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Voici une interview de
Frédéric "Jacob" Jacquesson, ex-membre fondateur du groupe
BELFORD.
Interview réalisée le 21 Août
2007 par Duby. |
Qui a choisi le nom du groupe et pourquoi ce nom ? |
C'est moi qui ai trouvé le nom du groupe pendant une étude lorsque j'étais
encore étudiant, ce devait être en 1981. Je voulais un nom avec une consonance
de type "Ford", parce que je trouvais que ça pouvais très bien sonner. Grand fan
d'AC/DC devant l'éternel, je tombe sur le nom de famille de Bon Scott dans un
article sur ce dernier... Énorme, Ronald Belford Scott... voilà le nom que je
cherchais. Lorsque je l'ai présenté à Bebert, il a tout de suite aimé, ainsi que
notre chanteur de l'époque, Eric Auriol. Le plus étonnant, c'est que je pense
que peu de personnes qui venaient nous voir, savaient que Belford était le nom de
famille de Bon Scott :-) Je suis très fier de ce nom, Bon Scott comptait et
compte toujours beaucoup pour nous. |
Le groupe à sorti deux démos. Quels sont les titres qui les composent et à
combien d'exemplaires ont-elle été diffusées ? |
Effectivement, nous avons fait
deux maquettes « officielles ». Une à Soissons, dans un tout petit studio. Nous
y avons investis les quelques sous que nous avions à l'époque, c'est à dire pas
grand chose ;-) Du coup, le studio qui était fait par quelques amateurs avec
très peu de matériels, le résultat fut catastrophique. 5 morceaux furent
enregistrés en une journée, mixage compris. Aucune distribution
de cette maquette ne fut organisée tellement le son était mauvais.
La deuxième maquette studio, fut beaucoup mieux préparée. Nous avons enregistré
3 morceaux en 1 Week-End, plus 1 journée de mixage, dans le studio de Montreuil aux
Lions. Ce fut un moment merveilleux. Excellent studio, équipe formidable, de
compétence et de sympathie. Nous avons mis en boite, « Le monstre des Mers »
8'39 / « Toujours là » 6'44 et « Isabelle » 9'40.
Cette maquette à été donnée et vendue à plusieurs centaines d'exemplaires. Elle
nous a beaucoup apporté pour notre notoriété de l'époque. |
Quelle a été cette expérience d'enregistrement studio ? Quelle expérience en
retirez-vous ? |
Notre première expérience dans le studio de Soissons, ne fut pas très concluante.
En revanche, notre deuxième enregistrement en Studio pour la maquette « Légende
» ne fut que du bonheur. Beaucoup de travail, bien sûr, mais un véritable
plaisir. Nous avons également fait un petit presse book, pour nous présenter en
même temps que la maquette. |
Le groupe a-t-il été soutenu par la presse ou les radios (régionales et
nationales) ? |
Plutôt pas mal, mais au début des années 80, nous ne sommes qu'au début des
Radios Libres, donc il y en avait encore peu, mais nous passions régulièrement
sur les ondes des radios de la région, surtout sur Château-Thierry ou nous
faisions souvent des ITW.
En ce qui concerne la presse, à part les journaux locaux qui parlaient de
certains événements musicaux, nous n'avions aucun soutient de ce coté là. |
Vous tourniez avec certains groupes de la région. Quels étaient vos rapports
avec ces derniers ? Avec qui avez-vous tourné ? |
Nous avons fait pas mal de festivals, ce qui nous a permis de rencontrer de
nombreux groupes. On jouait souvent avec un groupe situé près de Laon, dans
l'Aisne, Night Killer. Nous étions de bons amis. Nous avons joué avec Killers,
Attila, Carcasse, Fight, Malediction... mais notre meilleur concert fut avec le
groupe Présence, près du Havre à Bolbec. Ils venaient de sortir leur 1er album.
Ils étaient managés par le manager de Sortilège à ce moment là. Et tu ne sais pas
la meilleure... nous leur avons volé la vedette, grâce à nos reprises de Metallica, que nous faisions à chaque concert en hommage à Cliff Burton, depuis
sa disparition. Pendant l'excellente prestation de Présence, le public hurlait «
Belford », énorme pour nous et nos souvenirs. |
Belford était un groupe de scène. Attachiez vous de l'importance au look ? |
Énormément, tu peux d'ailleurs le voir sur nos photos. Look avec les moyens du
bord, mais si j'avais pu à cette époque, je me serais produit sur scène avec un
look cuir, type Judas Priest. Avec de magnifiques Guitares, des Gibsons, pour
moi. |
Comment faisiez-vous pour trouver des concerts, scènes, salles... ? |
Nous avons fait ce qu'on appellerai aujourd'hui, un mailing, par l'envoie de
maquette et book par la poste, dans les mairies, associations etc...
Et surtout le bouche à oreille, de festival en festival.
C'est moi qui bossais la dessus. J'en ai passé des heures à préparer tout cela.
Ca à bien vidé mon porte-monnaie aussi ;-) |
Le groupe devait sortir un 45 Tours, qui n'a jamais vu le jour. Pour
quelles raisons ? |
Nous avions commencé à travailler dessus dès que nous avons su qu’il y avait la
possibilité financière de le faire. Une grosse partie devait être prise en
charge par le studio d’enregistrement où nous avions enregistré « Légende », et
ils devaient également s’occuper de la prise de son ainsi que du mixage. Mais
malheureusement pour nous, alors que nous étions sur le point de commencer les
enregistrements, les membres du studio se sont séparés, pour des raisons que
j’ignore. Ce fut une véritable catastrophe pour nous, je ne m’y attendais pas du
tout. |
Toujours au sujet de ce 45 Tours, quels devaient en être les titres
? |
Il devait y avoir « Le Monstre des Mers » ainsi qu’un nouveau morceau qu’on
venait de finir, je ne me souviens plus du titre, je ne me rappelle que du riff
de guitare. C’était un morceau type ballade/hard, pour toucher un maximum de
monde. |
Le groupe à de nombreuses compositions originales. Comment
composiez-vous les morceaux et qui en était l'auteur ? |
J’étais le principal compositeur, mais Bebert apportait de nombreuses idées,
même des morceaux complets des fois. « Métal en fusion » et « La dame de fer »
sont deux de ses morceaux.
J’écrivais des poèmes depuis très longtemps. J’avais déjà beaucoup de textes
devant moi lorsque j’ai monté Belford. Ca aide, même si souvent, j’ai réécrit
des chansons collant plus à notre état d’esprit de l’époque, nous avions 16/17
ans, la révolte… ;-)
En ce qui concerne la musique, je trouvais les riffs chez moi ainsi que les
refrains, puis nous finalisions tous ensemble. Ce travail se concentrait surtout
sur Bebert et moi. Lorsqu’il y avait un guitariste en plus avec nous, je ne lui
laissais que très peu de choix dans le montage des morceaux. En revanche, je
laissais beaucoup de liberté sur les solos de guitares ainsi que sur toutes les
petites choses qui auraient pu apporter un véritable plus aux morceaux.
Je dois t’avouer que j’étais assez « dictateur » sur les compositions, mais
voilà, c’est comme ça, on ne se refait pas. Et puis, je voulais avant toutes
choses que Belford reste Belford, dans l’esprit de création et surtout pas
ressembler à un autre groupe. |
Comment as-tu commencé la musique
? |
J’ai commencé la musique vers
l’age de 6 ans, dans la fanfare municipale de Neuilly St Front. Je jouais du
Tuba en sib (Alto). Ensuite, j’ai appris la guitare en autodidacte puis j’ai
pris des cours, ce qui fait que j’écrivais les partitions du groupe également.
Nous répétions tous les jours, 7 jours sur 7. C’est mon frère qui jouait de la
batterie la semaine et Raphaël le Week-End . |
Au niveau des textes, quelles étaient vos sources d'inspiration ? |
Mes sources d’inspiration étaient, je dois bien l’avouer, proches de Trust.
J’ai
toujours été un très grand fan de Trust et surtout de Bernie, que j’ai
d’ailleurs eu la chance de rencontrer il y a peu de temps. J’écrivais les textes
de Bernie sur les couvertures de mes cahiers d’écoles… Je connaissais tous les
morceaux de Trust par cœur.
Puis de temps en temps, j’étais dans l’inspiration, Dio, Sortilège... d’ou « Le
Monstre de Mers » et les chansons plus sentimentales comme « Isabelle » ou «
Toujours là », qui sont l’état d’âme du moment, c’est à dire de jeunes adultes
de 20 ans. |
Combien avez-vous composé de morceaux et quels en sont les titres ? |
Je ne sais plus combien j’ai composé de morceaux, mais j’en ai fait beaucoup.
Aussi bien pour moi que pour Belford. En ce qui concerne les titres, je ne me
souviens que ceux cités au début de cette ITW. |
Si Belford était né aujourd'hui,
penses-tu que sa carrière aurait été différente, compte tenu de l'évolution des
médias (Internet, enregistrements numériques...) ? |
Excellente question, que je me pose moi-même très souvent.
Je pense que la «
carrière » de Belford aurait vraiment été différente, c’est certain. Une chose
est sûre, c’est que j’aurai plus de traces sonores du groupe ainsi que visuelles.
Nous n’avions que de pauvres magnétophones, incapables d’encaisser la puissance
sonore du groupe, donc on s’enregistrait jamais. De temps en temps, les fans qui
venaient chaque Week-End écouter les répétitions, enregistraient, mais je pense que le
son ne devait pas être terrible. Aujourd’hui, avec les moyens multimédias, les
caméras de bonne qualité à la portée de tous et surtout Internet, tout est
différent.
Et même la qualité sonore des amplis, distorsions et autres. C’est génial ce que
l’on peut faire facilement maintenant.
Oui, je pense que les choses seraient différentes… |
Quel est le meilleur souvenir/expérience que tu ais eu avec Belford ? |
1) Lorsque l’on a volé la vedette en 1ère partie de Présence à Bolbec…
2) Lorsque j’ai rencontré le manager de ADX pour faire quelques dates avec eux.
Ils étaient en 1ère de Blasphème, ce jour là , grand moment de rencontrer
Blasphème (J’adore) et les membres d’ADX.
3) Lorsque tous les ans, nous faisions un concert gratuit pour le collège de
Neuilly St Front, devant 500 jeunes. Drôle de sensation que de jouer dans son
bahut d’enfance, puis ensuite signer des dizaines d’autographes. Nous étions les
vedettes du village ;-) |
Quel est le pire souvenir / expérience ? |
Jouer dans des fêtes foraines, sur des remorques agricoles où l’électricité
n’avait même pas été tirée (heureusement j’avais des dizaines de mètres de
rallonges électriques), devant quelques personnes qui s’attendent à tout sauf à
un groupe de Hard Rock. Avec le maire du village et quelques conseillés, qui
nous écoutent simplement parce que c’est eux qui nous ont fait venir... Et des
fois sous la pluie. Au début, nous n’avions même pas un copain avec nous, mais
on jouait quand même. |
Quel est le morceau du groupe dont tu es le plus fier ? |
C’est toujours des derniers morceaux dont nous sommes le plus fier, parce qu’ils
sont l’évolution, technique et musicale du groupe, du musicien. Si je devais
vraiment choisir, pour te faire plaisir, je dirais Le Monstre des mers, parce
que mes filles l’adorent et veulent le jouer dès qu’elles sauront le faire ;-) |
Que penses-tu de reformations de groupes tels que ADX, Demon Eyes, Square,
Blasphème, Trust ? |
Je trouve ça FORMIDABLE. Je les envie.
Je leur dis bravo et je serais derrière
eux en concert, et j’achèterai leurs disques, ce que je fais d’ailleurs, avec
Trust entre autre. |
Quand et pourquoi Belford s'est-il séparé ? |
L’armée nous a joué des tours. Pendant que certains faisaient leur service
obligatoire, un guitariste, excellent par ailleurs, qui jouait avec nous depuis
environs un an, a convaincu Raphaël qu’ils pourraient faire leur propre groupe.
Mais voilà, il est arrivé dans un groupe tout fait, qui avait des concerts
devant lui, des morceaux qui tenaient la route et de véritables personnages,
comme Bebert et moi. Ils n’ont rien fait de concret. On a continué un peu, mais
le cœur n’y était plus. Ca nous prenait beaucoup de temps, d’argent… Nous avons
jeté l’éponge. J’ai refais un autre groupe avec mon prof de guitare, Bebert à la
basse et mon frère à la batterie. On faisait des choses sympas, mais comme je te
l’ai dit plus haut, je suis assez dictateur dans le groupe, c’est à dire que
j’aime bien faire ce que je pense être bon pour la formation et là, je me suis
retrouvé face à un guitariste qui était comme moi, ce qui fait que ça ne pouvait
pas coller. En plus, je sentais une certaine compétition guitaristique. J’ai
préféré tout arrêter en accord avec Bebert et mon frère. Ce dernier est ensuite
parti dans un groupe de Hard-Rock de Laon, « Rising ». |
Es-tu resté en contact avec d'anciens membres du groupe ? Que sont-ils
devenus ? |
Je suis toujours en contact avec Bebert, qui est mon meilleur ami ainsi que mon
beau-frère. Malheureusement pour lui et pour nous tous, il est touché par la
sclérose en plaques, une horreur inhumaine… Raphaël est l’excellent batteur de
Mass Hysteria. Mon frère, Christophe joue toujours en tant que batteur (avec
une batterie Tama, que Raphaël lui a donné) dans un bon groupe de reprises de
grands standards du rock. Pour les autres membres qui sont passés au fur et à
mesure, plus de news, sauf des deux premiers batteurs à l’origine de Belford, qui
sont des amis d’enfance, Mamac et Frédéric Lemoine, que je vois régulièrement
dans des fêtes de familles. |
Quelle est la question à laquelle tu aurais aimé répondre ? |
Aurais-tu aimé vivre de ta musique ? |
Aurais-tu aimé vivre de ta musique ? |
J’en rêve encore, même si je sais que c’est très difficile. J’ai ça dans le
sang, jouer du hard Rock/Heavy Métal c’est vraiment le top. Je pense que je suis
fait pour faire ce métier. Malheureusement, la vie, la chance, le hasard, la
providence en ont voulu autrement. Dommage pour moi… |
Quels matos utilisais-tu ? |
Je suis un fan de Gibson. Pour moi,
ce sont les meilleures guitares pour le
métal, aussi bien au niveau qualité de fabrication, maniabilité, que rendu
sonore. C’est du bonheur d’avoir ou de jouer avec cette marque. J’ai une Les Pauls Standard de 1970 et j’avais une Sonex Gibson 180. Je jouais souvent avec
une Aria pro II très maniable, légère avec de bons micros.
En ce qui concerne les amplis, j’ai longtemps joué avec un gros fender 200W
double corps, type Rolling Stones. Je l’avais acheté par trop cher d’occasion,
puis je me suis acheté le rêve du fan de Hard, un bon vieux Marshall Bi corps en Celetion, avec une tête à lampe 100W. J’avais d’autres petits amplis qui me
servaient de bain de pieds ainsi que de retour pour Bebert et Raphaël.
Nous avons la chance d’avoir une sono, avec une petite table de mixage, ce qui
nous donnait la possibilité de faire nos propres concerts sans l’aide de
personne. Surtout au début. Ensuite, nous étions sonorisés par le studio
d’enregistrement de Montreuil aux Lions. En compensation, les membres du studio
avaient monté un groupe de blues. Ils ouvraient pour nous. |
Tu as mis des photos, vidéos et morceaux de Belford en partage sur eMule.
Pourquoi une telle démarche ? |
J’ai numérisé il y a quelques années la maquette « Légende » en Wave et MP3,
afin de pouvoir en faire des CD et les donner à quelques personnes qui me
demandaient cette demo. Puis il y a quelques semaines, je l’ai mise sur eMule
pour que ceux qui veulent l’écouter sans que je puisse leur donner, puissent la
télécharger. Je pense que c’est comme cela que tu l’as eue.
En ce qui concerne les photos, je les ai mises dessus pour que tu puisses les
avoir. C’est grâce à toi et à ta démarche sur Hard Rock 80’… d’ailleurs, je
profite de ces quelques lignes pour te remercier.
En ce qui concerne les photos, j’aimerai passer un message : à l’époque, je
n’attachais pas d’importance aux traces photographiques sur Belford, mais
maintenant, j’aimerai bien retrouver des photos de nous. Donc si quelques
personnes ont des photos de Belford, c’est avec grand plaisir que j’aimerai les
avoir.
Si tu pouvais avoir la gentillesse de faire cette demande dans une de tes
rubriques ;-) |
Que penses-tu du téléchargement de musique sur Internet ? |
Personnellement je trouve cela très bien.
Ca permet d’écouter un peu tout puis
ensuite d’acheter ce qui est bien. C’est en général ce que je fais. De toutes
façons, tous mes groupes préférés, je les achète et pour AC/DC, je commande même le
vinyle. |
A toi le dernier mot : |
Mon dernier mot sera pour toi, pour te dire combien j’apprécie ta démarche au
sujet des groupes français, jusqu’aux petits groupes amateurs comme le fut Belford.
Longue vie à ton site et tu peux compter sur moi pour te faire de la pub dans
mon entourage.
Si tu as d’autres questions, j’y répondrai avec plaisir.
Hardrockement vôtre
Jacob |
Merci à toi d'avoir répondu à mes questions, et pour ta disponibilité.
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