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SADRAEN
"Orphan lord"
2017 (M&O Music)
Discographie
Sophomore (2014)
Orphan lord
(2017) |
Fondé en 2012 à Doullens près d’Amiens, SADRAEN est un quatuor composé
d’Antoine (Chant/Guitare), Adrien (Guitares), Thomas (Basse) et Valentin
(Batterie). Après un début de carrière consacré à la conception d’un répertoire,
le groupe ne compte plus aujourd’hui les concerts donnés dans les nombreuses
salles du nord de la France, dont un passage remarqué lors du BetiZFest de
Cambrai en avril 2017.
Fort d’une première carte de visite avec la conception d’un EP "Sophomore" en
juin 2014, le groupe décide de s’attaquer à l’enregistrement de son premier
album.
Dix titres sont ainsi mis en boite sous le titre d’ "Orphan lord" et un
contrat de distribution et de promotion est signé avec le label M&O Music.
L’album est disponible dans leur catalogue le 30 septembre 2017.
L’univers
musical de SADRAEN combine l’imagerie sombre des œuvres d’Adrien, véritables
peintures tout aussi délirantes, énigmatiques avec un côté occulte et
onirique, dont les musiciens s’inspirent pour broder leur univers musical ainsi
que leurs textes. Chaque illustration inspire en Antoine un récit. Le
chanteur décrit ses craintes et sa douleur sous forme de textes dans la langue
de Shakespeare, alternant couplets sombres et graves aux refrains hurlés. Il voit
en ses paroles des récits dont les variantes sont des étapes, chaque conclusion
se voulant une morale faisant appel à la conscience et l’inconscient de
l’auditeur.
L’œuvre visuelle de SADRAEN est tout de suite mise en avant par l’artwork de ce "Orphan lord", avec cette forme noire, qui fait penser à un funeste
oiseau, ou encore une forme humanoïde aux bras immenses se terminant par des
griffes. Chacun y verra sa propre interprétation. Le fond est de couleur neigeuse
où se dessine en gris, un paysage montagneux dans lequel nous devinons
une demeure, style château. Sous la silhouette noire, nous retrouvons le logo du
groupe au-dessus du titre de l’album. L’objet en main, il ne nous reste plus qu’à
en découvrir l’univers sonore, que l’on devine d’entrée plutôt axé vers le
côté extrême du Metal.
"Hideous soul" nous prouve que nous ne nous étions pas trompés ! SADRAEN
œuvre dans un registre plutôt Death Progressif qui fait diablement penser à
GOJIRA. Une influence que le quatuor aura bien du mal à réfuter tellement elle
est flagrante. On démarre par une batterie montant crescendo, avec des chœurs
masulins montant eux-aussi. Puis le chant guttural d’Antoine lance les
hostilités que la rythmique se fait un plaisir de relayer. L’ambiance est
résolument lourde, voire pesante. Un côté lancinant
plutôt plaisant. Les musiciens assurent chacun leur partition avec impartialité et
efficacité.
Des riffs bien marqués par une rythmique saccadée lancent "The stoic
gathering", formidable excuse à un headbanging de rigueur. Le tempo reste dans
le même registre pesant. SADRAEN joue sur les ambiances, avec notamment un gros
travail sur les voix et les guitares, qui au lieu de se la jouer solo de
circonstance, privilégient l’atmosphère du morceau. Même s’il n’y a pas vraiment
de nouveau dans l’univers musical du quatuor, cela est parfaitement joué, sans
en faire des tonnes et c'est plutôt plaisant.
Le son est plutôt bon, rendant justice à la musique du groupe.
"Fourth wall"
enchaîne toujours dans ce registre lourd, avec un côté métallique de la
rythmique limite indus. Le titre est plus long, dépassant les cinq minutes,
privilégiant de longues plages instrumentales bien marquées. On joue une nouvelle
fois sur l’ambiance avec un passage planant sur lequel la voix se fait
susurrante. La six-cordes y accentue ce côté lancinant, la batterie de
Valentin ponctue cet univers sombre avec efficacité.
Les titres s’enchaînent. On regrettera toutefois que l’on reste
toujours dans le même registre, occasionnant une absence certaine de surprises. On sent que SADRAEN hésite à sortir de sa zone de "sécurité" et préfère rester dans sa "zone
de confort musical" et l’univers que le groupe maîtrise parfaitement. C’est à
mon avis un peu dommage, même si l’ensemble est plaisant et s’écoute sans
déplaisir. Aucun titre ne ressort vraiment de cet album.
Même si "Torn" qui suit
se révèle excellent, avec un côté mélodique plutôt bienvenu. La voix y est plus
claire, typique des groupes atmosphériques. Le titre y alterne la mélodie des
voix à des riffs pesants, marqués par une rythmique de plomb. "Torn"
est pour moi le meilleur morceau de l’album.
"Synaesthesia"
est une petite bluette instrumentale, très mélodique. Un havre de paix salvateur
au milieu de ce registre plutôt Death Progressif pesant, que l’on retrouve sur
cet album. Un chant plus agressif et des chœurs marquants accentuent l’efficacité
du propos. "Sarcoma" arrive à nos écoutilles, mené par ces riffs
galopants qui nous laissent espérer un registre plus rapide, speed. Mais SADRAEN
reste dans son univers pesant, privilégiant une nouvelle fois les ambiances. Le
titre n’en est pas pour autant mauvais, bien au contraire. Outre la rythmique, on
peut saluer l’énorme travail mélodique de la six-cordes. On devine que les
titres doivent prendre un tout autre impact en live et avoir un côté plus
percutant à l’instar de "Human hatcher".
L’univers musical de SADREAN s’articule
autour de titres évoluant entre trois et quatre minutes, exception faite de "Fourth wall"
et la bluette "Synaesthesia". "Terse aeon"
poursuit sans surprise, même si l'on se trouve dans un registre plus agressif qu'en
début d’album. "To whatever end" conclu l’album dans un registre plutôt
atmosphérique, mariant différentes ambiances sur les voix, apportant une
certaine beauté sombre à l’ensemble. Un excellent titre très travaillé, ponctué
de changements et breaks salvateurs, de chœurs lancinants, de guitares
hypnotiques… Sans contestes "To whatever end" et "Torn" sont les deux titres
qui me font vraiment vibrer sur ce disque.
Avec "Orphan lord", SADRAEN signe un premier album plutôt convaincant. Un
univers sombre de toute beauté, tantôt engagé, souvent planant, sur
des sonorités et rythmiques Death Metal. Le groupe plonge l’auditeur dans son
univers au travers de ses morceaux progressifs dans un registre plutôt lourd,
privilégiant les ambiances, même si les musiciens n’hésitent pas à se montrer
incisifs.
Toutefois, SADRAEN reste dans sa "zone de confort", et même s’il s’en
sort très bien, l’ensemble manque de surprises. On aimerait que le
groupe varie un peu plus les tempos. Mais ne soyons pas pinailleurs. Ce n’est
qu’un premier album, au demeurant plutôt réussi où l'on retrouve, toutes
proportions gardées, l’ombre de GOJIRA. Gageons que SADRAEN saura s'en démarquer dans le futur et affermir
son univers musical. En tout cas pour les amateurs du style, laissez-vous porter
par votre curiosité et plongez vos oreille dans ce "Orphan lord". |
Chronique par
Dom Baillon
Juillet 2018 |
01 - Hideous soul (3:18)
02 - The stoïc gathering (3:11)
03 - Fourth wall (5:25)
04 - Torn (4:00)
05 - Synaesthesia (1:50)
06 - Orphan lord (4:35)
07 - Sarcoma (3:20)
08 - Human hatcher (3:30)
09 - Terse aeon (3:42)
10 - To whatever end (4:55) |
Musiciens
:
Antoine (Chant/Guitare), Adrien (Guitares), Thomas (Basse), Valentin (Batterie) |
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