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Ils sont peu nombreux les
valeureux guerriers à être encore debout et actifs un quart de siècle après
leur immersion dans l'underground brutal français !
Michel Dumas fait partie de ces rares
survivants qui promènent encore leur barque sur le Rubicon du death-metal sans
concession. Autres temps, autres mœurs, la tignasse abondante de Nonoss a laissé
la place à un crâne luisant, mais le personnage est fort heureusement resté
fidèle à lui-même : franc, direct et déconneur.
Petit retour sur les différents projets du riffeur
fou qui, à grand coups de BC Rich, a su faire rimer Bourg-en-Bresse avec "pure
fuckin' death". Interview réalisée
en septembre 2010 par Seb
Ferrandez |
De Mutilator à The Seven Gates en
passant par Abyssals, tu as traversé plus de deux décennies de métal brutal
français. Revenons à la source : Comment as-tu rejoint les rangs de Mutilator ? |
Mutilator a été mon premier
groupe, formé avec un copain batteur ("Jackhammer"),
dans la région de Bourg-en-Bresse en 1985. Cà s'est fait un peu par hasard,
j'avais
une guitare et un ampli, et lui s'est dit "tiens, si j'achetais une batterie ?"
et puis voilà.
On a vraiment appris à jouer de nos instruments en faisant des conneries
ensembles! |
Un des plus gros faits d'armes de
Mutilator reste ce concert en Suisse avec Agressor et Messiah entre autres. Quels souvenirs en conserves-tu ? |
Hahaha! Oui, ce concert était
notre premier... A l'époque, j'étais écœuré parce
qu'on prenait les
choses tellement à cœur qu'on voulait que tout soit parfait, et on a vraiment
fait de la merde ce soir-là !
Mais je me dis qu'on ne se rendait pas compte de la chance qu'on avait de jouer
dans ces conditions, parce
que crois-moi, depuis j'ai eu l'occasion de jouer dans des circonstances bien
pires !
Comme on n'était que deux membres dans ce "groupe", on avait demandé à Alex
d'Agressor de tenir la
basse pour nous sur scène et c'est ce qu'il a fait : il a "tenu" la basse. Haha !
Alex, si tu lis çà, cheers my
old friend !
Mais finalement, avec le recul c'était marrant, il y avait plein de potes, du
public, une super affiche et nos
premières groupies... Super souvenir. |
Pourquoi, à l'époque de la mode
des noms en -OR, Mutilator change t-il de
nom ? |
Tu sais, comme je t'ai dit
Mutilator était notre premier groupe et on faisait
vraiment ce qu'on
pouvait musicalement. On avait composé notre petit répertoire à un moment où on
avait
chacun 6 mois de pratique de nos instruments, on trouvait les morceaux à vomir
et on avait
envie de se tourner vers quelque chose de plus résolument "evil".
En plus, on s'est aperçu qu'il existait déjà un Mutilator au Brésil, et les
noms en -OR commençaient
déjà à devenir un peu trop "hype" pour nous.
On a donc décidé de muer, d'immoler l'entité Mutilator pour devenir Mutilated,
et je me dois de dire aussi -et je crois que c'est la première fois que j'en ai l'occasion- que c'est sur
une suggestion de Jon Kristiansen
(le rédacteur en chef du fameux Slayer mag), que nous avons opté pour ce nom. |
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Quelles étaient vos relations avec
les groupes existant à l'époque, comme Agressor, Massacra, Loudblast, Witches ou dans votre région et un peu plus
tard, Deadly Dislocated ? |
Ha! Et bien nous étions en bons
termes avec Agressor et Witches, et... non,
c'est tout ! Haha !
On a pris un malin plaisir à se faire détester d'un peu tout le monde, avec en
même
temps un certain talent pour cela ! Mais comme me l'a récemment dit Stéphane
Buriez
avec qui j'ai reparlé de nos relations à cette époque, "c'était de bonne
guerre".
Puis, il semblerait que j'ai entamé une période rédemptrice quand j'ai
commencé à
devenir un vieux con (assez tôt, finalement).
Disons plutôt que j'avais laissé derrière moi le côté compétition dans la
méchanceté,
et que j'avais commencé à me foutre de savoir si oui, c'est bien moi le plus
"evil" ou pas...
Au bout d'un moment, ça devient très vite lassant.
Et donc j'étais assez content d'apprendre qu'il existait, dans notre région,
un AUTRE groupe
de death/black metal dans le même esprit que nous, et j'avais même envie qu'on
puisse se fédérer,
être potes, tu vois... Je parle bien sûr de Deadly Dislocated, groupe par lequel
j'ai connu Vincent,
bassiste-chanteur de mon actuel groupe.
Malheureusement, ils en étaient encore au stade que je venais de quitter, et il
y avait un esprit de rivalité venant
d'eux, ce qui fait que quand j'ai rencontré Vince, on ne pouvait pas se blairer !
Et là, vingt ans
après, c'est mon meilleur et mon plus vieil ami. Héhé...
Bon, ça ne veut pas dire que maintenant j'aime tout le monde, je suis encore un
connard, mais
au moins à présent j'essaye d'avoir de bonnes raisons pour détester quelqu'un ! |
Mutilated, des années après sa
dissolution, jouit encore d'une excellente réputation dans l'underground death-metal mondial, qui n'hésite pas à qualifier le groupe de "Morbid Angel à la française". L'engouement est tel que les deux démos ont été re-préssées sur un LP. Que penses-tu du statut qu'on accorde à ce groupe défunt et
cautionnes-tu la re-sortie de tels enregistrements ? |
C'est marrant... Je crois que Mutilated est un peu l'heureuse victime du
sentiment de nostalgie
des métalleux quadragénaires qui fait que quoi que tu fasses, "c'était mieux
avant".
Attention, je ne regrette -presque- rien de cette époque, je veux dire : on
était entiers, à fond dans notre démarche, mais je ne suis pas sûr que si on
sortait ces titres
aujourd'hui les répercussions seraient les mêmes que ce qu'elles sont.
Quant au fait qu'il existe à présent des bootlegs de mon ancien groupe que je
suis obligé d'aller
moi-même acheter sur le net, je me dis que si ça fait plaisir à certains de
l'acheter, et que ça fait
de l'argent à d'autres de le vendre, tant mieux... Le seul petit pincement au
cœur que je puisse avoir
provenant quand même du fait que ce fric tombe dans une autre poche que la
mienne !
Mais bon... Je n'ai jamais fait tout cela pour l'argent, et au fond, je m'en
fout. |
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En 1994, Abyssals sort une démo au
feeling très "Altars of madness". Le
groupe n'en sortira d'ailleurs qu'une. Est-ce le manque de retours sur cet enregistrement qui t'a fait lâcher ce projet ? |
Non, pas du tout, puisque je n'ai
jamais fait que ce qui ME plaisait, et l'avis
d'autrui sur mon
travail ne m'importe que très peu. Je considère la création comme le degré
ultime de l'égoïsme.
Abyssals a splitté parce qu'à un moment dans ma vie, j'ai eu d'autres
priorités. |
Quelle a été ton activité musicale
entre la fin de Abyssals et la formation
de The Seven Gates ? |
J'ai continué à apprendre la
guitare, mais les projets de groupe étaient
quasi-inexistants.
J'ai donné un coup de main bref à un groupe avec qui j'ai enregistré un album
catastrophique (à mon
sens), et deux ou trois autres trucs par-ci par-là, mais c'est à peu près tout. |
The Seven Gates, dont l'album est
une véritable démonstration de death-metal
à l'ancienne, a récemment effectué une tournée d'un mois au Canada. Ce pays n'avait pas réussi à Massacra lors de leur tentative d'installation là-bas il y a plus de 20 ans, a t-il réussi à T7G ? |
La tournée canadienne a tourné
court ! On s'est fait refouler par les services
d'immigration locaux
qui nous demandaient un permis de travail pour jouer dans les bars, c'est-à-dire
pour 3 concerts sur
les 20 dates prévues de la tournée ! Apparemment, c'est une chose assez fréquente
là-bas, d'après
ce que j'ai pu vérifier. D'ailleurs, Malevolent Creation a subi le même sort il
y a quelques semaines...
C'est lamentable.
Bref ! Donc, je suis resté sur New York un mois complet. J'adore cette ville. Je
devrais y retourner dans
quelques mois si tout se passe bien, car je dois participer à un tournage de
film pour un ami, et j'aimerais
essayer de monter une tournée sur la côte Est américaine pour The Seven Gates. |
Ta "Bich" a traversé les époques
elle aussi. Fais-tu partie des gens qui estiment qu'on ne peut jouer du death-metal que sur une BC Rich ? |
Haha! En effet, j'aurais pu... mais
non : je fais partie des gens qui veulent
l'impossible, et l'impossible
est pour l'instant trop cher ! Donc je continue à utiliser ma bonne vieille BC
Rich, qui est un outil formidable,
en attendant de trouver celle qui me donnera envie de la remplacer. |
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