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Voici une interview de
Didier "Dizzy" Izard, la voix de la première mouture de
H-BOMB.
Interview réalisée le 21
Avril 2006 par Gilles de Troy, et diffusée ici avec
l'aimable autorisation du webmaster du site
Metal Bible. |
Quel regard portes-tu sur la carrière de H-BOMB, puis sur la tienne ? Plutôt
satisfait ou des regrets particuliers ? |
J’ai été satisfait de la carrière de H-Bomb. Quant à avoir des regrets
particuliers, j’ai surtout un regret, car H-Bomb était un groupe français et
que, lors de sa formation, on avait décidé d’apporter les couleurs bleu blanc
rouge à l’étranger et prouver qu’il était possible de réussir en français, ce
qui ne s’est pas fait au final. |
Quelle a été ta première réaction quant à la réédition des albums de H-Bomb ? |
Cette réédition semble prouver que le groupe a marqué sa période et a bien
marché puisque en 2006, j’ai encore des personnes qui m’en parlent. Ma réaction
ne peut donc qu’être positive. |
Avec le recul, que penses-tu de ces albums ? |
Je pense que c’étaient de bonnes choses, puisqu’en 2006 les gens en parlent
encore et qu’il m’arrive encore de signer des autographes, ce qui fait vraiment
plaisir, surtout 22 ans après. |
Mais t’arrive-t-il personnellement de réécouter ces albums en tant que "
simple" auditeur ? |
Bien sûr. |
Être signé par une maison de disque étrangère a-t-il freiné votre distribution
en France, ou cela a-t-il présenté un avantage en matière de crédibilité du
groupe sur un plan européen ? |
Il faut savoir qu’à l’époque on avait balancé entre 100 et 150 cassettes à
toutes les maisons de disques connues et que la seule qui nous ait répondu était
Rave On Records en Hollande, dirigée à l’époque par un monsieur qui s’appelait
Jack Hustinx, qui nous a signé le premier album, et le deuxième. La France était
peut être le pays où on était le moins aimé. Nous nous sommes fait d’avantage
repérés à l’étranger, surtout en Belgique et en Hollande. |
Imposer un chant en français a-t-il été difficile au début de la carrière du
groupe ? |
Absolument pas, comme je l’ai dit tout à l’heure, c’était la chose principale
pour le groupe. Quand je suis arrivé dans H-BOMB, j’en avais surtout marre de
voir que tous les groupes étrangers marchaient en France. Comme je n’ai jamais
parlé Anglais et que quelque part j’en suis fier, quand j’écoutais un album je
ne comprenais strictement rien à ce qu’ils disaient. Qu’ils parlent de cul ou
de ce qu’ils veulent, je n’en avais aucune idées. On dit toujours que la langue
passe très bien dans la musique, ce qui est vrai, mais lorsque j’ai écouté
TRUST, l’album "Antisocial" à l’époque, j’ai trouvé que le chant français
passait très bien et je me suis dit : "pourquoi pas continuer dans cette voie
là". |
Une reformation de H-BOMB un jour te semblerait-elle possible ou souhaitable, si
non pourquoi ? |
Oh non ! C’est une question qu’il faudrait poser à maître Armando, mais ce
serait sans moi. |
Quel regard portes-tu sur l’intérêt actuel pour les rééditions d’albums des
années 80 ? |
Un regard positif. Cela me fait d’autant plus plaisir qu’aujourd’hui j’ai un
fils de 16 ans et que cela me touche quand je le vois avec un grand sourire et
parfois des larmes dans les yeux quand il voit des photos de son papa. |
Vous étiez considéré à l’époque comme un groupe difficile à approcher.
Il était
en effet très difficile de vous parler avant et après le spectacle. Y avait-il
une raison particulière à cela ? |
Pas du tout en ce qui me concerne, puisque j’étais le premier à aller voir ceux
qu’on appelait alors les "guns". Mais on avait toujours à l’époque un chef
dans H-BOMB qui s’appelait Armando Ferreira et qui nous a toujours dit que, si
on voulait avoir l’instinct professionnel, il fallait éviter d’aller dans le
public, chose que je n’ai jamais compris. D’ailleurs, à Brétigny-sur-Orge si
ma mémoire est bonne, j’ai été le seul à sortir de scène par le public. Déjà
parce que j’aimais faire plaisir aux gars et parce que quand j’ai un gars qui
au passage me tend un billet de 500 balles en me disant "Dizzy, Dizzy, file moi
ta serviette", non seulement je lui file la serviette sans prendre le billet,
mais en plus je vais l’embrasser et lui serrer la pogne parce que ça fait
vraiment plaisir et ça marque. |
Si tu pouvais changer quelque chose par rapport à cette époque, que changerais-tu
? |
La mentalité. Comme je te l’ai dit tout à l’heure, la personne qui a formé H-BOMB pour moi est Armando Ferreira et la personne qui a dissous le groupe est
Armando Ferreira. Cela ne lui plaira peut-être pas mais je n’ai pas à cacher la
vérité, car je ne pense pas avoir à me reprocher quoi que ce soit sur ce plan. Armando à l’époque s’intéressait de plus en plus au son et de moins en moins à
la guitare. Je crois d’ailleurs qu’il est devenu ingénieur du son. Il est vrai
qu’après le remplacement de Christian Martin, que j’adorais, pour faire
rentrer Paul, qui est un très bon guitariste, si Armando passait de surcroît à
la console plutôt qu’à la guitare, cela risquait de ne plus être du H-BOMB.
Tout comme H-BOMB avec Pat Diamond ou avec Dizzy n’était pas le même groupe. |
Parlons de ton actualité pour 2006 : as-tu des projets musicaux personnels ou
des projets de collaboration avec d’autres artistes ? Est-il possible d’espérer
un retour du "loup hargneux" ? |
Un retour du "loup hargneux" ?! Non, car j’ai quand même maintenant 45 ans et
que le loup a pris des crins blancs mais, si demain j’ai la chance de tomber
sur 4 personnes simples qui aient envie de faire plaisir au public et de se
faire plaisir en montant sur scène, pourquoi pas ? Il est vrai que quand tu as eu
un instrument ou un micro dans les mains et que tu as fait des choses
importantes, tu as toujours envie de continuer. Mais je ne chercherais pas à
remonter au niveau de notoriété de H-BOMB. |
MOTORHEAD, MERCYFUL FATE, LITA FORD, MANOWAR, METALLICA... Vous avez joué aux
cotés de groupes prestigieux. Comment viviez-vous cela à l’époque, en gardes-tu
une certaine fierté maintenant ? |
Bien sûr, surtout MOTORHEAD. METALLICA, c’est un peu différent car ils n’
étaient pas aussi célèbres que maintenant et je n’ai jamais trop flashé sur ce
qu’ils font. La première partie de MANOWAR me laisse un souvenir particulier
car j’avais 40 de fièvre ce jour là et ça ne l’a pas fait du tout. La presse
en avait d’ailleurs profité pour titrer que j’étais un très mauvais chanteur. Il est évident qu’avec 40 de fièvre, je ne peux pas toujours être au top. J’aimais beaucoup LITA FORD, pour une autre raison que MOTORHEAD. Je n’ai jamais
beaucoup écouté MERCYFUL FATE. Mes goûts allaient plutôt vers DEEP PURPLE, LED
ZEP, MOTORHEAD et surtout SAXON. Il est vrai que ces groupes étaient prestigieux
et le sont toujours. Monsieur Lemmy est toujours là, à plus de 60 piges, et c’est toujours une star du Rock. Ma plus grande fierté est le Heavy sound festival
de Poperinge. C’était magnifique d’y voir des gens faire flotter le drapeau
bleu, blanc, rouge pendant notre passage. Mon meilleur souvenir est la première
partie de DEF LEPPARD. C’est un grand groupe. J’aime leur musique et le
chanteur est un mec qui assure grave. Si tu lis cette interview, salut Joe
Elliot. |
On vous catalogue "vétérans des années 80". Aimerais-tu te débarrasser de
cette étiquette qui, si elle n'a rien de péjorative, peut être énervante à force
? |
Non, pas du tout. Pourquoi m’en
débarrasser, au contraire. C’est plutôt un compliment. On me dit parfois que
nous étions les précurseurs du speed métal en France... |
Ce qui était le cas. |
Peut être. Dans ce cas j’en suis fier. Mais nous n’avions pas conscience d’être des précurseurs car on jouait ce qu’on aimait. Il est dommage qu’on ait
pas continué dans la voie française parce que c’était speed et que ça bougeait
bien. |
Les styles issus du hard rock se sont spécialisés durant ces 15 dernières
années. Que penses-tu de ce phénomène ? |
Le hard rock reste le hard rock, qu’ on soit speed, death, heavy c’est une
grande famille. |
Le Métal est beaucoup moins marginalisé qu'auparavant dans nos contrées. Comment
expliques-tu ce phénomène et selon toi est-ce une bonne chose que les "non-initiés
" s'y intéressent, avec l'éventuelle récupération que pourraient en faire
certains ? |
Pour moi c’est un gros problème en France, car la majorité des jeunes qui ont
entre 13 et 16 ans pensent que le hard rock commence avec la vague grunge et n’ont que peu, voire pas de connaissance des racines du hard. Quand on leur fait
découvrir des titres comme "Immigrant Song" de LED ZEP, ils trouvent cela
fabuleux mais ne savent pas toujours de qui il s’agit. Ca me fait plaisir quand
un kid de 16 ans achète un vieux RORY GALLAGHER ou d’autres artistes des années
70. Il faut pouvoir retrouver et faire connaître les sources du Rock et du hard
rock et les suivre jusqu’aux courants actuels, redécouvrir ne serait-ce que les
BEATLES qui ont apportés avec eux une vision différente de la jeunesse. Ce n’
est pas du tout du Hard Rock mais les bases sont posées par des titres comme Helter Skelter. Connaître ses racines, sans forcément les aimer ou les écouter,
permet d’avoir un regard plus critique sur les productions de sa propre époque.
Une critique que je ferais par exemple à un chanteur que je n’ aimes pas du tout
et n’aimerais jamais, c’ est MARYLIN MANSON. C’est que je ne vois pas où est
le plaisir à jouer les égorgeurs de poulets sur scène, ni le rapport avec la
musique, si ce n’est s’inscrire dans un mouvement basé uniquement sur l’attitude et les débouchés commerciaux d’un personnage. Cela dit, il sait s’entourer de très bons musiciens, notamment son ancien guitariste qui est
fabuleux. |
Ta voix est immédiatement reconnaissable et constituait en quelques sortes la
signature vocale de H-BOMB. Quels chanteurs t’ont principalement influencés ? |
Ouuuuuuuuuuh la ! La liste est longue. Le premier chanteur sur lequel j’avais
fait une cassette, perdue depuis, était Rob Halford. Un pote m’avait incité à
découvrir JUDAS PRIEST, que je connaissais alors peu, et à travailler ma voix
dessus pour exploiter au mieux mes capacités dans les aigus. Je me suis alors "
abonné" à l’album "unleashed in the east" et ai enregistré tout l’album en
plaquant ma voix sur la sienne. Mais il n’y avait pas que lui. Pour moi, un des
plus grand chanteur de tous les temps était Dio, c'est clair. Après Dio, au
niveau basse et chant, je citerais Glenn Hughes, c’ est une tuerie au niveau de
la voix. J’aime bien aussi Freddy Mercury, qui pourtant n’a rien à voir avec le
métal mais avait une voix fabuleuse et évidemment Ian Gillan. En bref, tous les
chanteurs qui ont la patate. En français, il y a eu SORTILEGE. J’aimais moins la
musique, mais Zouille (ndr : Christian Augustin), leur chanteur, assurait
vraiment. Il y a longtemps que je ne l’ai pas appelé mais c’étaient des amis. On
avait une manière de se chauffer la voix avant les concerts, on s’aimait bien
et travaillait souvent ensemble. Je profite aussi de l’interview pour passer un
gros bonjour à Renaud Hantson qui était aussi un super ami, qui m’avait
d’ailleurs proposé de bosser avec lui après H-Bomb, chose que j’avais
malheureusement refusé car j’avais trop les boules à l’époque. Tout petit, j’écoutais des chanteuses "à voix", ma mère était une grande fan de Piaf et,
même si beaucoup de jeunes peuvent penser maintenant que c’est de la daube, je
prie pour que beaucoup de femmes aient une telle voix, et il n’ y en a pas
beaucoup. |
Sinon, t’estimes-tu plutôt nostalgique dans tes goûts, ou es-tu en perpétuelle
recherche de nouveaux groupes ? |
Non pas du tout. Ni l’ un ni l’ autre. Il est clair que lorsqu’on me fait
écouter de nouveaux groupes, étant chanteur, j’attache beaucoup d’importance à
la voix. Donc si on me fait écouter un nouveau groupe avec de supers musiciens,
mais que j’entends toute la soirée des... (bruits rauques et bestiaux poussés par
Didier)... ça va pas le faire et je partirais avant la fin, peut être même dès
le début. Pour moi il faut que ça chante. |
Des groupes comme Vision divine par exemple ? |
Ouais par exemple. En français il y avait un chanteur que j’ adorais, que j’aurais du rencontrer mais cela ne s’est hélas pas fait.
C’était Robert Belmonte, le chanteur d’OCEAN. C’était une tuerie à la voix. |
En te remerciant, je te laisse conclure. |
Remonter quelque chose pourquoi pas, mais ça ne sera pas du H-BOMB, ni du Speed
Métal parce que, comme je l’ai dit, j’ai 45 ans et plus la même hargne, mais je peux
encore faire quelque chose de sympa. |
Ça sera du Didier Izard ? |
Ca ne sera pas que du Didier Izard.
Il n’y aura pas plus pour l’un que pour l’autre. A l’époque de H-BOMB je répétais 4 fois par semaine,
je faisais 70 Km aller, 70 Km retour, on avait alors un leader en la personne d’Armando, et je me suis rendu compte avec les années qu’un leader, cela ne
signifie rien du tout. Donc si je remonte quelque chose, cela ne sera pas Didier
Izard & co mais 5 mecs qui s’appuient les uns les autres, sont soudés et
veulent faire quelque chose ensemble. On est tous dans le même lot et il faut
accepter les idées des autres et garder ce qui le fait mieux. Regarde H-BOMB. Ca
s’est cassé la gueule en grosse partie à cause de ça. J’ai eu peut-être la
chance de faire quelque chose dans la musique que d’autres n’ont pas fait, ce
qu’on m'a souvent dit d’ailleurs. Par exemple Damien, le chanteur de WILLER,
qui m’a dit un jour "tu te rend compte ce que tu as fait dans ta carrière",
c’est vrai et j’en suis heureux, mais ça n’est pas pour cela que je suis un
grand et que l’autre chanteur est un petit. D’ailleurs Damien l’a prouvé. Je
pense qu’il assure vocalement et que maintenant WILLER commence à marcher, et
j’espère pour eux que ça cartonnera parce que ce sont 5 mecs qui en veulent,
que dans les 5 il y en a 4 qui sont des copains que j’aime vraiment beaucoup. |
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