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DER KAISER
"Vautours"
1984
(Devil's records)


Discographie

Vautours (1984)
La griffe de l'empire (1985)
Cannonball (2018)


DER KAISER est né en 1981 de la volonté du bassiste Thierry et du batteur Philippe de monter un groupe. C’est dans ce but que les deux musiciens passent une annonce qui aboutit au recrutement des deux guitaristes Beno et P’tit Tchong.

Le noyau dur du combo est alors en place et il ne reste alors plus aux parisiens qu’à recruter le dernier élément de l’équation : le chanteur. La tâche ne sera pas aisée et ce sera finalement le prénommé Pascal qui viendra compléter le line up de l’empereur germanophone.

Après une cassette démo deux titres en 1983 et une autre en 1984, le quintet se voit proposer un contrat discographique et enregistre ainsi en août 1984 sont premier album intitulé "Vautours".

C’est l’emblématique "La saga des fers" qui ouvre les hostilités avec une intro en harmonie à deux guitares, boostée par une redoutable section rythmique mise très en avant dans le mixage. Impossible de ne pas penser à Iron Maiden à l’écoute de ce premier morceau, tant les ingrédients utilisés par les franciliens rappellent la perfide Albion et sa fameuse NWOBHM.

Musicalement, les bases sont claires et ne seront que rarement remises en cause tout au long de ce premier long format.

Philippe est à coup sur un fan du regretté Clive Burr et il régale l’audience derrière ses futs avec des roulements du plus bel effet ("Paris by night" ou "Cité féroce") ou un jeu de grosse caisse pachydermique ("Non retour").

Thierry, plus que n’importe quelle divinité, doit vénérer Steve Harris tant son jeu virevoltant rappelle l’éminence grise de la vierge de fer. Sa basse se fait tour à tour vrombissante ("Cité féroce"), à la fois heavy et claquante sur "Der Kaiser" ou très technique comme sur la magnifique intro en tapping de "Non retour" où la quatre cordes vient épauler sa grande sœur à 6 cordes.

Quant à Beno et P’tit Tchong, sûr que les deux compères ont du bosser leurs gammes côte à côte en écoutant "The number of the beast" et "Piece of mind" tant la technique des harmonies à deux guitares est ici présente et par ailleurs pleinement maîtrisée.

C’est bien simple, tous les titres de "Vautours" contiennent au moins un plan résultant de cet exercice stylistique qui constitue toutefois un des points forts de l’album.

Bref, difficile, d’un point de vue purement musical d’occulter la référence à Iron Maiden, les musiciens poussant même le bouchon jusqu’à nous offrir un titre instrumental ("Der Krieger") qui n’est pas sans rappeler un certain "Transylvania" de qui vous savez.

Néanmoins, DER KAISER parvient occasionnellement à se démarquer de cette envahissante (bien qu’agréable) influence britannique afin de surprendre à minima l’auditeur.

Je pense en l’occurrence au côté très doom de l’intro de "Der Kaiser" qui apporte une ambiance sombre fort agréable, ou aux alternances son clair / son saturé du très réussi "Bloody Mary club 69" qui ne révèle sa complexité et ses qualités qu’après de nombreuses écoutes.

De même, un morceau tel que "Bourreau des cœurs" et ses accords enrichis possède un côté plus heavy qui lui permet de se démarquer par rapport à la tendance générale de l’album.

Dans un autre registre, il convient de souligner le soin apporté aux textes avec par exemple l’utilisation, au milieu du français, de l’allemand ("Der Kaiser") ou de l’anglais ("Cité féroce" et "Bourreau des cœurs") qui confère une vraie originalité aux propos des parisiens.

Et si l’épopée nordique de la "Saga des fers" colle parfaitement au genre, les mondanités du "Bloody Mary club 69" ("
…Flirte avec les bookmakers du hardcore d’un hors la loi de luxe du club 69, de l’ange gardien de l’amour carnivore…") où l’univers de la "Cité féroce" ("…Midnight nuit tzigane / Please take me far away / Midnight beauté fatale / Emmène moi loin des motorways…") possèdent en revanche un côté délirant, frisant l’absurdité.

Des paroles que ne renieraient pas Rapha de WARNING ou l’inénarrable Jean-Patrick Capdevielle (dont on aurait visité le désert par plus de 50°C!) et qui nous font clairement nous interroger sur ce que nos empereurs pouvaient bien mettre dans leur tabac ou verser dans leurs verres ? Ce mystère restera entier !

Mais passons à présent au sujet qui fâche, celui qui pour de nombreux auditeurs, pose problème sur cet album : celui du chant.

Alors oui ! La voix se révèle parfois limite, en particulier sur les passages les plus graves ("Paris by night" ou "Der Kaiser") et s’avère carrément fausse sur certaines intonations.

Oui ! Le vocaliste abuse des "
ohohohoh" et autres "héhéhéhé" en fin de syllabe, qui témoigne clairement d’une mise en place assez hasardeuse des textes sur certains couplets ("La saga des fers" ou "Non retour").

En gros, l’inspiration sémantique ne vient pas, alors comblons le vide grâce à cette ficelle qui apparaît pour le coup un peu grosse.

De là à clouer Pascal au pilori il y a un pas que je ne franchirai pas, car il n’est clairement pas aidé par une production qui a plutôt mal vieillie et n’est guère soutenu par des chœurs dignes de ce nom, qui auraient assurément mieux fait passer la pilule.

De plus, cela ne l’empêche pas de faire honneur aux magnifiques refrains concoctés par le combo qui peut s’enorgueillir de sa réussite sur ce point précis.

Vous l’aurez compris, avec ce "Vautours", DER KAISER n’a pas réalisé le coup parfait comme aurait pourtant pu le laisser augurer la magnifique pochette signée Doan Quin Quan.

Cette première galette possède de nombreux défauts parmi lesquels une production faiblarde, un mixage mal équilibré (au profit de la section rythmique tandis que les guitares semblent parfois si lointaines), une influence "Iron Maiden" un brin trop prégnante et un chant parfois hasardeux.

Mais les parisiens possèdent aussi des arguments indéniables avec en premier lieu des musiciens d’un niveau technique remarquable.

En terme de composition, si la mise en place n’est pas toujours parfaite, le quintet à le mérite de sortir des formats traditionnels pour proposer des titres plus complexes et donc plus ambitieux

Il est de plus incontestable que le groupe possède une certaine science du refrain catchy et a su écrire des textes faisant preuve d’une réelle originalité.

Ainsi, chacun sera libre de voir en "Vautours" le verre à moitié vide ou à moitié plein, mais en ce qui me concerne j’ai, sans aucune hésitation, choisi la deuxième option.

Car cet album, malgré ses défauts, possède un côté attachant et écoutes après écoutes, je me suis habitué au chant de Pascal et à ce mixage plutôt étrange. J’ai fait fi des réminiscences "maidenesques" pour ne garder que le plaisir de la qualité musicale, les refrains aisément mémorisables et les paroles singulières.

Pour conclure, sachez que cet album a été réédité en 2012 par le label Grec No Remorse, ce qui permettra aux plus anciens de soulager leurs vinyles et au plus jeunes d’entre vous de se procurer cet album à un tarif décent, et je crois qu’il en vaut la peine.

Chronique par Lolo36
Février 2017


01 - Saga des fers
02 - Non retour
03 - Paris by night
04 - Der Kaiser
05 - Cité féroce
06 - Bloody Mary club 69
07 - Der Krieger
08 - Bourreau des cœurs

Musiciens : Pascal (Chant), Beno (Guitares), P'tit Tchong (Guitares), Thierry (Basse), Philippe (Batterie)



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