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INTERVIEWS


Ludovic "Warvic" Van Lierde à participé (entre autres) aux groupes WYVERN ATTACK et GUTTURAL parmi les plus connus.

Dans le but de faire une page biographique sur le groupe WYVERN ATTACK, nous avons envoyé un questionnaire au sus-nommé.

Les réponses ont été tellement détaillées avec moults détails et visiblement avec passion, qu'il nous semblait intéressant de la publier telle que.

Interview réalisée en Février 2014 par Lolo36 et Duby

 

LES ORIGINES

Quand WYVERN ATTACK est il né ?

Si mes souvenirs sont bons, il me semble que nous fument au complet en Juin 1985, quand le bassiste est venu compléter la formation. Mais le groupe a dû commencer à se former dès 1984. Je ne sais plus quand exactement. Ca devait être au printemps. Nous avions déjà un répertoire de 10 titres avant que le bassiste n'arrive.


Dans quelle région, quelle ville ?
Nous sommes tous du Pas-de-Calais. A nos début, nous répétions chez mon frère, dans une maison à Douvrin. Nous habitions tous autour de Lens. Donc le groupe est lensois.
 
Sous l’impulsion de quel(s) membre(s) ?
Kriss (mon frère, guitariste soliste), âgé de trois ans et demi de plus que moi, et moi, Warvic (chanteur). Je venais d’avoir 19 ans quand le groupe fut au complet.

Comment le groupe est né ? Comment les musiciens se sont rencontrés ?
Nous sommes en 1983. A la base, une connaissance de mon frère, un batteur bien plus âgé que moi, était dans le groupe. Mais il parlait plus qu'il ne jouait. Grand décideur sans grandes idées. A une certaine période, il avait convié un guitariste à venir répéter chez mon frère. Nous avons fait quelques répètes ensemble, mais très vite, nous avons cherché d'autres musiciens plus compétents, plus sérieux... Nous avons tout d'abord trouvé le premier batteur, de trois ans plus jeune que moi, en 1984. Olivier Lyoen à qui nous avons donné comme pseudo Olaf. Il avait 14 ans. Il habitait Rouvroy (62). Nous allions le chercher chez lui chaque samedi. Ses parents étaient à la fois complaisants et distants :-) ... Ensuite, est arrivé l'autre guitariste soliste, suite à une annonce dans un journal local. Freddy Huleux, de Lens. Un an de moins que moi presque jour pour jour. Pas un grand compositeur mais un excellent soliste avec un fort potentiel d'assimilation. Nous nous sommes entendus tout de suite. Pour nous épater, je suppose, il nous avait fait le solo de "Seek and destroy" (Metallica), entre autres... Il cadrait super bien avec nos projets originels, notre philosophie de l'époque déjà très claire et nos convictions sur l’art de travailler le Heavy Metal... Nous n'avons trouvé le bassiste que bien plus tard. Nous commencions d'ailleurs à désespérer d'en trouver un mais je connaissais un musicien de mon village, Meurchin (62), qui jouait avec lui et qui ne m'en avait dit que du bien, musicalement parlant. Rudy Audant, un fan de Maiden et d'autres trucs très diversifiés qui faisait de lui un être un peu disparate. Lorsque j’ai pu le rencontrer, je l’ai invité à venir faire un essai avec nous. L'essai fut concluant, pour lui comme pour nous. Le groupe était donc constitué... Rudy était à l’armé. Il n’a eu que 2 ou 3 répétitions pour apprendre les 10 titres de notre répertoire, ou pendant ses permes, avant notre premier concert. Nous avons joué tous ensemble pendant environ trois années consécutives, avant que le dernier arrivé ne reparte.

Quel style de musique ? Pourquoi avoir voulu faire ce style de musique ? Quelles influences ?

Kriss, qui est à la base des tout premiers morceaux, était parti sur un Heavy Metal tranché entre celui de la fin des 70's et le début des 80's. Il était un grand fan de Judas Priest, ce qui se ressentait dans les premiers riffs. Fan aussi d'AC/DC, ça se sentait beaucoup moins. Tout au début, j'adhérais plus par envie de chanter que par conviction absolue. J'avais 17 ans et je m'affirmais de mon côté. Vu ce que j'entreprenais à la voix, de par mes influences personnelles, il allait de soit qu'il fallait prendre un tournant plus "Heavy". Avec cette nouvelle formation, les titres de Kriss ont progressivement été retouchés pour devenir plus "speed" pour les uns, plus "power" pour les autres, plus "mélodiques" pour la majorité. Notre style était né. Nous faisions un genre de Heavy Metal nerveux et généreux, axé parfois sur le Speed Metal américain, le Heavy Metal à la NWOBHM, souvent avec de bonnes touches médiévales et des intros ou des ponts enrichis de bonnes ballades, toujours façon WYVERN ATTACK... Nous avons tout naturellement joué ce style de musique parce que nous écoutions des groupes renommés que nous adorions, qui nous narguaient avec la leur, à leur manière. Nous voulions leur ressembler, à notre façon. Ce n'était pas un choix, c'était une évidence, et il nous semblait qu'il y avait encore beaucoup à faire avec notre personnalité. Les influences de l'ensemble du groupe tournaient autour d'Iron Maiden (principalement moi pour le chant et les compos que j'amenai), Metallica, Helloween, Yngwie Malmsteen (surtout les gratteux, en particulier Kriss qui s'en est inspiré par la suite pour la construction de certaines œuvres), Manowar (dont je tentais parfois d'imiter le chanteur). Kriss était un grand fan de groupes plus "lourds" comme Accept, Y&T, Krokus, Saxon puis, par la suite, une évolution assez paradoxale vers Bon Jovi, par exemple... Avec Freddy, ils se sont tournés davantage vers d'autres guitares héros, Marty Friedman et Jason Baker que j'apprécie aussi beaucoup, sans oublier Steve Vai, Joe Satriani... Il y en a tellement que nous avons tous apprécié. Olaf aimait beaucoup de groupes de Metal mais était plutôt branché Twisted Sister, Mötley Crüe, WASP, Tokyo Blade... Des groupes plus Glam... Rudy était un peu comme un singe qui passe d'arbre en arbre. Pas du tout dans les principes plus modérés des autres membres du groupe, mais nous respections son choix tant qu'il ne dépassait pas la mesure, si je puis m'exprimer ainsi. Il pouvait un jour aimer Iron Maiden et le lendemain écouter The Cure ou de la new wave. Ca a d'ailleurs fini par le déstabiliser dans son intégrité au sein du groupe, par la suite... Nous aimions aussi Van Halen, Trust, Deep Purple (essentiellement leur nouvel LP), Loudness, Scorpions et j'en oublie malheureusement... En ce qui me concerne, j'aimais tous ces groupes mais avait une large préférence pour ceux qui apportaient beaucoup d'émotion. Hormis ceux déjà cités qui se trouvent dans cette catégorie, il y avait Kiss (en particulier depuis leurs bonnes résolutions dès 1982)... Nous avions beaucoup d'affection pour la plupart des nouvelles formations innovatrices dont nous pûmes avoir la connaissance, pas de manière égales mais nous partagions aisément nos sentiments... Comme beaucoup de fans de Metal de l'époque, nous avions adopté l'énergie de certains, la mélodie des autres, la force, la puissance, l'harmonie... Le cœur. C'est ce qui nous stimulait... La plupart du temps, nous n'étions pas influencés directement par ce que nous écoutions, pour la structure de nos compos. Quand c'était le cas, le reste du groupe imposait une telle discipline sur le nouveau titre amené, souvent déjà bien structuré, que l'aspect "ressemblance" s'évasait au bénéfice de notre personnalité.


Pourquoi ce nom de WYVERN ATTACK ?
Quand le groupe fut au complet, j’eu l’idée du mot "Attack", car il caractérisait le défit que nous nous donnions pour nos concerts, une guerre à la recherche de nouvelles conquêtes dans le public, en quelque sorte. Ca restait évidemment dans un but théâtral, spectaculaire. Freddy avait proposé le mot "Viper" pour le compléter. Un de ses copains avait d'ailleurs dessiné l'ébauche d'une vipère, avant même que nous donnions tous notre accord. Trois d'entre nous avaient adopté le nom. Kriss était perplexe. Quant à moi, j'estimais la vipère comme trop sinueuse, rampante, trop vicieuse, par rapport au tempérament plus franc, plus robuste, plus médiéval du groupe. Il nous fallait une représentation qui tourne autour des histoires que nous racontions dans nos chansons, souvent orientées heroïc fantasy. Avant la répète qui suivit, j'avais fait une recherche sur tout ce qui aurait pu aller avant le mot "Attack". Pour ne pas froisser Freddy qui avait l'air très attaché à la vipère :-) j'avais écrit une série importante de combinaisons dont certaines étaient risible, exprès, comme un certain "Fruits Attack, par exemple... J'avais bien-sûr déjà mon idée car, dans ma quête, j'avais découvert un animal plus emblématique et plus noble que la vipère.

Quand le mot "Wyvern", suivi de "Attack", est sorti de la liste, personne ne savait de quoi il s'agissait mais ils trouvaient tous dores et déjà la dénomination très persuasive. Je leur expliqua donc qu'il s'agissait d'un dragon ailé, inscrit comme étant un symbole de la littérature anglo-saxonne. Un dragon aux mille pouvoirs, de plus petite taille que le dragon habituel, mais beaucoup plus offensif, plus agile, plus intelligent, avec une plus grande dextérité... Toutes ces représentations s'associaient à merveille à nos bases rythmiques et à l'énergie ressentie dans nos compos. Du fait du "Viper" qu'avait lâché Freddy, lui et Rudy restèrent tout de mêmes sur cette base. Soit. J'étais déçu mais rien n'était encore décidé puisque les autres préféraient "Wyvern"... Finalement, c'est alors que nous devions remplir un questionnaire pour notre tout premier concert que je pris la décision, encadré par Kriss, d'apposer le nom de "Wyvern Attack" sur le dossier. Quand Freddy l'apprit, il semblait quelque peu contrarié. Je sus un peu plus tard que Rudy et lui en avaient discuté dans un train pour Lens et qu'ils m'avaient "maudit", en quelque sorte, d'avoir pris cette décision seul :-) Je n'en étais pas particulièrement fier non plus, mais il fallait absolument prendre une décision concrète et ne pas s'arrêter aux seules souhaits personnels, mais bien penser à l'avenir du groupe et à son nom qu'il trainerait partout... Et puis, le dernier vote démocratique comptais 3 pour et 2 contre. De plus, considérant que c'était Kriss et moi-même qui nous occupions du managing, cela faisait donc 3 bonnes raisons d'opter pour WYVERN ATTACK :-) Si les décisions ne sont pas toujours faciles à prendre, pour éviter les dissensions entre musiciens, le nom de WYVERN ATTACK a semblé raisonner immédiatement dans l'esprit de nos fans, miraculeusement. Finalement au bout du compte, il me semble que personne ne me l'a reproché par la suite, bien au contraire puisque les fans les plus mordus ont rapidement utilisé le diminutif du nom complet, c'est à dire "WYVERN", comme s'il avait s'agit d'un groupe déjà existant depuis longtemps. Et au même titre que les diminutifs déjà existants donnés aux MAIDEN et autres JUDAS, les "WYVERN" avaient le leur. C'était très flatteur et nous étions assez fiers de faire partie de ce paysage charismatique.


Si des membres faisaient partie auparavant d'autres groupes, desquels s'agissait-il ?
Aucun n'était connu. Kriss (mon frère) a joué avec de nombreux musiciens tous plus ou moins compétents mais surtout pas assez sérieux pour faire émerger quoi que ce soit. Ni Olaf, ni Freddy n'avaient joué en groupe avant notre rencontre. Rudy avait joué avec un groupe de reprises, près de chez moi alors que je n'étais pas au courant, mais rien de bien concret. En ce qui me concerne, à part quelques rares auditions avec des musiciens pas très motivés, je n'ai jamais eu de formation digne de ce nom avant de créer WYVERN ATTACK. Il faut rappeler que nous étions tous très jeunes quand WYVERN ATTACK est né. C'est vraiment mon premier vrai groupe et l'expérience fut extraordinairement concluante dès le départ.

LE LINE UP

Celui des débuts bien sur.
Olivier Lyoen (Olaf) : drums du printemps 1984 à mi-1987.
Freddy Huleux : lead guitar & backing vocals du printemps 1984 à fin 1988. Membre continu.
Rudy Audant : bass & backing vocals de mi-1985 à début 1987.
Kriss Van Lierde : lead guitar & backing vocals depuis 1984 à fin 1988. Membre fondateur et continu.
Warvic Van Lierde : lead vocals depuis 1984 à fin 1988. Membre fondateur et continu.

Et ensuite les divers changements (les raisons si possible) et les années (si possible).
Rudy est parti le premier, en Janvier 1987, après un gros concert à Calais. L'évidence de ses divergences musicales et de leur disparité se faisait de plus en plus ressentir. Il avait deux personnalités différentes. Un jour, il était gai et volontaire, le jour d'après, il était susceptible et arrogant. Ceci étant, il n'a jamais triché avec nous et a toujours respecté son contrat. Sur la fin, je me disputais souvent avec lui. Je prenais peut-être les choses trop au sérieux alors qu'il sombrait dans un laxisme mentalement mauvais pour le groupe...

Olaf démissionna avant l'été 1987. Du fait de son jeune âge, il était le chouchou de la formation. C'était un peu le beau garçon du groupe :-) Mais il commençait à se désintéresser de ses fonctions au sein de WYVERN ATTACK depuis qu'il avait rencontré une fille très très très persuasive... Avant cet épisode, son attirance pour la bagatelle nous avait mis parfois dans des situations délicates :-) Rudy avait le même penchant. Après n'être pas venu à une répète, ce n'est que lorsque je l'appela au téléphone qu'il nous apprit qu'il ne souhaitait plus faire partie du groupe. En lui arrachant les mots de la bouche, je compris qu'il fuyait par les prétextes qu'il annonçait. Nous venions tout juste de nous remettre à faire de la scène car, quand Rudy est parti, quelques semaines se sont écoulées avant que je ne prenne la basse. Comme nous cherchions un bassiste, en vain, l'idée m'est venue de complémenter mes fonctions de chanteur en étant aussi instrumentiste. Ca n'était pas seulement un changement de profil, c'était aussi une opportunité pour moi, sans que je le sache. En effet, tout chanteur du groupe que j'étais, j'avais beaucoup de mal à faire admettre mes créations et seuls les musiciens retouchaient aux titres qui méritaient d'être améliorés. En devenant le bassiste attitré de WYVERN ATTACK, je pouvais moi aussi m'investir en tant qu'arrangeur. Grâce à ce fait, j'ai aisément pu retoucher plusieurs titres, avec l'aval des autres musiciens qui ne voyaient plus qu'une évolution positive à ce nouvel élan qui apportait un visage différent à certains morceaux, en particulier ceux du premier répertoire, qui manquaient peut-être un peu d'envergure... Il est presque dommage que fin 1986, nous eûmes décidé d'arrêter notre répertoire aux 20 œuvres que nous avions créées. Nous composions encore chacun de notre côté mais nous souhaitions enregistrer un ou deux albums avant de nous remettre à la répétition de nouvelles œuvres... le seul problème à ma double fonction est que je n'étais plus, du coup, le frontman que j'avais été en tant que "simple" chanteur. Cela m'avait été reproché par des fans et des amis qui connaissaient bien le groupe, estimant que ma présence scénique faisait partie intégrante du groupe et qu'en étant chanteur/bassiste, il manquait aux Wyverns cette complicité que j'avais instaurée avec le public...

Lorsque Olaf est parti, nous l'avons remplacé par un certain Fabrice Dubrulle. Freddy et moi avions l'habitude de nous balader au gré du vent. J'entends par là que lorsqu'un concert se produisait ou qu'on avait la connaissance qu'un groupe de Metal répétait dans le secteur, on y faisait un saut, selon nos moyens, et entrions facilement en contact avec le moindre protagoniste que nous rencontrions. C'est ainsi qu'un jour du printemps 1987, peu de temps après que nous eûmes entamé nos recherches pour un nouveau batteur, nous sommes allés faire un tour à la MJC de Wingles (à 5 ou 6 kilomètres de mon domicile) car nous avions entendu dire qu'un groupe de Metal y répétait. Nous avons été bien accueillis par ce groupe dont le guitariste principal me connaissait sur deux points : vis à vis du lycée et parce que WYVERN ATTACK ne lui était évidemment pas inconnu. Fabrice était le batteur de ce groupe. Nous fûmes épatés par ses capacités et son originalité à la batterie. Freddy et moi nous sommes regardés, complices. Le groupe nous proposa de jouer un morceau. Je demanda à Fabrice de rester à la batterie, prétextant que nous avions besoin de lui pour nous "aiguiller". Nous avons joué "To tame a land" d'IRON MAIDEN, Freddy à la guitare et moi à la basse et au chant... Au moment où les membres du groupe de cette MJC allaient partir, il fallait descendre un escalier avant lequel Freddy et moi avons intercepté Fabrice. Dans un premier temps, nous l'avons félicité pour sa prestation, puis lui avons demandé s'il serait intéressé pour jouer avec WYVERN ATTACK. Ce à quoi, Fabrice répondit qu'il s'ennuyait avec ce groupe (désolé pour eux) et qu’il avait apprécié notre assurance sur la reprise de MAIDEN... Dès la première répétition, Fabrice a amené quelque chose de nouveau aux titres. Des syncopes qu'Olaf ne réalisait pas, entre autres choses.

Il donnait l'impression de sauter de tom en tom, d'ajouter de l'énergie à nos titres, de compléter la poésie de nos compos par des thèmes plus complexes, plus majestueux. Une finesse qu'Olaf n'avait pas. A contrario, au départ, Fabrice a eu plus de mal à garder le rythme que nous lui infligions jusqu'à ce qu'il s'y habitue, très rapidement. C'est nous qui avions du mal à suivre par la suite :-) Toutefois, à la base, avec la tenue de scène, secondaire mais importante, il n'était pas très enclin à s'y soumettre mais est finalement vite entré dans le jeu...
En cette période, nous venions de connaitre de dures contraintes et étions pressés de jouer. Nous n'avions pas fait beaucoup de concerts à cause de ces changements de line-up, mais le mois de Juin qui allait suivre la nouvelle constitution de notre groupe allait être généreuse en concerts...
En été 1988, j'ai décidé de laisser tomber la basse pour me concentrer à nouveau uniquement sur le chant et, bien-sûr, mon rôle en tant que frontman. Nous avons eu beaucoup de mal à trouver un bassiste jusqu'à la fin de l'été de cette année là. Un certain Alain Acloque était au courant de notre recherche. Il venait d'Amiens, une longue distance depuis la Somme, et avait apprit la nouvelle par un fan que nous avions dans cette ville, où ils étaient nombreux à nous apprécier. Lorsqu'il s’est présenté dans notre local, le grenier arrangé de chez mes parents, nous nous sommes aperçus immédiatement qu'il était motivé. Il savait tenir sa basse et travaillait ce qu'on lui demandait de répéter chez lui pour la prochaine répète, en plus du fait qu'il venait de loin. Il fut donc le septième membre à opérer dans WYVERN ATTACK. Cependant, son engagement ne tint qu'à peine six mois puisque le groupe splitta fin 1988...


Que sont devenus les membres par la suite ?
Bien des années après WYVERN ATATCK, J'ai appris que Rudy avait fait un single de RAP en tant que chanteur, pas très convaincant apparemment. Il a ensuite rejoint une formation de reprises de tubes de chansons de variété, toujours en tant que chanteur, pour tourner. Il est devenu intermittent du spectacle... Dans le souvenir de ses tristes performances de choriste dans WYVERN ATTACK, j'ai peur à l'idée qu'il ait eu un micro entre les mains :-) Je n'ai plus jamais eu de nouvelles d'Olaf. Il comptait de toute façon arrêter la musique, si je m'en souviens bien... Kriss n'a rien réitéré depuis WYVERN ATTACK. Avant de tout laisser tomber il m’avait fait écouter 3 ou 4 titres à la fois bizarres, comiques, attrayants et surprenants. Certains auraient pu être à la hauteur d’un nouveau répertoire pour WYVERN ATTACK, avec une évolution perceptible... Freddy a eu une période où il s'est cherché un peu, me semble-t-il, en jouant avec d'autres musiciens, dans les années 90. Depuis plusieurs années, il répète de temps à autres avec un groupe dans l'Aisne. Ils jouent à la fois des compos et des reprises. Ils ne font pas de concerts car Freddy ne veut plus en faire, "par timidité" m'a-t'il déclaré :-) ... En 2002, il a accepté de venir en tant que "guest" pour l'enregistrement des solo sur les titres de mon second album studio "Set swords to music", en souvenir du bon vieux temps. Kriss avait refusé, dommage. En 2003, Freddy a bien voulu réitérer l'expérience pour le premier titre figurant sur mon troisième album "Cross words with us". C'est le seul membre avec qui j'ai encore des contacts... Je ne me souviens plus exactement de ce que faisait Fabrice juste après 1992, mais nous avions un projet de former un groupe qui n'a jamais abouti. Il a participé à quelques formations issues de Saint-Etienne, ville près de laquelle il vit depuis 1989. Je l'ai revu peu de fois quand j'étais en Région Parisienne, mais ai essayé de former quelque chose de concret avec lui entre 2009 et 2010, lorsque je suis arrivé dans le Cantal, plus proche de chez lui. Mais sans résultat. Il a continué dans le Metal mais a aussi apparemment fait parti d'un groupe de Rock plus standard...

Alain m'a suivi dans mes aventures pendant quelques temps en R.P. où il s'était installé chez le guitariste avec qui je jouai à l'époque et qui habitait à Nation (Paris). Il a fini par disparaitre, repartir à Amiens après quelques coups de gueules, et réapparaitre. En 2001, je lui ai fait appel pour renouer avec lui et former GUTTURAL. Je ne sais pourquoi j'ai fait cette erreur puisqu'au final j'ai dû le virer tant il était instable et belliqueux. Il se disputait sans cesse avec le batteur qu'il avait amené avec lui. Je n'avais pas eu de ses nouvelles entre environ 1995 et 2000. Après cet épisode, il a totalement disparu de la circulation... En ce qui me concerne, après avoir tenté de reformer WYVERN ATTACK, entre 1989 à 1992, alors que j'avais emménagé en Région Parisienne pour des raisons d'emploi, j'ai fini par abandonner l'idée car j'étais le seul à être motivé par la perspective de cette recomposition, avec les derniers membres d'avant la séparation. Dans un même temps, je jouais avec quelques musiciens de Metal sur Paris afin de former un nouveau groupe dans lequel j'étais à la fois chanteur et guitariste, mais aussi auteur/compositeur, ou dans des formations en quête d'un chanteur non musicien, en parallèle au WYVERN ATTACK nouveau pour qui les répètes étaient assez rares... De 1989 à 1998, je ne pourrais donner avec exactitude le nombre de groupes dans lesquels j'ai auditionné en région parisienne, tellement ils sont nombreux, ainsi qu'en Normandie, dans la Marne et dans le Loiret. Tant que j'en avais l'énergie, je répondais aux annonces des groupes qui cherchaient un chanteur et me déplaçais sans problème sur de grandes distances. Parfois, je m'impliquais le temps d'une répète ou deux et ne restais pas, faute d'enthousiasme des groupes, mais surtout, à cause des compos rébarbatives qui constituaient leurs répertoires... A contrario, j'ai fait d'excellentes rencontres avec des musiciens plus expérimentés, très cordiaux et très chaleureux, avec qui je n'ai eu que de bons échanges, assez éphémères malheureusement. Il faut dire que la plupart étaient des étrangers qui durent repartirent dans leurs pays (Etats Unis, Europe de l’Est)... Ceci étant, dans la majorité des cas, je devais m'atteler au répertoire pas toujours subtil d'autres formations... Ce petit jeu des chaises musicales a duré jusqu'à ce que je décide d'enregistrer mon premier album solo. Depuis WYVERN, j'avais emmagasiné une bonne vingtaine de chansons plus ou moins prêtes à paraître sur un album. Un petit nombre d'entre elles devaient d'ailleurs figurer au répertoire des Wyverns, sur la fin, mais n'ont jamais été approfondies avec eux... J'ai enregistré cet album dans le studio d'Alexis Phélipot (ex-batteur de Misanthrope), en 1999. Je l'ai intitulé "Heaven host"... J'y joue tous les instruments et le chant à l'exception de la batterie et des solo de guitares, interprétés par Alexis qui a adhéré à mon style de musique.
Faute d'argent, cet album n'a pas vu le jour à la vente, car il n'a que 6 titres, mais il a représenté un excellent passeport pour la suite des évènements... J'eu la bonne surprise d'en lire de formidables chroniques dans des fanzines ainsi que dans le Hard’N’Heavy du mois de Mai 2000... Après m'être mis à l'écriture d'un nouveau répertoire, conceptuel celui-ci, j'ai pu enregistrer mon deuxième CD studio, sous le nom de GUTTURAL. Le groupe avait commencé à prendre forme en 2001 mais ne dura pas un an. Ca devait donc être un projet de groupe dans lequel j'étais chanteur/guitariste mais il se transforma en second album solo. Sauf que celui-ci comporte 11 titres et fait 62 minutes.

Cet album est intitulé "Set swords to music" et a été enregistré en deux sessions, entre 2002 et 2003. Il est sorti mondialement en Octobre 2003. A la différence de mon premier album "Heaven host", les titres de celui-ci sont plus dans une lignée Power Metal Prog. Puis est venue l'heure de la promo mais, sans groupe, pas de concert. Par contre, beaucoup d'interviews radio et journalistiques ainsi que des chroniques louant unanimement "Set swords to music"... Pour finir, j'eu la commande d'un troisième album de la part d'un label italien, avant la sortie du deuxième qui se faisait attendre. D'un commun accord, nous avons décidé de reprendre tous les titres de mon premier album solo, pour lequel je devais ajouter un bon quart d'heure de musique afin qu'il soit vendable. Pour ce faire, j'ai terminé une œuvre de Thrash Heavy Prog de 16'43mn, que j'avais commencé à imaginer avant l'enregistrement de l'album précédent. Ce titre d’un genre inédit dans mon répertoire a aussi été enregistré sous le nom de GUTTURAL, mais est en fait un produit WARVIC, car j'en suis encore une fois l'interprète principal pour la majorité des instruments, mis à part la batterie et les solo.

Il est sorti mondialement en 2004. Le label responsable de sa production ne m'en donna jamais de nouvelles. Les seules que je pu avoir m'arrivèrent par le net, en particuliers de pays étrangers... En 2004, GUTTURAL vit un nouveau membre, guitariste, le rejoindre. Je le connaissais depuis plusieurs années, avais joué avec au milieu des 90's et avais enregistré une demo avec lui en 1998. Depuis 2006, GUTTURAL n'existe plus mais Warvic poursuit sa route. En Septembre/Octobre 2011, j’ai écrit et produit un clip vidéo de la ballade "Forgive you again", figurant sur l’album "Set swords to music"... Aujourd’hui, je continue à composer de différentes manières et suis sur un projet de clip vidéo concernant un titre de mon premier album solo...

LES CONCERTS

Où le groupe a-t-il joué ?
Nous nous sommes concentrés essentiellement dans les régions Nord et Picardie, à l’évidence de nos pauvres moyens qui ne nous permettaient pas de nous octroyer les frais inhérents aux charges des concerts qui se déroulaient dans des régions lointaines. Le Nord possède une vaste densité de population et les hardeux étaient nombreux à l’appel, dans les 80’s. C’est sûrement la raison pour laquelle nous avons pu nous produire aussi souvent dans cette partie du pays... Nous avons rencontré beaucoup de difficultés pour jouer en Belgique. Je ne sais pourquoi mais c'est dommage parce que les organisateurs paient bien plus qu’en France et le public répond aussi bien. Peu d'opportunité en hiver mais des périodes plus propices que d'autres, comme le printemps et la fin de l'été où les festivals étaient légion... Sur 4 ans, nous avons fait une cinquantaine de concerts.

Y’a-t-il eu des concerts marquants ?
Ma foi, oui. A commencer par le premier qui nous a propulsé sur les 2 suivants, et ainsi de suite. C'était le 2 Septembre 1985, à la braderie de Lille, sur le podium de l’association "Melinit" devant l'église du Parvis Saint Maurice. Non seulement nous n'étions pas encore connus, mais des centaines de kids étaient présents. Faut dire que nos copines et nous étions tous partis, chacun de son côté, dans les rues de cette braderie gigantesque pour faire notre pub auprès des metalleux que nous rencontrions. Au vu du nombre de personnes qui attendaient devant le podium, le bouche à oreille avait fait effet boule de neige... Le concert s'est déroulé sous une nuée de regards intenses. Au départ, je n'osais pas leur parler mais ai vite communiqué avec eux, de manière concise, timidement mais sûrement. Les morceaux se sont enchainés les uns après les autres et se terminaient sous les cris et les applaudissements. Des personnes de tout bord s'entassaient derrière le public des jeunes avisés. J'appris plus tard que des gens pensaient que nous étions anglais... Une anecdote : pendant que nous jouions, la foule a levé les yeux vers le toit du Parvis puis le ciel. Les portes de l’église s’étaient ouvertes juste derrière nous et des colombes venaient de s'envoler du haut de l'édifice juste au dessus de nos têtes. Ca n'aurait pas eu de sens si ça ne s'était pas déroulé durant un morceau qui s'intitule "Daemon", un titre sur la naissance du mal et de son rejet par Dieu... Il y a de quoi se poser des questions, non ? :-)

Formidable show avec un soutien digne d'un groupe qui aurait déjà son fan club. In-croy-able... A la fin du concert, parmi une cinquantaine de headbangers rassemblés autour des marches installées sur le côté droit du podium, alors que j'allais les descendre, je me suis senti soulevé par une multitude de mains sans que je m’en rende compte. Je n'avais pas atteint la première marche que je me suis retrouvé face au ciel, attrapé de tout mon long, par les jambes, le corps et les bras en croix. Une fois les pieds reposés délicatement sur le sol, je me suis aperçu que l'on m'avait mis une bouteille de Jeanlain (bière du Nord) dans chaque main. Emouvant, magique :-) J’étais vraiment sur une autre planète :-) Les autres musiciens de WYVERN ATTACK étaient complètement ébahis. Ces types, avec qui nous venions tout juste de faire connaissance, sont devenus nos fans, le temps d'un concert qui a duré entre 30 et 45 minutes. Quand le calme est revenu, l'organisateur est venu nous féliciter pour notre prestation et nous a offert l'occasion de nous produire pour un autre concert, dans une salle à Fives (banlieue lilloise), prévu pour le printemps d’après, en 1986... Le chanteur d'un groupe d'Amiens nommé FORCEPS, qui avait joué juste avant nous, avait prévu d’organiser un festival dans la salle Gérard Philippe de sa ville. Avec autant d'ardeur, il est venu nous proposer de faire sa première partie après 5 ou 6 groupes qui avaient pourtant déjà leurs réputations, estimant que le jeune public de là bas serait emballé par notre musique. Il avait attendu notre prestation avant de se prononcer :-) Ce festival était prévu pour le mois d'après. j’en reparlerai tout à l’heure... Notre prestation de Lille nous permis aussi d'avoir un encart plutôt flatteur dans un journal qui nous ouvrit les portes plus facilement pour le festival en plein air du 15 Septembre à Avion (Pas-de-Calais), 14 jours plus tard. Le public était moyennement nombreux, à cause du temps maussade je suppose, mais nous avons été filmés par un membre de la famille. L'image de la vidéo n'est pas mal du tout, pour un caméscope de l'époque, mais le son est irrécupérable... J'en ferais peut-être quelque chose, un jour... Ce fut donc en cette fin d'année 1985 que nous fîmes notre 3ème concert, à Amiens, pour le fameux festival dont nous avions rencontré l'organisateur/chanteur à Lille. Pour le peu, un fan de Metal amiénois que j'avais eu l'occasion de rencontrer chez un gros disquaire de Lille, avait parlé de WYVERN ATTACK à Amiens... Il est vrai que pendant notre show, les types de la sono n’ont pas assuré, mais le public était bien présent et déchainé. Ca se passait dans un amphithéâtre, donc un peu complexe pour l’acoustique. De là où je chantais, je me souviens avoir vu des types voler. Une jambe par-ci, une jambe par-là. Certains ont même cassé des strapontins. J'en ai eu la confirmation en voyant des photos, qui ne m'appartiennent malheureusement pas, sur lesquelles, en plus, de nouveaux fans étaient pèles-mêles... C'était démesuré mais j'étais comblé par leur accueil "fracassant" :-) L'organisateur avait fait disposer une scène à la Maiden (deux estrades immenses de chaque côté du batteur, lui-même sur une estrade centrale). Personne ne l'avait utilisé. J'aime autant vous dire que nous, les Wyverns, avons profité de l'occasion pour l'amortir :-) Pour finir, lorsque le groupe principal (FORCEPS) était en train de jouer, il y avait un silence de mort dans le public, à l’exception des rappels pour "WYVERN ATTACK" que nous entendions depuis la loge, en backstage. Nous n'en revenions pas mais, malgré notre gêne pour les mecs de FORCEPS qui nous avaient non seulement invité, mais qui étaient censés être le groupe vedette d'Amiens, j’avoue que nous y avons pris plaisir... J'ai revu le chanteur de cette formation quelques mois plus tard. Il m'a expliqué que le groupe s’était séparé quelques jours après le festival et qu'il en avait formé un autre sous le nom de WHY NOT... Jusque là, j'avoue moi-même que ça paraît gros, improbable, mais c'est pourtant de cette manière que nous avons démarré et que le public nous a adopté...

1986 fut généreux en concerts. Nous venions d'investir dans notre propre sono. Ca nous permettait d'organiser nous-même des concerts quand les associations ou les salles n'en possédaient pas. Ce n'est pas pour autant que nous avons pu tourner comme un groupe pro, mais ça nous a ouvert des portes. Evidemment, nous manquions d'expérience et le premier de cette année là ne fut pas convaincant. C'était au mois de Février, à la MJC d’Arras où nous n’avons eu comme seul public, que nos parents respectifs et quelques copains. Nous avions omis une chose importante : c'était le jour de l'Enduro du Touquet (sur la côte d'opale, dans le Pas-de-Calais), si réputé. Les motards et la majorité des hardeux s’étaient bien-évidemment donnés rendez-vous sur les plages du Touquet. Ca nous était pénible de ne voir personne arriver derrière le rideau, alors que nous avions si bien commencé. Nous avons quand-même fait le show au complet comme si nous avions joué devant un large public. Ca nous aura au moins permis d'essayer la sono grandeur nature... Nous avons réitéré notre passage à Arras en organisant un festival pour le mois d'après. Nous avions invité 5 groupes allant du Hard-Rock au Punk, en passant par le Heavy Metal, histoire d'attirer un maximum de personnes. Notre pub était le bouche à oreille et les affiches que nous posions un peu partout aux alentours... Nous n'avons pas eu grand monde, malgré notre persévérance. Nous en avons conclus qu'Arras nous portait la poisse :-) Entre temps, nous sommes retournés à Amiens, seuls cette fois, où un peu plus de monde que lors du festival nous attendait de pied ferme. C'était en Mars. Je regrette le son que nous avons fait subir à notre public et nos oreilles, mais il faut avouer que jouer du Metal dans un amphithéâtre est un vrai challenge... Quoi qu'il en soit, l'hystérie a été à peu près identique que lors de notre passage précédent. Deux anecdotes pour ce soir là : En 86, je n’étais pas bien costaud. Lorsque j’ai essayé de porter Kriss sur mes frêles épaules, il était de travers et m’a entrainé avec lui par terre. Heureusement, ça s’est passé très rapidement. L’autre anecdote est que Freddy a cassé une corde en plein milieu d’un morceau, comme ça arrive à beaucoup de musiciens, sauf que lui s’est payé le luxe de faire un solo de guitare improvisé sur le refrain, en remplacement de la rythmique qu’il ne pouvait plus assurer à cause de la corde manquante. Je ne m’en était pas rendu compte... A la répétition qui suivie, en écoutant ensemble la K7 enregistrée sur un magnétophone de salon, malgré le mauvais son qu’on avait eu, j’ai entendu son solo que j’ai trouvé très approprié au chant. Belle improvisation... Le même mois, dans une salle de Fives, concert organisé par l'association Melinit qui nous avait fait joué devant le Parvis (à Lille), nous étions déjà en terrain conquis devant ce public plus calme qu'à Amiens, mais tout aussi fidèle, même s'il fut à l'évidence moins nombreux qu'à la braderie... Ensuite, nous avons fait plusieurs concerts avec plus ou moins de monde et plus ou moins d'émotions... Le 1er Mai 86 fut mémorable. Il s’agissait d’un festival en plein air pour la fête de l’Humanité, à Grenay. On se produisait là où il était possible, sans étiquette politique. Il faisait un temps splendide et le public, de toute origine musicale, était venu nombreux pour venir voir entre autres Catherine Lara et Little Bob Story. Comme dans tous les autres festivals de ce genre dans lesquels nous avions l’opportunité de jouer, il y avait plusieurs podiums et les groupes jouaient les uns après les autres. Nous avons joué une demi heure, temps imparti à chaque groupe, en début d’après-midi sous un soleil radieux. Je possède une grande quantité de photos de cette journée magnifique.

FR3 était sur place. Après quelques titres, un caméraman est monté sur scène pour filmer nos chorégraphies. Impressionnant, quand c’est la première fois et qu’on ne s’y attend pas. La réponse du public a été unanime et immédiate. C’était d’autant plus extraordinaire que ça n’était pas gagné vis à vis d’un grand nombre de personnes complètement novices à notre style de musique. Mais ils s’étaient volontairement confondus parmi les hardeux plus avertis. Mine de rien, en pleine après-midi, le temps de se balader après le show, de discuter avec les uns et les autres, nous avions à nouveau un public le soir venu pour un show d’une heure complètement imprévue, mais qu’ils avaient eux-mêmes réclamé. Après en avoir demandé l’autorisation aux gars de la sono qui paraissaient ravi de cette perspective, nous avons proposé à ATROCE de jouer avant nous. Au bout d’un moment, nous commencions à regretter de leur avoir fait cette proposition. Je me souviens que les mecs de ce groupe répétaient les mêmes titres les uns après les autres. Ca devenait sérieusement long et rébarbatif et le public, venu nombreux, commençait à se disperser. Le chanteur n’avait plus de voix, ils étaient bien éméchés, et nous, nous attendions notre tour qui était déjà passé. Nous sommes donc allés sur la scène pour les inviter, gentiment mais fermement, à nous céder la place :-) Après les premières notes d’un concert qui a duré de 22H00 à 23H00, une chose assez surprenante s’est produite : les personnes qui s’étaient dispersées juste avant ont soudain surgit de toute part pour ne reformer qu’un massif et sympathique publique. Anecdote : C’était le jour du passage du nuage de Tchernobyl que les pouvoirs publics socialistes de l’époque nous avaient délibérément caché... Nous avons aussi joué en boite, comme à "La Tune" de Flines-Les-Raches et à "La Capsule" de Villeneuve d’Ascq. Pour cette dernière, il s’agissait d’un concours. Trois groupes étaient invités. Un groupe de Blues/Variété, un groupe de New Wave et un groupe de Metal (nous). Un autre monde, dans une boite fréquentée uniquement de gens guindés. Il était couru d’avance que nous arriverions bons derniers mais le but n’était pas de gagner ce concours. Toutefois, j’eu l’agréable surprise d’obtenir le prix d’excellence pour ma prestation vocale et ma demande de participation auprès du public. Ce n’était pas cool pour les autres membres de WYVERN ATTACK mais ils l’ont bien prix. Notre but était en fait de montrer à un publique inhabituel, non incité par les fans déchainés, de quoi était capable un groupe de Metal comme le nôtre...

Nous avons aussi joué pour des manifestants. Ca, c’était une idée de Kriss que nous n’avons pas renouvelée. Nous n’y avons pas pris notre pied parce que nous sommes un groupe de scène, pas un groupe de revendications politiques. Nous nous sommes sentis un peu à l’écart quand nous jouions. C’est normal, les manifestants n’étaient pas venu nous voir, ils étaient venus pour manifester, même si quelques uns ont apprécié le show... A Croix, le jour de la fête de la musique, nous sommes passés sur un splendide podium devant à peine 10 personnes. L’ingénieur du son regardais le match sur une petite télé pendant que nous faisions la prise de son. J'avais envie de lui casser la gueule pour son manque de respect. Nous avons quand-même joué notre demi-heure prévue avec notre intensité habituelle, exclusivement parce que nous étions filmés par une caméra de la télévision, ce qui nous engageait davantage pour le show... Le concert que nous fîmes trois semaines après celui de Croix fut organisé par nous-mêmes dans le village où nous répétions, à la salle des fêtes avec notre matos. Nous avons ouverts le bal en organisant une soirée spéciale Metal où nous servions à la fois de DJ et de barmen. Ca nous permettait d'avoir des relations plus intimes et plus longues avec les fans et des novices du village ou des alentours, qui nous connaissaient de vue et qui étaient venus par curiosité. Un membre de la belle-famille de Kriss, qui nous suivait régulièrement, nous filma ce soir là. En comparaison avec la première vidéo, plus courte, faite à Avions, on ressent franchement une évolution à la fois dans l'assurance de nos fonctions respectives mais aussi dans nos nouvelles compos et notre jeu de scène, ainsi que la complicité d'avec le public sur un show de plus d'une heure et demie. Dommage que le son ne soit pas claire et que l'image soit un peu sombre mais la bande est plus intéressante que celle d’avant. Nous étions en grande forme et ça se sent sur la vidéo. Ceci étant, nous étions souvent en forme quand nous passions sur scène, même si nous étions crevés la minute d’avant :-) J’en retiens particulièrement l’intimité de nos rapports avec ce public, du fait de la proximité que nous avions entretenue tout au long de la soirée. De plus, nous inaugurions un nouveau show avec de nouveaux titres, de nouveaux costumes...

Nous sommes repassés à Amiens. Sans commentaires puisque nous étions en terrain conquis. Nous avons joué à 2 reprises dans la salle des fêtes de Wingles, village proche d’où nous répétions. Bizarrement, le public à Wingles a été différent les deux fois. Peut-être est-ce le fait qu’à notre deuxième passage un gang très réputé dans notre région s’était déplacé pour venir nous voir et que beaucoup craignaient qu’il n’y ait de la casse. Dans le doute, nous avions demandé à deux amis de faire le service d’ordre, gentiment. C’était un peu stupide quand on sait que ces types étaient une cinquantaine :-) Tout compte fait, le concert s’est super bien déroulé. J’avais une telle pression que lorsque le rideau s’est ouvert j’ai cassé mon micro par terre, avec une violence inouïe, parce que je ne m’entendais pas chanter. Ces types ont du me prendre pour un fou :-) C’est peut-être la raison pour laquelle ils sont restés contre les murs tout au long du show :-) Blague à part, je ne crois pas en cette hypothèse. Triste anecdote : Le matin même, Kriss nous appris le décès de son premier né. Il revenait de la maternité et le bébé était mort-né. Les autres membres n’étaient pas encore présents lorsque je le sus. Par compassion, au nom du groupe entier, je lui proposa de renoncer au concert du soir. Il me confia qu’il voulait jouer, que la vie continuait... Je ne sais pas s’il faut en retenir une leçon, mais je sais que si la même chose m’était arrivée j’aurais été si effondré qu’il m’aurait été impossible de chanter... En 1987, l’année a été plus difficile car il y a eu notre premier changement de line-up, en début d’année... Nous avons décidé de nous tourner vers d’autres horizons afin de faire découvrir notre musique à un nouveau public, au travers d’autres villes... et ce n’est pas ce qui manque dans le nord de la France. Nous nous sommes tout d’abord produits à Calais, le 17 Janvier, à "La Maison Pour Tous". Notre dernier concert avec Rudy (bassiste). Nous n’avions pas encore eu de contact sur la côte et, franchement, nous ne le regrettâmes pas. Le public de Calais n’avait rien à envier à celui d’Amiens. Sans aucune publicité, ils étaient venus aussi nombreux que dans la capitale de la Somme. Nous nous étions liés d’amitié avec un groupe de Pop/New Wave de là bas, PUNK FLUID. La route était longue pour y aller et revenir, mais le jeu en valait la chandelle. Avec PUNK FLUID, nous avons rapidement échangés. Après la première date à Calais, nous les avons invité à Lens pour un concert que nous avions organisé. Ils nous ont réinvité à Calais l’année d’après et entre temps nous les avons fait venir pour un festival. Et ainsi de suite pour quelques concerts où nous pouvions avoir une influence sur l’organisation. Ca a été le cas aussi avec WHY NOT que nous avions réinvité pour notre deuxième show à la braderie de Lille, en retour de leur invitation au festival d’Amiens en 85...

Après le départ de Rudy, nous avons cherché pendant 2 ou 3 mois un bassiste pouvant le remplacer. Entre autres personnes qui nous semblaient pouvoir faire l’affaire, il y avait l’ex-bassiste d’IRON BIRD (qui venait de splitter) avec qui j’avais déjà eu quelques contacts. Je crois me souvenir qu’il ne se sentait pas capable de jouer avec WYVERN ATTACK... Comme nous ne parvenions pas à trouver un bassiste, je me suis décidé de prendre cette place, comme je l’ai déjà expliqué précédemment. C’est ainsi que nous avons pu redémarrer une autre session de concerts, en commençant par les 24 heures du Campus de Villeneuve d’Ascq, le 27 Mai. Le dernier concert avec Olaf... Dans ce Campus immense, des jeunes fougueux se pressaient de partout. Le lieu et l’atmosphère avaient pris des airs d’innocence. Faut dire que ça représente aussi avec la mentalité de l’époque... Quand nous avons trouvé notre podium, après avoir tourné et tourné, nous n’avons malheureusement pas pu jouer plus de 20 minutes puisque nous avons eu une panne d’électricité... J’ouvre une parenthèse ici puisque la chose est assez équivoque. En effet, ce genre d’incident nous arrivait de plus en plus fréquemment. Ca nous est aussi arrivé en 1988, alors que nous jouions à la braderie de Lille sur un podium où il n’était pas prévu que nous nous produisions. En insistant auprès des organisateurs sur place, ils nous trouvèrent un créneau entre deux groupes, en faisant la grimace. Nous sommes passés juste avant SHINE. Tout s’était jusque là normalement passé et quand nous sommes montés sur scène, à peine le deuxième titre entamé et la sono est tombée en panne. Malgré que le micro ne fonctionnait plus, j’accusais les ingénieurs du son de favoritisme et attisais le public en rage pour que les responsables fassent revenir le son. Si je n’ai pas été insultant, certains dans le public ne se sont pas gênés pour exprimer leur sentiment d’injustice. Bizarrement, lorsque nous sommes redescendus de scène, la machine est repartie pour le groupe SHINE, comme si rien ne s’était passé. Peu après le mini show, un membre de ma famille qui était sur place nous a fait part qu’un homme en costume avait discuté avec les types de la sono juste avant que nous n’ayons plus de son.

Je ne voudrais pas qu’on prenne les membres de WYVERN ATTACK pour des paranos mais ce n’était pas la première fois, ni la dernière, que nous fument les seuls à payer de notre show les pannes hypothétiques d’un système électrique, pourtant adapté à la situation, ou d’une sono qui n’avait pas plus de raison de tomber en panne à notre passage qu’à celui du groupe précédent ou celui d’après. C’est une certitude, puisque nous étions continuellement accompagnés par un pro de l’électricité qui était notre sonorisateur, en personne. Kriss était aussi calé dans le genre... Les autres groupes parmi lesquels nous avons pu être programmés ne subissaient pas ce genre de sarcasmes, lorsqu’il s’agissait de festivals non organisés par nous même. De plus, il devenait de plus en plus difficile de nous produire dans les festivals de la métropole lilloise. Nos candidatures étaient refusés sans discernement, sans ménagement, comme si nous étions évasés par je ne sais qui, je ne sais quoi... Un jour, sur la fin de WYVERN ATTACK où nous commencions à fatiguer de ces enchaînements "malencontreux", j’appris de source que je ne dévoilerai pas, qu’un membre des RG (Renseignements Généraux) avait laissé entendre que WYVERN ATTACK était pisté, sans en dire plus pour des raisons de secret professionnel... Il faut avouer qu’il en avait déjà trop dit... Mais qu’est ce que pouvait bien craindre l’Etat, ou la Région, d’un groupe comme WYVERN ATTACK qui n’avait ni étiquette politique ni revendication en la matière ? A moins que la question ne soit plus d’ordre "public", sans mauvais jeu de mot, que politique ? Cette polémique reste une énigme... Hormis ces désagréments assez effroyables, pour en revenir à la braderie de Lille, nous avions pu interpréter notre répertoire d’une manière bien plus magistrale l’année précédente, dans une rue bien plus vaste que celle où nous avons été freinés sur le vif. Car s’il me semblait que le deuxième concert à la braderie ne pouvait pas être plus important que le premier qui nous avait propulsé, je me trompais. D’abord, nous étions les organisateurs de ce festival avec l’assurance d’une association qui s’appelait l’A.M.R.P. Une asso en marge de l’ARC qui était plus puissante et qui avait sous sa tutelle la majorité des gros groupes de Metal de la région comme LOUDBLAST, KU BLAI KAHN et d’autres que j’ai oublié...

La préparation de ce festival gigantesque a été longue. Nous dûment arriver la veille pour monter notre sono sur une scène assez conséquente pour notre pauvre matériel de sonorisation et de lights. Toutefois, je crois me souvenir que nous avions eu l’occasion de booster notre sono grâce à la location d’autres éléments payés par l’A.M.R.P., comme des retours de scène par exemple... Kriss était resté dans la camionnette toute la nuit pour surveiller le matos. Pour le jour J, nous avions invité plusieurs groupes, dont ceux avec qui nous échangions de temps à autres des dates, et avons fait une balance sérieuse devant les quelques bradeux qui se bousculaient sans trop prêter attention à nous, mis à part un petit nombre de hardeux déjà sur place. Le soir venu, comme à notre habitude, nous avons été faire notre pub dans la braderie même directement à la source du podium de l’ARC où se tassaient déjà un petit nombre de kids... Ce soir là, nous avons fait l’ouverture (de 18H30 à 19H30) et la fermeture (de 2H00 à 3H30 du matin). Je me souviens de ce show comme d’un tsunami qui nous arrivait dessus. Dès le premier titre se sont entassés des fans de Metal, mais pas tout de suite contre l’estrade. La rue dans laquelle nous jouions est une sorte d’esplanade composée d’un parking gigantesque au milieu de deux routes principales, au centre de Lille. Les gens qui se pressaient à l’arrière de notre public "classique", pour chiner, se sont très vite arrêtés pour regarder le show. Je me rappelle qu’en chantant, je voyais avec les yeux écarquillés cet afflux de monde qui me faisait penser à une grappe de raisin titanesque, prenant de l’ampleur pendant quasiment les trois premiers titres, avec des vagues qui poussaient plus ou moins d’un côté et de l’autre, selon les endroits. Je n’en voyait presque pas le bout. Dans un élan d’euphorie, je m’étais même retourné vers les musiciens du groupe avec l’exclamation d’un enfant qui aurait trouvé un nouveau jouet :-) Je me souviens de leurs regards à la fois stupéfaits et satisfaits à la vue de ce monde qui nous gratifiait. Je ne pouvais bien entendu pas les compter mais un responsable nous appris plus tard qu’environ 10000 personnes avaient pris possession de cet endroit au moment même ou nous jouions. Une chose est sûre, c’est qu’ils étaient cent fois plus nombreux qu’au tout premier show que nous avions fait quelques rues plus loin, l’année précédente... Anecdote 1 : Nous avions autour de 20 ans à l’époque et des gens d’une cinquantaine d’années sont venus nous voir au bord de notre vieille camionnette, après notre premier show. Ils ne connaissaient pas le style de musique que nous faisions mais souhaitaient nous féliciter pour notre prestation et nous remercier pour la gaieté que nous venions de leur apporter. Anecdote 2 : WHY NOT, le groupe d’Amiens dont le chanteur nous avait réclamé notre première demo, avait joué une ballade ressemblant fortement à la nôtre, quasiment note pour note. Pompage ou coïncidence ? ;-) J’avoue avoir trouvé ça à la fois mesquin et flatteur mais quelle maladresse de l’avoir joué devant nous, sur notre podium et notre sono, sous le couvert de notre invitation. D’ailleurs, je me souviens avoir observé à la mine embarrassé d’un des guitariste qu’il venait de s’apercevoir de leur erreur :-)

Pour en revenir à l’année 1987, le mois de Juin fut particulièrement animé mais pas pour autant qualitatif. Nous avions un concert chaque samedi, parfois même en semaine, et avons pu jouer dans des endroits où nous n’avions pas encore mis les pieds. L’organisation de ces concerts était approximative. Ceci dit, c’était mes débuts à la basse et, sans le savoir, nous nous préparions à quelque chose de plus gros... Il me semble que c’est en Juillet, nous avons joué lors d’un festival en plein air, je ne sais plus où. En tout cas, c’était un samedi. Du Metal rien que du Metal... Alors que nous avions déjà fait parler de nous de manière plutôt positive, le responsable des groupes voulait nous faire passer en premier, en tout début d’après-midi. Nous en avions marre d’avoir à devoir faire l’ouverture entre 13H00 et 16H00, tout ça parce que d’autres groupes avaient de bonnes excuses pour ne pas passer en premier, sachant pertinemment que les premières heures de l’après-midi sont des horaires où il y a le moins de monde qui se manifeste et pas forcément là où nous sommes le plus en forme pour jouer. A l’époque, j’étais en formation d’entraineur dans un club de musculation. Je terminais à midi ce samedi là, mais après l’entrainement et le repas, plus le trajet qu’il y avait à faire, il était quasi-impossible d’avoir toutes ses capacités pour chanter comme je le faisais en début d’après-midi. Nous avons donc fait comprendre à ce Monsieur qu’il était impossible pour nous d’ouvrir le festival pour la raison que je devais travailler à l’heure dite. C’était un mensonge mais le bougre ne comprenait rien aux aléas de la vie et semblait faire des préférences illégitimes pour un groupe en particulier, alors inconnu, et dont j’ai oublié le nom. Nous sommes donc passés plus tard mais il nous l’a fait payer :-) Une anecdote avant de continuer : nous sommes passés juste après un groupe maquillé d’un blanc blafard dont l’appartenance à l’Antéchrist ne faisait aucun doute puisque le "chanteur grommeleur" s’était mis à genou, face au public, pour cracher de l’hémoglobine sur une croix du Christ retournée, juste à la fin de leur concert. Une croix splendide, du reste, qui avait l’air d’être sortie d’une église... Il y avait des familles et des enfants parmi la foule et nous ne concevions pas qu’un groupe puisse jouer ce genre de scène devant un public non averti. Freddy, Kriss et moi les attendions de pied ferme à la sortie du podium. Ils ne jetèrent pas un œil sur nous tant ils semblaient profondément gênés par nos regards vindicatifs... C’est à cause de ce genre de phénomène, pour ne pas dire des débiles, que les mairies de l’époque ont tout bonnement fait un amalgame avec les autres groupes de Metal et ont commencé à refuser que nous nous produisions en plein air, à cause des plaintes légitimes des habitants... Ce jour-là, la police a fait irruption immédiatement après leur scène vampirique... Qu’à cela ne tienne, nous avons joué avec beaucoup de "passion", vers la fin de l’après-midi, pour redonner un peu de positivité parmi la foule de ce festival dont les gens étaient en train de partir. Vous devinez pourquoi. Comme notre show avait été diminué, je suis allé voir personnellement l’organisateur pour lui demander un deuxième passage après le dernier groupe, puisque le festival devait finir relativement tôt. Il acquiesça nerveusement mais avec plaisir, apparemment... Le soir venu, KU BLAI KHAN avait réussit à nous devancer et n’en finissait plus de jouer. C’était aussi leur deuxième concert. Ho, cela nous rappelait quelque chose que nous avions déjà vécu à l’époque du festival de Grenay, avec ATROCE. Je rappela au responsable des groupes, qui passait au loin, que nous souhaitions jouer avant que le public ne soit absent, car il ne restait plus grand monde, et que s’il ne s’en occupait pas, c’est moi qui allait le faire. Tout ceci en présence de Freddy et Fabrice, écroulés de rire derrière leurs moustaches :-) J’étais encore avec Freddy, en train de discuter entre les consoles de sonorisation et la scène, comme l’organisateur passait et repassait devant nous, faisant mine de nous avoir oubliés... A un moment où il repassait (une dernière fois), je l’attrapai par le col et le conviai expressément d’exaucer rapidement notre demande, en réparation du show qui nous avait été raccourci :-) La réaction de ce "responsable" fut étonnante et ma démonstration plus persuasive que ce que je n’escomptais. Il pris peur et se précipita aussitôt sur scène pour aller couper le son de KU BLAI KHAN, qui ne trouvait plus rien à jouer et savait pertinemment qu’ils outrepassaient largement les limites de leur temps imparti. Il fut soudainement si attentionné envers nous qu’il fit même du zèle en nous présentant "et voici WYVERN ATTACK", alors qu’il ne l’avait fait pour personne :-) Pathétique mais comique. Nous avons finalement joué devant un public peu nombreux, sous de minuscules lights, un peu agacés d’en être arrivé à ce genre de procédé pour, au final, devoir réchauffer l’atmosphère d’un public refroidi à cause de l’incompétence d’un énergumène...

Entre fin 87 et début 88, Freddy a décidé de faire un break. Lui et moi ne nous entendions plus très bien. Kriss était un peu affecté mais c’est moi qui ai tout de même rappelé Freddy 6 mois plus tard, au printemps 88, pour qu’il rejoigne à nouveau le groupe... J’étais surpris qu’il accepta aussitôt. Ce long intervalle nous a été bénéfique à tous les deux, pour notre égo, et a resserré les liens entre lui et moi. Nous étions devenus plus adultes, je suppose. Cependant, ça faisait la troisième fois en à peine 1 an et demi que nous subissions un flottement au sein du groupe. Pas de concerts pendant 6 mois s’est révélé destructeur, car pendant ce temps nous ne faisions pas parler de nous, si ce n’est que certains fans savaient qu’il nous manquait un gratteux... Nous avons vite repris nos postes en répète et avons entamé quelques petits concerts dans notre secteur, histoire de se refaire la main et de montrer que nous étions toujours là. Des petits festivals de campagne et des concerts plus importants, comme notre retour à Calais, où nous étions attendus par plus de monde que la fois précédente. Nous avons ensuite rejoué à Avion ou Grenay, pour la fête de l’Huma sur le podium d’une marque connue de pastis ;-) Il y avait un poney club à 30 mètres du podium. Avant le concert, j’étais en habit de scène et avait enfourché un de ces cheval nain, le casque de viking vissé sur la tête. Une bonne partie de plaisir qui a bien décontracté tout le monde avant de monter sur scène... Pour tout dire, je mettais ce casque, que j’avais confectionné moi-même, lors d’un titre nommé "Love fighters" afin de donner encore plus d’ampleur à notre spectacle. J’étais encore bassiste à ce moment là et Fabrice avait déjà rejoint le groupe. Les fans de toujours étaient présents et, malgré le mauvais temps, ils se faisaient bien entendre dans une ambiance générale qui n’était pas à son paroxysme... Je souhaiterais rajouter un aspect général de notre relation avec le public. Lorsque je communiquais avec la foule, mes appels étaient immédiatement soutenus par des cris généreux et je voyais dans leur expression et leurs gestes un vrai désir de me répondre :-) C’était évident, ceux qui ont vu WYVERN ATTACK sur scène nous ont aimé... Anecdote : Face à nous, à environ 100 mètres, sur un autre podium, Les Avions faisaient leur balance, en plein milieu de notre créneau, pendant que nous jouions. Pour paraître dans le coup, je suppose, ils avaient joué "Smoke on the water". C’est pendant un temps mort que je m’en suis rendu compte. Le public ne semblait pas gêné mais, par acquis de conscience, j’ai tout de même fait une annonce aux Avions par message vocal, à distance et au micro. J’estime qu’il faut savoir remettre en place les musiciens qui ne respectent pas les règles du jeu :-)

Avec Alain (le dernier bassiste), nous n’avons faits que 3 concerts. Nous lui avons soumis les 20 titres de notre répertoire, dès son arrivée à l’été 88. Nous sommes repartis jouer à Amiens, avec toujours la même effervescence, mais aussi toujours dans les mêmes conditions qui commençaient à nous épuiser, même si nous ne nous en rendions pas vraiment compte à l’époque... Nous avions redémarré de bon pied avec l’enthousiasme de repartir vers de nouveaux horizons. Kriss était plus perplexe et nous rabâchait régulièrement que c’était une année décisive, que c’était maintenant ou jamais, alors que Freddy, Fabrice et moi avions des convictions bien plus positives... Freddy faisait son service militaire, ce qui compliquait la tâche au décèlement de concerts pour ses permes dont on ne connaissait les jours qu’à la dernière minute. Je reprenais goût à ma fonction de chanteur frontman que, finalement, le public nous connaissant espérait voir revivre chez Wyvern. Notre répertoire était joué instinctivement mais le temps que nous avions passé à ne pas pouvoir faire de concerts nous avait mis dans un état de "manque". Cependant, nous en avions profité pour perfectionner à nouveau les premières œuvres qui nous paraissaient mal vieillir...
Notre dernier show fut une vraie catastrophe. Ca se passait dans une boite de Hard-Rock à Rinxent (près de Calais), le "Hard Club", le soir du réveillon du Nouvel an 1988/89. Trois groupes devaient se produire ce soir là. La très gentille dame du gérant de la boite avait préparé un repas de fin d’année pour les groupes et leurs techniciens, dont nous faisions partis. Je crains que nous n’ayons trop profité des délices mis à notre disposition pour cette soirée qui se devait d’être exceptionnelle. Nous n’avons pas été très sérieux et nous nous sommes épuisés dans la déraison, mais dès que l’heure a sonné pour notre show, nous étions prêts. Hors, si l’intro de concert et les trois premiers titres se sont déroulés formidablement bien, tout s’est arrêté soudainement lorsque Kriss a donné un coup de pied dans l’un des pied de cymbale du batteur. Fabrice n’avait pas retenu un changement que nous avions néanmoins répété. Pourtant, je me tenais face à lui pour l’en informer discrètement avant que Kriss ne se manifeste. Avec la puissance du son, il n’entendait rien et Kriss n’a pas cherché midi à quatorze heure. Je me suis pris le tranchant de la cymbale dans le cou et Kriss a balancé sa guitare. Il quitta le groupe, dès le lendemain. Ce fut le dernier concert... Une anecdote toutefois : L’intro que nous interprétions était basée et reprise sur la musique du film "Conan le barbare". Les musiciens prenaient le relais de la musique quand j’entamais une chorégraphie de iaïdo/kendo que j’avais créée pour notre entrée sur scène. Le glaive à la main, j’exécutais des figures de cet art martial japonais et finissais ma parodie dans une vive estocade, la pointe de l’arme vers le public, dans une position semi-accroupie. Comme nous jouions à même le sol et que les projecteurs installés sur un plafond bas m’éblouissaient, je ne voyais que partiellement les premiers rangs d’un public qui me semblait assis tailleur. Au dernier moment, à la fin de ma choré, j’ai arrêté la pointe de mon glaive à 2 cm d’entre les deux yeux d’un type assis juste devant moi. C’est à peine s’il a fait un mouvement en arrière tant il a été surpris. Sur ce laps de temps assez rapide, Il ne semblait pas rassuré et je dois avouer que si j’avais visé juste, c’est par acquis de conscience, car sa silhouette derrière les projos ne m’indiquait pas sa place avec exactitude, et mon but n’était pas de me retrouver si près... Mais ça va, il ne m’en a pas tenu rigueur puisque nous en avons bien rit ensemble après notre catastrophique et dernière prestation.

LES AUTRES EVENEMENTS MARQUANTS

Y’a-t-il eu un (ou des) évènement(s) qui ont été décisifs dans la vie du groupe ?
Plus ou moins. Comme je l’expliquais pour les concerts marquants, certaines scènes ont eu un impact sur le groupe. Je pense que certains membres (deux en particulier) auraient progressivement mais sûrement laissé tombé le groupe dès la première année s’il n’y avait pas eu cette intensité dans nos concerts, ce suivi et cette demande de la part des fans. Je crois que certaines de nos scènes, notre sérieux a fait murir le noyau très rapidement au point de ne plus avoir de doutes sur nos capacités musicales, notre créativité et notre charisme, nous ont entrainé dans une sorte de mini tourbillon, en attendant le cyclone qui n’est jamais venu ;-) Ce n’est pas de la vantardise, c’est juste un fait que nous ressentions vis à vis du comportement du public qui venait nous voir avec un enthousiasme dépassant toute espérance, à chaque fin de concert. Même dans la rue, nous avons vécu cette expérience étonnante... Ce sont des moments de notre vie d’artiste qui ont été décisifs dans notre construction, la force de notre motivation, qui ont égayé nos jours et nos nuits, qui nous ont aidé à avancer sans complexe, à être plus généreux dans nos compos et dans notre jeu de scène pour ce public, de plus en plus nombreux, qui se donnait corps et âme pour nous, sans concession. Des échanges purs et forts entre un public conquis et un WYVERN ATTACK comblé. Nous avons ressenti de fortes émotions, même si nous étions à un petit niveau, semble-t-il...

Dans un autre ordre d’idée, le départ de Rudy (notre premier bassiste) a eu un impact sur notre fonctionnement puisque nous avons amélioré toutes nos compos du fait que je pouvais m’investir à fond dans l’arrangement, comme je l’ai déjà expliqué plus haut. A contrario, un an plus tard, le choix du deuxième bassiste a sonné le glas du groupe... Aussi, même si Kriss était un des plus investi dans ce groupe que nous avions créé tous les deux, il était souvent acerbe et injustement critique vis à vis de nos performances respectives, sauf les siennes, ce qui avait tendance à faire régner une atmosphère tendue entre nous... Ce qui marque le plus un groupe sont, je pense, les changements de line-up. Quand la faculté d’écrire des morceaux et d’évoluer dans son registre pour enrichir son répertoire font partie des atouts d’un groupe, comme c’était le cas de WYVERN, il est primordial que le groupe soit soudé pour que chacun participe intelligemment à l’élaboration des titres; pas forcément en étant compositeur mais en amenant toute sa positivité de musicien à part entière dans les nouvelles œuvres qui sont soumises au groupe. Lorsqu’un membre ne prend plus la chose au sérieux, ça gangrène tout le reste du groupe. Essayer de trouver le remplaçant d’un musicien qui s’était investi est quelque chose de tragique. C’est pourquoi les pires périodes de WYVERN ont été celles où j’avais l’impression de ne pas pouvoir donner de réponses concrètes à ce genre de recherche d’envergure ou de ne pas pouvoir avoir de contrôle sur les conflits internes. Et Dieu sait s’il y en a eu...


Y a-t-il eu des radios (quelles émissions, quelles radios, quelles années) ?
Pas beaucoup malheureusement. Rien d’extraordinaire dans le genre, à une époque où le gouvernement socialiste avait décidé de mettre fin aux radios libres.

Y a-t-il eu des articles dans des fanzines et/ou revues. Lesquelles (N° si possible) ?
Plutôt des encarts dans des tracts et des promos radios enregistrées sur cassette... Toutefois, Alain, Freddy et moi sommes allés à Paris pour jouer les mannequins pour une boutique de fringues de hardeux qui s’appelait "L’Indien", aux puces de Clignancourt. Nous nous sommes ainsi fait photographiés avec une multitude de tee-shirts avec des logos de groupes différents et autres pantalons de cuirs. Tout ceci est paru dans l’un des magazine Metal national en 1988 qui devait être Hard Rock Magazine ou Metal Attack...

Y a-t-il eu des passages TV (Si oui, quelle année, quelle émission, quelle chaine) ?
Non plus. A part ce que j’expliquais tout à l’heure par rapport à FR3 qui nous a filmé à plusieurs reprises sur scène, je n’ai pas souvenir que nous soyons passés à la télé. L’année dernière, j’ai remué ciel et terre pour retrouver les films chez FR3 Lille, à l’Institut National de l’Audio-Visuel, au P.C. de Grenay et leur journal, à la Mairie de Croix, etc... En vain... Il faut rappeler que nous étions un groupe régional. Par ce fait, tant que nous n’avions pas pu atteindre la capitale nous n’avions aucune chance d’intéresser les médias. Nous avons cherché à nous produire en dehors de notre "secteur" mais, à cette époque, les groupes de Metal devaient tout payer : les frais de déplacement, la restauration, la sono, la pub, la salle de spectacle et j’en passe... Comme nous n’étions ni managés ni produits par qui que ce soit et que nous étions quasiment tous au chômage, nous ne pouvions pas nous émanciper en dehors des régions Nord et Picardie sans que ça devienne un drame financier. C’est la raison principale pour laquelle nous n’avons pas pu avoir d’opportunités sur le territoire national et l’étranger... Ca coûte cher l’abandon d’un pays.

Y a-t-il eu enregistrement de clips ? (si oui, année, titre(s), musiciens)
Ca aurait été une vraie occasion pour nous de pouvoir montrer qui nous étions aux fans de Metal, qui nous connaissaient ou non de nom, mais qui n’avaient pas l’occasion de venir nous voir en concert, à cause de la distance. Malheureusement, la technologie des années 80 ne nous permettait pas de pouvoir conceptualiser nous-mêmes, comme c’est possible aujourd’hui, un ou plusieurs clip(s) demo dans lesquels nous ne pouvions pas investir...

LES COMPOSITIONS

Qui compose, un musicien ? Travail de groupe ?
Comme je l’expliquais au début de l’interview, Kriss a été le premier a créer des titres pour WYVERN ATTACK. Au début, je n’écrivais pas beaucoup et m’investissait plutôt dans les textes. Je retouchais ceux de Kriss quand le sens me paraissait trop équivoque ou, au contraire, pas assez clair :-) Nous composions à tête reposée, à nos domiciles respectifs, quand nous sentions venir l’inspiration. Nous n’avons jamais rien créé en répétition... Celui qui avait inventé une œuvre, ou au moins une partie conséquente d’un nouveau morceau, la proposait en répète et tout le monde se posait dessus. Nous arrangions ainsi, de manière naturelle, les parties qui semblaient un peu approximatives, avec l’aval du compositeur. Souvent, ça allait de soit et nous ne retenions l’arrangement que lorsqu’il améliorait un pont, un refrain ou un couplet. C’était un travail de fourmis pour en retirer le meilleur car les titres ou les thèmes étaient souvent complets et intelligemment travaillés avant d’être soumis au groupe... Freddy est parvenu à imposer des thèmes très intéressants et complémentaires au jeu de Kriss entre la moitié et la fin de 1986, à un moment où le groupe redoublait d’imagination dans ses œuvres. Deux d’entre elles ont été construites magistralement en répétition à partir de thèmes que Kriss et Freddy avaient fait sortir de leurs têtes chez eux. C’est à cette même époque où j’introduisais des créations beaucoup plus sophistiquées, plus prog pour certaines...

Je travaillais déjà essentiellement seul, à l’heure où les deux guitaristes commençaient à se partager des idées qu’ils arrangeaient mutuellement, pendant les répètes, avant que le bassiste, le batteur et moi-même ne nous investissions à notre tour dans l’arrangement final, la base rythmique pour soutenir les guitares et, pour finir, la mélodie de chant que je créais moi-même. Les œuvres ainsi inventées en solitaire donnaient une grande diversité dans nos thèmes, de par notre personnalité propre, sans parasite extérieur, et toujours investi par ce noyau commun qu’était WYVERN ATTACK, pendant l’écriture. Cela rendait le répertoire plus coloré, plus diversifié tout en restant du WYVERN ATTACK. Nous étions quasiment en concurrence tous les trois. Au départ, les titres étaient courts et directs. Après une année de services, nous nous engagions dans des directives plus complexes mais pas moins heavy, et aussi beaucoup plus intéressantes dans la notion d’émotivité et d’une nouvelle poésie qu’on apportait. Ceci étant, Kriss, en tant que guitariste, avait pris de l’avance sur le répertoire du début, même si depuis l’origine du groupe, nous l’avions bien décortiqué et arrangé à plusieurs reprises. C’est lui, sans contestes, qui a composé le plus.


Les répètes (comment ? un local ? chez un membre ? étaient elles régulières... etc.).
Nous répétions chaque samedi après-midi dans le grenier de mes parents. Avant ce fameux premier concert de Lille au Parvis Saint Maurice, nous jouions chez mon frère (Kriss) dans une petite pièce au dessus de chez lui. Depuis et jusqu’à la fin du groupe, nous avions jouissance du grenier de mes parents, plus vaste. Nous répétions de 14 heure à 19 heure, non stop. C’est après qu’on faisait la fête, pas pendant ni avant. Quand Olaf (premier batteur) est parti, nous avons décidé de faire un break pour mes parents. Nous avons joué avec un batteur, un certain Bruno de Oignies (d’après Freddy) avec qui nous avons répété un mois ou deux dans le salon minuscule du propriétaire d’un café. Ensuite, lorsque nous avons trouvé Fabrice (notre dernier batteur), nous répétions dans l’arrière salle immense du café de son père. J’ai l’impression que les batteurs aiment particulièrement l’ambiance des bistrots :-) Nous sommes revenus dans le grenier car la situation n’était pas idéale. L’arrière salle du café de Fabrice était pleine de débris, de cochonneries en tout genres et nous n’y étions pas tranquilles. Les répétitions étaient raccourcies et nous n’étions pas à l’aise à cause des passages. Nous avons pu retrouver notre équilibre en revenant dans notre bon vieux grenier poussiéreux...

Les sujets abordés.
Comme pour l'idée du nom "Wyvern", nous nous engagions dans de grandes questions philosophiques, relativement intellectuelles. A part Olaf puis Fabrice (nos deux batteurs respectifs), nous étions tous très attirés par l'histoire, les vieilles pierres, les édifices historiques, la foi qui nous intriguait de manière positive, lumineuse. Nous aimions cette ambiance romantico-médiévale, antique même parfois. Ceci étant, nous avions quelques divergences. Freddy était animé par le surnaturel, sans toutefois en être adepte. Il se posait beaucoup de questions sur la vie après la vie, le subconscient, l’inconscient... Mais comme il n’a écrit qu’un texte sur 20 titres, l’influence en la matière était pauvre :-) Kriss attisait le feu avec des histoires touchant au cosmique, aux démons, à l’hérésie... Des thèmes plus sombres ou plus rudes, qu’il mettait en avant plus par crainte que par attirance. Je pense que la grande influence du groupe l’encourageait à plus de réserve sur les sujets morbides... D’ailleurs, en tant que chanteur, je veillais à ce que les textes aillent dans les valeurs du Wyvern que nous avions adopté, ainsi que dans mes convictions, tant qu’à faire. A plusieurs reprises, j’ai du faire quelques corrections, voir recréer de nouveaux textes derrière ceux de Kriss quand les insinuations étaient trop tendancieuses ou pas assez claires sur nos engagements. Mais ça, c’était surtout dans les premiers mois, car par la suite Kriss n’écrivait plus beaucoup de textes, s’adonnant plus à la complexité et l’harmonie de ses créations musicales, me laissant ainsi libre choix, en toute confiance, sur les thèmes lyriques et textuels que j’amènerais à ses œuvres... Quand à moi, à part ce que j’en ai déjà dit, j’entretenais des rapports étroits entre l’heroic fantasy et la poésie, les catastrophes naturelles et les légendes, l’amour du cœur, la foi, tout ceci dans des épopées entrainant fréquemment le contemporain au Moyen Age...

Quels sont les titres des compositions ?
Je vais tenter de vous les mettre dans l’ordre de sortie avec le nom des auteurs et compositeurs (textes - musique) :

* Premier répertoire :
- Vison Of Pain (Kriss)
- Hard Fight (Warvic - Kriss)
- Daemon (Warvic - Kriss)
- Once Upon A Time (Kriss)
- Love Fighters (Warvic - Kriss)
- Repent Or Die (Warvic)
- Hammer Down (Freddy)
- Try To Pull It Off (Warvic - Kriss)
- Come Thy Reign (Warvic - Kriss)
- Wyvern Attack (Warvic)

* Deuxième répertoire :
- With Fire And Blood (Warvic - Kriss/Warvic)
Titre initié par Kriss
- Sword In Hand (Warvic)
- You’re Just A Man (Warvic - Kriss)
- A Brothel On My Way Of Escape (Warvic)
- Phantom Drakkar (instrumental) (Kriss/Rudy/Warvic)
A la base, c’est un titre essentiellement écrit par Kriss. Rudy y a ajouté un plan superbe. J’ai participé à la réécriture quand je suis passé à la basse.
- Honor Pride (Warvic - Freddy/Kriss)
- Deluge In The Tartarus (Warvic - Freddy/Warvic)
Titre initié par Freddy
- Call From A Bewitched (Warvic - Rudy)
- The Real Legend (Warvic - Kriss/Freddy)
- Meditation (Warvic)

LA DISCOGRAPHIE

Quelle est-elle (Demos, 45 tours, album, LP, Compilations... etc.)... avec les années de sortie et les musiciens de chaque sortie.
Faute d’argent, nous n’avons jamais pu enregistrer d’album. C’est ce qui est le plus dommageable quand on considère la qualité et le nombre de nos titres qui ne verront sans doute jamais le jour sur un support digne de ce nom... Nous avons quand-même réussi à nous donner les moyens d’enregistrer une première demo, durant l’été 1985, avant notre premier concert. Elle comporte nos dix premiers titres tels qu’ils venaient de sortir. Je ne me rappelle plus du nom que nous lui avions donné. Malgré mes investigations auprès des uns et des autres, je ne l’ai jamais retrouvé :-( Il faut signaler qu’à nos débuts nous faisions un titre par répète, que nous peaufinions certes aux répétitions d’après, mais ça prouve à quel point nous étions créatifs et acharnés... Il y avait donc Olaf (drums), Rudy (bass), Freddy (lead guitar, backing), Kriss (lead guitar, backing), Warvic (vocals). Ensuite, à l’époque où j’avais hérité de la basse, nous avons fait une demo dans un studio au sous-sol d’une radio de Lens, grâce à l’intervention de Philippe Desailly qui est encore aujourd’hui animateur d’émission Metal à Vitry-En-Artois. C’était donc au printemps 1987, si mes souvenirs sont bons. Le batteur était Fabrice, Kriss et Freddy aux guitares (bien entendu) et moi à la basse et au chant. C’est une demo 5 titres. Comme le son de la première demo n’était pas terrible et qu’entre temps nous avions arrangé pas mal de thèmes, nous avons décidé de reprendre 4 de nos anciens morceaux et de n’en enregistrer qu’un nouveau. Il s’agit de "With fire and blood". Les autres sont "Once upon a time", "Deluge in the Tartarus", "Love fighters" et "Vision of pain" (dans l’ordre de la demo). Elle s’intitule "Legends never die", titre trouvé par Kriss. Je l’ai numériseé l’année dernière pour la rendre audible sur les sites My Zikinf et My Space dédiés à WYVERN ATTACK.

A combien d'exemplaires ?
C’était une demo cassette. Nous n’avions pas d’argent ni pour la faire masteriser ni pour la produire. Elle nous servait de promo auprès des organisateurs de concerts ou des concours...

Les conditions d’enregistrements (lieu, studio, ordinateur, fait maison... etc.) ?
Pour compléter ce que j’ai déjà signifié, en ce qui concerne la toute première demo, nous avions loué du matériel (table de mixage 12 pistes, micros, pieds de micros, enregistreur studio à bande...) dans un magasin de Lille pour un week end, le temps d’enregistrer en live nos 10 titres. Nous étions à Douvrin chez mon frère, et avions investi tout le bas de son logement. Le batteur était seul dans une pièce, une sorte de petite salle à manger séparée par une porte avec le salon. Il jouait au casque pendant que les guitaristes et le bassiste étaient dans le salon, avec moi. Nous n’avions pas assez de casque... Nous avons enregistré toutes les parties rythmiques en même temps. la basse et les guitares étaient branchées directement sur la console. Ils se repéraient au son de la batterie de l’autre côté de la porte. Pendant ce temps là, je m’occupais du son à la console. Nous avons terminé par les solo de guitare et le chant... En ce qui concerne "Legends never die", nous avons eu l’opportunité de pouvoir jouer dans un studio avec un caisson pour la batterie et le chant. Nous avons fait ça en deux jours et avons pu approfondir ce qui n’était pas possible avec celle de 1985. 3 titres le premier jour, 2 titres le deuxième, ou le contraire... Nous avons travaillé de la manière suivante : basse/batterie, puis les 2 guitares en rythmique, ensuite les solo et pour finir le chant, dans le respect des traditions :-) Fabrice avait piqué la batterie électronique de son père, d’où ce son un peu spécial, mais bon. Freddy, Kriss et moi lui avions soumis cette idée, sachant que nous perdrions énormément de temps à la prise de son s’il avait pris sa batterie acoustique, alors que nous n’avions que deux jours. Nous n’étions pas animés par une batterie électronique mais la disposition des micros sur les toms et les cymbales en plus des essais sons auraient grignoté au moins la première matinée, ce qui nous aurait handicapé pour le reste...

LA FIN DU GROUPE

Pourquoi (divergences musicales, démotivation, mésentente... etc.)
Le chômage et le fait que nous n’eûmes pas été soutenus par un agent en sont les plus grands responsables. Les changements de line-up ont été difficiles mais nous nous en sommes sortis à chaque fois. Nous ne voulions pas jouer avec n’importe qui (dans le groupe même), n’importe comment, et le groupe avait déjà sa petite notoriété, ce qui nous permettait de toucher plus aisément les musiciens intéressés pour jouer au sein de WYVERN ATTACK. Mais être bon musicien ne suffit pas pour gagner sa vie dans ce milieu. Le groupe existait depuis 4 ans et nous avions besoin de reconnaissance ainsi que d’argent pour avancer... Alain (le bassiste) venait d’arriver mais semblait un peu largué, Kriss s’énervait même quand les concerts étaient bons et Fabrice jouait souvent les individualistes. Après le coup de Kriss lors de notre dernier concert à Rinxent, il nous a fait comprendre que nous n’étions pas mûrs pour continuer à jouer avec lui. Dans un même temps, Fabrice est parti à Saint-Etienne... Ca devenait compliqué. J’ai gardé contact avec Freddy, espérant pouvoir reproduire quelque chose avec lui, en vain... En Mai 1989, j’ai emménagé en région parisienne et ai retenté de former à nouveau WYVERN ATTACK. Les premiers mois, je remontais régulièrement dans le Nord, mais rien ne se passait. J’ai donc décidé de les faire venir en région parisienne, dans un studio. Ca a pris pendant un temps, quelques mois, et nous reperdions contacts. Puis j’insistais à nouveau et on remettait ça. Mais c’était vraiment éphémère. J’ai essayé de relancer les choses pendant environ 3 ans mais il fallait toujours utiliser des subterfuges pour leur redonner goût. Je devais certainement être le seul à avoir gardé la motivation pour la reconstitution de ce groupe...

Date de fin.
31 Décembre 1988 ou 1er Janvier 1989, au vu de l’heure ou nous avons fait notre dernier concert...

Grand merci à Ludovic "Warvic" Van Lierde pour avoir si gentiment, avec autant de disponibilité et de détails, répondu à nos "quelques" questions.



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