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THORGEN
"Messager du mal"
2010
(Brennus)


Discographie

Heretic (2003)
Chemin des dames (2005)
Messager du mal (2010)
IV (2017)
La dernière porte (2022)


Près de cinq ans se sont écoulés depuis la sortie de "Chemin des dames" le deuxième album de THORGEN. Un nouveau batteur est arrivé, et après 19 mois de dur labeur, le groupe nous livre enfin "Messager du mal" son successeur.

L’album démarre avec un titre de circonstance : "Le retour". En effet, les laonnois reviennent et ils frappent d’entrée un grand coup. A ma grande satisfaction, le violon de Mélodie est omniprésent sur ce titre, et en particulier sur l’introduction qui donne à cette composition des relents celtiques très agréables. Mais attention, bien vite les guitares de la paire Marc / Cyre nous rappellent que l’on a ici à faire à un vrai groupe de métal. Un mélange fort agréable qu’un Mama’s Boys n’aurait pas renié dans les 80’s. Les paroles sur fond de fin du monde finissent d’apporter un côté sombre à ce titre introductif très intéressant dans la mesure où le groupe a su faire preuve d’audace afin de sortir de ses propres sentiers battus. Une bien belle entrée en matière et indiscutablement l'un de mes titres préférés de l’album.

On enchaîne par "Face au miroir" où la section rythmique est impériale. La basse de Bernard est omniprésente et le nouveau venu nous fait apprécier sa technique à la double pédale, impulsant un côté très Heavy à ce morceau. Les guitares et le violon viennent apporter un peu de douceur dans ce monde de brutes et le contraste est réellement très intéressant. Je ne saurai trop vous recommander l’harmonie finale qui conclue ce titre de manière somptueuse.

Sur "L’instinct" le violon de Mélodie se fait plus discret, au profit des guitares et de Mike qui nous fait à nouveau apprécier sa dextérité en double sur les refrains et le pont. Le chant de Yves, et c’est une des tendances de l’album se fait plus en retenue, plus maîtrisé et il faut l’avouer c’est un registre qui convient parfaitement au chanteur sans pour autant diminuer l’impact du morceau. A signaler le remarquable travail effectué au niveau des arrangements, en particulier sur le refrain (voix gutturale, synthés).

C’est par une intro à la MANOWAR, avec une basse très incisive que débute "Esprit du vice", probablement le morceau le plus Heavy de l’album avec un Bernard de gala qui a du enfiler son slip en peau de bête pour enregistrer ce morceau. Des paroles excellentes et décadentes, un refrain aisément mémorisable, un Yves tout en maîtrise, soutenu par des chœurs du plus bel effet où il me semble percevoir une voix féminine. L’ombre de Mélodie reste ainsi présente même si sur ce morceau le violon est banni.

"Bergers de Laon" est certainement le plus "Thorgenien" des titres de l’album. Musicalement bien sûr et encore plus au niveau des textes, relatant un pan de l’histoire de la cité de Laon. Un titre qui aurait pu figurer sur "Chemin des dames". Le violon de Mélodie est de retour pour un morceau aux réminiscences "maideniennes" évidentes, avec un Mike omniprésent dont l’apport est considérable. Les fans de la première heure vont adorer. Un excellent trait d’union entre le THORGEN d’hier et celui d’aujourd’hui

Voici venu le tour du titletrack "Messager du mal". Là aussi l’ombre de la vierge de fer plane, en particulier sur la première minute du morceau. Yves partage ici les lignes de chant avec Bernard. Et le bassiste s’en sort remarquablement bien. Une fois encore le groupe innove, nous surprend et le moins que l’on puisse dire c’est que cela fonctionne. Le refrain, porté par une section rythmique impeccable, s’imprime automatiquement dans votre cervelle, preuve du travail de composition effectué par le groupe, une tendance générale de l’album par ailleurs. Magnifique morceau, l'un des meilleurs de l’album en ce qui me concerne.

"Etat d’urgence" nous propose un texte en phase avec l’actualité de la planète. Marc a des convictions et a choisi de les exprimer avec force, une nouvelle façon d’écrire fort intéressante. Musicalement, soulignons l’excellent travail de Mike sur l’intro, la place de choix accordée à la mélodie et plus encore le refrain imparable.

Démarrage pied au plancher toutes guitares dehors, avec une basse très présente pour "Stigmate", titre exempt de violon (c’est la deuxième et dernière fois de l’album). Un morceau très Heavy où je ne peux m’empêcher de signaler le boulot phénoménal accompli par Bernard et Mike, ainsi que le court mais excellent pont aux synthés de la part de Yves qui précède un solo de guitare de toute beauté.

"Un long chemin" possède un texte magnifique qui traite de la mort et de la force de l’amour au travers d’un dialogue entre l’être qui s’en est allé et celui qui reste. Un morceau porté et magnifié par une Mélodie impériale, tant musicalement au violon que vocalement avec une intervention lyrique somptueuse en accompagnement d’un Yves irréprochable. A elle seule, la jeune femme confère un côté symphonique carrément jouissif à ce morceau. Mon préféré de l’album voire même de l’ensemble du répertoire du groupe. Le chef d’œuvre de ce CD ! Superbe !

Difficile de succéder à un tel morceau mais telle est la tâche de "Résurrection", un titre puissant au refrain aisément mémorisable. Ça dépote, le violon s’efface au profit des guitares qui se taillent la part du lion (en particulier sur un magnifique solo) bien aidé en cela par une section basse-batterie d’une efficacité redoutable.

L’album s’achève sur "France", un titre introduit par des chœurs féminins magnifiques (que l’on retrouve aussi sur le refrain), lui conférant un côté symphonique assez prononcé. Mais c’est aussi des paroles, incisives, frondeuses à l’égard de nos politiciens hexagonaux, que vient ma satisfaction à l’écoute de cette composition. Le travail d’écriture de Cyre est très réussi. Quelle belle conclusion que ce morceau !

Au final, on tient sans aucune hésitation possible le meilleur album de THORGEN à ce jour.

Le recrutement d’un nouveau batteur plus "métal" dans l’âme que son prédécesseur a permis au groupe de renforcer son côté heavy.

A ma grande satisfaction, une plus grande place a été accordée à la jeune Mélodie, tant musicalement que vocalement, ce qui a permis au groupe de s’ouvrir de nouveaux horizons musicaux. C’est elle qui donne ici une couleur celtique, là une touche symphonique, tout en sachant quand il le faut se faire plus discrète. Son apport est considérable et sa contribution à la réussite de l’album indiscutable.

Mais les autres musiciens ne sont pas en reste et ont su bonifier l’expérience qu’ils ont pu acquérir au cours de leur parcours musical. Je pense en particulier à Yves qui fait preuve de beaucoup plus de maîtrise qu’auparavant.

Les THORGEN ont aussi su faire preuve d’audace et innover en saupoudrant leur musique de divers arrangements inhabituels (voix lyrique, chœurs, chant en duo, double pédale) ou encore en proposant des textes différents, plus en phase avec le monde actuel.

Enfin, on sent que le travail de composition a été soigné, avec une recherche constante de la mélodie tandis qu’un soin tout particulier a été apporté aux refrains.

L’attente fut longue, le travail d’enregistrement aussi... mais au final le jeu en valait vraiment la chandelle tant "Messager du mal" surpasse de la tête et des épaules "Chemin des dames" son prédécesseur que j’avais pourtant particulièrement apprécié.

2009 avait été clôturée en beauté avec les albums de FORLAX et de LONEWOLF. 2010 se présente sous les meilleures auspices avec ce nouvel album de THORGEN. Preuve que le hard rock hexagonal est loin d’être moribond et qu’avec de la persévérance, un soupçon d’audace et beaucoup de travail, il est possible de sortir d’excellents albums dans notre beau pays. Maintenant, vous savez ce qu’il vous reste à faire le 15 mars 2010.

Chronique par Lolo36
Mars 2010


01 - Le retour (4:19)
02 - Face au miroir (4:53)
03 - L'instinct (4:50)
04 - Esprit du vice (4:30)
05 - Bergers de Laon (3:31)
06 - Messager du mal (5:51)
07 - Etat d'urgence (5:07)
08 - Stigmate (4:50)
09 - Un long chemin (4:29)
10 - Résurrection (4:21)
11 - France (5:54)

Musiciens : Yves Dazin (Chant), Marc Dazin (Guitare), Cyrille Bailly (Guitare), Bernard Legrand (Basse), Mickaël "Mike" Capelle (Batterie), Mélodie Dazin (Violon)




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