Là on peut dire que j'ai été ébloui par la
lumière éternelle ! Et le plus étonnant c'est qu'elle nous vient de Bretagne
sous forme d'un groupe de Métal Progressif n'hésitant pas à incorporer des sons
symphoniques à sa musique.LUX
AETERNA s'est formé en 2003 autour de Benoit Toquet (Guitares) et Walter
Français (Batterie), mais c'est avec l'arrivée de Maela Révolt (Chant) et
Olivier Le Pech (Basse) que les choses sérieuses s'accélèrent. Un premier EP "Beyond
horizons" sort en 2006, plutôt bien perçu par la presse spécialisée,
notamment par le magazine Rock Hard qui la nomme démo du mois en janvier de
l'année suivante, lui laissant une place sur son CD sampler aux côtés de
pointures telles que Pain of Salvation, Porcupine Tree ou Masterplan. Fort de
chroniques élogieuses et de prestations remarquées aux côtés de Markize, Myrath,
Conscience, Zuul Fx... c'est un groupe boosté à bloc qui nous propose dix ans
après sa naissance son premier album.
La formation Rennaise a pris son temps et a
mis tous les atouts de son côté pour bonifier son petit rejeton. Pour
l'enregistrement, ils font appel Erwan Thomas. C'est Kévin Codfert (Adagio) qui
se charge du mixage. Ils embarquent pour le Fascination Street Studio en Suède,
laissant le mastering aux mains de Jens Borgen, célèbre pour produire
actuellement quelques grands noms de la scène Métallique Internationale ! Le
résultat se nomme "Echoes from silence" et sort en septembre 2013 sur le
label Brennus music.
Derrière une pochette un peu trop sobre que
l'on doit au bassiste Oliver, se cache un excellent album de Métal Progressif.
Un artwork plus "tape-à-l'œil" aurait peut-être été plus bénéfique pour attirer
le quidam qui risque de passer à côté.. ce qui serait très dommage !!!
Passons d'entrée à l'essentiel de la musique
et plongeons pour une heure dans le monde éblouissant de cette "lumière
éternelle" !
"Echoes from silence" ouvre sous
forme d'un petit instrumental d'un peu plus de deux minutes de piano endiablé,
joué avec une maestria bluffante ! Piano !!???!! Il n'y a pas de claviériste au
sein du groupe !!! Plongeons une nouvelle fois un œil plus aguerri sur le livret
de l'album pour trouver le nom de Laurent Grellier à qui l'on doit toutes les
parties de claviers plutôt inhérent au style. Avec ce petit prélude on découvre
d'entrée le talent du bonhomme et savourons sous ses notes jouées avec une
fluidité déconcertante l'ambiance et la thématique de ce "Echoes from silence",
lié musicalement avec "Your saving hand", puisque le piano poursuit avant
qu'un mur de rythmique nous explose à la face tel cette grosse boule de béton
balancée par une grue pour démolir un immeuble !
Le son est bon, fort, mettant en avant le
talent de chacun. Et il faut dire qu'il existe à foison du côté de cette
formation Rennaise ! Le Métal Progressif proposé est plutôt musclé, martelé par
une rythmique béton. Benoit impressionne, nous balançant à tour de bras Ses soli
endiablés. Enfin, la voix de Maela survient. Avec un timbre puissant, elle
transcende littéralement le morceau. Le refrain est accrocheur et devrait faire
son petit effet en live. Après quatre minutes intensives où nos écoutilles sont
soumises à des multitudes de notes jouées à vitesse grand V, LUX
AETERNA nous propose une petite accalmie mettant en avant les claviers, avant d'exploser de
nouveau en soli ébouriffants.
Lire cela pourrait sembler être
tape-à-l'œil, mais c'est pourtant vrai ! Les quatre musiciens nous en mettent
plein les oreilles, avec un talent et une fluidité nullement rébarbatifs mais
tellement riches que plusieurs écoutes seront nécessaires pour en savourer toute
la magie.
"Beyond horizons", petit clin d'œil à
la démo du groupe puisque c'était son titre éponyme. Le propos et l'ambiance
sont plus sombres. Les guitares Heavy à souhait nous surprennent un sourire au
coin des lèvres. La batterie martèle tout sur son passage, nous proposant des
breaks des plus improbables. Maela nous prouve qu'elle est une véritable
frontwoman à la voix impressionnante, alternant douceur et puissance. Benoit
continue de se la jouer avec une facilité déconcertante, mais une nouvelle fois
cela n'est pas rébarbatif puisqu'au service de la chanson.
Vous l'aurez surement compris, bien que les
autres instruments soient bel et bien présents, c'est la guitare qui mène le jeu
et de quelle manière !!!
Les morceaux s'enchaînent, nous délivrant
des tonnes d'informations oniriques ! Très énergique, "From throught to act"
propose des soli surprenants. L'instrumental (même si on entend quelques chœurs
par ci par là) "Lights on the arena" est plutôt réussi et s'écoute d'une
traite !
Plutôt que de nous proposer un morceau dépassant les douze minutes, LUX
AETERNA a préféré nous partager son "In the
web of my lies" en trois parties, bien que l'écoute en simultanée passe très
bien et est plutôt conseillée pour en savourer toutes les différentes
atmosphères. On passe du flamboyant avec un début symphonique, à des atmosphères
lugubres transcendées par des soli endiablés. La deuxième partie commence plus
calmement par une mise en avant du piano avant que Benoit se la joue virtuose
sur une rythmique galopante, puis la chanteuse vient y ajouter son talent. C'est
encore le piano qui introduit la dernière partie qui se révèle plus sombre. "In
the web of my lies" dans son intégralité est très représentatif du style et
du talent de LUX AETERNA.
On reste dans un univers sombre avec "The
universal sight of evil", sur lequel la voix de Maela se fait enchanteresse.
Les soli de guitares illuminent le morceau tel les éclairs dans un ciel sombre
orageux !
"Revelation" et "Live where I die"
qui concluent ce disque dans un prog' Métal mélodique puissant et musclé, des
guitares qui envoient, des solis à vous faire tourner en bourrique, une
rythmique efficace, une chanteuse à la voix puissante... avec une production
plus qu'honorable, même si certains pinailleurs pourraient y trouver à redire.
Pour un premier essai, LUX AETERNA
impressionne par l'élégance de sa technique, l'efficacité et l'ingéniosité du
savoir-faire de ses compositions. Les Rennais nous proposent ici une œuvre
travaillée et soignée pour un Heavy Progressif de grande classe. Ayant mis la
barre aussi haute on peut se poser des questions sur la suite, mais aux vues des
qualités des musiciens, on ne peut se montrer qu'optimiste. Espérons néanmoins
que ce "Echoes from silence" trouvera la place qu'il mérite dans votre CD
thèque !