décoller faute de pouvoir trouver un chanteur de Heavy en raison de l'omniprésence de la scène extrême à Toulouse. Il faut dire que d'un côté le succès d'un GOJIRA au nord ouest, ou de celui grandissant d'un DAGOBA au sud-est, pour ne parler que d'eux, à de quoi pousser les jeunes musiciens vers ce style de Metal.

L'idée est là. Pour résister face à cette invasion de groupes de musiques Extrêmes et défendre les valeurs et l'esprits du Heavy de leurs aînés, et de rendre hommage à la Résistance Française contre l'occupation nazie de la guerre 39-45, Guillaume décide de fonder LORRAINE CROSS. Ainsi en juin 2012 apparaît une première mouture avec sa compagne dans un esprit purement "true metal" (heavy/speed/power).

Mais ce n'est qu'en mars 2014 après avoir trouvé "la perle rare", un vrai chanteur de Heavy en la personne de Tony, que LORRAINE CROSS est enfin au complet et s'atèle à consolider et bonifier son répertoire.

Donc aux côté de Guillaume à la basse, nous trouvons Paul à la guitare, premier musicien à avoir rejoint la formation, et dont c'est le premier groupe. Il a 7 ans de pratique de la six-cordes, d'influences purement Hard-Rock, Heavy et Néoclassique, sans oublier classique d'ailleurs. Arrive ensuite Florent le second guitariste. Lui non plus aucun passé musical et jamais eu de groupe auparavant, mais 5 ans de guitare, influences Hard-Rock, Heavy, Thrash, Speed, Power Metal avec une petite touche de Progressif. Thomas le batteur a pris des cours de 14 à 18 ans, puis a joué durant 1 an au sein de EAGLES OF PRINZE METAL, un groupe de Stoner Rock avant de rejoindre LORRAINE CROSS avec qui il a littéralement découvert le "Heavy" et le "Speed Metal", craquant vraiment sur le style et lui donnant envie de se remettre à fond dans la musique. Enfin, avec l'arrivée de Tony au chant, le groupe est enfin au complet. Katia, la compagne de Guillaume prend le rôle de manageuse. A préciser que 2 claviéristes ont fait partie du groupe avant que ce dernier ne décide d'inclure les parties de claviers uniquement en studio.

Les musiciens travaillent alors d'arrache-pied, mettant en place un solide répertoire en l'espace d'à peine trois mois. Rapidement, ils investissent le "Dismalsound" à Albi, où ils enregistrent une première démo 6 titres durant deux mois (mixage compris).

Cette dernière voit le jour en juillet 2014, présentée dans une simple pochette cartonnée sans livret à l'intérieur. Côté face, le nom du groupe sur fond noir et leur logo, dessiné par le prolifique et talentueux Stan W-Decker, qui a représenté la Croix Lorraine avec trois lames entrecroisées : les "Lorraine Swords" (la dague (qui ici représentée me fait penser à la baïonnette), le glaive et l'épée). Côté dos, sont inscrits les titres des chansons sur fond de cartouches d'armes automatique, il me semble. Nulle part, le nom des musiciens, l'année ou encore un contact ou site internet ou les retrouver, ce qui est un peu dommageable pour le premier quidam qui récupère ce CD et veut en savoir plus sur eux !!

Passons à la musique, qui nous saute aux écoutilles tel un lion à la gorge d'une antilope, avec "One bullet for me". Pour une démo, le son est bon et chaque instrument, chant compris, parfaitement audible. Avec un titre comme celui-ci (une balle pour moi), la chanson se devait d'être rapide et c'est le cas ! Les Toulousains nous proposent d'entrée un Heavy Speed puissant, qui fait tout de suite penser à Helloween. On est typiquement plongés dans les années 80/90, et c'est voulu ! Les musiciens sont parfaitement en place, cela joue bien. Le chant est approprié au style, bien dans les aigües, Tony s'en sort très bien ! Certains pinailleurs pourront arguer un peu trop l'accent Français, mais cela ne gêne en rien l'écoute ! La rythmique s'en donne à cœur joie, les deux guitariste allient les riffs puissants à des soli efficaces !

On reste dans le même registre avec "Hard to get out" et son refrain très entraînant sur lequel Tony monte très haut. Quelques samples par-ci par-là bonifient le travail réalisé.

Le tempo s'accélère encore avec "Stray rocket", un instrumental à 100 à l'heure, ponctué de nombreux breaks. Un petit reproche pour le mix de batterie un peu trop présent, même si cela ne nuit nullement à la cohésion du morceau et à son écoute, car les autres instruments sont néanmoins parfaitement audibles.

On retourne au registre du début avec "The slab was trapped" et ses riffs qui feront la joie des headbangers. Le chant sait se faire plus agressif sur le refrain pour en marquer l'importance et l'efficacité. On est surpris par la cohésion et la qualité des œuvres proposées, quand on sait que le groupe est tout récemment constitué de jeunes loups, alors que l'on a l'impression d'entendre de vieux briscards.

Ma préférence va vers les deux dernières chansons de cette démo, sur lesquelles les influences toujours germaniques, iront vers Running Wild ou un Rage des débuts. Tout d'abord avec "Lorraine Cross", concept historique, il est tout naturellement introduit par un extrait radiophonique d'un appel du Général de Gaulle, suivi par la reprise du thème du "chant des partisans" qui fera vibrer nos anciens et que l'on retrouvera d'ailleurs à la fin de la chanson. Tony nous présente une autre facette de son timbre de voix, plus grave, que personnellement j'adore. Le propos est joué dans un style Heavy plutôt mid-tempo, une nouvelle fois le refrain est plutôt efficace. Et les parties les plus hargneuses de Tony sont une très bonne idée pour trancher avec la mélodie du refrain. Sans conteste le morceau le plus fort de cette démo, qui devrait faire son petit effet en live avec ses "hohoho" fédérateurs !

Le son et le propos se font plus lourds sur "Walking dead" et son chant bien horrifique !!! Toujours mid-tempo, un style parfaitement maitrisé par le groupe, et à mon avis beaucoup plus efficace que le Heavy Speed qui ouvre cette démo.

Au final, les Toulousains de LORRAINE CROSS nous proposent ici une première démo qui devrait satisfaire tous les aficionados de Heavy/Speed, nostalgiques des années 80, amateurs de bons riffs, d'une rythmique efficace et de soli savamment exécutés.

Toutefois, ils ont l'intelligence de ne pas s'ancrer dans un style et nous montrent en l'espace de six chansons qu'ils peuvent évoluer, tout en gardant et revendiquant l'héritage des anciens.

Derrière EXISTANCE et aux côtés des excellents DEPTHS OF MADNESS, SILVER MACHINE... il va falloir compter sur LORRAINE CROSS ! Et attendant leurs prochains enregistrements, j'aurai l'occasion de les voir sur scène bientôt...

Chronique par Dom Baillon
Septembre 2014


01 - One bullet for me (3:10)
02 - Hard to get out (4:38)
03 - Stray rocket (3:06)
04 - The slab was trapped (3:13)
05 - Lorraine cross (5:39)
06 - Walking dead (5:06)

Musiciens : Tony Van Hagen (Chant), Paul (Guitare), Florent (Guitare), Guillaume (Basse), Thomas (Batterie)



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