Un peu plus de 3 mois après le 1er show à Clamecy, scellant le retour aux
affaires de Nono et Bernie côté à côte sur une même scène, TRUST joue ce soir à
domicile à la coopérative de Mai.
Je déballe en fait ce soir mon cadeau de Noël, puisque c’est le barbu tout de
rouge vêtu qui a glisser dans mes petits souliers le précieux sésame et bien lui
en a pris puisque la date clermontoise a été sold out bien avant l’heure.
Alors que j’arrive 45 minutes avant l’horaire prévu, croyant être dans les
premiers arrivés, je dois faire face à une file d’attente de plus de cent
mètres.
Qu’importe, je prends mon mal en patience et franchis enfin les portes une
grosse demi heure plus tard.
Je me faufile tant bien que mal au plus près de la scène, exploitant le moindre
espace vide et fermant les oreilles à quelques réflexions pas forcément
imméritées.
Oui madame ! Mais il ne fallait pas laisser une once de terrain sinon je
m’incruste !
Ce n’est pas tous les jours que je peux voir Trust à la maison et la dernière
fois c’était en octobre 2008 au Zénith, si je fais fi de la parenthèse Kollektif
AK47.


Bref, une fois en poste, mon sens aiguisé de l’observation
constate la présence de 2 batteries et me fait comprendre que nous allons avoir
droit à une première partie.
Un groupe de glorieux anciens monte sur scène aux alentours de 20h40, proposant
une entrée en matière plus rock que hard, certes sympathique mais sans plus en
ce qui me concerne.
C’est alors qu’ils attaquent leur avant dernier morceau ("Les larmes des maux") que je reconnais ce groupe de
"vieux", qui n’est autre que LES INFIDÈLES
dont ce fameux single date de 1982.
Les gars achèvent leur set sur une reprise à la sauce rock du "Je suis venu te
dire que je m’en vais" de l’homme à tête de choux, un clin d’œil sympathique
lorsque l’on sait que la coopé est située rue Serge Gainsbourg à
Clermont-Ferrand...

Bref, passons à présent aux choses sérieuses avec la tête d’affiche du soir qui
va jouer devant une salle comble où se côtoient plusieurs générations.
Les parents ont amené les enfants, ou vice versa, et les vieux anars de la belle
époque sont ce soir venus avec Madame... les temps changent, c’est dégueulasse
mais c’est ainsi.
21h40, le concert débute enfin pour la plus grande satisfaction du public et
c’est "L’archange" qui ouvre les hostilités, comme sur toutes les autres dates
depuis le début de la tournée le 1er décembre 2016 à Clamecy.
Ce morceau n’étant plus une surprise pour moi, je peux enfin l’apprécier à sa
juste valeur, depuis les premières notes d’Izo jusqu’à ce que Nono, impérial en
solo, mette "genou à terre" devant l’archange Bernie.
Mine de rien, la setlist n’a pas tant bougé que ça par rapport à la date
d’ouverture nivernaise, puisque le deuxième morceau sera "Au nom de la race"
(qui a inspiré le titre de cette nouvelle tournée), lequel sera enchaîné sans
temps mort avec un "Marche ou crève" fédérateur qui permet à Nono de
faire son "guitar hero" sur la fin du titre.
Bernie prend enfin la parole, histoire de nous présenter le programme de la
soirée (des vieilleries bien sûr, quelques nouveautés et des anciens titres
réarrangés) et surtout d’insister sur la notion de partage.
L’homme au bob dédie le prochain morceau à Adama Traoré (jeune homme de 24 ans
décédé suite à une interpellation dont les circonstances ont bien du mal à être
élucidées) et le groupe emboîte le pas de son chanteur avec l’impeccable "Instinct de mort" qui fait prendre 30ans de moins à bon nombre de mes voisins.
Il en va de même avec "Comme un damné" qui nous ramène avec bonheur en 1979 et
au premier album, avant que TRUST n’enchaîne sur le plus récent "Chaude est la
foule", qui malgré un riff efficace a bien du mal à soutenir la comparaison avec
les quatre bombes qui ont précédé.
"C’est quoi ce bordel ?" ainsi débute la première diatribe de Bernie sur fond de
future élection présidentielle, en ciblant plus particulièrement le candidat
Fillon qui va en prendre pour son grade.
Une manière comme une autre d’introduire "Le temps efface tout" qui permet au
talentueux "Monsieur David Jacob" de faire le show avec sa basse et de
récolter une belle ovation amplement méritée.
Le brûlot qui suit va fédérer toute la coopée autour de la marée chaussée, et ce
"Police milice" dont le refrain sera scandé à pleins poumons, offre une
véritable cure de jouvence au public qui vient de retomber en adolescence.
Il est à présent l’heure de la deuxième allocution de Bernie, qui après le
candidat aux sourcils broussailleux, s’attaque à présent à Marine Le Pen et à ses
idées.
L’occasion pour le vocaliste de se "faire" une spectatrice suite à un
malentendu et à une mauvaise interprétation du "on n’est pas prêt à tout
accepter" qu’elle vient de lancer
Cette dame était en fait raccord avec Bernie et voulait dire que le peuple
français n’était pas prêt à accepter l’extrême droite au pouvoir, mais trop
tard, celui-ci a saisi sa phrase comme une défiance et invite cette "chérie à
prendre son sac et à partir si elle n’est pas contente".
Un moment d’incompréhension qui n’empêche pas la coopé de se chauffer la voix
avec un refrain qui pourrait bien devenir un succès du prochain album.

Car ce "F-haine", composé un peu à l’arrache en début de reformation, est mine
de rien en train de faire son trou dans le répertoire du TRUST version
2016/2017.
A présent, direction le sud des Etats-Unis pour une version réarrangée à la sauce bluesy de
"Tout est à tuer" introduite par Iso, et qui voit Nono s’emparer d’un bottleneck pour le plus grand bonheur de nos
ouïes.
Belle réussite que ce lifting, qui donne une seconde jeunesse à ce titre de "13
à table" avec une version qui surpasse aisément sa version initiale beaucoup
moins marquante.
Après 10 titres, le groupe commence à dégainer les classiques, et le premier à
nous être donné en pâture sera "On lèche, on lâche, on lynche", introduit par
la grosse basse de David Jacob.
Là encore le refrain fait mouche, mais c’est sans compter sur le magnifique solo
de Nono qui ne met pas beaucoup de notes à côté ce soir.
Bernie est en grande forme lui aussi, et il a envie de se faire plaisir avec un
morceau qui n’est pas sur la setlist.
Il est néanmoins coupé par Nono qui attaque les diverses présentations (équipes
techniques, managers, label, musiciens) et qui surtout nous apprend que lui et
Bernie ont croisé un mec à l’hôtel qui a fait tout spécialement le voyage du
Pays de Galles pour venir voir TRUST sur scène ce soir à Clermont-Ferrand.
Respect !
Cette parenthèse refermée, Bernie peut enfin s’offrir son petit plaisir avec "Certitude…solitude", un titre qui lui créée souvent des sueurs froides mais
qu’il passe parfaitement ce soir, ce qui n’est pas le cas du groupe qui foire la
fin du morceau dans une certaine bonne humeur cependant.
Bernie est content, nous aussi, tant ce morceau est bon. Et le chanteur de
déclarer : "Je l’aime bien celui là, plus que celui qui va suivre mais si on
vous le fait pas vous allez faire la gueule".
C’est "Le mitard" qui est à présent joué et effectivement, à en juger le nombre
de personnes qui reprennent les paroles, il y aurait eu un paquet de déçus si ce
morceau n’avait pas été joué ce soir.
On signalera sur ce morceau la chorégraphie on ne peut plus adaptée de David
Jacob qui tourne en rond comme un lion en cage pendant une bonne partie du
morceau.

Bernie fait monter la pression ("On arrive à la fin") et alors que certains
n’attendent qu’ "Antisocial", je croise les doigts pour que ce ne soit pas le
cas et heureusement je suis exaucé.
C’est en effet "Préfabriqués" qui est à présent interprété dans une version un
peu rallongée, sans pour autant perdre de sa hargne avec en apothéose son solo de
batterie final qui permet à Christian Dupuy de nous démontrer ses capacités, et
aux musiciens de quitter la scène avant les premiers rappels.
Retour sur scène avec "Surveille ton look" dans une version samplée, que Bernie
chante avec une conviction qui force le respect. Le chanteur, comme possédé,
joint le geste à la parole et contribue à lui seul à la réussite de ce titre qui
est pourtant loin d’être mon préféré du répertoire du groupe.
L’heure tant attendue est arrivée ! Pas celle de "Monsieur Comédie" mais celle de
l’hymne intemporel, celle du hit du groupe.
Vous l’aurez compris, ce sont les premiers accords de l’intro de "Antisocial"
qui résonnent et qui font monter l’ambiance d’un cran.
Ce morceau est mythique et va même réussir à enflammer la fosse puisqu’un mini
pogo se met en branle, auquel je décide d’adhérer pour me remémorer moi aussi mes
jeunes années.
Je finis en nage mais heureux comme la plupart des mes voisins qui affichent un
sourire de satisfaction non feint.
Et de fin, ô surprise, il n’est point question alors que les derniers accords d’
"Antisocial" viennent à peine de finir de résonner.
Habituellement le groupe en termine là, mais bien que les musiciens aient quitté
la scène, les lumières elles ne se sont pas éteintes et Nono continue de
triturer sa guitare en coulisses.
Et l’improbable survient, puisque les musiciens reviennent sur scène. Seigneur,
Bernie annonce : "Ça c’est cadeau", avant que le combo ne nous joue "Fais où on te
dit de faire".
Un morceau là aussi légèrement rallongé, où le chanteur et son guitariste font
preuve d’une belle complicité et finissent de combler les privilégiés que nous
sommes, vu que ce titre n’a pas du être joué sur les dates précédentes.
Le concert s’achève ainsi sur ce cadeau bonus qui figurait néanmoins sur la
setlist comme l’atteste celle de Nono que je parviens à récupérer grâce à la
gentillesse d’un des techniciens.

Au final, le groupe a délivré ce soir une excellente prestation, en tout point
supérieure à celle que j’avais pu voir à
Clamecy.
Mais c’est quelque part fort logique dans la mesure où les parisiens ont pu
roder leur show et ont à présent une vingtaine de dates derrière eux.
La machine TRUST tourne à présent à plein régime. La complicité entre ses deux
leaders est évidente, Christian Dupuis a enfin pris ses marques, David Jacob a
été impérial et Iso a pour sa part été fidèle à sa réputation, celle de la force
tranquille.
Mais pour un bon show il faut être deux, et sans chauvinisme aucun, j’oserai
dire que le public clermontois a été plutôt bon ce soir. C’est peut être ce
petit détail qui nous a permis de bénéficier de deux titres supplémentaires.
Petit passage par le stand de merchandising où je renouvelle ma garde robe "trustienne" avant de me diriger vers le bar pour me rafraîchir le gosier.
Et là je fais la rencontre du soir. En effet, en arrivant près du comptoir, un mec
un brin éméché me demande si je parle anglais car il n’arrive pas à communiquer
avec le fan gallois !
Me voilà donc devenu traducteur et une fois la question rugbystique éludée, j’ai
l’occasion de parler musique avec ce vrai passionné qui a fait le voyage depuis
Cardiff pour venir voir TRUST pour la première fois de sa vie en live.
C’est la réputation d’ovalie de la ville qui l’a incité a passé son week-end à
Clermont, "au pays du rugby". C’est un plaisir de converser avec ce vrai fan
de Hard-Rock au sens large du terme, qui me parle tour à tour de Helloween,
Avantasia, Iron Maiden, Magnum, Def Leppard mais aussi de Sortilège et de son
album "Metamorphosis".
Une rencontre sympathique qui s’achève aux alentours de 1 heure du matin car ce
fan émérite repart dès le lendemain matin 8 heures direction Lyon, puis
Birmingham et le Pays de Galles.
Sûr que ce dernier gardera un souvenir magnifique de son voyage dans le Puy De
Dôme et en particulier de ce concert qu’il a trouvé tout simplement "brillant"
(avec l’accent).
Pour ma part, j’ai vu un excellent concert de TRUST, fait une belle rencontre
avec à la clé une belle discussion et je serai bien exigeant si je n’admettais
pas que ce samedi soir a été plus que largement une réussite.
Merci Papa Noël !

Setlist : L'archange / Au nom de la race / Marche ou crève / Instinct de mort
/ Comme un damné / Chaude est la foule / Le temps efface tout / Police-milice /
F-haine / Tout est à tuer / On lèche, on lâche, on lynche / Certitude...
Solitude... / Le mitard / Préfabriqués
Encore : Surveille ton look / Antisocial / Fais où on te dit de faire
