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SALÒ
"L'appel du néant"
2024 (Source Atone Records)

Discographie
Sortez vos morts (2021)
L'appel du néant (2024) |
Animé par une aversion profonde pour les
travers de l'être humain, SALÒ voit le jour en fin d'année 2019, du côté de
Cherbourg-en-Contentin, avant de nous
proposer son premier EP de 5 titres "Sortez vos morts" en 2021.
L'opus suivant, en long format et nommé "L'appel du néant", renferme 8
compositions personnelles pour près de 39 minutes de musique brutale. Il sort le
23 Février 2024 via "Source Atone Records".
Il est enregistré par Manu Laffeach (Parlor, Grégaire, etc.), mixé par Cyrille
Gachet (Fange, Year Of No Light, Yarotz etc.) et masterisé par Alan Douches (The
Black Dahlia Murder, Suicide Silence, Cannibal Corpse, etc.).
Graphiquement dans la lignée du précédent opus, la pochette est terriblement
gênante. On y voit une famille aimante devant son poste de télévision, un
individu se suicidant par arme à feu en direct devant cette famille insouciante.
L'ère de notre société voyeuriste partant en décadence...
Et ce côté dérangeant n'est pas uniquement visuel chez SALÒ, puisque la musique
elle-même, les ambiances et les thèmes abordés dans les paroles sont du même acabit. Jugez par
vous-même :
"Un homme ça ne s'empêche" : Consentement, regard de l'homme sur la femme, viol, violences
faites aux femmes. Par le passé, les hommes ont pu penser ça et laisser libre court à leur pulsion,
couverts par les mœurs sociétales de leurs époques. Que les nouvelles générations pensent et/ou
agissent de la même façon est totalement anachronique. Malgré la mise en lumière de faites, des
témoignages, la société reste peu mobilisée sur ces violences.
"Le gout du sang" : La violence endémique. Ce titre met en évidence les pulsions
violentes qui nous hantent, le besoin de les extérioriser, de se retenir pour éviter le
passage à l'acte. Jusqu'à quand ? Tout comme les autres titres de l'album, il aborde la notion de rejet de
toute responsabilité.
"J'affronte la mort" : Se sentir vivant au travers d'actes extrême.
On pourrait rapprocher ce titre au jugement de Dieu, communément appelé ordalie.
Se prouver que l'on existe par la mise en jeu intentionnelle
de la vie au travers d'actes ou performances extrêmes. Se sentir grandi par
l'expérience à laquelle on cherchera frénétiquement à se confronter de nouveau. Affronter la
vie n'est plus
une quête suffisante pour se prouver que l'on existe ou qu'elle est un sens.
"Est-ce là mon avenir" : Infertilité, Réflexe primaire face à la chute de la natalité. La pollution de
notre monde est l'un des facteurs de l'infertilité masculine et féminine. D'année en année,
les taux de natalité chute que ce soit par volonté ou par infertilité.
D'ici à ce que des gouvernements incitent les femmes à se consacrer uniquement
au foyer, il n'y a qu'un pas dystopique. Si l'obscurantisme religieux, favorisé par les
catastrophes futures, s'en mêle, nous ne sommes pas loin d'un futur à la Margaret Atwood.
"Il faut qu'ils crèvent" : Atrocité de guerre, la négation du "Plus jamais ça !", le
nationalisme exacerbé.
Le titre fait état de la guerre en ex-Yougoslavie où des atrocités de guerres
ont été perpétrées sur les populations à la manière de ce qu'avait fait l'Allemagne nazie et son
allié le Japon. 45 ans après leurs atrocités et le "Plus jamais ça" des Nations Unies, l'ensemble
des pays signataires de la charte ont laissé faire les massacres et viols
institutionnalisés jusqu'au massacre de Srebrenica. Le titre pose la question de la répétition des horreurs
de l'Histoire et du "jusqu'où s'arrêteront-ils".
Au-delà de l'immobilisme des nations unis, le titre met aussi en lumière les montées
nationalistes dans une Europe qui tend à se déchirer.
"Liberté surannée" : La perte de liberté, la vérité des puissants à géométrie variable.
Une vision personnelle de notre époque et de ce qui
pourrait advenir comme l'avait fait Orwell pour décrire le système communiste. Toutefois, nous
nous détachons d'une idée de complot mondial pour asservir les masses.
Tout est fait pour amoindrir nos libertés sous prétexte de nous protéger. Plus
on avance et plus ces résignations deviennent évidence puis us et coutume. On réécrit le
passé au profit de nouvelles vérités favorisées par une amnésie collective. Jusqu'où irons nous ?
"Et pourtant j'essaie" : Fuir le présent, trouver sa place dans la société, l'addiction aux
drogues. Un monde de plus en plus exigeant et compliqué qui ne laisse que peu de place
aux fragilités psychiques. Une vie sans envies nous poussant à nous réfugier dans des paradis
artificiels par diverses substances de plus en plus addictives et à la disposition de n'importe
qui. Ce titre tente de retracer le mal-être de tout à chacun qui ne trouve plus sa
place et qui tente de s'enfuir ne serait-ce que temporairement dans un monde plus facile, façonné à
son image. Mais le remède se révèle pire que la situation initiale, l'addiction est une
compagne de plus en plus exigeante.
"La cendre et le sang" : Le déni de notre situation, l'extinction de la vie sur terre, la
conscientisation lente. Malgré les évidences, tout le monde rejette la faute sur "l'Autre".
Gouvernements plus prompts à chercher sa réélection qu'à traiter la problématique. Une population
qui se réfugie dans le déni et ne veut pas renier son confort jusqu'au potentiel effondrement
de tous les systèmes. Cet effondrement commence sa course suivant une trajectoire
exponentielle. Lorsque les changements seront véritablement visibles, il sera
trop tard et nous serons guidés par nos instincts primitifs, redescendus au niveau 1 de Maslow pour tous nos
aspects.
Ce titre est la fin de cet album "L'appel du néant". Il résume à lui seul
l'ensemble des titres qui le composent : La fuite de tout un chacun face à ses actes et ses
responsabilités.
Est-il encore temps d'agir ou l'appel du néant serait-il plus doux à nos
oreilles ? Pas pour SALÒ qui veut jouer le sel dans cette plaie béante que nous entretenons tous et
cherchant à la cautériser.
Tout ceci est appuyé par des ajouts d'extraits d'audiobooks, de films ou de
reportages, pour une mise en lumière de la part sombre de l'espèce humaine.
La musique de SALÒ n'est pas faite pour être adorée, elle est écrite pour être
décriée. La volonté du groupe n'est autre que de
mettre en lumière la part sombre de l'espèce humaine. De là, le rendu ne peut
être qu'un condensé de répulsion mêlant Black Metal, ambiances industrielles et
extraits de films, qui mettent en musique la
représentation et l'inaptitude de l'être humain à réagir aux situations
critiques présentes et à venir. Pour SALÒ, l'être humain est le spectateur de
son propre anéantissement.
Amateurs de Black Metal / Crust, d'ambiances sombres, oppressantes voire
suffocantes... et appuyant du doigts des sujets tabous et dérangeants, SALÒ
vous tend les bras ! |
Chronique par
Duby
Mars 2024 |
01 - Un homme ça ne s'empêche (6:23)
02 - Le goût du sang (3:31)
03 - J'affronte la mort (ft. Diego - Karras) (4:44)
04 - Est-ce là mon avenir (4:50)
05 - Il faut qu'ils crèvent (2:45)
06 - Liberté surannée (5:25)
07 - Et pourtant j'essaie (ft. Mütterlein) (5:20)
08 - La cendre et le sang (ft. Mütterlein) (5:58) |
Paroles : Indisponibles. Ajoutez les paroles
ICI  |
Musiciens
:
AVS (Guitare), DLE (Claviers, Samples), HCT (Chant / Basse), NGH (Batterie)
Guest :
Mütterlein (Narration) |
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