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INTERVIEWS |
Ludovic "Warvic" Van Lierde à
participé (entre autres) aux groupes WYVERN ATTACK et GUTTURAL parmi les plus
connus. Dans le but
de faire une page biographique sur le groupe WYVERN ATTACK, nous avons envoyé un
questionnaire au sus-nommé.
Les réponses ont été tellement détaillées avec
moults détails et visiblement avec passion, qu'il nous semblait intéressant de
la publier telle que. Interview réalisée
en Février 2014 par Lolo36 et
Duby |
LES ORIGINES
Quand WYVERN ATTACK est il né ? |
Si mes souvenirs sont bons, il me
semble que nous fument au complet en Juin 1985, quand le bassiste est venu
compléter la formation. Mais le groupe a dû commencer à se former dès 1984. Je
ne sais plus quand exactement. Ca devait être au printemps. Nous avions déjà un
répertoire de 10 titres avant que le bassiste n'arrive. |
Dans quelle région, quelle ville ? |
Nous sommes tous du Pas-de-Calais.
A nos début, nous répétions chez mon frère, dans une maison à Douvrin. Nous
habitions tous autour de Lens. Donc le groupe est lensois. |
Sous l’impulsion de quel(s)
membre(s) ? |
Kriss (mon frère, guitariste
soliste), âgé de trois ans et demi de plus que moi, et moi, Warvic (chanteur).
Je venais d’avoir 19 ans quand le groupe fut au complet. |
Comment le groupe est né ? Comment
les musiciens se sont rencontrés ? |
Nous sommes en 1983. A la base,
une connaissance de mon frère, un batteur bien plus âgé que moi, était dans le
groupe. Mais il parlait plus qu'il ne jouait. Grand décideur sans grandes idées.
A une certaine période, il avait convié un guitariste à venir répéter chez mon
frère. Nous avons fait quelques répètes ensemble, mais très vite, nous avons
cherché d'autres musiciens plus compétents, plus sérieux... Nous avons tout
d'abord trouvé le premier batteur, de trois ans plus jeune que moi, en 1984.
Olivier Lyoen à qui nous avons donné comme pseudo Olaf. Il avait 14 ans. Il
habitait Rouvroy (62). Nous allions le chercher chez lui chaque samedi. Ses
parents étaient à la fois complaisants et distants :-) ... Ensuite, est arrivé
l'autre guitariste soliste, suite à une annonce dans un journal local. Freddy
Huleux, de Lens. Un an de moins que moi presque jour pour jour. Pas un grand
compositeur mais un excellent soliste avec un fort potentiel d'assimilation.
Nous nous sommes entendus tout de suite. Pour nous épater, je suppose, il nous
avait fait le solo de "Seek and destroy" (Metallica), entre autres... Il cadrait
super bien avec nos projets originels, notre philosophie de l'époque déjà très
claire et nos convictions sur l’art de travailler le Heavy Metal... Nous n'avons
trouvé le bassiste que bien plus tard. Nous commencions d'ailleurs à désespérer
d'en trouver un mais je connaissais un musicien de mon village, Meurchin (62),
qui jouait avec lui et qui ne m'en avait dit que du bien, musicalement parlant.
Rudy Audant, un fan de Maiden et d'autres trucs très diversifiés qui faisait de
lui un être un peu disparate. Lorsque j’ai pu le rencontrer, je l’ai invité à
venir faire un essai avec nous. L'essai fut concluant, pour lui comme pour nous.
Le groupe était donc constitué... Rudy était à l’armé. Il n’a eu que 2 ou 3
répétitions pour apprendre les 10 titres de notre répertoire, ou pendant ses
permes, avant notre premier concert. Nous avons joué tous ensemble pendant
environ trois années consécutives, avant que le dernier arrivé ne reparte. |
Quel style de musique ? Pourquoi
avoir voulu faire ce style de musique ? Quelles influences ? |
Kriss, qui est à la base des tout
premiers morceaux, était parti sur un Heavy Metal tranché entre celui de la fin
des 70's et le début des 80's. Il était un grand fan de Judas Priest, ce qui se
ressentait dans les premiers riffs. Fan aussi d'AC/DC, ça se sentait beaucoup
moins. Tout au début, j'adhérais plus par envie de chanter que par conviction
absolue. J'avais 17 ans et je m'affirmais de mon côté. Vu ce que j'entreprenais
à la voix, de par mes influences personnelles, il allait de soit qu'il fallait
prendre un tournant plus "Heavy". Avec cette nouvelle formation, les titres de
Kriss ont progressivement été retouchés pour devenir plus "speed" pour les
uns, plus "power" pour les autres, plus "mélodiques" pour la majorité. Notre style
était né. Nous faisions un genre de Heavy Metal nerveux et généreux, axé
parfois sur le Speed Metal américain, le Heavy Metal à la NWOBHM, souvent avec
de bonnes touches médiévales et des intros ou des ponts enrichis de bonnes
ballades, toujours façon WYVERN ATTACK... Nous avons tout naturellement joué ce
style de musique parce que nous écoutions des groupes renommés que nous
adorions, qui nous
narguaient avec la leur, à leur manière. Nous voulions leur
ressembler, à notre façon. Ce n'était pas un choix, c'était une évidence, et il
nous semblait qu'il y avait encore beaucoup à faire avec notre personnalité. Les
influences de l'ensemble du groupe tournaient autour d'Iron Maiden
(principalement moi pour le chant et les compos que j'amenai), Metallica,
Helloween, Yngwie Malmsteen (surtout les gratteux, en particulier Kriss qui s'en
est inspiré par la suite pour la construction de certaines œuvres), Manowar
(dont je tentais parfois d'imiter le chanteur). Kriss était un grand fan de
groupes plus "lourds" comme Accept, Y&T, Krokus, Saxon puis, par la suite, une
évolution assez paradoxale vers Bon Jovi, par exemple... Avec Freddy, ils se sont
tournés davantage vers d'autres guitares héros, Marty Friedman et Jason Baker
que j'apprécie aussi beaucoup, sans oublier Steve Vai, Joe Satriani... Il y en a
tellement que nous avons tous apprécié. Olaf aimait beaucoup de groupes de Metal
mais était plutôt branché Twisted Sister, Mötley Crüe, WASP, Tokyo Blade... Des
groupes plus Glam... Rudy était un peu comme un singe qui passe d'arbre en arbre.
Pas du tout dans les principes plus modérés des autres membres du groupe, mais
nous respections son choix tant qu'il ne dépassait pas la mesure, si je puis
m'exprimer ainsi. Il pouvait un jour aimer Iron Maiden et le lendemain écouter
The Cure ou de la new wave. Ca a d'ailleurs fini par le déstabiliser dans son
intégrité au sein du groupe, par la suite... Nous aimions aussi Van Halen, Trust,
Deep Purple (essentiellement leur nouvel LP), Loudness, Scorpions et j'en oublie
malheureusement... En ce qui me concerne, j'aimais tous ces groupes mais avait une
large préférence pour ceux qui apportaient beaucoup d'émotion. Hormis ceux déjà
cités qui se trouvent dans cette catégorie, il y avait Kiss (en particulier
depuis leurs bonnes résolutions dès 1982)... Nous avions beaucoup d'affection pour
la plupart des nouvelles formations innovatrices dont nous pûmes avoir la
connaissance, pas de manière égales mais nous partagions aisément nos
sentiments... Comme beaucoup de fans de Metal de l'époque, nous avions adopté
l'énergie de certains, la mélodie des autres, la force, la puissance,
l'harmonie... Le cœur. C'est ce qui nous stimulait... La plupart du temps, nous
n'étions pas influencés directement par ce que nous écoutions, pour la structure
de nos compos. Quand c'était le cas, le reste du groupe imposait une telle
discipline sur le nouveau titre amené, souvent déjà bien structuré, que l'aspect
"ressemblance" s'évasait au bénéfice de notre personnalité. |
Pourquoi ce nom de WYVERN ATTACK ? |
Quand le groupe fut au complet,
j’eu l’idée du mot "Attack", car il caractérisait le défit que nous nous
donnions pour nos concerts, une guerre à la recherche de nouvelles conquêtes
dans le public, en quelque sorte. Ca restait évidemment dans un but théâtral,
spectaculaire. Freddy avait proposé le mot "Viper" pour le compléter. Un de
ses copains avait d'ailleurs dessiné l'ébauche d'une vipère, avant même que nous
donnions tous notre accord. Trois d'entre nous avaient adopté le nom. Kriss
était perplexe. Quant à moi, j'estimais la vipère comme trop sinueuse, rampante,
trop vicieuse, par rapport au tempérament plus franc, plus robuste, plus
médiéval du groupe. Il nous fallait une représentation qui tourne autour des
histoires que nous racontions dans nos chansons, souvent orientées heroïc
fantasy. Avant la répète qui suivit, j'avais fait une recherche sur tout ce qui
aurait pu aller avant le mot "Attack". Pour ne pas froisser Freddy qui avait
l'air très attaché à la vipère :-) j'avais écrit une série importante de
combinaisons dont certaines étaient risible, exprès, comme un certain "Fruits Attack, par exemple... J'avais bien-sûr déjà mon idée car, dans ma quête,
j'avais découvert un animal plus emblématique et plus noble que la vipère.

Quand
le mot "Wyvern", suivi de "Attack", est sorti de la liste, personne ne
savait de quoi il s'agissait mais ils trouvaient tous dores et déjà la
dénomination très persuasive. Je leur expliqua donc qu'il s'agissait d'un dragon
ailé, inscrit comme étant un symbole de la littérature anglo-saxonne. Un dragon
aux mille pouvoirs, de plus petite taille que le dragon habituel, mais beaucoup
plus offensif, plus agile, plus intelligent, avec une plus grande dextérité...
Toutes ces représentations s'associaient à merveille à nos bases rythmiques et à
l'énergie ressentie dans nos compos. Du fait du "Viper" qu'avait lâché Freddy,
lui et Rudy restèrent tout de mêmes sur cette base. Soit. J'étais déçu mais rien
n'était encore décidé puisque les autres préféraient "Wyvern"... Finalement,
c'est alors que nous devions remplir un questionnaire pour notre tout premier
concert que je pris la décision, encadré par Kriss, d'apposer le nom de "Wyvern
Attack" sur le dossier. Quand Freddy l'apprit, il semblait quelque peu
contrarié. Je sus un peu plus tard que Rudy et lui en avaient discuté dans un
train pour Lens et qu'ils m'avaient "maudit", en quelque sorte, d'avoir pris
cette décision seul :-) Je n'en étais pas particulièrement fier non plus, mais
il fallait absolument prendre une décision concrète et ne pas s'arrêter aux
seules souhaits personnels, mais bien penser à l'avenir du groupe et à son nom
qu'il trainerait partout... Et puis, le dernier vote démocratique comptais 3 pour
et 2 contre. De plus, considérant que c'était Kriss et moi-même qui nous
occupions du managing, cela faisait donc 3 bonnes raisons d'opter pour WYVERN
ATTACK :-) Si les décisions ne sont pas toujours faciles à prendre, pour éviter
les dissensions entre musiciens, le nom de WYVERN ATTACK a semblé raisonner
immédiatement dans l'esprit de nos fans, miraculeusement. Finalement au bout du
compte, il me semble que personne ne me l'a reproché par la suite, bien au
contraire puisque les fans les plus mordus ont rapidement utilisé le diminutif
du nom complet, c'est à dire "WYVERN", comme s'il avait s'agit d'un groupe
déjà existant depuis longtemps. Et au même titre que les diminutifs déjà
existants donnés aux MAIDEN et autres JUDAS, les "WYVERN" avaient le leur.
C'était très flatteur et nous étions assez fiers de faire partie de ce paysage
charismatique. |
Si des membres faisaient partie
auparavant d'autres groupes, desquels s'agissait-il ? |
Aucun n'était connu. Kriss (mon
frère) a joué avec de nombreux musiciens tous plus ou moins compétents mais
surtout pas assez sérieux pour faire émerger quoi que ce soit. Ni Olaf, ni
Freddy n'avaient joué en groupe avant notre rencontre. Rudy avait joué avec un
groupe de reprises, près de chez moi alors que je n'étais pas au courant, mais
rien de bien concret. En ce qui me concerne, à part quelques rares auditions
avec des musiciens pas très motivés, je n'ai jamais eu de formation digne de ce
nom avant de créer WYVERN ATTACK. Il faut rappeler que nous étions tous très
jeunes quand WYVERN ATTACK est né. C'est vraiment mon premier vrai groupe et
l'expérience fut extraordinairement concluante dès le départ. |
LE LINE UP
Celui des débuts bien sur. |
Olivier Lyoen (Olaf) : drums du
printemps 1984 à mi-1987.
Freddy Huleux : lead guitar & backing vocals du printemps 1984 à fin 1988.
Membre continu.
Rudy Audant : bass & backing vocals de mi-1985 à début 1987.
Kriss Van Lierde : lead guitar & backing vocals depuis 1984 à fin 1988. Membre
fondateur et continu.
Warvic Van Lierde : lead vocals depuis 1984 à fin 1988. Membre fondateur et
continu. |
Et ensuite les divers changements
(les raisons si possible) et les années (si possible). |
Rudy est parti le premier, en
Janvier 1987, après un gros concert à Calais. L'évidence de ses divergences
musicales et de leur disparité se faisait de plus en plus ressentir. Il avait
deux personnalités différentes. Un jour, il était gai et volontaire, le jour
d'après, il était susceptible et arrogant. Ceci étant, il n'a jamais triché avec
nous et a toujours respecté son contrat. Sur la fin, je me disputais souvent
avec lui. Je prenais peut-être les choses trop au sérieux alors qu'il sombrait
dans un laxisme mentalement mauvais pour le groupe...

Olaf démissionna avant l'été 1987. Du fait de son jeune âge, il était le
chouchou de la formation. C'était un peu le beau garçon du groupe :-) Mais il
commençait à se désintéresser de ses fonctions au sein de WYVERN ATTACK depuis
qu'il avait rencontré une fille très très très persuasive... Avant cet épisode,
son attirance pour la bagatelle nous avait mis parfois dans des situations délicates :-) Rudy avait le même penchant. Après n'être pas venu à une répète,
ce n'est que lorsque je l'appela au téléphone qu'il nous apprit qu'il ne
souhaitait plus faire partie du groupe. En lui arrachant les mots de la bouche,
je compris qu'il fuyait par les prétextes qu'il annonçait. Nous venions tout
juste de nous remettre à faire de la scène car, quand Rudy est parti, quelques
semaines se sont écoulées avant que je ne prenne la basse. Comme nous cherchions
un bassiste, en vain, l'idée m'est venue de complémenter mes fonctions de
chanteur en étant aussi instrumentiste. Ca n'était pas seulement un changement
de profil, c'était aussi une opportunité pour moi, sans que je le sache. En
effet, tout chanteur du groupe que j'étais, j'avais beaucoup de mal à faire
admettre mes créations et seuls les musiciens retouchaient aux titres qui
méritaient d'être améliorés. En devenant le bassiste attitré de WYVERN ATTACK,
je pouvais moi aussi m'investir en tant qu'arrangeur. Grâce à ce fait, j'ai
aisément pu retoucher plusieurs titres, avec l'aval des autres musiciens qui ne
voyaient plus qu'une évolution positive à ce nouvel élan qui apportait un visage
différent à certains morceaux, en particulier ceux du premier répertoire, qui
manquaient peut-être un peu d'envergure... Il est presque dommage que fin 1986,
nous eûmes décidé d'arrêter notre répertoire aux 20 œuvres que nous avions
créées. Nous composions encore chacun de notre côté mais nous souhaitions
enregistrer un ou deux albums avant de nous remettre à la répétition de
nouvelles œuvres... le seul problème à ma double fonction est que je n'étais
plus, du coup, le frontman que j'avais été en tant que "simple" chanteur. Cela
m'avait été reproché par des fans et des amis qui connaissaient bien le groupe,
estimant que ma présence scénique faisait partie intégrante du groupe et qu'en
étant chanteur/bassiste, il manquait aux Wyverns cette complicité que j'avais
instaurée avec le public...

Lorsque Olaf est parti, nous l'avons remplacé par un certain Fabrice Dubrulle.
Freddy et moi avions l'habitude de nous balader au gré du vent. J'entends par là
que lorsqu'un concert se produisait ou qu'on avait la connaissance qu'un groupe
de Metal répétait dans le secteur, on y faisait un saut, selon nos moyens, et
entrions facilement en contact avec le moindre protagoniste que nous
rencontrions. C'est ainsi qu'un jour du printemps 1987, peu de temps après que
nous eûmes entamé nos recherches pour un nouveau batteur, nous sommes allés faire
un tour à la MJC de Wingles (à 5 ou 6 kilomètres de mon domicile) car nous
avions entendu dire qu'un groupe de Metal y répétait. Nous avons été bien
accueillis par ce groupe dont le guitariste principal me connaissait sur deux
points : vis à vis du lycée et parce que WYVERN ATTACK ne lui était évidemment
pas inconnu. Fabrice était le batteur de ce groupe. Nous fûmes épatés par ses
capacités et son originalité à la batterie. Freddy et moi nous sommes regardés,
complices. Le groupe nous proposa de jouer un morceau. Je demanda à Fabrice de
rester à la batterie, prétextant que nous avions besoin de lui pour nous "aiguiller". Nous avons joué
"To tame a land" d'IRON MAIDEN, Freddy à la guitare
et moi à la basse et au chant... Au moment où les membres du groupe de cette MJC
allaient partir, il fallait descendre un escalier avant lequel Freddy et moi
avons intercepté Fabrice. Dans un premier temps, nous l'avons félicité pour sa
prestation, puis lui avons demandé s'il serait intéressé pour jouer avec WYVERN
ATTACK. Ce à quoi, Fabrice répondit qu'il s'ennuyait avec ce groupe (désolé
pour eux) et qu’il avait apprécié notre assurance sur la reprise de MAIDEN... Dès
la première répétition, Fabrice a amené quelque chose de nouveau aux titres. Des
syncopes qu'Olaf ne réalisait pas, entre autres choses.

Il donnait l'impression
de sauter de tom en tom, d'ajouter de l'énergie à nos titres, de compléter la
poésie de nos compos par des thèmes plus complexes, plus majestueux. Une finesse
qu'Olaf n'avait pas. A contrario, au départ, Fabrice a eu plus de mal à garder
le rythme que nous lui infligions jusqu'à ce qu'il s'y habitue, très rapidement.
C'est nous qui avions du mal à suivre par la suite :-) Toutefois, à la base,
avec la tenue de scène, secondaire mais importante, il n'était pas très enclin à
s'y soumettre mais est finalement vite entré dans le jeu...
En cette période, nous venions de connaitre de dures contraintes et étions
pressés de jouer. Nous n'avions pas fait beaucoup de concerts à cause de ces
changements de line-up, mais le mois de Juin qui allait suivre la nouvelle
constitution de notre groupe allait être généreuse en concerts...
En été 1988, j'ai décidé de laisser tomber la basse pour me concentrer à nouveau
uniquement sur le chant et, bien-sûr, mon rôle en tant que frontman. Nous avons
eu beaucoup de mal à trouver un bassiste jusqu'à la fin de l'été de cette année
là. Un certain Alain Acloque était au courant de notre recherche. Il venait
d'Amiens, une longue distance depuis la Somme, et avait apprit la nouvelle par
un fan que nous avions dans cette ville, où ils étaient nombreux à nous
apprécier. Lorsqu'il s’est présenté dans notre local, le grenier arrangé de
chez mes parents, nous nous sommes aperçus immédiatement qu'il était motivé. Il
savait tenir sa basse et travaillait ce qu'on lui demandait de répéter chez lui
pour la prochaine répète, en plus du fait qu'il venait de loin. Il fut donc le
septième membre à opérer dans WYVERN ATTACK. Cependant, son engagement ne tint
qu'à peine six mois puisque le groupe splitta fin 1988... |
Que sont devenus les membres par
la suite ? |
Bien des années après WYVERN
ATATCK, J'ai appris que Rudy avait fait un single de RAP en tant que chanteur,
pas très convaincant apparemment. Il a ensuite rejoint une formation de reprises
de tubes de chansons de variété, toujours en tant que chanteur, pour tourner. Il
est devenu intermittent du spectacle... Dans le souvenir de ses tristes
performances de choriste dans WYVERN ATTACK, j'ai peur à l'idée qu'il ait eu un
micro entre les mains :-) Je n'ai plus jamais eu de nouvelles d'Olaf. Il
comptait de toute façon arrêter la musique, si je m'en souviens bien... Kriss n'a
rien réitéré depuis WYVERN ATTACK. Avant de tout laisser tomber il m’avait fait
écouter 3 ou 4 titres à la fois bizarres, comiques, attrayants et surprenants.
Certains auraient pu être à la hauteur d’un nouveau répertoire pour WYVERN
ATTACK, avec une évolution perceptible... Freddy a eu une période où il s'est
cherché un peu, me semble-t-il, en jouant avec d'autres musiciens, dans les
années 90. Depuis plusieurs années, il répète de temps à autres avec un groupe
dans l'Aisne. Ils jouent à la fois des compos et des reprises. Ils ne font pas
de concerts car Freddy ne veut plus en faire, "par timidité" m'a-t'il déclaré
:-) ... En 2002, il a accepté de venir en tant que "guest" pour l'enregistrement
des solo sur les titres de mon second album studio "Set swords to music", en
souvenir du bon vieux temps. Kriss avait refusé, dommage. En 2003, Freddy a bien
voulu réitérer l'expérience pour le premier titre figurant sur mon troisième
album "Cross words with us". C'est le seul membre avec qui j'ai encore des
contacts... Je ne me souviens plus exactement de ce que faisait Fabrice juste
après 1992, mais nous avions un projet de former un groupe qui n'a jamais abouti.
Il a participé à quelques formations issues de Saint-Etienne, ville près de
laquelle il vit depuis 1989. Je l'ai revu peu de fois quand j'étais en Région
Parisienne, mais ai essayé de former quelque chose de concret avec lui entre 2009
et 2010, lorsque je suis arrivé dans le Cantal, plus proche de chez lui. Mais
sans résultat. Il a continué dans le Metal mais a aussi apparemment fait parti
d'un groupe de Rock plus standard...

Alain m'a suivi dans mes aventures pendant quelques temps en R.P. où il s'était
installé chez le guitariste avec qui je jouai à l'époque et qui habitait à
Nation (Paris). Il a fini par disparaitre, repartir à Amiens après quelques
coups de gueules, et réapparaitre. En 2001, je lui ai fait appel pour renouer
avec lui et former GUTTURAL. Je ne sais pourquoi j'ai fait cette erreur
puisqu'au final j'ai dû le virer tant il était instable et belliqueux. Il se
disputait sans cesse avec le batteur qu'il avait amené avec lui. Je n'avais pas
eu de ses nouvelles entre environ 1995 et 2000. Après cet épisode, il a
totalement disparu de la circulation... En ce qui me concerne, après avoir tenté
de reformer WYVERN ATTACK, entre 1989 à 1992, alors que j'avais emménagé en
Région Parisienne pour des raisons d'emploi, j'ai fini par abandonner l'idée car
j'étais le seul à être motivé par la perspective de cette recomposition, avec
les derniers membres d'avant la séparation. Dans un même temps, je jouais avec
quelques musiciens de Metal sur Paris afin de former un nouveau groupe dans
lequel j'étais à la fois chanteur et guitariste, mais aussi auteur/compositeur,
ou dans des formations en quête d'un chanteur non musicien, en parallèle au
WYVERN ATTACK nouveau pour qui les répètes étaient assez rares... De 1989 à 1998,
je ne pourrais donner avec exactitude le nombre de groupes dans lesquels j'ai
auditionné en région parisienne, tellement ils sont nombreux, ainsi qu'en
Normandie, dans la Marne et dans le Loiret. Tant que j'en avais l'énergie, je
répondais aux annonces des groupes qui cherchaient un chanteur et me déplaçais
sans problème sur de grandes distances. Parfois, je m'impliquais le temps d'une
répète ou deux et ne restais pas, faute d'enthousiasme des groupes, mais
surtout, à cause des compos rébarbatives qui constituaient leurs répertoires... A
contrario, j'ai fait d'excellentes rencontres avec des musiciens plus
expérimentés, très cordiaux et très chaleureux, avec qui je n'ai eu que de bons
échanges, assez éphémères malheureusement. Il faut dire que la plupart étaient
des étrangers qui durent repartirent dans leurs pays (Etats Unis, Europe de
l’Est)... Ceci étant, dans la majorité des cas, je devais m'atteler au répertoire
pas toujours subtil d'autres formations... Ce petit jeu des chaises musicales a
duré jusqu'à ce que je décide d'enregistrer mon premier album solo. Depuis
WYVERN, j'avais emmagasiné une bonne vingtaine de chansons plus ou moins prêtes
à paraître sur un album. Un petit nombre d'entre elles devaient d'ailleurs
figurer au répertoire des Wyverns, sur la fin, mais n'ont jamais été
approfondies avec eux... J'ai enregistré cet album dans le studio d'Alexis
Phélipot (ex-batteur de Misanthrope), en 1999. Je l'ai intitulé "Heaven host"...
J'y joue tous les instruments et le chant à l'exception de la batterie et des
solo de guitares, interprétés par Alexis qui a adhéré à mon style de musique.
Faute d'argent, cet album n'a pas vu le jour à la vente, car il n'a que 6
titres, mais il a représenté un excellent passeport pour la suite des
évènements... J'eu la bonne surprise d'en lire de formidables chroniques dans des
fanzines ainsi que dans le Hard’N’Heavy du mois de Mai 2000... Après m'être mis à
l'écriture d'un nouveau répertoire, conceptuel celui-ci, j'ai pu enregistrer mon
deuxième CD studio, sous le nom de GUTTURAL. Le groupe avait commencé à prendre
forme en 2001 mais ne dura pas un an. Ca devait donc être un projet de groupe
dans lequel j'étais chanteur/guitariste mais il se transforma en second album
solo. Sauf que celui-ci comporte 11 titres et fait 62 minutes.

Cet album est
intitulé "Set swords to music" et a été enregistré en deux sessions, entre
2002 et 2003. Il est sorti mondialement en Octobre 2003. A la différence de mon
premier album "Heaven host", les titres de celui-ci sont plus dans une lignée
Power Metal Prog. Puis est venue l'heure de la promo mais, sans groupe, pas de
concert. Par contre, beaucoup d'interviews radio et journalistiques ainsi que
des chroniques louant unanimement "Set swords to music"... Pour finir, j'eu la
commande d'un troisième album de la part d'un label italien, avant la sortie du
deuxième qui se faisait attendre. D'un commun accord, nous avons décidé de
reprendre tous les titres de mon premier album solo, pour lequel je devais
ajouter un bon quart d'heure de musique afin qu'il soit vendable. Pour ce faire,
j'ai terminé une œuvre de Thrash Heavy Prog de 16'43mn, que j'avais commencé à
imaginer avant l'enregistrement de l'album précédent. Ce titre d’un genre inédit
dans mon répertoire a aussi été enregistré sous le nom de GUTTURAL, mais est en
fait un produit WARVIC, car j'en suis encore une fois l'interprète principal
pour
la majorité des instruments, mis à part la batterie et les solo.

Il est sorti
mondialement en 2004. Le label responsable de sa production ne m'en donna jamais
de nouvelles. Les seules que je pu avoir m'arrivèrent par le net, en
particuliers de pays étrangers... En 2004, GUTTURAL vit un nouveau membre,
guitariste, le rejoindre. Je le connaissais depuis plusieurs années, avais joué
avec au milieu des 90's et avais enregistré une demo avec lui en 1998. Depuis
2006, GUTTURAL n'existe plus mais Warvic poursuit sa route. En Septembre/Octobre
2011, j’ai écrit et produit un clip vidéo de la ballade "Forgive you again",
figurant sur l’album "Set swords to music"... Aujourd’hui, je continue à
composer de différentes manières et suis sur un projet de clip vidéo concernant
un titre de mon premier album solo... |
LES CONCERTS
Où le groupe a-t-il joué ? |
Nous nous sommes concentrés
essentiellement dans les régions Nord et Picardie, à l’évidence de nos pauvres
moyens qui ne nous permettaient pas de nous octroyer les frais inhérents aux
charges des concerts qui se déroulaient dans des régions lointaines. Le Nord
possède une vaste densité de population et les hardeux étaient nombreux à
l’appel, dans les 80’s. C’est sûrement la raison pour laquelle nous avons pu
nous produire aussi souvent dans cette partie du pays... Nous avons rencontré
beaucoup de difficultés pour jouer en Belgique. Je ne sais pourquoi mais c'est
dommage parce que les organisateurs paient bien plus qu’en France et le public
répond aussi bien. Peu d'opportunité en hiver mais des périodes plus propices
que d'autres, comme le printemps et la fin de l'été où les festivals étaient
légion... Sur 4 ans, nous avons fait une cinquantaine de concerts. |
Y’a-t-il eu des concerts marquants ? |
Ma foi, oui. A commencer par le
premier qui nous a propulsé sur les 2 suivants, et ainsi de suite. C'était le 2
Septembre 1985, à la braderie de Lille, sur le podium de l’association "Melinit" devant l'église du Parvis Saint Maurice. Non seulement nous n'étions pas
encore connus, mais des centaines de kids étaient présents. Faut dire que nos
copines et nous étions tous partis, chacun de son côté, dans les rues de cette
braderie gigantesque pour faire notre pub auprès des metalleux que nous
rencontrions. Au vu du nombre de personnes qui attendaient devant le podium, le
bouche à oreille avait fait effet boule de neige... Le concert s'est déroulé sous
une nuée de regards intenses. Au départ, je n'osais pas leur parler mais ai
vite communiqué avec eux, de manière concise, timidement mais sûrement. Les
morceaux se sont enchainés les uns après les autres et se terminaient sous les
cris et les applaudissements. Des personnes de tout bord s'entassaient derrière
le public des jeunes avisés. J'appris plus tard que des gens pensaient que nous
étions anglais... Une anecdote : pendant que nous jouions, la foule a levé les
yeux vers le toit du Parvis puis le ciel. Les portes de l’église s’étaient ouvertes
juste derrière nous et des colombes venaient de s'envoler du haut de l'édifice
juste au dessus de nos têtes. Ca n'aurait pas eu de sens si ça ne s'était pas
déroulé durant un morceau qui s'intitule "Daemon", un titre sur la naissance du
mal et de son rejet par Dieu... Il y a de quoi se poser des questions, non ? :-)

Formidable show avec un soutien digne d'un groupe qui aurait déjà son fan club.
In-croy-able... A la fin du concert, parmi une cinquantaine de headbangers
rassemblés autour des marches installées sur le côté droit du podium, alors que
j'allais les descendre, je me suis
senti soulevé par une multitude de mains sans
que je m’en rende compte. Je n'avais pas atteint la première marche que je me
suis retrouvé face au ciel, attrapé de tout mon long, par les jambes, le corps
et les bras en croix. Une fois les pieds reposés délicatement sur le sol, je me
suis aperçu que l'on m'avait mis une bouteille de Jeanlain (bière du Nord) dans
chaque main. Emouvant, magique :-) J’étais vraiment sur une autre planète :-)
Les autres musiciens de WYVERN ATTACK étaient complètement ébahis. Ces types,
avec qui nous venions tout juste de faire connaissance, sont devenus nos fans,
le temps d'un concert qui a duré entre 30 et 45 minutes. Quand le calme est
revenu, l'organisateur est venu nous féliciter pour notre prestation et nous a
offert l'occasion de nous produire pour un autre concert, dans une salle à Fives
(banlieue lilloise), prévu pour le printemps d’après, en 1986... Le chanteur d'un
groupe d'Amiens nommé FORCEPS, qui avait joué juste avant nous, avait prévu
d’organiser un festival dans la salle Gérard Philippe de sa ville. Avec autant
d'ardeur, il est venu nous proposer de faire sa première partie après 5 ou 6
groupes qui avaient pourtant déjà leurs réputations, estimant que le jeune
public de là bas serait emballé par notre musique. Il avait attendu notre
prestation avant de se prononcer :-) Ce festival était prévu pour le mois
d'après. j’en reparlerai tout à l’heure... Notre prestation de Lille nous permis
aussi d'avoir un encart plutôt flatteur dans un journal qui nous ouvrit les
portes plus facilement pour le festival en plein air du 15 Septembre à Avion (Pas-de-Calais),
14 jours plus tard. Le public était moyennement nombreux, à cause du temps
maussade je suppose, mais nous avons été filmés par un membre de la famille.
L'image de la vidéo n'est pas mal du tout, pour un caméscope de l'époque, mais
le son est irrécupérable... J'en ferais peut-être quelque chose, un jour... Ce fut
donc en cette fin d'année 1985 que nous fîmes notre 3ème concert, à Amiens, pour
le fameux festival dont nous avions rencontré l'organisateur/chanteur à Lille.
Pour le peu, un fan de Metal amiénois que j'avais eu l'occasion de rencontrer
chez un gros disquaire de Lille, avait parlé de WYVERN ATTACK à Amiens... Il est
vrai que pendant notre show, les types de la sono n’ont pas assuré, mais le
public était bien présent et déchainé. Ca se passait dans un amphithéâtre, donc
un peu complexe pour l’acoustique. De là où je chantais, je me souviens avoir
vu des types voler. Une jambe par-ci, une jambe par-là. Certains ont même cassé
des strapontins. J'en ai eu la confirmation en voyant des photos, qui ne
m'appartiennent malheureusement pas, sur lesquelles, en plus, de nouveaux fans
étaient pèles-mêles... C'était démesuré mais j'étais comblé par leur accueil "fracassant" :-) L'organisateur avait fait disposer une scène à la Maiden (deux
estrades immenses de chaque côté du batteur, lui-même sur une estrade centrale).
Personne ne l'avait utilisé. J'aime autant vous dire que nous, les Wyverns,
avons profité de l'occasion pour l'amortir :-) Pour finir, lorsque le groupe
principal (FORCEPS) était en train de jouer, il y avait un silence de mort dans
le public, à l’exception des rappels pour "WYVERN ATTACK" que nous entendions
depuis la loge, en backstage. Nous n'en revenions pas mais, malgré notre gêne
pour les mecs de FORCEPS qui nous avaient non seulement invité, mais qui étaient
censés être le groupe vedette d'Amiens, j’avoue que nous y avons pris plaisir...
J'ai revu le chanteur de cette formation quelques mois plus tard. Il m'a
expliqué que le groupe s’était séparé quelques jours après le festival et qu'il
en avait formé un autre sous le nom de WHY NOT... Jusque là, j'avoue moi-même que
ça paraît gros, improbable, mais c'est pourtant de cette manière que nous avons
démarré et que le public nous a adopté...

1986 fut généreux en concerts. Nous venions d'investir dans notre propre sono.
Ca nous permettait d'organiser nous-même des concerts quand les associations ou
les salles n'en possédaient pas. Ce n'est pas pour autant que nous avons pu
tourner comme un groupe pro, mais ça nous a ouvert des portes. Evidemment, nous
manquions d'expérience et le premier de cette année là ne fut pas convaincant.
C'était au mois de Février, à la MJC d’Arras où nous n’avons eu comme seul
public, que nos parents respectifs et quelques copains. Nous avions omis une chose
importante : c'était le jour de l'Enduro du Touquet (sur la côte d'opale, dans
le Pas-de-Calais), si réputé. Les motards et la majorité des hardeux s’étaient
bien-évidemment donnés rendez-vous sur les plages du Touquet. Ca nous était
pénible de ne voir personne arriver derrière le rideau, alors que nous avions si
bien commencé. Nous avons quand-même fait le show au complet comme si nous
avions joué devant un large public. Ca nous aura au moins permis d'essayer la
sono grandeur nature... Nous avons réitéré notre passage à Arras en organisant un
festival pour le mois d'après. Nous avions invité 5 groupes allant du Hard-Rock
au Punk, en passant par le Heavy Metal, histoire d'attirer un maximum de
personnes. Notre pub était le bouche à oreille et les affiches que nous posions
un peu partout aux alentours... Nous n'avons pas eu grand monde, malgré notre
persévérance. Nous en avons conclus qu'Arras nous portait la poisse :-) Entre
temps, nous sommes retournés à Amiens, seuls cette fois, où un peu plus de monde
que lors du festival nous attendait de pied ferme. C'était en Mars. Je regrette
le son que nous avons fait subir à notre public et nos oreilles, mais il faut
avouer que jouer du Metal dans un amphithéâtre est un vrai challenge... Quoi qu'il
en soit, l'hystérie a été à peu près identique que lors de notre passage
précédent. Deux anecdotes pour ce soir là : En 86, je n’étais pas bien costaud.
Lorsque j’ai essayé de porter Kriss sur mes frêles épaules, il était de travers
et m’a entrainé avec lui par terre. Heureusement, ça s’est passé très
rapidement. L’autre anecdote est que Freddy a cassé une corde en plein milieu
d’un morceau, comme ça arrive à beaucoup de musiciens, sauf que lui s’est payé
le luxe de faire un solo de guitare improvisé sur le refrain, en remplacement de
la rythmique qu’il ne pouvait plus assurer à cause de la corde manquante. Je ne
m’en était pas rendu compte... A la répétition qui suivie, en écoutant ensemble la
K7 enregistrée sur un magnétophone de salon, malgré le mauvais son qu’on avait
eu, j’ai entendu son solo que j’ai trouvé très approprié au chant. Belle
improvisation... Le même mois, dans une salle de Fives, concert organisé par
l'association Melinit qui nous avait fait joué devant le Parvis (à Lille), nous
étions déjà en terrain conquis devant ce public plus calme qu'à Amiens, mais tout
aussi fidèle, même s'il fut à l'évidence moins nombreux qu'à la braderie...
Ensuite, nous avons fait plusieurs concerts avec plus ou moins de monde et plus
ou moins d'émotions... Le 1er Mai 86 fut mémorable. Il s’agissait d’un festival en
plein air pour la fête de l’Humanité, à Grenay. On se produisait là où il était
possible, sans étiquette politique. Il faisait un temps splendide et le public,
de toute origine musicale, était venu nombreux pour venir voir entre autres
Catherine Lara et Little Bob Story. Comme dans tous les autres festivals de ce
genre dans lesquels nous avions l’opportunité de jouer, il y avait plusieurs
podiums et les groupes jouaient les uns après les autres. Nous avons joué une
demi heure, temps imparti à chaque groupe, en début d’après-midi sous un soleil
radieux. Je possède une grande quantité de photos de cette journée magnifique.
 FR3 était sur place. Après quelques titres, un caméraman est monté sur scène
pour filmer nos chorégraphies. Impressionnant, quand c’est la première fois et
qu’on ne s’y attend pas. La réponse du public a été unanime et immédiate.
C’était d’autant plus extraordinaire que ça n’était pas gagné vis à vis d’un
grand nombre de personnes complètement novices à notre style de musique. Mais
ils s’étaient volontairement confondus parmi les hardeux plus avertis. Mine de
rien, en pleine après-midi, le temps de se balader après le show, de discuter
avec les uns et les autres, nous avions à nouveau un public le soir venu pour un
show d’une heure complètement imprévue, mais qu’ils avaient eux-mêmes réclamé.
Après en avoir demandé l’autorisation aux gars de la sono qui paraissaient ravi
de cette perspective, nous avons proposé à ATROCE de jouer avant nous. Au bout
d’un moment, nous commencions à regretter de leur avoir fait cette proposition.
Je me souviens que les mecs de ce groupe répétaient les mêmes titres les uns
après les autres. Ca devenait sérieusement long et rébarbatif et le public, venu
nombreux, commençait à se disperser. Le chanteur n’avait plus de voix, ils
étaient bien éméchés, et nous, nous attendions notre tour qui était déjà passé.
Nous sommes donc allés sur la scène pour les inviter, gentiment mais fermement, à
nous céder la place :-) Après les premières notes d’un concert qui a duré de
22H00 à 23H00, une chose assez surprenante s’est produite : les personnes qui
s’étaient dispersées juste avant ont soudain surgit de toute part pour ne reformer
qu’un massif et sympathique publique. Anecdote : C’était le jour du passage du
nuage de Tchernobyl que les pouvoirs publics socialistes de l’époque nous
avaient délibérément caché... Nous avons aussi joué en boite, comme à "La Tune"
de Flines-Les-Raches et à "La Capsule" de Villeneuve d’Ascq. Pour cette
dernière, il s’agissait d’un concours. Trois groupes étaient invités. Un groupe
de Blues/Variété, un groupe de New Wave et un groupe de Metal (nous). Un autre
monde, dans une boite fréquentée uniquement de gens guindés. Il était couru
d’avance que nous arriverions bons derniers mais le but n’était pas de gagner ce
concours. Toutefois, j’eu l’agréable surprise d’obtenir le prix d’excellence
pour ma prestation vocale et ma demande de participation auprès du public. Ce
n’était pas cool pour les autres membres de WYVERN ATTACK mais ils l’ont bien
prix. Notre but était en fait de montrer à un publique inhabituel, non incité
par les fans déchainés, de quoi était capable un groupe de Metal comme le nôtre...

Nous avons aussi joué pour des manifestants. Ca, c’était une idée de Kriss que
nous n’avons pas renouvelée. Nous n’y avons pas pris notre pied parce que nous
sommes un groupe de scène, pas un groupe de revendications politiques. Nous nous
sommes sentis un peu à l’écart quand nous jouions. C’est normal, les
manifestants n’étaient pas venu nous voir, ils étaient venus pour manifester, même
si quelques uns ont apprécié le show... A Croix, le jour de la fête de la musique,
nous sommes passés sur un splendide podium devant à peine 10 personnes.
L’ingénieur du son regardais le match sur une petite télé pendant que nous
faisions la prise de son. J'avais envie de lui casser la gueule pour son manque
de respect. Nous avons quand-même joué notre demi-heure prévue avec notre
intensité habituelle, exclusivement parce que nous étions filmés par une caméra
de la télévision, ce qui nous engageait davantage pour le show... Le concert que
nous fîmes trois semaines après celui de Croix fut organisé par nous-mêmes dans le
village où nous répétions, à la salle des fêtes avec notre matos. Nous avons
ouverts le bal en organisant une soirée spéciale Metal où nous servions à la
fois de DJ et de barmen. Ca nous permettait d'avoir des relations plus intimes
et plus longues avec les fans et des novices du village ou des alentours, qui
nous connaissaient de vue et qui étaient venus par curiosité. Un membre de la
belle-famille de Kriss, qui nous suivait régulièrement, nous filma ce soir là.
En comparaison avec la première vidéo, plus courte, faite à Avions, on ressent
franchement une évolution à la fois dans l'assurance de nos fonctions
respectives mais aussi dans nos nouvelles compos et notre jeu de scène, ainsi
que la complicité d'avec le public sur un show de plus d'une heure et demie.
Dommage que le son ne soit pas claire et que l'image soit un peu sombre mais la
bande est plus intéressante que celle d’avant. Nous étions en grande forme et ça
se sent sur la vidéo. Ceci étant, nous étions souvent en forme quand nous
passions sur scène, même si nous étions crevés la minute d’avant :-) J’en
retiens particulièrement l’intimité de nos rapports avec ce public, du fait de
la proximité que nous avions entretenue tout au long de la soirée. De plus, nous
inaugurions un nouveau show avec de nouveaux titres, de nouveaux costumes...

Nous
sommes repassés à Amiens. Sans commentaires puisque nous étions en terrain
conquis. Nous avons joué à 2 reprises dans la salle des fêtes de Wingles,
village proche d’où nous répétions. Bizarrement, le public à Wingles a été
différent les deux fois. Peut-être est-ce le fait qu’à notre deuxième passage un
gang très réputé dans notre région s’était déplacé pour venir nous voir et que
beaucoup craignaient qu’il n’y ait de la casse. Dans le doute, nous avions
demandé à deux amis de faire le service d’ordre, gentiment. C’était un peu
stupide quand on sait que ces types étaient une cinquantaine :-) Tout compte
fait, le concert s’est super bien déroulé. J’avais une telle pression que
lorsque le rideau s’est ouvert j’ai cassé mon micro par terre, avec une violence
inouïe, parce que je ne m’entendais pas chanter. Ces types ont du me prendre
pour un fou :-) C’est peut-être la raison pour laquelle ils sont restés contre
les murs tout au long du show :-) Blague à part, je ne crois pas en cette
hypothèse. Triste anecdote : Le matin même, Kriss nous appris le décès de son
premier né. Il revenait de la maternité et le bébé était mort-né. Les autres
membres n’étaient pas encore présents lorsque je le sus. Par compassion, au nom
du groupe entier, je lui proposa de renoncer au concert du soir. Il me confia
qu’il voulait jouer, que la vie continuait... Je ne sais pas s’il faut en retenir
une leçon, mais je sais que si la même chose m’était arrivée j’aurais été si
effondré qu’il m’aurait été impossible de chanter... En 1987, l’année a été plus
difficile car il y a eu notre premier changement de line-up, en début d’année...
Nous avons décidé de nous tourner vers d’autres horizons afin de faire découvrir
notre musique à un nouveau public, au travers d’autres villes... et ce n’est pas
ce qui manque dans le nord de la France. Nous nous sommes tout d’abord produits
à Calais, le 17 Janvier, à "La Maison Pour Tous". Notre dernier concert avec
Rudy (bassiste). Nous n’avions pas encore eu de contact sur la côte et,
franchement, nous ne le regrettâmes pas. Le public de Calais n’avait rien à
envier à celui d’Amiens. Sans aucune publicité, ils étaient venus aussi nombreux
que dans la capitale de la Somme. Nous nous étions liés d’amitié avec un groupe
de Pop/New Wave de là bas, PUNK FLUID. La route était longue pour y aller et
revenir, mais le jeu en valait la chandelle. Avec PUNK FLUID, nous avons
rapidement échangés. Après la première date à Calais, nous les avons invité à
Lens pour un concert que nous avions organisé. Ils nous ont réinvité à Calais
l’année d’après et entre temps nous les avons fait venir pour un festival. Et
ainsi de suite pour quelques concerts où nous pouvions avoir une influence sur
l’organisation. Ca a été le cas aussi avec WHY NOT que nous avions réinvité pour
notre deuxième show à la braderie de Lille, en retour de leur invitation au
festival d’Amiens en 85...

Après le départ de Rudy, nous avons cherché pendant 2
ou 3 mois un bassiste pouvant le remplacer. Entre autres personnes qui nous
semblaient pouvoir faire l’affaire, il y avait l’ex-bassiste d’IRON BIRD (qui
venait de splitter) avec qui j’avais déjà eu quelques contacts. Je crois me
souvenir qu’il ne se sentait pas capable de jouer avec WYVERN ATTACK... Comme nous
ne parvenions pas à trouver un bassiste, je me suis décidé de prendre cette
place, comme je l’ai déjà expliqué précédemment.
C’est ainsi que nous avons pu redémarrer une autre session de concerts, en
commençant par les 24 heures du Campus de Villeneuve d’Ascq, le 27 Mai. Le
dernier concert avec Olaf... Dans ce Campus immense, des jeunes fougueux se
pressaient de partout. Le lieu et l’atmosphère avaient pris des airs d’innocence.
Faut dire que ça représente aussi avec la mentalité de l’époque... Quand nous
avons trouvé notre podium, après avoir tourné et tourné, nous n’avons
malheureusement pas pu jouer plus de 20 minutes puisque nous avons eu une panne
d’électricité... J’ouvre une parenthèse ici puisque la chose est assez équivoque.
En effet, ce genre d’incident nous arrivait de plus en plus fréquemment. Ca nous
est aussi arrivé en 1988, alors que nous jouions à la braderie de Lille sur un
podium où il n’était pas prévu que nous nous produisions. En insistant auprès
des organisateurs sur place, ils nous trouvèrent un créneau entre deux groupes,
en faisant la grimace. Nous sommes passés juste avant SHINE. Tout s’était jusque
là normalement passé et quand nous sommes montés sur scène, à peine le
deuxième titre entamé et la sono est tombée en panne. Malgré que le micro ne
fonctionnait plus, j’accusais les ingénieurs du son de favoritisme et attisais
le public en rage pour que les responsables fassent revenir le son. Si je n’ai
pas été insultant, certains dans le public ne se sont pas gênés pour exprimer
leur sentiment d’injustice. Bizarrement, lorsque nous sommes redescendus de
scène, la machine est repartie pour le groupe SHINE, comme si rien ne s’était
passé. Peu après le mini show, un membre de ma famille qui était sur place
nous a fait part qu’un homme en costume avait discuté avec les types de la sono
juste avant que nous n’ayons plus de son.

Je ne voudrais pas qu’on prenne les
membres de WYVERN ATTACK pour des paranos mais ce n’était pas la première fois,
ni la dernière, que nous fument les seuls à payer de notre show les pannes
hypothétiques d’un système électrique, pourtant adapté à la situation, ou d’une
sono qui n’avait pas plus de raison de tomber en panne à notre passage qu’à
celui du groupe précédent ou celui d’après. C’est une certitude, puisque nous
étions continuellement accompagnés par un pro de l’électricité qui était notre
sonorisateur, en personne. Kriss était aussi calé dans le genre... Les autres
groupes parmi lesquels nous avons pu être programmés ne subissaient pas ce genre
de sarcasmes, lorsqu’il s’agissait de festivals non organisés par nous même. De
plus, il devenait de plus en plus difficile de nous produire dans les festivals
de la métropole lilloise. Nos candidatures étaient refusés sans discernement,
sans ménagement, comme si nous étions évasés par je ne sais qui, je ne sais
quoi... Un jour, sur la fin de WYVERN ATTACK où nous commencions à fatiguer de ces
enchaînements "malencontreux", j’appris de source que je ne dévoilerai pas,
qu’un membre des RG (Renseignements Généraux) avait laissé entendre que WYVERN
ATTACK était pisté, sans en dire plus pour des raisons de secret professionnel...
Il faut avouer qu’il en avait déjà trop dit... Mais qu’est ce que pouvait bien
craindre l’Etat, ou la Région, d’un groupe comme WYVERN ATTACK qui n’avait ni
étiquette politique ni revendication en la matière ? A moins que la question ne
soit plus d’ordre "public", sans mauvais jeu de mot, que politique ? Cette
polémique reste une énigme... Hormis ces désagréments assez effroyables, pour en
revenir à la braderie de Lille, nous avions pu interpréter notre répertoire d’une
manière bien plus magistrale l’année précédente, dans une rue bien plus vaste
que celle où nous avons été freinés sur le vif. Car s’il me semblait que le
deuxième concert à la braderie ne pouvait pas être plus important que le premier
qui nous avait propulsé, je me trompais. D’abord, nous étions les organisateurs
de ce festival avec l’assurance d’une association qui s’appelait l’A.M.R.P. Une
asso en marge de l’ARC qui était plus puissante et qui avait sous sa tutelle la
majorité des gros groupes de Metal de la région comme LOUDBLAST, KU BLAI KAHN
et d’autres que j’ai oublié...

La préparation de ce festival gigantesque a été
longue. Nous dûment arriver la veille pour monter notre sono sur une scène assez
conséquente pour notre pauvre matériel de sonorisation et de lights. Toutefois,
je crois me souvenir que nous avions eu l’occasion de booster notre sono grâce à
la location d’autres éléments payés par l’A.M.R.P., comme des retours de scène
par exemple... Kriss était resté dans la camionnette toute la nuit pour surveiller
le matos. Pour le jour J, nous avions invité plusieurs groupes, dont ceux avec
qui nous échangions de temps à autres des dates, et avons fait une balance
sérieuse devant les quelques bradeux qui se bousculaient sans trop prêter
attention à nous, mis à part un petit nombre de hardeux déjà sur place. Le soir
venu, comme à notre habitude, nous avons été faire notre pub dans la
braderie même directement à la source du podium de l’ARC où se
tassaient déjà un petit nombre de kids... Ce soir là, nous avons fait l’ouverture
(de 18H30 à 19H30) et la fermeture (de 2H00 à 3H30 du matin). Je me souviens de
ce show comme d’un tsunami qui nous arrivait dessus. Dès le premier titre se
sont entassés des fans de Metal, mais pas tout de suite contre l’estrade. La rue
dans laquelle nous jouions est une sorte d’esplanade composée d’un parking
gigantesque au milieu de deux routes principales, au centre de Lille. Les gens
qui se pressaient à l’arrière de notre public "classique", pour chiner, se
sont très vite arrêtés pour regarder le show. Je me rappelle qu’en chantant, je
voyais avec les yeux écarquillés cet afflux de monde qui me faisait penser à
une grappe de raisin titanesque, prenant de l’ampleur pendant quasiment les
trois premiers titres, avec des vagues qui poussaient plus ou moins d’un côté et
de l’autre, selon les endroits. Je n’en voyait presque pas le bout. Dans un élan
d’euphorie, je m’étais même retourné vers les musiciens du groupe avec
l’exclamation d’un enfant qui aurait trouvé un nouveau jouet :-) Je me souviens
de leurs regards à la fois stupéfaits et satisfaits à la vue de ce monde qui
nous gratifiait. Je ne pouvais bien entendu pas les compter mais un responsable
nous appris plus tard qu’environ 10000 personnes avaient pris possession de cet
endroit au moment même ou nous jouions. Une chose est sûre, c’est qu’ils étaient
cent fois plus nombreux qu’au tout premier show que nous avions fait quelques
rues plus loin, l’année précédente... Anecdote 1 : Nous avions autour de 20 ans à
l’époque et des gens d’une cinquantaine d’années sont venus nous voir au bord de
notre vieille camionnette, après notre premier show. Ils ne connaissaient pas le
style de musique que nous faisions mais souhaitaient nous féliciter pour notre
prestation et nous remercier pour la gaieté que nous venions de leur apporter.
Anecdote 2 : WHY NOT, le groupe d’Amiens dont le chanteur nous avait réclamé
notre première demo, avait joué une ballade ressemblant fortement à la nôtre,
quasiment note pour note. Pompage ou coïncidence ? ;-) J’avoue avoir trouvé ça à
la fois mesquin et flatteur mais quelle maladresse de l’avoir joué devant nous,
sur notre podium et notre sono, sous le couvert de notre invitation. D’ailleurs,
je me souviens avoir observé à la mine embarrassé d’un des guitariste qu’il
venait de s’apercevoir de leur erreur :-)

Pour en revenir à l’année 1987, le mois de Juin fut particulièrement animé mais
pas pour autant qualitatif. Nous avions un concert chaque samedi, parfois même
en semaine, et avons pu jouer dans des endroits où nous n’avions pas encore mis
les pieds. L’organisation de ces concerts était approximative. Ceci dit,
c’était mes débuts à la basse et, sans le savoir, nous nous préparions à quelque
chose de plus gros... Il me semble que c’est en Juillet, nous avons joué lors d’un
festival en plein air, je ne sais plus où. En tout cas, c’était un samedi. Du Metal rien que du Metal... Alors que nous avions déjà fait parler de nous de
manière plutôt positive, le responsable des groupes voulait nous faire passer en
premier, en tout début d’après-midi. Nous en avions marre d’avoir à devoir faire
l’ouverture entre 13H00 et 16H00, tout ça parce que d’autres groupes avaient de
bonnes excuses pour ne pas passer en premier, sachant pertinemment que les
premières heures de l’après-midi sont des horaires où il y a le moins de monde
qui se manifeste et pas forcément là où nous sommes le plus en forme pour jouer.
A l’époque, j’étais en formation d’entraineur dans un club de musculation. Je
terminais à midi ce samedi là, mais après l’entrainement et le repas, plus le
trajet qu’il y avait à faire, il était quasi-impossible d’avoir toutes ses
capacités pour chanter comme je le faisais en début d’après-midi. Nous avons
donc fait comprendre à ce Monsieur qu’il était impossible pour nous d’ouvrir le
festival pour la raison que je devais travailler à l’heure dite. C’était un
mensonge mais le bougre ne comprenait rien aux aléas de la vie et semblait
faire des préférences illégitimes pour un groupe en particulier, alors inconnu,
et dont j’ai oublié le nom. Nous sommes donc passés plus tard mais il nous l’a
fait payer :-) Une anecdote avant de continuer : nous sommes passés juste après
un groupe maquillé d’un blanc blafard dont l’appartenance à l’Antéchrist ne
faisait aucun doute puisque le "chanteur grommeleur" s’était mis à genou, face
au public, pour cracher de l’hémoglobine sur une croix du Christ retournée,
juste à la fin de leur concert. Une croix splendide, du reste, qui avait l’air
d’être sortie d’une église... Il y avait des familles et des enfants parmi la
foule et nous ne concevions pas qu’un groupe puisse jouer ce genre de scène
devant un public non averti. Freddy, Kriss et moi les attendions de pied ferme à
la sortie du podium. Ils ne jetèrent pas un œil sur nous tant ils semblaient
profondément gênés par nos regards vindicatifs... C’est à cause de ce genre de
phénomène, pour ne pas dire des débiles, que les mairies de l’époque ont tout
bonnement fait un amalgame avec les autres groupes de Metal et ont commencé à
refuser que nous nous produisions en plein air, à cause des plaintes légitimes
des habitants... Ce jour-là, la police a fait irruption immédiatement après leur
scène vampirique... Qu’à cela ne tienne, nous avons joué avec beaucoup de "passion", vers la fin de l’après-midi, pour redonner un peu de positivité parmi
la foule de ce festival dont les gens étaient en train de partir. Vous devinez
pourquoi. Comme notre show avait été diminué, je suis allé voir personnellement
l’organisateur pour lui demander un deuxième passage après le dernier groupe,
puisque le festival devait finir relativement tôt. Il acquiesça nerveusement
mais avec plaisir, apparemment... Le soir venu, KU BLAI KHAN avait réussit à nous
devancer et n’en finissait plus de jouer. C’était aussi leur deuxième concert.
Ho, cela nous rappelait quelque chose que nous avions déjà vécu à
l’époque du festival de Grenay, avec ATROCE. Je rappela au responsable des
groupes, qui passait au loin, que nous souhaitions jouer avant que le public ne
soit absent, car il ne restait plus grand monde, et que s’il ne s’en occupait
pas, c’est moi qui allait le faire. Tout ceci en présence de Freddy et Fabrice,
écroulés de rire derrière leurs moustaches :-) J’étais encore avec Freddy, en
train de discuter entre les consoles de sonorisation et la scène, comme
l’organisateur passait et repassait devant nous, faisant mine de nous avoir
oubliés... A un moment où il repassait (une dernière fois), je l’attrapai par le col
et le conviai expressément d’exaucer rapidement notre demande, en réparation du
show qui nous avait été raccourci :-) La réaction de ce "responsable" fut
étonnante et ma démonstration plus persuasive que ce que je n’escomptais. Il
pris peur et se précipita aussitôt sur scène pour aller couper le son de KU BLAI
KHAN, qui ne trouvait plus rien à jouer et savait pertinemment qu’ils
outrepassaient largement les limites de leur temps imparti. Il fut soudainement
si attentionné envers nous qu’il fit même du zèle en nous présentant "et voici WYVERN ATTACK", alors qu’il ne l’avait fait pour personne :-) Pathétique mais
comique. Nous avons finalement joué devant un public peu nombreux, sous de
minuscules lights, un peu agacés d’en être arrivé à ce genre de procédé pour, au
final, devoir réchauffer l’atmosphère d’un public refroidi à cause de
l’incompétence d’un énergumène...

Entre fin 87 et début 88, Freddy a décidé de faire un break. Lui et moi ne nous
entendions plus très bien. Kriss était un peu affecté mais c’est moi qui ai tout
de même rappelé Freddy 6 mois plus tard, au printemps 88, pour qu’il rejoigne à
nouveau le groupe... J’étais surpris qu’il accepta aussitôt. Ce long intervalle
nous a été bénéfique à tous les deux, pour notre égo, et a resserré les liens
entre lui et moi. Nous étions devenus plus adultes, je suppose. Cependant, ça
faisait la troisième fois en à peine 1 an et demi que nous subissions un
flottement au sein du groupe. Pas de concerts pendant 6 mois s’est révélé
destructeur, car pendant ce temps nous ne faisions pas parler de nous, si ce
n’est que certains fans savaient qu’il nous manquait un gratteux... Nous avons
vite repris nos postes en répète et avons entamé quelques petits concerts dans
notre secteur, histoire de se refaire la main et de montrer que nous étions
toujours là. Des petits festivals de campagne et des concerts plus importants,
comme notre retour à Calais, où nous étions attendus par plus de monde que la
fois précédente. Nous avons ensuite rejoué à Avion ou Grenay, pour la fête de
l’Huma sur le podium d’une marque connue de pastis ;-) Il y avait un poney club à
30 mètres du podium. Avant le concert, j’étais en habit de scène et avait
enfourché un de ces cheval nain, le casque de viking vissé sur la tête. Une
bonne partie de plaisir qui a bien décontracté tout le monde avant de monter sur
scène... Pour tout dire, je mettais ce casque, que j’avais confectionné moi-même,
lors d’un titre nommé "Love fighters" afin de donner encore plus d’ampleur à
notre spectacle. J’étais encore bassiste à ce moment là et Fabrice avait déjà
rejoint le groupe. Les fans de toujours étaient présents et, malgré le mauvais
temps, ils se faisaient bien entendre dans une ambiance générale qui n’était pas
à son paroxysme... Je souhaiterais rajouter un aspect général de notre relation
avec le public. Lorsque je communiquais avec la foule, mes appels étaient
immédiatement soutenus par des cris généreux et je voyais dans leur expression
et leurs gestes un vrai désir de me répondre :-) C’était évident, ceux qui ont
vu WYVERN ATTACK sur scène nous ont aimé... Anecdote : Face à nous, à environ 100
mètres, sur un autre podium, Les Avions faisaient leur balance, en plein milieu
de notre créneau, pendant que nous jouions. Pour paraître dans le coup, je
suppose, ils avaient joué "Smoke on the water". C’est pendant un temps mort que je
m’en suis rendu compte. Le public ne semblait pas gêné mais, par acquis de
conscience, j’ai tout de même fait une annonce aux Avions par message vocal, à
distance et au micro. J’estime qu’il faut savoir remettre en place les musiciens
qui ne respectent pas les règles du jeu :-)

Avec Alain (le dernier bassiste), nous n’avons faits que 3 concerts. Nous lui
avons soumis les 20 titres de notre répertoire, dès son arrivée à l’été 88. Nous
sommes repartis jouer à Amiens, avec toujours la même effervescence, mais aussi
toujours dans les mêmes conditions qui commençaient à nous épuiser, même si nous
ne nous en rendions pas vraiment compte à l’époque... Nous avions redémarré de
bon pied avec l’enthousiasme de repartir vers de nouveaux horizons. Kriss
était plus perplexe et nous rabâchait régulièrement que c’était une année
décisive, que c’était maintenant ou jamais, alors que Freddy, Fabrice et moi
avions des convictions bien plus positives... Freddy faisait son service
militaire, ce qui compliquait la tâche au décèlement de concerts pour ses permes
dont on ne connaissait les jours qu’à la dernière minute. Je reprenais goût à ma
fonction de chanteur frontman que, finalement, le public nous connaissant
espérait voir revivre chez Wyvern. Notre répertoire était joué
instinctivement mais le temps que nous avions passé à ne pas pouvoir faire de
concerts nous avait mis dans un état de "manque". Cependant, nous en avions
profité pour perfectionner à nouveau les premières œuvres qui nous
paraissaient mal vieillir...
Notre dernier show fut une vraie catastrophe. Ca se passait dans une boite de
Hard-Rock à Rinxent (près de Calais), le "Hard Club", le soir du réveillon du
Nouvel an 1988/89. Trois groupes devaient se produire ce soir là. La très
gentille dame du gérant de la boite avait préparé un repas de fin d’année pour
les groupes et leurs techniciens, dont nous faisions partis. Je crains que nous
n’ayons trop profité des délices mis à notre disposition pour cette soirée qui
se devait d’être exceptionnelle. Nous n’avons pas été très sérieux et nous nous
sommes épuisés dans la déraison, mais dès que l’heure a sonné pour notre show,
nous étions prêts. Hors, si l’intro de concert et les trois premiers titres se
sont déroulés formidablement bien, tout s’est arrêté soudainement lorsque Kriss
a donné un coup de pied dans l’un des pied de cymbale du batteur. Fabrice
n’avait pas retenu un changement que nous avions néanmoins répété. Pourtant, je
me tenais face à lui pour l’en informer discrètement avant que Kriss ne se
manifeste. Avec la puissance du son, il n’entendait rien et Kriss n’a pas
cherché midi à quatorze heure. Je me suis pris le tranchant de la cymbale dans
le cou et Kriss a balancé sa guitare. Il quitta le groupe, dès le lendemain. Ce
fut le dernier concert... Une anecdote toutefois : L’intro que nous interprétions
était basée et reprise sur la musique du film "Conan le barbare". Les
musiciens prenaient le relais de la musique quand j’entamais une chorégraphie de iaïdo/kendo que j’avais créée pour notre entrée sur scène. Le glaive à la main,
j’exécutais des figures de cet art martial japonais et finissais ma parodie dans
une vive estocade, la pointe de l’arme vers le public, dans une position
semi-accroupie. Comme nous jouions à même le sol et que les projecteurs
installés sur un plafond bas m’éblouissaient, je ne voyais que partiellement les
premiers rangs d’un public qui me semblait assis tailleur. Au dernier moment, à
la fin de ma choré, j’ai arrêté la pointe de mon glaive à 2 cm d’entre les deux
yeux d’un type assis juste devant moi. C’est à peine s’il a fait un mouvement en
arrière tant il a été surpris. Sur ce laps de temps assez rapide, Il ne semblait
pas rassuré et je dois avouer que si j’avais visé juste, c’est par acquis de
conscience, car sa silhouette derrière les projos ne m’indiquait pas sa place
avec exactitude, et mon but n’était pas de me retrouver si près... Mais ça va, il
ne m’en a pas tenu rigueur puisque nous en avons bien rit ensemble après notre
catastrophique et dernière prestation. |
LES AUTRES EVENEMENTS MARQUANTS
Y’a-t-il eu un (ou des)
évènement(s) qui ont été décisifs dans la vie du groupe ? |
Plus ou moins. Comme je
l’expliquais pour les concerts marquants, certaines scènes ont eu un impact sur
le groupe. Je pense que certains membres (deux en particulier) auraient
progressivement mais sûrement laissé tombé le groupe dès la première année s’il
n’y avait pas eu cette intensité dans nos concerts, ce suivi et cette demande de
la part des fans. Je crois que certaines de nos scènes, notre sérieux a fait
murir le noyau très rapidement au point de ne plus avoir de doutes sur nos
capacités musicales, notre créativité et notre charisme, nous ont entrainé dans
une sorte de mini tourbillon, en attendant le cyclone qui n’est jamais venu ;-)
Ce n’est pas de la vantardise, c’est juste un fait que nous ressentions vis à
vis du comportement du public qui venait nous voir avec un enthousiasme
dépassant toute espérance, à chaque fin de concert. Même dans la rue, nous avons
vécu cette expérience étonnante... Ce sont des moments de notre vie d’artiste qui
ont été décisifs dans notre construction, la force de notre motivation, qui ont
égayé nos jours et nos nuits, qui nous ont aidé à avancer sans complexe, à être
plus généreux dans nos compos et dans notre jeu de scène pour ce public, de plus
en plus nombreux, qui se donnait corps et âme pour nous, sans concession. Des
échanges purs et forts entre un public conquis et un WYVERN ATTACK comblé. Nous
avons ressenti de fortes émotions, même si nous étions à un petit niveau, semble-t-il...

Dans un autre ordre d’idée, le départ de Rudy (notre premier bassiste) a
eu un impact sur notre fonctionnement puisque nous avons amélioré toutes nos
compos du fait que je pouvais m’investir à fond dans l’arrangement, comme je
l’ai déjà expliqué plus haut. A contrario, un an plus tard, le choix du deuxième
bassiste a sonné le glas du groupe... Aussi, même si Kriss était un des plus
investi dans ce groupe que nous avions créé tous les deux, il était souvent
acerbe et injustement critique vis à vis de nos performances respectives, sauf
les siennes, ce qui avait tendance à faire régner une atmosphère tendue entre
nous... Ce qui marque le plus un groupe sont, je pense, les changements de
line-up. Quand la faculté d’écrire des morceaux et d’évoluer dans son registre
pour enrichir son répertoire font partie des atouts d’un groupe, comme c’était
le cas de WYVERN, il est primordial que le groupe soit soudé pour que chacun
participe intelligemment à l’élaboration des titres; pas forcément en étant
compositeur mais en amenant toute sa positivité de musicien à part entière dans
les nouvelles œuvres qui sont soumises au groupe. Lorsqu’un membre ne prend
plus la chose au sérieux, ça gangrène tout le reste du groupe. Essayer de
trouver le remplaçant d’un musicien qui s’était investi est quelque chose de
tragique. C’est pourquoi les pires périodes de WYVERN ont été celles où j’avais
l’impression de ne pas pouvoir donner de réponses concrètes à ce genre de
recherche d’envergure ou de ne pas pouvoir avoir de contrôle sur les conflits
internes. Et Dieu sait s’il y en a eu... |
Y a-t-il eu des radios (quelles
émissions, quelles radios, quelles années) ? |
Pas beaucoup malheureusement. Rien
d’extraordinaire dans le genre, à une époque où le gouvernement socialiste avait
décidé de mettre fin aux radios libres. |
Y a-t-il eu des articles dans des
fanzines et/ou revues. Lesquelles (N° si possible) ? |
Plutôt des encarts dans des tracts
et des promos radios enregistrées sur cassette... Toutefois, Alain, Freddy et moi
sommes allés à Paris pour jouer les mannequins pour une boutique de fringues de hardeux qui s’appelait
"L’Indien", aux puces de Clignancourt. Nous nous sommes
ainsi fait photographiés avec une multitude de tee-shirts avec des logos de
groupes différents et autres pantalons de cuirs. Tout ceci est paru dans l’un
des magazine Metal national en 1988 qui devait être Hard Rock Magazine ou Metal
Attack... |
Y a-t-il eu des passages TV (Si
oui, quelle année, quelle émission, quelle chaine) ? |
Non plus. A part ce que
j’expliquais tout à l’heure par rapport à FR3 qui nous a filmé à plusieurs
reprises sur scène, je n’ai pas souvenir que nous soyons passés à la télé. L’année
dernière, j’ai remué ciel et terre pour retrouver les films chez FR3 Lille, à
l’Institut National de l’Audio-Visuel, au P.C. de Grenay et leur journal, à la
Mairie de Croix, etc... En vain... Il faut rappeler que nous étions un groupe
régional. Par ce fait, tant que nous n’avions pas pu atteindre la capitale nous
n’avions aucune chance d’intéresser les médias. Nous avons cherché à nous
produire en dehors de notre "secteur" mais, à cette époque, les groupes de Metal devaient tout payer : les frais de déplacement, la restauration, la sono,
la pub, la salle de spectacle et j’en passe... Comme nous n’étions ni managés ni
produits par qui que ce soit et que nous étions quasiment tous au chômage, nous
ne pouvions pas nous émanciper en dehors des régions Nord et Picardie sans que
ça devienne un drame financier. C’est la raison principale pour laquelle nous
n’avons pas pu avoir d’opportunités sur le territoire national et l’étranger...
Ca coûte cher l’abandon d’un pays. |
Y a-t-il eu enregistrement de
clips ? (si oui, année, titre(s), musiciens) |
Ca aurait été une vraie occasion
pour nous de pouvoir montrer qui nous étions aux fans de Metal, qui nous
connaissaient ou non de nom, mais qui n’avaient pas l’occasion de venir nous
voir en concert, à cause de la distance. Malheureusement, la technologie des
années 80 ne nous permettait pas de pouvoir conceptualiser nous-mêmes, comme
c’est possible aujourd’hui, un ou plusieurs clip(s) demo dans lesquels nous ne
pouvions pas investir... |
LES COMPOSITIONS
Qui compose, un musicien ? Travail
de groupe ? |
Comme je l’expliquais au début de
l’interview, Kriss a été le premier a créer des titres pour WYVERN ATTACK. Au
début, je n’écrivais pas beaucoup et m’investissait plutôt dans les textes. Je
retouchais ceux de Kriss quand le sens me paraissait trop équivoque ou, au
contraire, pas assez clair :-) Nous composions à tête reposée, à nos domiciles
respectifs, quand nous sentions venir l’inspiration. Nous n’avons jamais rien
créé en répétition... Celui qui avait inventé une œuvre, ou au moins une partie
conséquente d’un nouveau morceau, la proposait en répète et tout le monde se
posait dessus. Nous arrangions ainsi, de manière naturelle, les parties qui
semblaient un peu approximatives, avec l’aval du compositeur. Souvent, ça allait
de soit et nous ne retenions l’arrangement que lorsqu’il améliorait un pont, un
refrain ou un couplet. C’était un travail de fourmis pour en retirer le meilleur
car les titres ou les thèmes étaient souvent complets et intelligemment
travaillés avant d’être soumis au groupe... Freddy est parvenu à imposer des
thèmes très intéressants et complémentaires au jeu de Kriss entre la moitié et
la fin de 1986, à un moment où le groupe redoublait d’imagination dans ses
œuvres. Deux d’entre elles ont été construites magistralement en répétition à
partir de thèmes que Kriss et Freddy avaient fait sortir de leurs têtes chez
eux. C’est à cette même époque où j’introduisais des créations beaucoup plus
sophistiquées, plus prog pour certaines...

Je travaillais déjà essentiellement
seul, à l’heure où les deux guitaristes commençaient à se partager des idées
qu’ils arrangeaient mutuellement, pendant les répètes, avant que le bassiste, le
batteur et moi-même ne nous investissions à notre tour dans l’arrangement final,
la base rythmique pour soutenir les guitares et, pour finir, la mélodie de chant
que je créais moi-même. Les œuvres ainsi inventées en solitaire donnaient une
grande diversité dans nos thèmes, de par notre personnalité propre, sans
parasite extérieur, et toujours investi par ce noyau commun qu’était WYVERN
ATTACK, pendant l’écriture. Cela rendait le répertoire plus coloré, plus
diversifié tout en restant du WYVERN ATTACK. Nous étions quasiment en
concurrence tous les trois. Au départ, les titres étaient courts et directs.
Après une année de services, nous nous engagions dans des directives plus
complexes mais pas moins heavy, et aussi beaucoup plus intéressantes dans la
notion d’émotivité et d’une nouvelle poésie qu’on apportait. Ceci étant, Kriss,
en tant que guitariste, avait pris de l’avance sur le répertoire du début, même
si depuis l’origine du groupe, nous l’avions bien décortiqué et arrangé à
plusieurs reprises. C’est lui, sans contestes, qui a composé le plus. |
Les répètes (comment ? un local ?
chez un membre ? étaient elles régulières... etc.). |
Nous répétions chaque samedi
après-midi dans le grenier de mes parents. Avant ce fameux premier concert de
Lille au Parvis Saint Maurice, nous jouions chez mon frère (Kriss) dans une
petite pièce au dessus de chez lui. Depuis et jusqu’à la fin du groupe, nous
avions jouissance du grenier de mes parents, plus vaste. Nous répétions de 14
heure à 19 heure, non stop. C’est après qu’on faisait la fête, pas pendant ni
avant. Quand Olaf (premier batteur) est parti, nous avons décidé de faire un
break pour mes parents. Nous avons joué avec un batteur, un certain Bruno de
Oignies (d’après Freddy) avec qui nous avons répété un mois ou deux dans le
salon minuscule du propriétaire d’un café. Ensuite, lorsque nous avons trouvé
Fabrice (notre dernier batteur), nous répétions dans l’arrière salle immense du
café de son père. J’ai l’impression que les batteurs aiment particulièrement
l’ambiance des bistrots :-) Nous sommes revenus dans le grenier car la situation
n’était pas idéale. L’arrière salle du café de Fabrice était pleine de débris,
de cochonneries en tout genres et nous n’y étions pas tranquilles. Les répétitions
étaient raccourcies et nous n’étions pas à l’aise à cause des passages. Nous
avons pu retrouver notre équilibre en revenant dans notre bon vieux grenier
poussiéreux... |
Les sujets abordés. |
Comme pour l'idée du nom "Wyvern",
nous nous engagions dans de grandes questions philosophiques, relativement
intellectuelles. A part Olaf puis Fabrice (nos deux batteurs respectifs), nous
étions tous très attirés par l'histoire, les vieilles pierres, les édifices
historiques, la foi qui nous intriguait de manière positive, lumineuse. Nous
aimions cette ambiance romantico-médiévale, antique même parfois. Ceci étant,
nous avions quelques divergences. Freddy était animé par le surnaturel, sans
toutefois en être adepte. Il se posait beaucoup de questions sur la vie après la
vie, le subconscient, l’inconscient... Mais comme il n’a écrit qu’un texte sur 20
titres, l’influence en la matière était pauvre :-) Kriss attisait le feu avec
des histoires touchant au cosmique, aux démons, à l’hérésie... Des thèmes plus
sombres ou plus rudes, qu’il mettait en avant plus par crainte que par attirance.
Je pense que la grande influence du groupe l’encourageait à plus de réserve sur
les sujets morbides... D’ailleurs, en tant que chanteur, je veillais à ce que les
textes aillent dans les valeurs du Wyvern que nous avions adopté, ainsi que dans
mes convictions, tant qu’à faire. A plusieurs reprises, j’ai du faire quelques
corrections, voir recréer de nouveaux textes derrière ceux de Kriss quand les
insinuations étaient trop tendancieuses ou pas assez claires sur nos
engagements. Mais ça, c’était surtout dans les premiers mois, car par la suite
Kriss n’écrivait plus beaucoup de textes, s’adonnant plus à la complexité et
l’harmonie de ses créations musicales, me laissant ainsi libre choix, en toute
confiance, sur les thèmes lyriques et textuels que j’amènerais à ses œuvres...
Quand à moi, à part ce que j’en ai déjà dit, j’entretenais des rapports étroits
entre l’heroic fantasy et la poésie, les catastrophes naturelles et les
légendes, l’amour du cœur, la foi, tout ceci dans des épopées entrainant
fréquemment le contemporain au Moyen Age... |
Quels sont les titres des
compositions ? |
Je vais tenter de vous les mettre
dans l’ordre de sortie avec le nom des auteurs et compositeurs (textes -
musique) :
* Premier répertoire :
- Vison Of Pain (Kriss)
- Hard Fight (Warvic - Kriss)
- Daemon (Warvic - Kriss)
- Once Upon A Time (Kriss)
- Love Fighters (Warvic - Kriss)
- Repent Or Die (Warvic)
- Hammer Down (Freddy)
- Try To Pull It Off (Warvic - Kriss)
- Come Thy Reign (Warvic - Kriss)
- Wyvern Attack (Warvic)
* Deuxième répertoire :
- With Fire And Blood (Warvic - Kriss/Warvic)
Titre initié par Kriss
- Sword In Hand (Warvic)
- You’re Just A Man (Warvic - Kriss)
- A Brothel On My Way Of Escape (Warvic)
- Phantom Drakkar (instrumental) (Kriss/Rudy/Warvic)
A la base, c’est un titre essentiellement écrit par Kriss. Rudy y a
ajouté un plan superbe. J’ai participé à la réécriture quand je suis passé à la
basse.
- Honor Pride (Warvic - Freddy/Kriss)
- Deluge In The Tartarus (Warvic - Freddy/Warvic)
Titre initié par Freddy
- Call From A Bewitched (Warvic - Rudy)
- The Real Legend (Warvic - Kriss/Freddy)
- Meditation (Warvic) |
LA DISCOGRAPHIE
Quelle est-elle (Demos, 45 tours,
album, LP, Compilations... etc.)... avec les années de sortie et les musiciens
de chaque sortie. |
Faute d’argent, nous n’avons
jamais pu enregistrer d’album. C’est ce qui est le plus dommageable quand on
considère la qualité et le nombre de nos titres qui ne verront sans doute jamais
le jour sur un support digne de ce nom... Nous avons quand-même réussi à nous
donner les moyens d’enregistrer une première demo, durant l’été 1985, avant
notre premier concert. Elle comporte nos dix premiers titres tels qu’ils
venaient de sortir. Je ne me rappelle plus du nom que nous lui avions donné.
Malgré mes investigations auprès des uns et des autres, je ne l’ai jamais
retrouvé :-( Il faut signaler qu’à nos débuts nous faisions un titre par répète,
que nous peaufinions certes aux répétitions d’après, mais ça prouve à quel point
nous étions créatifs et acharnés... Il y avait donc Olaf (drums), Rudy (bass),
Freddy (lead guitar, backing), Kriss (lead guitar, backing), Warvic (vocals).
Ensuite, à l’époque où j’avais hérité de la basse, nous avons fait une demo dans
un studio au sous-sol d’une radio de Lens, grâce à l’intervention de Philippe
Desailly qui est encore aujourd’hui animateur d’émission Metal à
Vitry-En-Artois. C’était donc au printemps 1987, si mes souvenirs sont bons. Le
batteur était Fabrice, Kriss et Freddy aux guitares (bien entendu) et moi à la
basse et au chant. C’est une demo 5 titres. Comme le son de la première demo
n’était pas terrible et qu’entre temps nous avions arrangé pas mal de thèmes,
nous avons décidé de reprendre 4 de nos anciens morceaux et de n’en enregistrer
qu’un nouveau. Il s’agit de "With fire and blood". Les autres sont "Once
upon a time", "Deluge in the Tartarus", "Love fighters" et "Vision
of pain" (dans l’ordre de
la demo). Elle s’intitule "Legends never die", titre trouvé par Kriss. Je l’ai
numériseé l’année dernière pour la rendre audible sur les sites My Zikinf et My
Space dédiés à WYVERN ATTACK. |
A combien d'exemplaires ? |
C’était une demo cassette. Nous
n’avions pas d’argent ni pour la faire masteriser ni pour la produire. Elle nous
servait de promo auprès des organisateurs de concerts ou des concours... |
Les conditions d’enregistrements
(lieu, studio, ordinateur, fait maison... etc.) ? |
Pour compléter ce que j’ai déjà
signifié, en ce qui concerne la toute première demo, nous avions loué du
matériel (table de mixage 12 pistes, micros, pieds de micros, enregistreur
studio à bande...) dans un magasin de Lille pour un week end, le temps
d’enregistrer en live nos 10 titres. Nous étions à Douvrin chez mon frère, et
avions investi tout le bas de son logement. Le batteur était seul dans une
pièce, une sorte de petite salle à manger séparée par une porte avec le salon.
Il jouait au casque pendant que les guitaristes et le bassiste étaient dans
le salon, avec moi. Nous n’avions pas assez de casque... Nous avons enregistré
toutes les parties rythmiques en même temps. la basse et les guitares étaient
branchées directement sur la console. Ils se repéraient au son de la batterie de
l’autre côté de la porte. Pendant ce temps là, je m’occupais du son à la
console. Nous avons terminé par les solo de guitare et le chant... En ce qui
concerne "Legends never die", nous avons eu l’opportunité de pouvoir jouer
dans un studio avec un caisson pour la batterie et le chant. Nous avons fait ça
en deux jours et avons pu approfondir ce qui n’était pas possible avec celle de
1985. 3 titres le premier jour, 2 titres le deuxième, ou le contraire... Nous
avons travaillé de la manière suivante : basse/batterie, puis les 2 guitares en
rythmique, ensuite les solo et pour finir le chant, dans le respect des
traditions :-) Fabrice avait piqué la batterie électronique de son père, d’où ce
son un peu spécial, mais bon. Freddy, Kriss et moi lui avions soumis cette idée,
sachant que nous perdrions énormément de temps à la prise de son s’il avait pris
sa batterie acoustique, alors que nous n’avions que deux jours. Nous n’étions
pas animés par une batterie électronique mais la disposition des micros sur les
toms et les cymbales en plus des essais sons auraient grignoté au moins la
première matinée, ce qui nous aurait handicapé pour le reste... |
LA FIN DU GROUPE
Pourquoi (divergences musicales,
démotivation, mésentente... etc.) |
Le chômage et le fait que nous
n’eûmes pas été soutenus par un agent en sont les plus grands responsables. Les
changements de line-up ont été difficiles mais nous nous en sommes sortis à
chaque fois. Nous ne voulions pas jouer avec n’importe qui (dans le groupe
même), n’importe comment, et le groupe avait déjà sa petite notoriété, ce qui
nous permettait de toucher plus aisément les musiciens intéressés pour jouer au
sein de WYVERN ATTACK. Mais être bon musicien ne suffit pas pour gagner sa vie
dans ce milieu. Le groupe existait depuis 4 ans et nous avions besoin de
reconnaissance ainsi que d’argent pour avancer... Alain (le bassiste) venait
d’arriver mais semblait un peu largué, Kriss s’énervait même quand les concerts
étaient bons et Fabrice jouait souvent les individualistes. Après le coup de
Kriss lors de notre dernier concert à Rinxent, il nous a fait comprendre que
nous n’étions pas mûrs pour continuer à jouer avec lui. Dans un même temps,
Fabrice est parti à Saint-Etienne... Ca devenait compliqué. J’ai gardé contact
avec Freddy, espérant pouvoir reproduire quelque chose avec lui, en vain... En
Mai 1989, j’ai emménagé en région parisienne et ai retenté de former à nouveau WYVERN ATTACK. Les premiers mois, je remontais régulièrement dans le Nord, mais
rien ne se passait. J’ai donc décidé de les faire venir en région parisienne,
dans un studio. Ca a pris pendant un temps, quelques mois, et nous reperdions
contacts. Puis j’insistais à nouveau et on remettait ça. Mais c’était vraiment
éphémère. J’ai essayé de relancer les choses pendant environ 3 ans mais il
fallait toujours utiliser des subterfuges pour leur redonner goût. Je devais
certainement être le seul à avoir gardé la motivation pour la reconstitution de
ce groupe... |
Date de fin. |
31 Décembre 1988 ou 1er Janvier 1989, au vu de l’heure ou nous avons fait notre
dernier concert... |
Grand merci à
Ludovic "Warvic" Van Lierde pour avoir si gentiment, avec autant de
disponibilité et de détails, répondu à nos "quelques" questions. |
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