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Jean-François Bouquet, alias Jeff, à fait les beaux jours du hard rock dans les
eighties. Rédacteur en chef de Metal Attack Magazine, animateur de la seule
émission de hard rock qui ai existé sur TF1, animateur radio... Ce Monsieur à
fait partager sa passion et fait découvrir beaucoup de groupes de Hard-Rock à
toute une génération.
Voici une interview réalisée le 24 Novembre 2005 par Pierrick, et diffusée ici avec
l'aimable autorisation du webmaster du site
Hard Rock 80.
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Jeff, ici avec Brian Johnson et Malcolm Young d'AC/DC
Peux-tu te présenter... Études, parcours professionnel... |
J’ai aujourd’hui 52 ans. Je te rassure, je n’ai ni un gros ventre ni suis chauve
pour autant !
Je viens de me rendre compte que cela fait tout juste 30 ans que je suis dans le
circuit « musique ».
Après des études à l’École Supérieure de Journalisme de Paris et un long séjour
aux USA, j’ai commencé à écrire dans un journal de télé ! Puis sur un coup de
chance, je suis entré à la télé avec jacques Martin à la Lorgnette. Là, j’ai
compris que la télé et les média en général, c’était une évidence pour moi.
Ensuite, deux ans (78/80) chez CBS disques (ancien Sony), où j’étais attaché de
Presse au catalogue International. Là, j’ai rencontré pas mal d’artistes et de
groupes dont Toto, Journey, Meat Loaf, Stix, Trust et beaucoup d’autres… Ce fut
pour moi la révélation : j’adorais être en contact avec des musiciens ainsi que
les concerts, les coulisses, les dîners, les voyages. |
Quels groupes t’ont fait aimer le Hard Rock ? |
En fait, j’ai découvert le Hard avec des grands dès la fin des 60’S.
Black Sabbath, Deep Purple, Led Zeppelin, MC5 etc... J’avais la grande chance
d’avoir des parents qui m’ont envoyé en Angleterre chaque été, de la sixième à la
terminale. Alors chaque été, je me tenais au courant des sorties d’albums. Il
faut te préciser qu’à cette époque, les disques ne sortaient pas le même jour
dans le monde entier. J’avais toujours six mois d’avance sur mes copains
parisiens. Tu ne peux imaginer comment j’ai réagis sur le premier Led Zep ! J’ai
rencontré Robert Plant beaucoup plus tard et je lui ai dit à quel point leur
premier album avait été une révolution sensorielle pour moi. |
Tu as aussi fait pas mal d’émissions de radio, dont une sur Electrique FM, où a
bossé un certain Alexandre Debanne… |
En 1980, ce fut le début de l’aventure FM avec radio7 et «Prohibition». À
l’époque, j’étais le seul à faire du hard en FM. Zégut était sur RTL et bien sûr,
on était super potes. Ensuite, le Poste Parisien avec «Danger Décibels», puis
Électrique FM avec «Électric Circus», où j’ai effectivement rencontré Alexandre Debanne (Nous sommes devenus très copains) et enfin, en 89 pour finir, Aventure
FM avec la toute dernière émission de Hard pour moi «Bacstage».
Émission à laquelle participait une fois par mois le rédacteur en chef de «Hard
Force» Christian Lamet. |
As-tu gardé le générique de ton émission Prohibition composé par Warning.
Comment s’est passé la rencontre et la décision d’utiliser ce titre ? |
Je vais te faire une confidence. J’ai gardé pendant des années la bande du
générique « prohibition » de Warning. Hélas, le temps et l’oxydation ont fait le
reste. Warning était très proche de moi grâce à leur manager, Raymond, l’ancien
bassiste de Trust. Ray et moi, on se connaissait depuis des lustres et il m’a
parlé un jour d’un cadeau que voulait me faire le groupe pour me remercier du
soutien que je leur portais. Ils sont arrivés un soir à Radio7 et m’ont donné
une bande. C’était le morceau qui portait le titre de mon émission. J’avoue que
sur le moment ça m’a bluffé. J’ai été très copain avec eux et pour l’anecdote,
je leur ai offert leur premier clip tourné spécialement pour TF1.
On l’avait tourné sur les marches de Bercy. Aujourd’hui Michel, l’ancien
guitariste rythmique du groupe joue avec yannick Noah et j’ai eu l’occasion de le revoir
quelquefois. Raymond a totalement disparu. Christophe Aubert, le lead guitare de
Warning, qui était vraiment un super grateux, s’est tué il y a quelques années
dans un accident de voiture. Ce groupe n’a pas eu de chance et n’a jamais à mon
sens connu le succès qu’il méritait. Ce n’était pas évident d’être les
dauphins de Trust ! |
Comment t’es venue l’idée de monter Métal Attack,
l'un des premiers mag de hard en
France ? |
Lorsque j’étais à Radio 7, j’ai été contacté par des types qui voulaient monter
un journal de Hard ; quelques temps après Enfer Mag. J’avais reçu les types d’Enfer
à mon micro et je les connaissais bien. J’étais emballé par l’idée d’avoir un
journal où je pouvais faire ce que je voulais et faire profiter le canard de mes
relations dans les maisons de disques et avec quelques groupes avec lesquels
j’étais pote : Trust que j’ai connu dès leur début (CBS), Scorpions, Toto et
quelques autres. J’avais le vent en poupe et j’avais tous les labels de Hard
dans la poche.
Cela n’a pas été trop dur de l’imposer dans les kiosques. Ce qui a été dur,
c’était de lutter contre Enfer Mag... Mais cette concurrence a été excellente pour
les deux canards. |
Tu étais au Rock in Rio en 1985, souvenir immense… |
Désolé mon cher ami, mais je n’étais pas, à mon grand regret éternel, à "Rock In
Rio". En revanche j’avais eu des photos de pure beauté pour Métal.
Mais par contre, je suis allé plusieurs fois au Festival de Reading. Je garde un
souvenir ému de ma rencontre là-bas avec Phil de Thin Lizzy. Un type super cool
et un grand artiste. Il adorait vraiment Paris et les petites françaises…
J’ai eu aussi la grande chance de partir au Japon en 85. Je suis resté 19 jours
à Tokyo et j’y ai rencontré tous les groupes de hard locaux. C’est un souvenir
extraordinaire encore aujourd’hui. |
Pourquoi Métal Attack a disparu du jour au lendemain ? |
Métal Attack n’a pas disparu du jour au lendemain ! Cela a été une bien triste
agonie. J’’y ai travaillé du premier numéro jusqu’au sept en tant que chef des
infos. Ensuite, je suis devenu rédacteur en chef et principal interviewer
jusqu’au numéro 24. Je me suis disputé avec le financier du journal (qui voulait
toujours plus sans nous donner plus de moyens) et je me suis tiré en claquant la
porte. La quasi-totalité de la rédaction m’a suivi. Certaines personnes, que je
ne nommerais pas ici, ont repris le bébé et l’ont flingué en trois numéros. Métal
avait perdu son esprit, son équipe et surtout tous mes contacts. La mort du
canard est aussi un très mauvais souvenir ! J’ai eu longtemps le sentiment d’un
énorme gâchis.
Mais aujourd’hui, quand je vois que tu m’en parles en 2005 et que je vois des
trucs dessus sur le Net, je me dis que c’est sympa que des personnes n’aient pas
oublié. Cela fait du bien à l’âme. |
Comment as-tu eu la possibilité de faire l’émission de hard rock sur TF1 ? |
Lorsque j’étais à Radio 7, la directrice était Marie-France Brière, et elle
adorait mon émission de Hard Rock. Pas pour la musique, mais pour la complicité
que j’avais avec les artistes et surtout mes auditeurs, les fameux Tympans Fêlés.
Quand elle est partie sur TF1, elle m’a proposé, l’espace d’un été (85), de faire
en télé ce que je venais de faire en radio. D’où le nom de l’émission. Une des
choses dont je suis le plus fier ! Avoir imposé le hard à la télé française. Je
me rappelle encore la tête d’Hervé Bourges, le président de TF1 (non privatisée)
de l’époque lorsque MFB lui a dit le titre de l’émission qu’elle voulait mettre
à l’antenne ! J’ai bien cru qu’il allait nous faire une attaque ! |
Suite… |
Dans les années 80, le hard a connu ses lettres de noblesse. Je l’ai senti tout
de
suite et je me suis placé partout où je pouvais mieux faire connaître cette
musique tant critiquée. En presse, en télé et à la radio. J’ai passé sept années
de folie dans cet univers et j’ai connu des choses incroyables.
Puis un jour, vers 35ans, je me suis dit que j’avais bien donné et je suis passé
à autre chose, mais toujours dans la musique et surtout la télé. |
N’y avait-il pas eu un album nommé «Salut les tympans fêlés», paru en 1989
? |
Il y a bien un album intitulé «Les Tympans fêlés», mais il est sorti en 86.
C’était une idée du label indépendant. En fait, j’ai présenté cet album comme une
émission de radio et je lançais les titres. Pour la pochette, un photographe de
Métal a réalisé l’idée que j’avais eu de faire une parodie d’un album de
Scorpions : Blackout.
Je peux te dire que ça les a fait beaucoup rire. Klaus était en larmes. C’était
aussi une sorte d’hommage à un groupe avec qui j’ai beaucoup bossé et à chaque
fois dans une super ambiance. J’ai eu l’énorme chance de faire plusieurs
émissions de radio et de télé avec eux. J’ai même vécu avec eux un événement
historique. La chute du mur de Berlin. Ils pleuraient tous de joie. Rudolph a
entamé à la guitare sèche un «still lovin’you» d’une telle beauté que le
cameraman a failli rater la séquence. Encore un bon souvenir, tu vois… |
Tu dois avoir des tonnes de souvenirs de cette époque… |
Des souvenirs, tu penses bien que j’en ai des centaines, mais certains sont
encore très présents dans mon esprit et mon cœur. Les meilleurs… Le concert de
Trust (12 Janvier 80) et la soirée d’après, où nous avons fêté leur succès avec
l’équipe de
CBS. On a totalement ravagé le restaurant lors d’une bataille géante à boules de
glace. Et le pire, c’est que tout cela s’est fait avec la complicité du PDG,
Alain Lévy… Mais aussi le tournage en Allemagne avec Scorpions et celui à New
York avec Deep Purple, pour une émission spéciale intitulée «Tapage Nocturne»
sur TF1.
J’ai aussi invité AC/DC dans mon émission sur TF1 et l’on a bien déconné
ensemble. (voir la photo jointe). C’était loin de la Star Ac !!!
En ce qui concerne tous les autres, je t’invite à attendre la sortie de mon
livre…
Le pire souvenir est de loin la mort de Bon Scott. J’étais à Londres avec Trust
qui y enregistrait «Répression». CBS était venu leur remettre leur premier
disque d’or pour leur premier album. On était censés faire une grande fête et
cela a tourné à la tragédie. On s’est pris la nouvelle comme un coup de poing
dans la gueule. Bernie a chialé toute la nuit et l’on ne savait plus quoi faire
ni dire pour le consoler.
Et puis, pour rigoler un peu, une très mauvaise rencontre en province avec
Ritchie Blackmore, à l'époque de Rainbow. Je devais faire l’interview du groupe juste
après le concert. C’était dans une salle merdique dont j’ai oublié le nom et
l’emplacement et il faisait très chaud. Lorsque je suis arrivé dans leur loge,
une horrible odeur de sueur et de pieds avait envahi la salle à la sortie du
public. Pendant toute la durée de l’interview, Blackmore se plaindra de la saleté des
français qui ne savent pas ce qu’est une salle de bains. Une des hontes de ma
vie ! Vive Ian Gillan. |
La décennie des 80’S a-t-elle été, d’après toi, la décennie du hard ? |
Je pense avoir déjà répondu en partie à cette question sur les années 80.
En effet, et en ce qui me concerne, les 80’S ont été LA décennie du hard rock.
Mais pour moi qui suis plus vieux, je peux témoigner que les 70’s ont été des
années cruciales pour le Hard. Tous les géants en sont sortis. Regarder Ozzy
évoluer chez lui devant les cameras de MTV aujourd’hui me fait rire, mais en même
temps c’est un peu triste. Non ?
Ce qui était bien dans les 80’s, c’est que beaucoup de jeunes ont pu se lancer
derrière les monstres sacrés. La porte était grande ouverte et ils ont été très
nombreux à se ruer. Du très bon au très mauvais en passant par le plus
grotesque, on a tout eu. |
Es-tu conscient d’avoir marqué une certaine génération par tes écrits ? |
C’est ce que je te disais plus haut. C’est le fait qu’un type comme toi me pose
des questions sur mon travail, en 2005, qui me fait réaliser que j’ai dû marquer
un peu une génération de Tympans Fêlés.
Par mes écrits, je ne sais pas, mais pour l’ensemble de ce que j’ai eu la chance
de pouvoir accomplir, certainement. Comme je te le disais, je me suis retrouvé
partout.
Alors bien sûr, si tu t’intéressais au hard à l’époque, c’était difficile de ne
pas me connaître.
Au dernier concert de Bon Jovi en France, un couple est venu me voir à la sortie
et m’ont demandé si je n’étais pas Jeff ? Quand j’ai répondu oui, ils m’ont
confié qu’ils s’étaient connus à radio7, un soir où ils étaient venu assister à
Prohibition.
Je me suis senti soudain très vieux ! (rire) mais cela m’a beaucoup touché.
J’aurai fait quelques heureux auditeurs. |
Que fais-tu aujourd’hui ? |
Pour ceux qui n’ont pas tout suivi, j’ai à mon compteur près de mille émissions
de télé (dont 850 «Giga» tout de même) avec 17 ans de loyaux services.
J’ai produit pour la Cinq «Perfecto», puis «Giga» pour la deux.
«Les enfants de John» sur la Cinquième, «Tarmac» du live sur Canal-J et enfin,
«Emergency TV» pour Fun TV. Toujours de la musique !
Aujourd’hui, je ne me sens plus en phase avec la télé et je suis sur le point de
me lancer dans de nouvelles aventures dont je ne peux hélas pas encore parler.
Et, surtout, j’écris un bouquin sur toutes ces années et sur toutes les
rencontres extraordinaires que j’ai eu la chance de faire. J’espère que je ne
suis pas trop long ! (sourire) |
Ce que tu écoutes aujourd’hui… |
Je continue à écouter du Hard, mais aussi beaucoup de rock, car je suis né dans
les 50’S. J’ai adoré cette année l’album de Green Day, par exemple. Et j’ose le
dire, je suis un grand fan de la petite Avril Lavigne. De temps en temps,
Christian Lamet attire mon attention sur tel ou tel nouveau groupe. Mais pour
être tout à fait sincère, j’ai un peu décroché ces dernières années…
Mon disque de chevet et dans la voiture restant tout de même, le Greatest Hits
de Gun & Roses. On ne se refait pas.
En passant, j’adore le dernier album de Journey «Génération». Tu ne peux savoir
le plaisir que m’a procuré la sortie de cet opus que je n’attendais plus.
Et puis j’écoute aussi énormément l’album de mes copains de Lille, Stocks. J’ai
connu ce groupe au début des années 80. je les adore. Pour ceux qui ne
connaissent pas, c’est une sorte de ZZ-Top en français dans le texte.
Savez-vous, chers lecteurs que le bassiste et chanteur, Arnaud Delbarre est
aujourd’hui le directeur général de l’Olympia ? Amusant, non ? On a déjeuné
l’année dernière ensemble et on a refait le monde ! Vive le hard. |
Conclusion… |
Maintenant, je vais prendre congé de vous chers amis, en vous souhaitant bonne
route pour votre site et en vous confiant que j’aurais adoré faire Métal Attack
sur le Web… Mais nous étions seulement au balbutiement du Mac…
Je ne sais pas ce que nous réserve le futur, mais en revanche, je sais que dans le
passé, de grands albums ont été produits.
Les réécouter fait rester jeune !
Voici
l'affiche d'un festival dont Métal Attack fut le partenaire et moi le
présentateur. Difficile à faire aujourd'hui !
Métal Shock était une émission que
j'enregistrais à Paris et qui était ensuite envoyée à une cinquantaine de
stations FM en France.
Salut les Tympans Fêlés et merci.
Jeff |
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