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PENUMBRA
"Era 4.0"
2015 (Autoproduction)
Discographie
Falling into my soul (Démo 1997)
Emanate (1999)
The last bewitchment (2002)
Seclusion (2003)
Démo (Démo 2007)
Era 4.0 (2015)
Eden (2023) |
Quel plaisir de retrouver aujourd'hui les parisiens de PENUMBRA avec un nouvel album.
Je croyais le groupe dissous, puisqu'à ma connaissance leur dernier album datait de 2003.
Mais un petit rappel des faits s'impose : PENUMBRA existe depuis 1996, fondé par
Dorian (guitares) et Jarlaath (chant, hautbois) qui ont tous deux sentis que
la musique classique devait être une influence plus importante dans le Metal. Après plusieurs mois de travail en commun et
avoir complété le line-up, PENUMBRA pose les prémisses d'un univers musical qu'ils veulent différent, dans
les confins de la musique Gothique, côtoyant autant le Dark que le
Symphonique, avec une première démo "Falling into my soul"
parue en 1997. Parallèlement, ils investissent quelques lieux des contrées françaises, effectuant
quelques premières parties dont celle de MISANTHROPE.
Les sept musiciens enregistrent leur premier album "Emanate" et en envoient une
copie à plusieurs maisons de disques, espérant un retour favorable. Pas mal
d'offres sont envoyées à PENUMBRA, qui après réflexion, signe avec le label
Sérénades Records, qui publie l'album en 1999. Les critiques sont excellentes, en particulier en Allemagne. Le groupe se voit invité à jouer à
certains des plus grands festivals Gothiques dont le Wave Gothic Treffen et
le Z7.
Les concerts de PENUMBRA sont de vrais spectacles, où chaque musicien joue avec
théâtralité, avec un aspect visuel important, costumes, masques,
pyrotechnique...
L'année 2000, voit le groupe subir des changements de
line-up et se séparer de sa maison de disque Sérénades Records. Loin d'être
démotivé, le noyau fondateur de PENUMBRA recrute d'autres musiciens et conclut
un contrat d'enregistrement avec Season of Mist. Le résultat est la sortie en
2002 de "The last bewitchment", produit par Terje Refsnes (Tristania, Carpathian
Forest...). Le groupe a travaillé avec une chorale et un quatuor à
cordes. S'en suit la tournée française en support de Within Temptation
en avril de la même année, et plusieurs concerts aux Pays-Bas.
Le groupe attaque très vite l'enregistrement du troisième album, décidant de
travailler à nouveau avec leur ancienne chanteuse Anita Covelli. Arathelis les
rejoint pour jouer de la batterie. "Seclusion" sort en 2003. Un album riche
en sonorités diverses, comprenant cornemuses, flûtes irlandaises, laissant
entendre des mélodies traditionnelles bulgares, le tout agrémenté de diverses
tonalités de voix allant du baryton au soprano. Comme sur "The last bewitchment",
PENUMBRA raconte l'histoire de la quête d'amour entre l'Ange et le Mortel.
Malgré les ventes significatives de leurs albums, ne permettant toutefois pas "d'en
vivre décemment", le groupe subit le départ de Dorian et de leur chanteuse.
D'autres voix personnelles et professionnelles s'ouvrent alors aux musiciens,
qui décident de mettre PENUMBRA en "pause".
Passionnés de musique, plusieurs
membres se tournent vers d'autres projets : Arathelis dans The Old Dead Tree,
Agone dans Synoptia, Loïc dans Willow et Asphodel dans Pin-Up Went Down.
Toutefois, un enregistrement "informel" de trois nouvelles chansons ("Charon",
"Avalon" et "Eeries shelter") est effectué en 2007, avant de retourner vers ses
obligations familiales et professionnelles.
Aujourd'hui, PENUMBRA fait de nouveau parler de lui avec la parution d'un nouvel
album, douze ans après la sortie de "Seclusion". Max "Jaarlath"
nous permet d'en savoir un peu plus "... nous avons mis à profit cette pause pour repenser
notre musique, nous ne voulions pas faire la même chose qu'avant. Il était
important de garder l'ADN de PENUMBRA, mais aussi de proposer et essayer autre
chose...".
En 2015 le groupe est composé d'Asphodel (Chant
féminin), Jarlaath (Chant masculin), Néo et Loïc (Guitares), Agone (Basse) et Arathelis
(Batterie).
"... nous avons enregistré nous même l'album. L'enregistrement s'est
étalé sur plusieurs semaines en fonction des disponibilités de chacun. Ceci a
été possible car plusieurs d'entre nous avons de fortes compétences en musique.
Pour certains, c'est même leur métier et ils sont reconnus dans leur domaine.
Nous avons aussi des studios à notre disposition... Pour le mixage, après un
échec cuisant avec un ingénieur Son externe, qui de notre point de vue n'avait
pas du tout su retranscrire notre musique. Nous avons donc mixé nous même
l'album, toujours en capitalisant sur le fort background technique de nos
musiciens. Bref, un album 100 % PENUMBRA et 100 % français hormis pour le
mastering".
L'album sort le 27 novembre 2015.
Présenté dans un superbe artwork signé Mario Sanchez Nevado, représentant une
femme humanoïde au milieu des flammes faisant fondre la partie humaine et laissant
apercevoir l'ossature mécanique. Un très beau dessin qui laisse suggérer un côté
futuriste que l'on retrouve dans la musique de PENUMBRA. "Era 4.0 n'est pas un
album concept a proprement parler, hormis le titre de la pochette qui indique que
c'est notre quatrième album et que la musique a pris un tournant plus moderne
qu'avant...".
"New era" ouvre ce nouvel opus sous forme d'intro. Le ton est donné. Le clavier
se la joue électro, sur une ambiance plutôt épique, voire symphonique, nous
plongeant dans un univers futuriste que nous ne lâcherons pas avec "Insane". Les
fans de la première heure risquent d'être quelques peu déroutés
par cette nouvelle approche musicale. Mais il est vrai que PENUMBRA a toujours évolué d'album en album, évitant de se cantonner à un style, surfant vers les rivages d'autres contrées du monde du Rock
et du Metal : Gothique, Symphonique, Dark... Aujourd'hui, les parisiens y
apportent des touches Technoïdes et beaucoup plus encore tout au long de cette
épopée auditive.
Déstabilisant, "Insane" l'est
résolument de par sa courte durée de deux minutes quarante. Le
morceau traite "le refus d'accepter une vie trop normée malgré une acceptation
de façade". Le ton n'est donc pas à la douceur. Les guitares sont bel et bien présentes. Et c'est la voix masculine de Jarlaath qui ouvre le propos.
Voix puissante mais trafiquée, qui me rappelle un peu ce que faisait un Saga au début
de sa carrière. Le son des grattes et l'atmosphère électro du clavier
donnent un côté indus à ce morceau. La voix d'Asphodel entre dans la danse. Elle
constitue sans conteste un atout important dans PENUMBRA. Son timbre tout à la
fois puissant, maîtrisé et envoûtant nous ensorcelle, nous transportant dans le plus obscur du monde des parisiens, à l'image des
êtres mythologiques qu'étaient les sirènes. Après un solo des grattes simplement
efficace, "Insane" se conclut déjà sur la voix de Jarlaath.
"Charon" est l'n des trois titres enregistré en 2007 sur la démo informelle du
groupe. C'est donc avec elle que l'on retrouve le combo que nous avions
apprécié sur "Seclusion". "C'est inspiré du mythe du passeur du monde des
vivants à celui des morts. Cette chanson s'inscrit dans l'histoire amorcée avec
notre deuxième et troisième album...". Une approche du passé du
groupe, mais avec déjà ce côté électro omniprésent. Les guitares bien
lourdes sont au rendez-vous et la voix donne un côté death à l'accroche du
morceau. Comme à son habitude, PENUMBRA joue sur la dualité des voix
Féminin/Masculin, chacune jouant plusieurs registres. Contraste contrôlé entre
chant clair et growlé. Les passages calmes de par leur côté électro pop ont un
aspect eighties que l'on retrouvait dans des groupes comme Tears Tor Fears, Aha,..
Heureusement diront certains, cela ne dure pas et on durcit de nouveau le
propos. La durée des chansons s'allonge nous sommes là dans les quatre minutes
standard.
Avec "Save my world", il est question de "la recherche vouée à l'échec d'une
perfection morale ou/et intellectuelle qui détruit aussi les personnes
autour...". Musicalement, on poursuit dans des contrées connues. Un début bien death
et l'alternance des voix omniprésentes. Les riffs sur les
passages des voix claires masculine donnent un côté Néo Metal typé US que l'on
retrouvait dans des groupes tels que Creed... Il y a plein d'éléments dans la
musique de PENUMBRA que l'on a du mal à retranscrire par écrit. Le mieux est
de se laisser envoûter par l'univers propre aux parisiens par une écoute réelle.
"Exhumed" fait un peu office de break dans cet album. Cette chanson nous propose une ballade que l'on pourrait
considérer comme une ballade Irlandaise de par l'apport de cornemuse. Un côté folk
plutôt bienvenu. Entièrement interprétée par la voix enjôleuse d'Asphodel, on
se laisse volontiers bercer par cette histoire qui traite "de l'acceptation de
vivre un amour interdit, jugé immoral...". Un aparté musical plein de douceur
plutôt bienvenue.
Retour au clavier électro et à la voix
masculine trafiquée sur "Insidious". Un morceau qui monte crescendo. Encore plein de choses
dans cette chanson, qui en font l'une de mes préférées de cet album, alternant
passages limite sauvages et d'autres plus calmes, illuminés par la voix puissante
d'Asphodel qui irradie véritablement ce "Era 4.0". Il est ici question de "la
capacité d'un individu à se renier lui-même pour une idéologie nauséabonde et à
se dissimuler pour un jour se dévoiler pleinement...". Des sujets qui feraient la
joie des épreuves de philos. Les musiciens sont loin d'être en reste et font en
sorte de par leur talent que ce voyage dans le monde de PENUMBRA soit des plus
oniriques, à l'image de cette guitare en début de morceau.
"Eerie shelter" s'inscrit lui aussi dans la lignée des textes du deuxième et
troisième album. On y retrouve un côté épique, des sons de flûtes donnant un
côté folkisant à l'ensemble, une orchestration à son summum. Et cette alternance
entre la belle et la bête toujours omniprésente. Tout passe beaucoup trop vite chez PENUMBRA.
Quelque touches électro nous indiquent que nous pénétrons déjà dans la chanson suivante "Before oblivion"
qui "répond à la question que l'on peut se poser parfois : "A quoi
penserais-je si je savais mes dernières secondes comptées ?"... ". Le propos est
sombre, la musique le devient aussi avec des riffs guitare qui nous collent au
mur, secondés par la voix agressive de Jarlaath. Ce titre est le
plus "sauvage" de l'album, malgré ces passages plus calmes limite pop. Encore
une superbe chanson, toujours très riche sur laquelle chaque musicien, chant
compris, donne l'impression de s'éclater.
PENUMBRA a eu la riche idée de disséminer chansons plus anciennes au milieu
d'autres plus modernes. Ainsi "Avalon" nous rappelle le passé majestueux des
parisiens d'une manière puissante. Cela fleure le Death/Dark mélodique.
"Avalon s'inscrit aussi dans la lignée des textes du deuxième et troisième
album. Elle contient toutefois une certaine allégorie, celle de la recherche d'un
monde amoureux utopique qui n'existe pas ou qui n'est pas vu comme tel par
l'autre...". Une chanson coup de poing dont seule la voix d'Asphodel apporte un
peu de douceur où les guitares font parler la distorsion.
L'album se conclut déjà avec "Malice in wonderland" qui traite "des personnes
qui se complaisent et assument entièrement une superficialité profonde,
intellectuelle ou physique. Et qui n'expriment pas l'envie d'en sortir, parfois
au grand Dame des personnes qui croisent leur chemin...". Après une entrée en
matière très pop, on retrouve ce son typique année 80 d'un Duran Duran... Les guitares et Jarlaath durcissent le propos pour une conclusion des plus
savoureuse auditivement parlant.
Il aura fallut attendre douze ans pour que PENUMBRA nous propose un successeur à
"Seclusion", et le nouveau voyage qu'ils nous proposent est des plus réussis.
Résolument moderne malgré ces touches limite pop, très eighties. "Era 4.0" est
veut varié et riche en ambiances, orchestrations, breaks, riffs fracassants,
rythmiques puissantes, mélodies et surtout voix. Ces dernières proposent une
palette impressionnante de diverses tonalités pour un plaisir auditif garanti ! La voix enjôleuse d'Asphodel y étant pour
beaucoup.
Seul reproche que l'on pourrait faire à ce "Era 4.0"
: sa durée. Beaucoup trop court, il avoisine les quarante minutes. Il nous
reste heureusement la possibilité d'appuyer sur "repeat" et nous ne nous
gênerons pas ! En espérant que PENUMBRA n'attende pas douze ans pour donner un
successeur à cet album, je vous recommande grandement, si vous n'êtes pas obtus,
et coincé dans vos propres carcans musicaux, de plonger dans l'univers musical
propre aux parisiens en vous procurant ce "Era 4.0" ! |
Chronique par
Dom Baillon Février 2016 |
01 - New era (1:55)
02 - Insane (2:40)
03 - Charon (4:00)
04 - Save my world (4:42)
05 - Exhumed (4:17)
06 - Insidious (4:02)
07 - Eerie shelter (5:30)
08 - Before oblivion (4:51)
09 - Avalon (4:26)
10 - Malice in wonderland (4:50) |
Musiciens
: Asphodel (Chant féminin), Max Jarlaath (Chant masculin), Loïc (Lead
Guitares), Néo (Guitares), Agone (Basse), Zoltan (Claviers),
Arathelis (Batterie) |
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