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MEMBRANE
"Deathly silence"
2025 (Source Atone Records)

Discographie
Corrosion E.P. (2001)
Stage box (2003)
Le son du live (2004)
Utility of useless things (2005)
A story of blood and violence (2007)
Disaster (2010)
Split (2011)
Reflect your pain (2015)
Split (2016)
Erase (2017)
Live (2017)
Burn your bridges (2019)
Beyond your beliefs (2022)
Deathly silence (2025) |
"Sois sage, ma douleur, et tiens toi tranquille" écrivait Charles Baudelaire dans "Recueillement" des "Fleurs du Mal". Qu'il est nécessaire d'exprimer sa douleur pour pouvoir la combattre. Les Vésuliens de MEMBRANE la dépeignent depuis 25 ans à travers un Post-HardCore, dans un premier temps, puis en se concentrant davantage dans le Sludge.
Et MEMBRANE est prolifique : après un premier EP "Stage box" en 2003, le désormais quatuor enchaîne les albums-studio. "Deathly silence" en est le septième. A cela, on ajoute deux splits partagés avec Sofy Major et Revok. Les bêtes de travail sont aussi des bêtes de scène et ils aiment ça. A peine un premier EP sorti qu'un album-live le suit ("Le son du live", un MCD promo de 4 titres sorti en 2004), puis le 6 titres "Live" en 2017. Ce qui leur a permis de tourner avec Ufomammut, Unsane, The Dilliger Escape Plan...
La douleur est omniprésente dans cette longue carrière, en se concrétisant par de nombreux changements de line-up : aujourd'hui seuls Nicolas le chanteur, et Hugo le guitariste, sont issus de la formation d'origine. Mais surtout, le groupe est marqué par le décès subit du guitariste Mathieu Roszak à 42 ans, en octobre 2021, un an après avoir intégré MEMBRANE.
"Deathly silence" est dédicacé à sa mémoire. Le bouquet de jasmin de la pochette, signée par le photographe de l'instant présent McVtx, lui rend un puissant hommage. En Thaïlande, on s'en sert pour décorer les photos des défunts en signe de souvenir et de respect. Rien à voir avec le brasier colérique de "Beyond your beliefs" le précèdant album de 2022.
Edité par le label "Blind Prod", ce nouvel opus sort le 8 janvier 2025. Il est enregistré et mixé par Cyrille Gachet, de Bagarre Générale, à qui l'on doit les pré-productions d'albums de Year of No Light, Fange, Verdun, Gravecvult et Aeteria Conscientia. Et c'est Alan Douches, ingénieur en chef des studios "West West Side Music" d'Hudson Valley qui s'est chargé de la masterisation.
Enfin, la douleur peut se montrer élégante : "Deathly silence" est distribué sous forme de CD Digipack, mais aussi en version vinyle Splatter et Ultra-Clear.
La douleur sait se taire pour laisser exploser la rage... Rage contre la réalité de la dépression humaine, rage contre la folie humaine, rage contre le retour de l'injustice sociale à travers six titres aux rythmes ralentis, étirés, avec une ambiance lourde et une tension constante.
"Raise" débute immédiatement fort sans chichis ni intro. La batterie prend une place prépondérante que ce soit dans les parties lentes ou plus speed. La voix se fait puissante. Le son électrique de la guitare et de la basse, appuyées par des textes forts rendent l'atmosphère pesante.
"Fire and fear" est entamé par une ligne de batterie lente, restant maîtresse du jeu, pour laisser la place à une 6-cordes se répétant. Les textes sont hurlés et scandés, les parties parlées sont traitées comme si Nicolas Frère utilisait un mégaphone. Petit à petit, la chape de plomb s'abat au-dessus de nos oreilles. Les deux voix unies à la fin du titre rendent la détresse palpable.
Sur une série de courts accords d'Hugo, Nicolas nous déblatère un discours sur la condition humaine actuelle sur "Too late", avant de laisser sa hargne se déverser sur fond de musique lancinante mais puissante malgré tout.
Le silence est pur, le silence est d'or... et mortel. "Deathly silence" est un titre poignant dans lequel, malgré des paroles abondantes, la voix reste en retrait, écorchée, décharnée, tirant une énergie dans le tiraillement. C'est dans ce même climat délétère que se place "The soft whispers". Celui-ci se caractérise par un pincement de cordes pendant les couplets, et les arpèges durant la période parlée. La basse de Nicolas Cagnoni, trouve également toute sa place.
Enfin, "Earth" achève l'album avec un rythme plus soutenu. Le titre agit comme une rébellion, une envie de se débattre, de briser cette torpeur, transmise par ce chaos musical.
Malgré, parfois quelques longueurs et des structures de composition souvent similaires, MEMBRANE nous livre un album puissant et dur par l'intensité des paroles, ce qui nous rapproche d'Amenra, ainsi que le rôle joué par chaque instrument. Si Prokofiev, dans "Pierre et le loup" les faisait représenter les protagonistes, MEMBRANE leur donne le rôle de distinguer les sentiments malheureux.
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Chronique par
Blut Sauger
Janvier 2025 |
01 - Raise (6:52)
02 - Fire and fear (7:38)
03 - Too late (6:36)
04 - Deathly silence (7:38)
05 - The soft whispers (7:52)
06 - Earth (5:15) |
Paroles : A lire
ICI  |
Musiciens
: Nicolas Frère (Chant/Guitare), Hugo Perestrelo
(Guitare), Nicolas Cagnoni (Basse/Chœurs), Maxime Weingand (Batterie) |
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