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Voilà encore l'occasion d'en apprendre un peu plus sur les coulisses de notre musique. Cette fois, c'est le rôle d'attachée de presse qui est mis en avant, avec la structure ELLIE PROMOTION, tenue de main de maitre par "Ellie", qui a gentiment accepté de répondre à nos questions..

Interview réalisée par Duby en Mars 2016


Peux-tu te présenter auprès de nos lectrices et lecteurs ?

Je m’appelle Elodie « Ellie ». Je suis attachée de presse et manageuse de groupes de Rock.




Quel a été ton parcours ?
Je fais partie de ce que j’aime appeler les enfants de Rock One.

Peut-être que vous vous souvenez de ce magazine légèrement teenager mais définitivement Rock & Metal, il a changé ma vie. J’y ai découvert une scène française carrément canon et méconnue. Je me suis dit que je voulais la défendre.

Quelques années plus tard j’intégrais MYROCK en parallèle de mes études, puis METAL OBS. J’étais donc journaliste au sens large du terme puisque j’étais à la fois assistante photo, mais aussi auteur d’interviews, de chroniques et bien sûr de live reports.

Dans le même temps j’étudiais la communication et les métiers de la publicité. Doucement mais sûrement, je me suis tournée vers le métier d’attachée de presse. J’ai bossé en agence, puis dans une maison d’édition de bouquins. J’ai fait une très brève carrière dans la mode puis il y a eu Verycords.

Quel était ton rôle chez VERYCORDS ? Comment cela s'est-il passé ?
Déjà, pour ceux qui ne le savent pas, Verycords est la maison de disque de groupes formidables tels que THE ARRS, MASS HYSTERIA, DAGOBA ou encore HEADCHARGER.

Cette année-là j’avais un stage de fin d’étude à faire pour valider mon mémoire, un stage de six mois. Je sortais d’une expérience dans la mode peu concluante. Du coup, si je devais m’engager pour six mois quelque part, je voulais vraiment choisir quelque chose qui comptait pour moi et Verycords s’est très vite imposé comme un choix logique.

J’ai envoyé mon CV et ma lettre de motivation, et ils m’ont recontactée. Là-bas j’étais attachée de presse spécialisée web et radios locales. C’est clairement ma spécialité et du coup c’était un peu plus simple pour moi. J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir travailler avec eux.

J’ai pu bosser sur le dernier ADX, ce qui a changé ma vie pour toujours d’un point de vue personnel.

J’ai organisé les interviews de Dagoba au Hellfest, j’ai bossé avec Deep Purple, on a parlé séries TV avec Dick Rivers dans une voiture, Paul Personne est quelqu’un d’adorable, j’ai eu la chance de bosser pour Anette Olzon que j’affectionne tout particulièrement et bien sûr les Headcharger. Ce groupe m’a donné envie de me battre pour mon métier. C’est le premier dossier que le label me donnait de A à Z, j’avais tout à gérer. Puis il y a eu Andréas & Nicolas où j’ai monté le premier partenariat avec un Youtubeur de l’histoire de la musique…

Franchement, je pourrais parler de la période Verycords pendant des heures sans m’en lasser et je peux vous dire que c’est l’une des meilleures écoles que je connaisse pour faire ses armes.

Pourquoi en es-tu partie ? Est-ce cela qui t'a influencé dans la création de ELLIE PROMOTION ?
En vrai je ne suis pas partie, c’était juste la fin de mon stage et malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin.

Je sais que le directeur de Verycords aurait aimé me garder pour me former plus longtemps, mais comme c’était la fin de mes études ce n’était pas possible pour moi de rester stagiaire.

Je suis tout de même partie avec une merveilleuse lettre de recommandation pour pousser la porte des autres labels.

Ellie Promotion c’est une autre histoir,e mais par contre je sais d’où je viens et je peux te jurer que sans Verycords comme expérience, cela aurait été bien plus difficile de monter Ellie Promotion aussi rapidement.

Comment en es-tu arrivée à créer ta structure ELLIE PROMOTION et pourquoi ?
Il y a plusieurs raisons. La première est que je n’ai jamais perdu mon temps et je suis arrivée très jeune sur ce marché, ce qui ne me rendait pas service du tout. Quand je suis partie de Verycords j’avais 21 ans (j’en ai 23 maintenant), j’avais une merveilleuse lettre de recommandation de la part du directeur en poche, seulement voilà, à mon âge on ne peut être que stagiaire dans l’esprit de beaucoup de gens. Dans le même temps, les Frantic Machine sont arrivés dans ma vie et c’est devenu une évidence.

Je voulais m’occuper d’eux et les aider à sortir leur album en appliquant tout ce que j’avais appris. Au début je pensais pouvoir trouver du boulot à côté dans un label, mais rapidement le roster d’Ellie Promotion est devenu bien plus grand.

Aujourd’hui je suis également attachée de presse freelance pour plusieurs labels et pour le coup, c’est bien mon boulot de fond sur Ellie Promotion qui m’a permis de me faire remarquer par les labels.



Qu'est-ce qui a été le plus dur lors de cette mise en place ?
Excellente question ! Je pense avec le recul que le plus dur était vraiment la partie juridique que j’ai dû régler en moins de deux mois. Ça et le fait de ne pas savoir du tout si ça allait marcher au final.

En quoi consiste ELLIE PROMOTION ?
Je suis ni plus ni moins que prestataire de services et je fais plein de choses !

Autour de mon cœur de métier qu’est la promotion, j’assure des prestations de :

- Distribution digitale
- Management
- Merchandising
- Pressage / fabrication de support

Est-ce que tu arrives à en vivre ou travailles-tu à côté ?
En ce moment j’en vis mais ça n’a pas toujours été le cas, ça dépend vraiment du nombre de groupes en promo « active » à ce moment-là.

Du coup tu as raison, parfois j’ai un boulot à côté. Il m’arrive de travailler en responsable évènementiel en agence de communication ou de faire du conseil de vente. C’est une constante des métiers artistiques ou para artistiques, il est très rare de ne pas devoir cumuler plusieurs sources de revenus, même si tu restes dans ton domaine d’activité.

Il y a des endroits où je sais que je peux retourner systématiquement en cas de besoin. Ça les arrange en plus vu que je ne peux prendre que des CDD de courtes durées qui ne contrarient pas mon planning promo. On s’arrange toujours les uns les autres !



Tout cela à un certain coût, comme l'édition d'albums promo, les timbres... Comment rentabiliser une telle structure ?
En optimisant ! Au début j’avais un boulot à côté pour financer mon installation car il faut du matériel. C’est tout de suite beaucoup plus facile de faire des CD promo quand tu peux gérer la duplication toi-même par exemple. Pareil pour les affranchissements je gère ça directement. Ça permet de faire des économies pécuniaires mais aussi de temps, après c’est du calcul.

Chez moi, tout le monde est sur un forfait de base que j’ai optimisé mais qui est réadapté aux groupes en fonction de leurs besoins et de leurs moyens.

Ellie Promotion, c’est avant tout une famille. Tu ne trouveras sûrement pas ça ailleurs, alors si je dois re-presser un seul disque ça me coute moins d’un euros, et très sincèrement je vais les payer de ma poche parce que je ne vais pas facturer 1 euro sur lequel je vais devoir ajouter les différentes taxes de la boîte.

A combien d'exemplaires et comment sont édités ces promos ?
Cela dépend, ça peut aller d’un minimum de CD à la demande des chroniqueurs à 200 ou plus.

Cela dépend du besoin, tu ne travailles pas pareil avec un groupe assis depuis les années 80 et un groupe qui sort son premier EP, tu ne t’adresses pas aux mêmes médias non plus. Si la promotion est un métier c’est bien justement car il ne suffit pas d’envoyer des CD.

Est-ce que ce n'est pas un milieu un peu macho ? Comment a été appréhendée ta structure ?
Carrément que si ! Macho mais pas forcément malveillant pour autant.

Tu sais, quand tu arrives en école de communication on t’explique que de toute façon l’attachée de presse c’est la pétasse qui boit du champagne parce que la bière ça fait grossir, ça t’annonce un peu la base de l’image de mon métier.

Les zicos feront toujours de la blague un peu sexiste aussi, ils croiront toujours être originaux… But who cares ?

La musique, c’est clairement un monde où se faire sa place est difficile, mais je suppose que c’est pareil dans le cinéma par exemple. Les gens veulent savoir si tu es capable de ce que tu prétends. C’est humain aussi, lorsqu’un groupe veut bosser avec moi, je ne lui vends pas un rêve en lui disant que tout est gagné d’avance mais par contre, je lui explique que je vais me battre pour qu’effectivement tout le monde connaisse son album ou son EP.



Y a-t-il une certaine animosité entre certaines structures du même genre que la tienne ?
Techniquement on a le même objet d’activité, mais on ne fait pas la même chose. D’ailleurs on ne pratique carrément pas les mêmes tarifs.

On va prendre l’exemple de Replica, Roger (nota : le créateur de Replica promotion) ne prend pas ou très peu de groupes émergents, il ne veut que des groupes déjà bien installés parce que ça colle aux « gabarits » des médias qu’il a en face.

Il peut arriver que l’on se recommande des groupes l’un à l’autre.

Certains font plutôt de la quantité que de la qualité : ils te donnent une liste de disques à envoyer et ensuite c’est à toi de te démerder.

C’est un choix qui peut porter ses fruits avec un groupe très actif mais de mon côté, j’essaye vraiment de faire un accompagnement complet et personnalisé. J’ai un point de fierté à travailler avec des groupes de qualité et non pas forcément avec des groupes faciles à promouvoir, ce sont deux choses très différentes.

Ça aussi je pourrais t’en parler pendant des heures…

Comment choisis-tu les groupes que tu soutiens ? Quels critères retiens-tu ?
En partie au feeling ! On me le reproche très souvent, mais je suis dans l’affect au travail. Je sais qu’on va traverser beaucoup de choses ensemble. Des hauts et des bas, alors si le groupe me prend le chou avant que j’ai commencé à bosser : ça va mal se passer.

Ensuite, j’ai besoin de groupes motivés, non pas par mon boulot (encore que, c’est mieux quand même) mais par leur groupe. Les places sont chères, il y a énormément de groupes et c’est très dur de faire sa place, alors si déjà toi en tant que groupe tu n’y crois pas, pourquoi est-ce que moi j’y croirai plus ? Je suis vraiment dans une logique où l'on avance tous ensemble, donc il me faut des gens qui aient envie d’avancer.

As-tu déjà refusé des groupes, et pourquoi ?
Oui ! Mais c’est récent.

Comme je te le disais plus haut, j’essaye d’être présente pour tout le monde mais à un moment ça ne marche plus. A l’instant où l’on parle, entre les sorties de labels et les miennes, je viens de mettre 1 mois pour trouver le temps de te répondre comme j’en avais envie. C’est très frustrant de manquer de temps. Je ne serai pas capable d’être autant présente pour un groupe de plus, aussi bon soit-il d’ailleurs.

A ce moment, je passerai de la qualité à la quantité et c’est ce que je refuse catégoriquement.

Autrement je suis aussi capable de refuser un groupe quand son style est trop loin de ce que je fais et que je ne pense pas être la bonne personne. Mais du coup, j’essaye de le recommander à quelqu’un d’autre.

Il m’arrive aussi de refuser un groupe si je pense qu’il n’est pas prêt, mais j’ai a cœur de répondre à tous et d’expliquer ma décision.



Quels groupes font partie de l'écurie ELLIE PROMOTION ?
Alors, en date de Mars 2016 :

WIZZÖ, FRANTIC MACHINE, BLAZING WAR MACHINE, MISERY, CARMYN, SONIC WINTER, EGO MISS BLINDED, STILL SQUARE, COMPUTERS KILL PEOPLE, THE DEFIBRILLATORS, FACTOR HATE, THE LOSTS, HOT HELL ROOM, OCEAN, MF CREW

Ainsi que les groupes sous le label Membran :

CRAZY TOWN (US), DESERT MOUNTAIN TRIBE (UK), YUMA SUN (Norvège)

Quel est l'intérêt pour un groupe de faire appel à une attachée de presse ?
L’attachée de presse c’est avant tout un œil extérieur qui va traduire en terme de communication ton projet musical.

- Elle te fait ton dossier de presse.
- Elle vérifie que ta biographie soit bien écrite et t’en propose une si ce n’est pas le cas.
- Elle peut t’aider à trouver ton shoot photo pour avoir des photos canon en HD à exploiter dans les médias et pour les salles de concert aussi.
- Elle s’occupe de tes envois postaux pour la promo en ciblant les médias.
- Elle gère les relances téléphoniques qui vont avec.
- Elle te fait un reporting d’action qui te permet de savoir où ton disque a été chroniqué par exemple.
- Elle te gère ton planning d’interview si tu en as.
- Elle te gère une journée promo ou bien alors elle t’organise une super release party voire les deux.

Après chez moi, tu as des petites options en plus. Je peux m’occuper du suivi de la fabrication de ton disque, je peux gérer le merch ainsi que ca conception, je peux m’occuper de ta distribution digitale, je peux te proposer une formation sur plusieurs thématiques pour mieux gérer ton groupe via mes partenaires.

Je peux aussi t’aiguiller pour la production de ton clip, la partie studio aussi, en fait plus ça va et moins il y a de choses que je ne fais pas, c’est mon but aussi mais pour le moment je ne facture que la promotion, car c’est clairement mon premier métier, le reste c’est de l’aide au développement et il est important que cela reste comme ça pour le moment.



As-tu des projets ou d'autres groupes en vue pour le futur ?
MAIS GRAVE ! Déjà fin d’année tu peux t’attendre à l’arrivée des premiers albums de MISERY, WIZZÖ & MF CREW !

Te donnes-tu des limites ? Un nombre maximum de groupes à gérer ?
Dans un monde parfait je voudrais n’avoir que 5 promos actives dans le mois. Quelques fois je suis obligée de m’adapter autrement.

Tu es multi-cartes. Presse, Promo, Concerts... et maintenant radio avec PHIL'EM ALL. Tu n'arrêtes jamais !?
C’est un peu vrai ! En fait, à la base j’ai commencé à faire de la radio pour aider Phil que je connais depuis des années, et puis finalement j’ai trouvé ça sympa alors je suis revenue. Ca me fait une pause dans ma semaine et ça me permet d’écouter un peu les nouveautés de tout le monde, sinon je dois bien avouer que je n’écoute que les groupes de mon roster et les disques de chez moi en boucle… pas top quoi pour l’ouverture d’esprit !



Un festival ELLIE PROMOTION n'est-il pas envisageable pour promouvoir tous ces combos ?
MAIS SI ! Je voulais faire ça pour les deux ans mais c’est encore un peu trop compliqué pour moi de gérer cette idée financièrement. Mais ça va venir, tu peux compter sur moi pour ça ! Si jamais tu as envie de m’offrir une salle de concert, mon anniversaire perso est en octobre et celui d’Ellie est en juillet !

Que penses-tu de la crise actuelle du disque ?
Ça aussi je peux t’en parler pendant des heures. La crise du disque est une réalité, mais c’est aussi une réalité partielle. Il y a de plus en plus d’artistes. On ne vend pas moins de disques selon les chiffres, on vend par contre moins de disques par artiste. Du coup les artistes gagnent moins, encore faut-il qu’ils soient SACEM et Distribué physiquement.

Wizzö a vendu 1000 disques en un an. Sonic Winter en a fait tout autant en 6 mois… Carmyn a vendu ses 500 EP en deux ans de temps sans pour autant avoir beaucoup de dates de concert. Je pense que pour les indé,s c’est surtout la volonté de vendre qui est importante.

Si tu restes chez toi, tu ne vendras pas de disques. Si tu ne partages pas le lien de ton bandcamp où on peut acheter ton disque, tu n’en vendras pas non plus. Les Wizzö ont fait le tour de tous les bars de France avant de se retrouver au Raimes Fest et depuis ça vend. Carmyn, elle vend son disque au marché de Noël sur son stand de créatrice de bijou. Jean-Marc, leader de Sonic Winter est parti faire tous les disquaires indé des US pour aller déposer son disque. A notre époque très sincèrement, il n’y a de la place que pour ceux qui ont les couilles de se la faire et de se battre pour la garder.

La foule semble bouder les concerts de petits groupes, pourtant fort sympathiques. A quoi penses-tu que cela est dû ?
Je pense surtout que ce n’est pas vrai. Sur une salle comme le Gibus Café à Paris (150 personnes), même après les attentats du Bataclan j’ai fait 80 entrées payantes pour 90 personnes dans la salle…

Il y a juste beaucoup trop de concerts en même temps. Je te jure c’est la galère, je n’ai pas vu Wizzö en concert depuis 5 mois parce que y a toujours un truc en même temps, je n’ai toujours pas eu le temps de voir Blazing War Machine en live… Enfin bref, je pense que les gens ne peuvent pas suivre le rythme, parfois le samedi soir tu as le choix entre 5 dates, il faut bien choisir et puis le porte-monnaie a du mal à suivre aussi…



Qu'écoutes-tu actuellement ?
Yuma Sun ! Je suis totalement fan de ce truc…

Si tu devais emmener 10 albums sur une île déserte, lesquels seraient-ils ?
Seulement 10 ? Joker !

A toi le mot de la fin...
En fait je voudrais vraiment te dire merci. Je n’ai pas souvent l’occasion de prendre la parole mais c’est toujours super intéressant de faire un point comme ça, je suis d’autant plus fière de t’écrire parce que tu as toujours été là pour moi !

Alors MERCI !!!


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