Originaire du Nord-Pas-de-Calais, MAHESTRYA s'est formé en 2012 autour d'Andy
(Chant), Benjamin et Yohann (Guitares), Gauthier (Basse) et Benoit (Batterie). Le
quintet s'oriente vers une musique qu'il qualifie de Progressive Modern Metal.
Rien à voir du côté de Dream Theater mais plutôt axé Textures, Gojira voire
Meshuggah. Pendant deux bonnes années, le groupe entame la phase de composition
et en profite pour tester les chansons en live.
Fin près, MAHESTRYA s'attelle à l'enregistrement du premier album en décembre
2014, entièrement auto produit. Vincent Bigallien se charge du mastering en
janvier de l'année suivante. "The undying thing" est tout
d'abord disponible en autoproduction en juin 2015, auprès du groupe ou lors de
leurs prestations scéniques. Quelques temps plus tard, les musiciens signent avec
le label M&O Music et l'album est officiellement disponible sur leur catalogue
le 27 novembre 2015.
"The undying thing" est 100% auto produit. Même l'artwork est de
MAHESTRYA, puisqu'il est signé Ben. Plutôt réussi, il représente un océan
agité, d'où se dégage d'énormes ouragans qui noircissent le ciel zébré
d'éclairs. Une cité surplombe l'eau, ayant l'air d'être alimentée par cette
dernière. Une lumière en émanant monte vers le ciel, écartant de sombres nuages.
Une ambiance sombre à la Lovecraft, une des grosses influences du combo. Le
livret est lui aussi réussi. Très complet, contenant paroles des
chansons, photo des musiciens, renseignements sur l'enregistrement,
remerciements... Un petit reproche toutefois. Les textes sont imprimés sur
l'image d'un ciel sombre et à certains endroits, il faut être doté d'une
bonne vue pour bien lire les mots. Notamment au dos de la jaquette, où nous
avons du mal à discerner les titres des chansons, qui sont disséminés autour
d'une pieuvre, en crayonné, sortant des flots, sur un ciel nuageux. Un bel objet
donc, malgré ce petit défaut, et une furieuse envie d'en écouter le son...
"The call" nous plonge carrément dans un univers aquatique avec le bruit des
vagues, des nappes de notes de piano sur fond de bruit de tonnerre et de
chants de baleines... Quelques notes de guitares lancinantes nous plongent dans
"Amnesia". Vu le choix des ambiances, le parallèle avec Gojira est flagrant. La
rythmique est lourde, la double pédale s'en donne à cœur joie. Le son n'est pas
mauvais même si les claviers auraient mérité un meilleur mixage pour les
discerner un peu plus et donner une meilleure couleur au rendu des chansons.
Saluons toutefois le travail des voix qui s'avèrent dès "Amnesia" des plus
bénéfiques. Les chœurs sont omniprésents. Le chant guttural se fait par moment
grave et parlé sur une nappe de cris et lamentations. La mélodie est donc bien
présente dans un univers Death pesant. La chanson semble se conclure au
bout de trois minutes, alors que les guitares viennent se la jouer Djent et
soli pour un passage instrumental plutôt bien senti. La rythmique se fait lourde avant un passage de breaks sous forme de riffs bien gras. Une
entrée en matière plutôt alléchante.
On sent que le groupe a énormément travaillé son propos, essayant de trouver sa
propre voix dans un univers Death Progressif où les influences sont déjà
légion... Le son MAHESTRYA n'en est donc, avec ce premier album, qu'à ses
balbutiements. Mais déjà, il transpire d'une identité naissante, tel le papillon
se frayant un passage pour sortir de sa chrysalide.
"Lost odyssey" est la
première grosse pièce maîtresse de cet opus, dépassant les sept minutes.
L'entrée en matière toutes guitares devant se la joue un peu démonstrative. Les
musiciens savent jouer et maîtrisent leurs instruments avec maestria. La mélodie
est une nouvelle fois omniprésente. Des passages plus cool alternent avec cris
bien Death et rythmique pour un décrassage "brut de décoffrage". Quand la rythmique
se la joue "marteau pilon", cela donne des passages puissants éclatant tout
sur leur passage, avant une nouvelle partie apaisante d'une beauté luxuriante. La
musique monte crescendo. Les claviers et les chœurs entrent de nouveau dans la
danse pour un final flamboyant agrémenté de quelques cris bien gutturaux.
"Dissenssion" poursuit par un son bien massif, groovy, old school,
rehaussé par des chœurs tantôt lui "renvoyant la balle", tantôt susurrant. Les
claviers assurent l'ambiance en fond sonore, ponctuant par-ci par-là des sons
détonants et étonnants. Le travail des guitares est une nouvelle fois
impressionnant.
Du bel ouvrage certes pas parfait, le temps ne pourra que bonifier ce
talent lattant, mais l'univers de MAHESTRYA se laisse écouter avec un ravissement
grandissant. Les nordistes savent jouer avec "le feu et la glace", la puissance
de la violence du Death et la mélodie des guitares.
"The call" fait un peu office d'interlude ambiant, sur lequel nous retrouvons ce
"chant" lancinant de baleines, alors que la guitare se la joue acoustique, diluant
quelques notes tout aussi lancinantes, les claviers appuyant cette
ambiance.
Un chant guttural nous fait pénétrer brutalement dans "Breath
from abyss". Dans un registre plutôt court, moins de quatre minutes, les
nordistes vont à l'essentiel. Ca suinte la sueur, la bière et le Death !!! Un
break plutôt bien amené laisse repartir les "trémolos" des guitares, sur un mur
de puissance rythmique. MAHESTRYA se délecte de ce genre de passages avant de
relancer la machine, et ce n'est pas l'auditeur qui s'en plaindra !
On reste dans le même registre avec "Infected souls", un morceau qui fera la joie des headbangers. Le travail de la double est impressionnant et efficace. Les
riffs bien lourds surnagent l'ambiance des claviers. Saluons une nouvelle fois la
partie instrumentale qui conclut ce morceau...
"The curse shepperd" est pour ma part la plus belle réussite de cet opus. Son
entrée en matière est de toute beauté. Les guitares une nouvelle fois se la jouent
démonstratives, pour un plaisir auditif onirique. Les mélodies sont
omniprésentes et touchent leur cible. La chanson dépasse les six minutes, riche
de changements, d'ambiances, le chant étant varié. La partie instrumentale
est majestueuse, posant une période d'accalmie, de beauté mélodique, sur un mur
de rythmique bien lourde. Passage qui se poursuit en longueur jusqu'à
la conclusion de ce "The curse shepperd", que l'on aurait souhaité encore plus
long...
Le son de la pluie, des vagues, chant de baleines... Puis "Laments of siren"
conclut l'opus sous forme d'outro toute en finesse et en mélodies d'ambiances,
qui nous transportent littéralement ailleurs. C'est simplement beau !
Au final, les nordistes de MAHESTRYA nous proposent un premier album prometteur,
puisant dans l'héritage d'un mix de Textures et Gojira, et y mêlant une propre
identité forte d'idées et de talents musicaux, malgré une production qui aurait mérité un meilleur mix et un côté plus punchy. L'univers technique de MAHESTRYA se révèle déjà impressionnant,
suggérant un avenir prometteur. Un premier album d'un Death progressif mélodique
et résolument moderne qui ravira les fans du genre !!! |