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BENIGHTED
SOUL
"Kenotic"
2014 (Savage Prod/Season of Mist)
Discographie
Enchantment (CD 2004)
Catharsis (MCD 2006)
Anesidora (MCD 2008) Start from scratch
(CD 2011)
Kenotic (CD 2014)
Cluster B (CD 2020) |
Plus de dix ans d'existence. Les Nancéens de BENIGHTED SOUL se
forment en 2003 et se font
rapidement un nom dans le monde du "Métal Symphonique à chanteuse".
Après quelques démos, leur EP "Anesidora" est élu "meilleur EP de l'année 2008" par
les lecteurs de Métal Symphonique. Beaucoup de Webzines s'accordent à
considérer BENIGHTED SOUL comme un des plus sérieux espoirs de la Scène Métal
Française. La plus grande force du groupe est le live, parcourant les scènes
françaises, ouvrant pour des groupes reconnus tels Delain, Vader, Ayin Aleph,
MyPollux, Fairyland... Une énergie scénique contagieuse qui les amène à
décrocher la deuxième place du Wacken Metal Battle en 2008.
La consécration arrive en 2010 lorsque BENIGHTED SOUL se retrouve aux côtés de Tarja
(Ex-Nightwish) lors de sa tournée "What lies Beneath Tour 2010",
se produisant en Italie, Slovaquie, Autriche, Allemagne, Luxembourg.
2011 voit la sortie de leur premier album "Start from scratch", unanimement
salué par la presse spécialisée, se classant à la première place des ventes
Hard/Métal du réseau Fnac. Fort de ce premier succès, le groupe se lance dans une
tournée française en tête d'affiche devant un public toujours plus nombreux.
Plusieurs villes sont touchées : Nancy, Lille, Lyon, Brest,
Nantes, Montpellier, Marseille, Paris... Parallèlement, leur premier clip "Edge
of insanity" est vu plus de 93000 fois sur YouTube.
2012 est aussi une bonne année pour BENIGHTED SOUL qui remporte 4 des
7 catégories des Métal Sympho Awards de cette année-là, organisés par Metal Symphonique. Mais surtout, les
Nancéens participent de nouveau en février à une nouvelle tournée européenne en compagnie
de Tarja, passant par le Portugal, l'Espagne, les Pays Bas, la Belgique, puis la
France ou elle s'achève en apothéose au Bataclan à Paris. Une année lumineuse
pour BENIGHTED SOUL qui se produit aussi au fameux "Metal Female Voices Fest" en Belgique.
2013 voit un changement au sein du line-up, qui se sépare de son
batteur Nicolas Adam. Il est remplacé par Guillaume Bergiron à la veille de
l'enregistrement du second album. L'opportunité de sillonner, en compagnie d'Orphaned Land, les routes européennes (France, Suisse,
Allemagne, Irlande, Royaume-Uni, Pays-Bas), leur permet de promouvoir la sortie
de ce nouvel enregistrement.
"Kenotic" est enregistré durant l'été 2013 au BS Studio à Haroué. Les guitares sont enregistrées par Jérémie Heyms au BS mobile studio.
Flavien Morel (claviers) s'occupe de l'enregistrement et du mixage, alors que le
mastering est à la charge de Chris Edrich. L'album est disponible le 27 octobre
2014 sur le label Savage Prod et distribué par Season of Mist.
Pour ce second méfait, les Nancéens ont vu grand avec un concept album, basé sur le
thème "Kenotic". Tiré du grec Kénoô, qui signifie "vider",
"dépouiller" et qui a également la notion théologique de "Kénose" : le fait que
Dieu se dépouille de certains attributs de sa divinité pour se faire homme. Le
"divin dépossédé de lui-même" en quelque sorte. Attention, cet album ne parle
pas de foi, mais des mythes qui ont guidé les hommes à travers les âges. Les
écrits des religions modernes, comme les anciens mythes, cherchent tous à
répondre aux mêmes questionnements, universels, communs à tous les peuples, à
tous les hommes et dessinent invariablement la même histoire sous des écritures
différentes. Chaque étape, chaque chapitre de cette grande histoire a été mis en
musique. Pour créer "Kenotic".
L'album est disponible sous forme de digipack. L''illustration de la pochette
est signée Pierre-Alain D. L'opus contient douze chansons, ou plutôt
douze chapitres pour 68 minutes de musique.
Chaque titre correspond à un thème. Ainsi "Halcyon day"
correspond à Bliss, la béatitude. C'est ce dernier qui ouvre les hostilités.
D'entré le son est plutôt impressionnant. L'orchestration est parfaite,
recherchée. La complexité est au rendez-vous, mélangeant allègrement sonorités
progressives et symphoniques. Les guitares sont acérées. La voix de Géraldine a
gagné en maturité et en qualité, et le fait de la confronter à un chant
masculin des plus hargneux, limite death, que l'on doit à Djang apporte plus de
force au propos et donne une dimension plus grande au morceau. D'ailleurs,
j'aurais un petit faible pour mettre en avant les quelques chansons rehaussées
de ces deux chants. Avec "Halcyon day" et moins de cinq minutes, les Nancéens nous
montrent que nous rentrons dans un univers complexe qui a dû leur demander pas mal
de travail, tant il y a d'informations et de sons à décortiquer. BENIGHTED SOUL
propose plusieurs atmosphères, ponctuant des sonorités symphoniques de passages
progressifs, un break par-ci, des riffs plus lourds par là, un passage plus
épique... D'entrée les nancéens ont décidé de nous en mettre pleins les ouies !
Après un passage sur lequel la voix de Géraldine "s'envole" littéralement, les
musiciens apportent un moment de douceur et de calme pour renter sans temps
mort et sans silence, en toute sérénité dans le chapitre suivant l'Ascension
et la chute, sans avoir peur d'aller trop loin. Les guitares attaquent,
toujours incisives, le clavier de Flavien jouant l'ambiance. Ce "Too far for
gone" voit une présence plus forte de Djang, et donne par moments un côté limite death mélo
! Le refrain est monstrueux. La voix de Géraldine parfaite de
maîtrise. Après toute cette "violence", nouveau passage calme, avec des voix
susurrantes qui s'envolent littéralement autour de nous. Avant que les guitares
de nouveau agressives ne resurgissent. Tellement d'informations parviennent à
nos écoutilles que les mots sont difficiles à trouver pour toutes les définir !
Sur le chapitre suivant, l'illusion, BENIGHTED
SOUL nous propose un titre en latin "Si se non noverit" (s'ils ne savent pas). Une intro au piano dans une
ambiance plutôt pesante, montant crescendo, avant que la fureur de la double de
la batterie de Guillaume Bergiron ne vienne nous assaillir, accompagnée de riffs bien
sanglants. Une entrée en matière que n'aurait pas renié un Dimnu Borgir ! La voix de
Géraldine calme le jeu, avec quelques belles envolées dont elle a le secret. La
partie instrumentale est de toute beauté, délivrant plusieurs ambiances. Il faut
dire que le morceau dépasse les sept minutes, permettant ainsi à chaque musicien
de s'en donner à coeur joie !!!
Chaque instrument est mis en valeur par un mixage plutôt
réussi, qui donne un son plutôt impressionnant à l'album.
Le chapitre de la révélation "Only make believe" démarre tout en douceur
piano-voix, apportant son lot d'émotions avec le chant plus posé de Géraldine.
Après le premier couplet, le duo est rejoint par les autres
instruments, pour une immense déflagration dans nos écoutilles ! Une chanson
plus posée, plus classique, avec des envolées toujours impressionnantes de
Géraldine. Des musiciens qui font le boulot avec efficacité...
Après la révélation, il est tout a fait normal que le "doute" s'immisce sous forme d'un
nouveau chapitre intitulé "Martingale". Associer le doute à la martingale est
plutôt judicieux ! Musicalement, rien à dire. Un morceau qui envoie bien, avec
une rythmique bien lourde, des riffs bétons, et des solos de claviers autant
diversifiés qu'efficaces. Il est donc tout à fait légitime que les doutes fassent
place à l'abnégation avec son "Pent-up", qui poursuit sur la même lancée. A
préciser de superbes passages et un son rendant hommage à la quatre-cordes de
Jean-Gabriel Bocciarelli, avec des choeurs illuminant le propos de cette chanson.
N'oublions pas aussi le travail toujours impressionnant de Guillaume, ni ce
petit son d'orgue de barbarie apportant ce petit plus ou cette autre ambiance avec
ce petit violon l'accompagnant.
On arrive au milieu de l'album. Le moment d'apothéose. Un grand moment de
"lumières" mis en avant par un superbe instrumental alliant douceur et beauté.
Un véritable arc en ciel après la noirceur d'un violent orage. Chaque musicien est
mis à l'honneur. Jérémie nous gratifie d'excellents soli tout en finesse. L'orchestration est riche et diversifiée. Flavien s'éclate sur ses touches sur
une rythmique efficace.
Après cette éclaircie, les Nancéens poursuivent leur voyage et nous plongent
dans l'univers de la tentation avec "le superficiel et le profond" (NDR
: comme quoi cela sonne résolument mieux en anglais !). "The shallow and the deep" s'ouvre
tout en douceur avec une orchestration digne d'un péplum. La voix suave de
Géraldine arrive avant d'être rejointe par la fureur et la voix de Djang. Je
vous ai déjà dit que j'adorais ce contraste entre la voix de la vocaliste et
celle de son comparse masculin ! A l'instar de "Halcyon day", "Too far gone"...
cela est l'une des raisons pour lesquelles je met en avant ce "The shallow and the deep", mais
pas seulement... écoutez son solo ! La richesse de l'orchestration une
nouvelle fois illumine le propos des musiciens.
Place ensuite au pardon et son "Let you win", mis en exergue par des riffs de
guitares bien appuyés, bonifiés par un clavier aux sonorités seventies. La voix
masculine est de nouveau de la partie et son passage avec les choeurs est
monstrueux de beauté, Géraldine illuminant les autres passages. Quelques
sonorités orientales viennent agrémenter la partie instrumentale entre des
choeurs magistraux... C'est simplement beau. Et que dire de ce solo de guitares
sur ce son d'orgue hammond ! Jubilatoire !
On pénètre dans des ambiances plus obscures et sombres avec
denial et son "Thresold exceeded". Les choeurs sont une nouvelle fois mis en avant au service de la
chanson, alors que la rythmique se la joue lourde. Un nouveau solo de guitare
des plus efficaces, rehaussé par une orchestration impeccable. Sacrifice et
son "Bound" déboule littéralement dans nos écoutilles, avec son intro
instrumentale digne d'un morceau de Thrash/Death. La chanson se poursuit avec
une nouvelle confrontation voix masculine/féminine. A préciser les passages
chantés par Géraldine, avec des accents à la Nina Hagen. Surprenant mais des plus
efficace. Nous avons encore droit à quelques breaks bien sentis, des riffs bien
carrés, bien lourds, une rythmique béton.
Pour le dernier chapitre, les Nancéens
nous proposent de plonger dans le néant pour "une dernière récolte". Pour ce
faire, rien de tel qu'une ambiance bien sombre et quelques touches électroniques.
Puis la voix voluptueuse de Géraldine, doublée pour un rendu du plus bel effet.
Au final, BENIGHTED SOUL nous propose un superbe concept-album,
très travaillé, riche en couleurs, harmonies, ambiances et mélodies. Un album
qui se veut "à la croisée des chemins du rock, du métal progressif et du métal
symphonique". Le but ultime étant de "créer l'alchimie parfaite entre efficacité
des mélodies, complexité des composition et puissance des riffs". Une gageure ?
Plutôt un pari gagné.
Avec ce "Kenotic", BENIGHTED SOUL s'impose comme un grand
groupe avec sa propre identité musicale, prenant le meilleur du Métal progressif
et symphonique, pour un rendu des plus jouissif ! Indispensable ! |
Chronique par
Dom Baillon
Mai 2015 |
01 - Bliss : Halcyon days (4:46)
02 - Rise and fall : Too far gone (4:38)
03 - Illusion : Si se non Noverit (7:05)
04 - Revelation : Only make believe (5:00)
05 - Doubt : Martingale (4:40)
06 - Abnegation : Pent-up (6:00)
07 - Apotheosis : Enlightment (5:55)
08 - Temptation : The shallow and the deep (5:50)
09 - Forgiveness : Let you win (5:30)
10 - Denial : Threshold exceeded (4:44)
11 - Sacrifice : Bound (6:16)
12 - Nothingness : One last harvest (6:10) |
Musiciens
: Géraldine "Jay" Gadaut (Chant), Jérémie "James" Heyms (Guitare), Jean-Gabriel "Djang" Bocciarelli (Basse & Chant), Flavien Morel
(Claviers, Ochestrations & Choeurs), Guillaume Bergiron (Batterie) |
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