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ZAANG
"Perdition"
2015 (M&O Music)
Discographie
Characters (MCD 2011)
Perdition (CD 2015)
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Lille a toujours été un vivier de groupes Metal. ZAANG en est
originaire, formé en 2007 par des musiciens issus de la scène locale (Awesome,
Serinity at dusk...). Ils sont responsables d'un premier enregistrement "Characters"
sorti en 2011, contenant quatre titres et distribué gratuitement.
Le groupe est composé de six
membres avec les deux guitaristes "Fred" Singer et Michaël "Mike" Kozlowski,
le bassiste Niko "Nikofrizz", le batteur Stéphane "Steph" Waem, le
chanteur Jérôme "Jay" Delhaye, et Hervé "RV" Gabet qui se charge
des chœurs, samples et claviers. ZAANG voyage dans un univers musical complexe, ancré dans le Metal Progressif
corrosif teinté de saveurs Thrashy voire Néo.
La bande nous propose de découvrir tout cela avec son premier album sorti
le 18 septembre 2015 sur le label M&O Music. Il est enregistré lors de longues séances en divers
lieux : Les guitares, basse et clavier ont été enregistrés par Matt Chiarello à
l'Aquastud à Willerval (62). Les chants et chœurs par Thomas Jankowski au Mix
up Studio de Tourcoing (59). La batterie par Stéphane Waem et Thomas Brognard.
Simone Mularoni s'occupe du mastering et du mix au Domination Studio de San
Marino (Italie). Au final, l'album "Perdition" aura été élaboré et
construit d'août à novembre 2014.
Présenté sous forme de superbe digipack avec un artwork plutôt réussi signé
Maxime Ducarsin et Wendy. Il nous montre sous un bel attrait graphique un
visage, les yeux fermés. De son crâne s'échappent plusieurs échelles et escaliers
au nombre de sept, qui représentent plusieurs cheminements
possibles, représentant chaque chapitre de cet album qui se compose de sept
chansons. Le livret propose les textes des
morceaux interprétés, les remerciements (plutôt longs) de chaque musicien et
divers autres renseignements.
ZAANG a décidé de laisser tomber le chant en anglais présent sur "Characters",
dont la diction donnait un côté Franglais pas du meilleur effet, pour se consacrer
à la langue de Molière.
"Machine" ouvre les hostilités sous quelques riffs
lourds et pesants avant que le rythme ne s'emballe avec la fureur vocale de Jérôme.
Les textes en Français et son timbre donnent un côté Lofo à l'ensemble. On sent
vraiment qu'il "habite" ses textes alors que musicalement on est plus dans un
registre à la Meshuggah. Les chœurs sont un véritable plus. Un boost
supplémentaire. Ecoutez ces "c'est une guerre" scandés pour en avoir la preuve
ou encore ces "ça passe ou ça casse" fédérateurs ! Le refrain en voix plus claire
donne un côté Néo. Les samples s'en donnent à cœur joie. Les musiciens nous
proposent une musique déstructurée ponctuée de changements de breaks ou chacun fait
montre d'un talent incorporant de subtiles soli au service de la
chanson. "Machine" est une véritable hymne de colère métallique. L'omniprésence
des samples donne aussi un côté Mass Hysteria.
Le titre éponyme "Perdition" part à cent à l'heure, interprété en espagnol,
entrecoupé de refrains tantôt dans la langue de Shakespeare, tantôt dans celle de
Molière, et qui conclut le propos avec un autre changement de tempo, proposant une
petite accalmie dans cette avalanche de violence musicale avant de repartir
crescendo. Les chansons sont dans un registre court de trois à quatre minutes, allant
droit à l'essentiel avec une musique riche et violente.
ZAANG arrive avec maestria à mélanger les styles dans une mixture des plus
intéressante. "Madoff" part plus dans des riffs plus traditionnels bien Heavy que n'auraient pas renié les groupes de la Bay Aera des années 90. La
rythmique fait un boulot admirable, apportant un travail de sape des plus
efficace ! Le tempo s'accélère, les gratteux en profitant pour nous asséner
quelques soli diaboliquement exécutés. Le refrain sublimé par les samples est
une nouvelle fois fédérateur, les chœurs se révélant une nouvelle fois un réel
atout ! Les différentes sonorités proposées par Hervé apportent beaucoup de
mélodie à ce déferlement de fureur, et les deux gratteux nous prouvent qu'ils
savent jouer...
"Dans l'obscurité" dépasse les cinq minutes. Mais mis à part sa durée, cette
chanson montre sa différence par une approche du chant de Jérôme un peu différente, à la fois plus "posée" avant de monter crescendo en hargne, alternant avec
un refrain plutôt mélodique. L'interprétation du chanteur montre véritablement
les "deux visages" du propos de la chanson. Le côté faux avec la vérité de
l'être. J'en profite pour saluer la qualité des textes. Un passage "ambiance"
des samples donne la part belle aux solos très mélodiques, suivi d'un passage
lourd et pesant, mené par une batterie martelant son propos avec maestria.
ZAANG mélange avec brio les styles et enchaîne les morceaux toujours plus fort.
"Tombé de haut" poursuit ainsi dans un tempo plein de fureur, refrain toujours
efficace. A noter, cet excellent passage apaisant lancé par les samples, qui nous
montre de superbes notes du bassiste Nikofrizz. Un espace mélodique de
toute beauté. La voix de Jérôme vient s'y poser avant d'"éclater" de violence
sous des riffs bien "méchants". Les gratteux alternent quelques soli très
rapides au gré du chant et des changements de tempos. La richesse musicale de
cette chansons la place dans mon cœur parmi mes préférées, et ce n'est pas ces
riffs bien Heavy en fin de morceau qui me contrediront !
"Dégage" poursuit dans un registre très Heavy, et malgré l'omniprésence des
multiples samples, devrait s'avérer un véritable hymne scénique pour les Lillois.
J'entend déjà une foule en délire scander "et dégage". On notera une nouvelle
fois l'excellent travail du bassiste, à qui le son rend vraiment hommage. Le
morceau remporte les suffrages en moins de quatre minutes et devrait rester
dans la set-liste de ZAANG durant de nombreuses années.
L'album se conclut déjà ! Il faut dire qu'il avoisine la trentaine de minutes,
un registre plutôt habituel des sorties vinyliques des années 80. C'est "Je suis
le roi" qui fait office de conclusion. Les samples sont les prémices d'un
morceau une nouvelle fois bien furieux. Jérôme y alterne voix agressives "Il est
le roi et son point de vue est inflexible" et voix plus claires. Changement de
tempos sont bien entendus encore au rendez-vous. Saluons les passages
rythmiquement bien lourds et puissants qui vont maltraiter nos nuques !
ZAANG est pour les plus ouverts d'entre vous.
Les amateurs de gros metal bien
rentre-dedans, plutôt déstructuré et très technique. Un mix Eldritchcien de
Pantera, Messugah et Lofofora. Un power métal progressif recherché, aux textes
revanchards, qui devraient aisément trouver son public.
Au final ce "Perdition" n'en est
pas une, et s'avère une excellent surprise que je ne saurai vous pousser à
découvrir d'urgence ! |
Chronique par
Dom Baillon Décembre 2015 |
01 - Machine
(4:56)
02 - Perdition (3:39)
03 - Madoff (3:30)
04 - Dans l'obscurité (5:19)
05 - Tombé de haut (4:41)
06 - Dégage (3:48)
07 - Je suis le roi (4:42) |
Musiciens
:
Jérôme "Jay" Delhaye (Chant), "Fred" Singer (Guitares), Michael "Mike"
Kozlowski (Guitares), Hervé "Rv" Gabet (Claviers/Samples/Chœurs),
Nico "Nikofrizz" (Basse), Stéphane "Steph" Waem (Batterie) |
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