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INTERVIEWS

 

Daniel Lapp fût le bassiste du célèbre groupe SORTILÈGE.

Il répond à une interview de Robin H., réalisée le samedi 03 février 2007


Que signifie pour toi Sortilège ?

Une tranche de vie que je ne regrette pas.


Comment as-tu intégré le groupe ?
Je jouais dans un groupe du nom de Flagrant Délit. Lors d'un concert dans une salle des fêtes, Steph, Dem et Bob sont venus me voir après le set et ont pris mon numéro. Ensuite à la fin du groupe, j'ai mis une annonce dans un magasin de musique, et ils m'ont contacté.

Comment s'est déroulé le tournage du clip de « Sortilège », dans le métro parisien ?
C'était très drôle. Il y avait Didier Makaga comme autre artiste, qui faisait du funk. On a passé un bon moment. C'était dans les anciens métros, avec les sièges en bois, et le clip a été réalisé par Catherine Malaval.

Quel est ton meilleur souvenir avec Sortilège ?
La première partie de Def Leppard. Premier gros concert à Paris, avec un public très réceptif.

Quel est ton pire souvenir au sein de Sortilège ?
Quand l'osmose a disparue. Car lorsque le succès arrive, certaines personnes deviennent influençables et écoutent certains parasites qui ne manquent pas dans ce milieu.

Et quels sont ces parasites ?
Certains éditeurs, qui repèrent la personne dans un groupe qui a le plus de potentiel à leurs yeux, dans le but de faire de l'argent. En général, ça se termine par la dissolution du groupe et n'aboutit à rien.

Quel est le meilleur produit contre ces parasites ?
Des bourre-pifs, mais c'est tellement vicieux comme méthode que tu ne le sais que quand il est trop tard.

Quel est ton album préféré de Sortilège ?
Métamorphose, le groupe était soudé sans problème d'ego.

Quelle est ta chanson préférée de Sortilège ?
Majesté.

Participais-tu à la composition des morceaux ?
Stéphane était le seul compositeur du groupe. Souvent il me montrait les nouvelles compos, je cherchais une ligne de basse qui, la plupart du temps, arrivait toute seule, comme ça, instinctivement. Mais tout le monde participait aux arrangements. Stéphane est quelqu'un de très ouvert et attentif aux avis de tout le monde. Il est à l'écoute. Il pourrait être un très bon diplomate. Ensuite on répétait la musique uniquement, on l'enregistrait vite fait et on donnait ça au chanteur.

Est-ce que tu ne te sentais pas en retrait par rapport au reste du groupe, car ce sont généralement le chanteur et les guitaristes qui occupent le devant de la scène ?
Non, pas du tout. Je suis quelqu'un de très discret, donc ça ne me gênait pas du tout. Cependant, j'adorais discuter avec les gens, donc discret mais pas asocial.

Pourquoi vous êtes-vous séparés ?
Quand le chanteur est parti, on en a trouvé un autre : Mark B. Lay, qui était le chanteur du groupe suisse Killer, un excellent chanteur, bien meilleur que Zouille pour moi, mais bon ça n'engage que moi. On a fait des maquettes et puis ça a trop traîné... et puis séparation.

As-tu gardé contact avec les autres membres du groupe ?
J'ai perdu tout contact. On est à mille lieux.

Si je te dis le mot "reformation", que réponds-tu ?
Trop tard.

Peux-tu me parler de la reformation de 1992 ?
Je ne jouais plus depuis cinq ans. Stéphane m'a contacté. A l'époque, j'étais machiniste de théâtre et quelques fois, on montait des décors ensemble. Donc on a répété deux ou trois fois, et on a fait ce concert à La Locomotive.

Regrettes-tu quelque chose, parmi toute ta carrière musicale ?
Mon plus grand regret, c'est de ne pas avoir enregistré d'album avec Mark B. Lay.

Axe Killer a réédité, en tirage limité, tous les albums de Sortilège. Est-ce qu'ils t'ont contacté pour cela ? As-tu reçu les royalties de ces disques ?
Oui, Bob m'a appelé. On a signé un contrat, et bien sûr j'ai reçu mes royalties.

Comment étaient les relations avec les autres groupes de la scène hard française ?
Avec certains très bien, notamment avec Demon Eyes, H-Bomb, ADX et High Power. Là, je sens que je vais me faire des ennemis, car d'autres groupes ou certains musiciens étaient franchement désagréables. Tu veux des noms et des anecdotes ?
 
Oui, je veux bien.
Une fois, on a organisé un concert au forum des Halles. Notre manager a demandé au groupe Blasphème de faire notre première partie. Quand ils sont arrivés, on a voulu faire connaissance et là, ils nous ont carrément ignorés. On leur a même permis de faire une balance, un rappel... J'ai voulu sympathiser avec le bassiste, il ne m'a même pas adressé un regard. Quand on a fini le concert, ils avaient disparu.

A ton avis, pourquoi Sortilège, comme la majorité des autres groupes français de l'époque, n'a pas marché commercialement ?
Pour moi, c'est le barrage de la langue. Avec le hard rock, pour espérer faire une longue carrière, il est nécessaire d'être distribué dans le monde entier, surtout pour un groupe français. Il y avait de très bons groupes, mais c'est resté à l'état d'essai.

Vous aviez pourtant enregistré des titres en anglais.
Comme tout le monde a pu s'en rendre compte, ça n'a pas été concluant. D'ailleurs en Allemagne, les gens préféraient la version française, car elle était plus musicale au niveau du chant. On aurait du prendre Mireille Matthieu ou Nana Mouskouri, et on serait toujours là.

Quel effet ça fait de jouer devant très peu de monde, voire personne ?
Ca nous est arrivé une fois à Londres. On faisait la première partie d'un groupe qui se nommait 720, des types très sympas. Mais les gars de la salle (qui n'aimaient pas les français, « remember, à nous les petites anglaises ») ont ouvert les portes à la fin de notre set, ça fait bizarre.

Que penses-tu du metal français aujourd'hui ?
Je ne suis plus tellement au courant de ce qui se passe. On m'a fait écouter Manigance. Ils sont très très bons. Ils ont un son excellent et sont très bons musiciens. Ils peuvent s'exporter facilement je pense. Je le leur souhaite en tout cas. Pour la France, je crois que c'est un peu foutu, à moins que les jeunes ne se remettent à jouer de la guitare au lieu d'écouter toutes ces merdes comme Diam's et compagnie.

Manigance avait repris "Messager" de Sortilège...
Et avec brio.

Peux-tu m'expliquer pourquoi les groupes de hard en France sont "obligés" de s'exporter chez les voisins pour assurer leur avenir ?
Parce qu'en France, il est très difficile de pouvoir durer assez longtemps sans perdre patience, et finalement se séparer.

Quels artistes écoutais-tu dans ta jeunesse ? Est-ce que tes goûts diffèrent par rapport à maintenant ?
Deep Purple principalement, Led Zeppelin, Rainbow, Scorpions, Judas Priest et beaucoup d'autres. La liste serait trop longue. Maintenant, j'écoute toujours Deep Purple, Rainbow et Led Zeppelin, mais aussi d'autres styles comme Blackmore's Night que j'adore.

J'adore tous ces groupes.
Très bons goûts. Pour moi, la meilleure période était 1976, là c'était prolifique. J'ai rencontré Ritchie une fois, mais je n'ai pas osé lui parler.

Il aurait été possible que tu sois confronté à son fort caractère légendaire.
C'est pour ça que j'ai préféré rester sur une bonne impression. Par contre, Stéphane a longuement parlé avec lui, et il a été très sympa.

Est-ce que tu as l'impression qu'il y a un "revival" du hard rock ?
Il y a beaucoup de groupes qui se reforment, mais ça se passe plutôt aux USA. Parfois, on a la chance de les voir passer en France.

Justement, je voulais te parler de toutes les reformations que l'on voit en ce moment, notamment celles de Demon Eyes et ADX.
C'est toujours sympa, ces deux groupes étaient nos amis à l'époque. J'aimerais bien les revoir. On avait un bon feeling ensemble.

Pratiques-tu toujours de la basse ?
Non, je compte m'y remettre un peu, je pense que j'ai assez médité. Par contre, je me mets un peu à la guitare, mais seulement pour le fun.

Que fais-tu aujourd'hui ? Est-ce que ton entourage a déjà écouté Sortilège ?
Je travaille dans une entreprise qui loue des caméras pour les tournages de longs-métrages, téléfilms, etc. Ma femme aime bien Sortilège, elle a intérêt sinon je l'attache au radiateur et je lui gratte le dos à l'épluche-légumes (rires).

Peut-on espérer un jour une édition d'un live posthume de Sortilège ?
Je sais qu'il existe des bandes, puisque Stéphane enregistrait les concerts avec un dat. Par contre, il me semble qu'il ne veut plus en entendre parler, mais qui sait !

Merci aux forumeurs du site Hard Rock 80 pour m'avoir proposé des questions qu'ils auraient souhaité poser à Daniel Lapp.

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