"Paysage vu du ciel rougeoyant d'un coucher
de soleil, dévoilant une multitude de prairies entourées d'espaces boisés,
chacune étant peuplée d'une foule gesticulant devant une scène sur laquelle des
musiciens donnent le meilleur d'eux-mêmes.
L'image se rapproche tel un zoom de
téléobjectif, balayant les visages jubilants des spectateurs avant de plonger
vers les musiciens. A mes oreilles retentit "Le temps qui passe", chanson que
j'adore et que chantait le groupe Tokyo.
C'est alors que je reconnais leur chanteur
Eric Buigues derrière le micro. Un frisson m'envahit à la vue des deux
duettistes de Vixen/Jumper lace Steff G.Lynn et Vince Lovelace aux guitares. Côté rythmique c'est Angie (Ace) qui attaque sa quatre cordes alors que Nico
Andrieu (Killers) martèle ses fûts... Impression bizarre alors que la beauté du
morceau fait doucement son chemin dans ma tête...
Zoom arrière, direction
nouvelle prairie. La foule y est toujours aussi compacte et enthousiaste. Une
nouvelle fois, mes poils se hérissent au son de "A force de
gueuler"... Cette voix !!! Mais oui, c'est bien lui le grand Robert Belmonte (Ocean)
s'époumonant sur le micro... Une équipe de rêve le met en valeur (comme s'il en
avait vraiment besoin !!!), à savoir les "descendeurs" de six-cordes Fabien Gevraise (Service compris, Jinx, Face to face) et Yves Choir, le bassiste Lionel
Robilliart (Legend) et Christian Namour (Patrick Rondat, Face to face...)...
Vraiment pas envie de bouger, rester là et apprécier, se laisser submerger par
le plaisir et la magie de la musique !!! Mais la curiosité est la plus
forte !!! Que se passe-t-il sur les autres scènes et qui vais-je découvrir
???
Et quelle découverte !!! Le groupe suivant est constitué de Patrick Malbos (High
Power) chantant en duo avec Didier Rochette (Attentat Rock) "Rock
city" joué par Christophe Aubert et Didier Bernoussi (Warning) aux grattes,
Laurent Bernat (Satan Jokers) à la basse et Georges Moreau (High Power)
batterie...
Les sites se succèdent avec ces groupes plus improbables les uns
que les
autres, faisant la part belle à nos chers disparus qui ont fait la légende du
Metal made in France.... Ainsi reconnaissons-nous les chanteurs Bruno James (Sed
Lex), Jean-Jacques Berete (38 tonnes, Panam, Wotan), Jean-Louis Thouvenot (Excess),
Jean-Marie Boix (Bronx), Philippe Chauveau (Calamine), Philippe Mauget ( Vis a
Vis), Philou Chastaing (Charter, Charms),.... Les gratteux Christian Sanchez (Astaroth,
Queensway), Chris Lane (Silvertrain), André Lemesle (Nomed), Fred Duval
(Massacra), Gérard Mullier (Stocks), "Petit pois" Grande (Les Variations),
Michel Pineda (Lawlessness)...
Les bassistes Camille Marquet (Hellixxir),
Fabrice Bonhomme (Evil One), François Tailleur (Soggy, Tucker)... et les
batteurs Franck Vilatte (Vulcain), Alain Thouvenot (Excess), Bernie Bureau (Metral),
Michel Heurot (My laï)...
Nouveau zoom arrière... l'image apparaît vue du ciel.
Les
différents sites et scènes sont entourés par une brume épaisse et
blanche, donnant un contraste d'irréalité avec la couleur rougeoyante du ciel,
au sein de laquelle discernons-nous des silhouettes, immenses sentinelles
protégeant les lieux..."
Petit délire en prologue, prétexte d'un hommage appuyé à nos chers disparus
musiciens et chanteurs ayant apportés "un pavé dans l'histoire du Metal
Français", et peut-être pouvons-nous espérer qu'un tel endroit existe, où nos
défunts peuvent s'éclater en faisant ce qu'ils aiment le plus !!! Ceci avant de
nous plonger dans la chronique du premier enregistrement des Avignonnais de
SENTINHELL. Qui a défaut d'être des sentinelles sont les gardiens d'un héritage
Métallique très bien digéré et retranscrit avec passion !!!
SENTINHELL est l'œuvre du guitariste Angelo Di Luciano bâti sur les cendres de
son ancien groupe, entouré de Nicolas au chant, Olivier à la basse, Anna aux
claviers et Adrien à la batterie. Un "line-up nécessaire afin de mettre en
branle une machine dont le crissement des rouages sonne comme les hurlements
d'un heavy old school associés aux principaux leviers du Thrash des eighties tout
en gardant une oreille dirigée vers l'avenir".
En tout cas, c'est le message
proposé par le groupe lui-même sur son site... mais passons à l'écoute.
Les cinq musiciens ont peaufiné leur répertoire en quelques mois, se
réappropriant des compos d'Angelo d'avant le line-up actuel, tout en y
incorporant de toutes nouvelles chansons écrites en commun.
A peine un an
après sa création, et après avoir écumé quelques scènes de la région, le
groupe s'enferme en studio pour enregistrer son premier album autoproduit.
Pour donner encore plus d'impact et d'attractivité à
son premier CD, le groupe
fait appel à l'incontournable et talentueux Stan W-Decker pour illustrer leur
jaquette. Le résultat est comme à l'accoutumé superbe, montrant dans un décor
rougeoyant une héroïne rouquine qui n'aurait pas dépareillé dans les meilleurs
comics US. Le décor est planté et retranscrit à merveille l'univers de
SENTINHELL "se situant quelque part entre l'héroïc fantasy et la science
fiction. A cette croisée des chemins où les chevaliers en armures s'équipent de blasters, où les mages embarquent dans l'espace livrer des combats épiques, où
les cyborgs affrontent des demi-dieux".
L'album sort en octobre 2013. Il s'ouvre sur son titre éponyme "The advent of shadows"
après l'introduction narrative pour planter le décor nous plongeons dans un
Heavy tranchant où quelques discrètes nappes de claviers viennent apposer
quelques touches de mélodies. Puis survient la voix grave de Nicolas. Tout
d'abord déroutante, elle s'avère diablement efficace, s'harmonisant au gré de la
chanson. L'ambiance y est sombre et pesante pour s'accélérer par moments, avec une
voix limite Thrash. La rythmique fait un travail de sape admirable alors
qu'Angelo nous sert quelques soli des plus mélodiques. Une entrée en
matière réussie, bien que le chant me laisse une impression bizarre.
"The advent of shadows" n'aurait pas dépareillé dans un album teinté
Doom, mais
les Avignonnais se la jouent plus speed avec "The archmagus", délivrant un Heavy
Speed très mélodique avec une voix plus aigüe. L'ombre Helloweennienne se
fait ressentir ! Le refrain est des plus réussi. Nicolas y est magistral, même
si nous avons l'impression qu'il a du mal avec ces montées aigües, pourtant
réussies et justes, impression peut-être due aux mixage ? Je me pose encore
la question, alors que cette impression me suivra tout au long de l'écoute de
cet album.
Sur des riffs galopants, Anna nous sert un soli sympathique avec son clavier.
Le groupe surprend par la qualité du travail effectué en à peine une année
d'existence !
On reste dans un Heavy speed avec "Time", introduit par une rythmique
impitoyable et un soli efficace. L'héritage des eighties est flagrant
et jouissif, se mariant avec l'héritage Helloween que
l'on doit à la voix "galopante" sur les riffs déferlants tels une vague lors d'un
raz de marée. Le refrain communicatif devrait faire son office en live.
Les chansons avoisinent les cinq minutes et sont le digne héritage des codes du Heavy Speed
mélodique. Un travail que nos oreilles de connaisseurs avertis
apprécient grandement !
SENTINHELL apporte plusieurs atmosphères dans son métal, apportant un côté
salvateur et bonifiant les morceaux. "Dark legacy" poursuit dans un registre
plus Power Metal diablement efficace. Un registre qui sied admirablement au
groupe, y sentant Nicolas plus à son aise.
On change d'ambiance avec une intro
arabisante pour plonger dans "Sea of sands". L'ensemble y est plus Heavy, ponctué
de breaks qui n'auraient pas dépareillés dans le Prog Metal. Les Avignonnais
dévoilent ici une autre facette de leur talent, où leur potentiel de créativité
est mis en avant.
On poursuit avec à mon avis le meilleur morceau de ce
premier jet. "The stormrider" explose à nos tympans. Un vrai hit, avec ces
passages très Helloweeniens (encore !!!) et son refrain rehaussé par l'apport de
chœurs jouissif ! 4 minutes 19 de bonheur ! J'hésite à appuyer sur
"repeat"... Mais bon, on est là pour tout écouter !
Surtout que la suite est
loin d'être mauvaise ! Même si "Demon's run" fait retomber un peu le soufflet,
le morceau passe l'écoute facilement, avec ces changements de breaks
mélodiques. Un travail d'orfèvre au service de sa seigneurie Heavy !
La
batterie qui s'est montrée magistrale tout au long de ce premier jet introduit "SENTINHELL"
où l'ombre d'un Running Wild/Grave Digger plane sur le groupe pour le plus grand
plaisir de l'auditeur.
Les sudistes de SENTINHELL viennent de nous apporter une première pierre à leur
histoire, et même si ce n'est pas une pépite, tout le potentiel et le savoir-faire
délivré et des plus attractif et prometteur pour l'avenir du groupe.
Nous suivrons avec intérêt son évolution et ses prochains enregistrements. En tout cas Messieurs/Dames, voici une bien belle cartouche que vous nous avez
tirée là ! A conseiller pour tous les amateurs de Heavy Speed Mélodique !!! |