J’arrive en compagnie de 3 potes au moment où les Turbo Tigers
investissent la scène avec un bon quart d’heure de retard sur l’horaire prévu.
Le groupe emmené par l’ex Awacks, Stan W Decker à la basse et au chant, se
présente sous forme d’un trio au look très coloré qui rappelle le style glam des
80’s.
Les pieds de micro des 2 frontmen sont décorés, à l’instar d’un ZZ-TOP, de
magnifiques boas en plumes oranges que n’auraient pas renié l’ex reine des nuits
parisiennes Régine.
Vous l’aurez compris, il y a chez ces tigres, un côté parodique poussé très loin
puisque les musiciens, pourtant bien de chez nous, ne s’expriment qu’en anglais
ou du moins essayent-ils !
Bref, le côté humoristique fait partie intégrante de la démarche du combo qui
rappelle toutes proportions gardées celle des américains de Steel Panther.
Côté musique, le côté Hard Glam US est bel et bien présent avec des textes qui
nous ramènent aux grandes heures des Mötley Crüe ou autre Poison comme sur
l’excellent "That’s my butt" qui remporte l’adhésion du maigre public
alors présent.
Mais attention, l’imagerie ne doit pas masquer le fait que la musique de ces
garçons tient remarquablement la route.
Le trio évoluant dans un registre rock’n’roll hard qui doit beaucoup à Motörhead
et à son mentor Lemmy, qui se voit honoré par un "40 years of rock’n’roll"
de très bonne facture.
OCTANE
Après un bon quart d’heure de mise en place, ce sont les mayennais d’Octane qui
investissent les planches.
Le quatuor est composé d’un mélange équilibré d’anciens (Alex le guitariste
chanteur et Laurent le bassiste) et de jeunots (Fabien le batteur et la voix
féminine Morgane), gage d’un cocktail d’expérience et de fougue juvénile pour le
plus grand plaisir de nos oreilles.
Le groupe évolue dans un style Rock Hard traditionnel et le chant à deux voix
constitue indéniablement un atout majeur du combo.
En effet, si Alex en tant que chanteur guitariste est par la force des choses
obligé de rester proche de son micro et de son pédalier, Morgane peut quant à
elle arpenter la scène de long en large, apportant une bonne dose de dynamisme à
la prestation du combo.
Non contente d’assurer une belle présence scénique, elle apporte également une
vraie énergie d’un point de vue vocal.
Niveau setlist, les 3 morceaux du EP paru en 2015 sont de la partie, complétés
par une majorité de titres originaux (parmi lesquels j’ai particulièrement
apprécié l’excellent "Rock bottom") qui devraient figurer sur le premier
album à paraître prochainement.
En bonus, nous avons néanmoins droit à une reprise assez originale que tout le
monde aura reconnu, sauf moi en fait. Celle du "Bad romance" de Lady
Gaga, dans une version Hard Rock très réussie.
Au final, un très bon concert des lavallois, à peine perturbé par un problème de
cymbale qui n’aura pas raison de l’énergie de ce très bon groupe que je ne
saurai trop vous recommander d’aller voir sur scène, d’autant plus qu’il tourne
énormément en ce moment et dans tout l’hexagone.
Une bien belle découverte en ce qui me concerne !
LOOKING FOR MEDUSA
Petite pause rafraîchissement et il est déjà temps d’assister au concert de
Looking For Medusa que je n’ai pas revu sur scène depuis la release party du
quatrième album de Awacks en décembre 2013.
Autant dire une éternité, que le groupe a su exploiter pour donner un nombre de
concerts plus que respectable et surtout pour préparer son premier album studio.
La setlist a donc largement évolué et contient aujourd’hui quasi exclusivement
des titres originaux à l’exception de la reprise du "Sweet dreams (are made
of this)" de Eurythmics.
Au niveau du line up, changement il y a eu puisque c’est un nouveau guitariste
rythmique qui vient épauler Laurent Pachaubes, toujours aussi efficace en lead.
Une chose en revanche n’a pas changé, c’est l’énergie d’Olivier Costes, le
chanteur. Il constitue le vrai point d’attraction du groupe, toujours aussi
mobile sur scène.
Il arpente celle-ci de long en large et même de haut en bas, puisqu’il décide à
un moment d’aller estimer la taille de l’audience depuis la coursive supérieure.
Parmi les nouveaux morceaux joués ce soir, j’ai particulièrement retenu "Hells
parade" titre dédié à feu Bon Scott et qui voit la pédale de batterie rendre
l’âme (y aurait-il une malédiction sur les batteurs ce soir ?) obligeant Olivier
à meubler du mieux possible.
A signaler aussi un "Colisee" plutôt Heavy où Olivier se prend pour Rob
Halford. Un titre qui laisse augurer du meilleur pour le futur album à paraître
vraisemblablement fin juin 2017.
Cependant ce sont "Looking For Medusa" et l’excellent "Shame" qui
m’ont filé le frisson. Deux excellents morceaux issus du MCD du groupe qui a
tourné en boucle dans mon autoradio en décembre 2013.
Looking For Medusa m’avait positivement impressionné en 2013. Il confirme ce
soir tout le bien que je pense de lui et c’est avec une réelle impatience que
j’attends leur premier véritable effort studio.
BLACKRAIN
Avec l’arrivée des Blackrain, un palier est franchi en terme de notoriété car la
réputation des hauts savoyards dépasse désormais très largement les frontières
françaises.
Il n’en faut pas plus pour que l’ambiance monte d’un cran et que le public se
montre moins timide en se rapprochant enfin au plus près de la scène.
Le quatuor débute son show par l’entraînant "Eat you alive" extrait dans
son dernier effort studio qui se voit malheureusement desservi ici par un son
plutôt brouillon.
Heureusement, l’ingénieur du son du groupe va progressivement régler ce problème
et nous permettre de mieux apprécier le single "Back in town" et le
puissant "Mind control" eux aussi issus de "Released".
Dès le quatrième morceau, le groupe dégaine les classiques avec l’entêtant "Innocent
Rosie" qui trouve un vrai écho auprès des spectateurs.
A peine le temps de reprendre ses esprits que c’est "Blast me up" qui
nous est donné en pâture avec son refrain à scander. Efficacité garantie !
Mais le combo est là pour défendre son dernier rejeton et se ne sont pas moins
de trois morceaux extraits de celui-ci qui sont ensuite joués : "Killing me",
"Run tiger run" et le superbe "Jenny Jen" qui ne figure certes pas
sur le CD, mais a été enregistré pendant les sessions (à l’attention d’une fan
en qualité de chanson personnalisée suite à sa participation au financement de
l’album).
Retour dans le passé avec l’enchaînement de l’ancestral "True girls are 16",
avec l’excellent "Overloaded" en préambule du hit du groupe, le catchy "Ho
hey hey hey" qui permet au public de participer pleinement et de monter un
peu plus la température de l’Arlequin.
"Released" est une dernière fois mis à l’honneur avec l’excellent "Rock
my funeral" avant que Swan ne nous annonce un dernier titre qui constitue "l'histoire du rock’n’roll".
"It’s a long way to the top (If you wanna rock’n’roll)" achève le concert
en apothéose avec un public déchainé et bondissant qui reprend à pleins poumons
les paroles de ce classique de AC/DC.
Super concert des Blackrain avec une setlist bien équilibrée entre nouveautés et
titres plus anciens et surtout un groupe clairement heureux d’être là, libéré,
délivré…
BLAZE BAYLEY
Voici venue l’heure de la tête d’affiche, et si l’on ne présente plus Blaze
Bayley depuis son passage au sein d’Iron Maiden, force est de constater que les
moyens dont dispose le chanteur sont aujourd’hui bien en deçà de ce qu’il a pu
connaître avec la Vierge de fer.
Ce sont ainsi ses musiciens qui font eux même la mise en place et la balance
juste avant le concert.
Le trio à la manœuvre en compagnie de Blaze n’est d’ailleurs autre que le groupe
Absolva que le public clermontois a pu voir à la coopérative de mai en 2013 en
première partie de Michael Schenker.
Les anglais défendent ce soir "Endure and survive" le dernier album en
date de leur chanteur leader. Un disque qui comme l’indiquera à plusieurs
reprises Blaze, constitue la deuxième partie d’une trilogie.
Ce sont ainsi pas moins de cinq titres qui sont extraits de ce dernier opus,
tandis que son prédécesseur "Infinite entanglement" se voit représenté
par quatre titres, soit un total de 9 chansons sur les 17 qui seront jouées ce
soir.
Parmi ce matériel récent, j’ai particulièrement retenu "Fight back" et
son refrain à scander très efficace, le heavy "Human" ainsi que le très
autobiographique "Eating lies" introduit par une tirade du vocaliste qui
nous encourage à croire en nos rêves, plus encore lorsque les vents sont
contraires comme ce fut le cas pour lui lorsqu’il a voulu devenir chanteur ou
lorsqu’il a rejoint Maiden.
Il convient aussi de signaler l’excellente tenue de "Dark energy 256",
une très solide composition qui permet aux musiciens d’Absolva de prendre le
pouvoir sur scène pour divers soli et pour un moment fun du concert, où Blaze
feint l’exaspération face à ce putsch tout en tentant de reprendre le devant de
la scène à des musiciens frondeurs qui le renvoient bouler à chaque tentative.
Aux rayons vieilleries, on notera deux extraits de "Silicon messiah" le
premier album solo de Bayley (dont le magnifique "Stare at the sun"),
ainsi que deux extraits du solide "Blood and belief" dont l’excellent "10
seconds".
Au rayon préhistorique, nous retiendrons un sympathique "Manhunt", exhumé
de la période Wolfsbane. Mais inutile de se voiler la face, au rayon historique
ce sont les trois titres issus du répertoire de Maiden qui ont remporté la
palme.
Et quels titres ! Le speed "Futureal" constitue le premier moment fort du
concert. Mais que dire du fabuleux "Clansman" avec ces multiples
changements de rythmes et ces "freedom" repris à gorges déployées par le
public.
Il s’agit à mon sens du point d’orgue du show de ce soir, juste devant un "Man
on the edge" fédérateur dont les "falling down" finissent de casser
les dernières voix.
Quel plaisir d’entendre à nouveaux ces morceaux très peu, voire plus du tout,
joués sur scène par Maiden depuis le départ de Blaze.
L’occasion pour moi de tirer un immense coup de chapeau au guitariste Chris
Appleton, qui à lui seul assure un rendu impeccable de ces titres pourtant
composés pour deux guitares.
Par extension, il faut souligner la complicité qui existe entre les membres d’Absolva
(à plusieurs reprises c’est le bassiste Karl Schramm qui vient s’occuper du
pédalier de son guitariste alors que celui ci occupe le devant de la scène),
validant totalement le choix de Blaze de les engager comme back band.
Le chanteur, quant à lui, se fend non seulement d’une excellente performance
vocale mais s’avère aussi un excellent showman et le public le lui rend bien ce
soir en répondant à chacune de ses sollicitations.
Un très très bon concert de l’ex Maiden ce soir, des litres de sueurs déversés
sur les premier rangs et une setlist, à l’instar de Blackrain, très bien
équilibrée entre nouveaux et anciens morceaux.
Un Blaze Bayley qui dès la fin de son concert annonce la couleur : "Je serai
disponible pour vous jusqu’à ce que la salle ferme, c’est simplement ma façon de
vous dire merci".
Une attention d’autant plus louable que le chanteur a été présent derrière son
stand toute l’après midi durant les concerts des autres artistes afin de
répondre aux sollicitations de ses fans (photos, autographes…etc.). Total
Respect !
En terme de disponibilité, je me dois de souligner celle des musiciens de
Blackrain à l’issue de leur concert (à l’exception d’un Max qui n’avait pas
vraiment l’air dans son assiette) et plus encore d’Octane dont le stand a
toujours été tenu par une personne et en particulier leur manager Karol Lemaitre
(ex Darken et Toutes Directions).
Les locaux en revanche n’ont pas souvent été derrière leur espace réservé et si
cela est compréhensible pour les Looking for Medusa qui ont fait office de
roadies tout au long de la journée lors des changements de groupes, ça l’est un
peu moins pour Turbo Tigers.
Je n’ai jamais réussi à trouver quelqu’un lors des entractes et pire, le stand
était carrément vide à la fin du concert de Blaze.
Dommage pour moi qui comptait acheter leur CD/Vinyle mais tant mieux pour mon
compte en banque et tant pis pour celui du groupe !
Ce petit bémol ne suffira néanmoins pas à gâcher ma journée qui a été on ne peut
plus agréable et je me dois de louer l’organisation pour avoir mis sur pied ce
festival et cette belle affiche, qui en terme de qualité enterre toutes celles
des années précédentes.
Une vraie prise de risque, malheureusement pas totalement récompensée en terme
de public, les organisateurs devant à priori faire face à la concurrence de AC/Dçu
au Zénith de Clermont le même soir.
Et je vais conclure en me faisant l’avocat du diable en étalant ma totale
incompréhension vis-à-vis des fans de Hard Rock locaux :
D’un côté, le VULCAN HOT ROAD propose 5 groupes dont deux pointures
internationales pour la modique somme de 15€ (avec un prix des consos très très
raisonnable) et près de 6 heures de musique.
De l’autre côté, vous avez un groupe de reprises de AC/DC (aussi bon soit-il)
avec un prix d’entrée allant de 30 à 38€ pour 2 heures de concert.
Et au final, le festival VULCAN HOT ROAD fait quelques centaines d’entrée tandis
que le groupe de reprises fait 2200 entrées.
C’est pour moi totalement incompréhensible et cela n’encouragera pas forcément
les organisateurs à prendre des risques en terme de programmation.
Déjà qu’il n’y a pas énormément de gros concerts Hard Rock / Metal sur
Clermont-Ferrand et la région, si en plus les belles initiatives ne sont pas
couronnées de succès, il ne nous restera pas grand chose d’original à nous
mettre sous la dent.
Mais je préfère finir sur une note positive en remerciant et en félicitant
chaleureusement l’association VULCAN HOT ROAD pour cet excellent festival, en
espérant que nous pourrons nous délecter d’une édition 2018 tout aussi riche au
niveau de l’affiche.