En 1987, Jean Jacques Berete (chant), Thierry
Huylebroeck (guitare), Michel Beaussart (basse) et Bruno Laguide (batterie),
usés d’enchaîner les déceptions depuis plus de 11 années de carrière au sein de
WOTAN décident de mettre un terme à leur collaboration.
Chacun vaquera à ces occupations, musicales ou pas, jusqu’en 1997 où les 3
instrumentistes (Jean Jacques Berete déclinera l’offre) décident de relancer la
machine sous un nouveau et étrange patronyme : KOB.
C’est en 1999 avec l’arrivée de Stéphane Graziani (ex NIGHTREAPER) au chant que
le line up prend une tournure quasi définitive et que les choses deviennent
sérieuses.
Après une démo 3 titres, le groupe prend conscience de la nécessité d’un
deuxième guitariste pour étoffer son son et c’est ainsi que Rodolphe Bousquet
intègre le groupe en 2000.
Il faudra cependant encore 3 années supplémentaires pour que les efforts du
combo se concrétisent et se matérialisent avec la mise sur le marché en 2002 par
le label Brennus de son premier album intitulé "Mekanism of time".
C’est "Heroes die young" et "The race", deux titres bien heavy, qui ouvrent
l’album de façon énergique avec des guitares incisives tant en rythmique qu’en
solo.Il s’agira là d’une constance tout au long de l’album où la qualité du travail
des six cordistes (en particulier sur les soli) se doit d’être loué, tout comme
l’abattage de la section rythmique basse batterie très présente dans le mixage,
signe d’une production soignée et équilibrée.
A noter un petit clin d'œil sur "Heroes die young", puisque pour la
petite histoire, NIGHTREAPER dont est issu le chanteur Stéphane Graziani
possédait une chanson nommée ainsi. Bien qu'ici totalement différente, il n'en
demeure pas moins que les trois premières phrases en sont identiques...
Enfin, comment ne pas s’attarder sur la voix de Stéphane Graziani qui, si elle
fait immanquablement penser à Bruce Dickinson, constitue un remarquable point
fort de par sa puissance et son étendue.
Les trois ex-WOTAN ont décroché le jackpot avec ce vocaliste au style affirmé, dont
l’organe est aussi capable de fulgurances à la Rob Halford, King Diamond ou
encore Geoff Tate.
Et immanquablement, ces influences vocales se retrouvent aussi musicalement tout
au long des 10 titres qui constituent ce premier effort et en particulier sur un
"The right way" qui rappelle tour à tour les 3 vocalistes cités plus haut.
Le speedé "On the streets again" et son solo énervé évoque le Priest des
80’s avec toujours l’ombre d’Eddie qui rôde, tandis qu’un "Lost memories" à
rallonge alterne avec bonheur ambiances acoustiques et riffs lancinants saturés,
avec ce petit côté progressif qui rappelle, dans un style plus heavy, les compos
de Steve Harris, le côté épique en moins.
"Time" avec son intro acoustique et son chant parlé avant une entrée en
matière plus musclée nous ramène en 1984 aux débuts de Queensryche, même si au
final on en revient toujours à Iron Maiden surtout sur la fin du morceau où la
guitare lâche les chevaux.
Cependant, le heavy metal de KOB sait aussi se départir de cette influence
évidente (encombrante ?) en allant chercher l’inspiration chez les pionniers du
genre.
"Dirty woman, fallen angel" avec son intro oppressante possède un riff qui
rappelle un certain Tony Iommi tandis que la voix de Stéphane se pare
d’intonations à la Rob Halford pour un mariage pas forcément incongru, surtout
lorsque l’on se souvient qu’en 1992 le chanteur historique du Priest a joué les
intérimaires de luxe chez Black Sabbath.
On notera, dans la même veine, "Strange land" et son gimmick sympa à la fin
des couplets ainsi que "The curse", qui avec son intro acoustique du plus
bel effet, son atmosphère sombre et son riff pesant constitue une vraie réussite
tout comme l’excellent "Winter’s call" dans
un registre pourtant différent.
En effet, ses arpèges acoustiques et un clavier en nappe lui confèrent une
atmosphère froide et sombre que l’on retrouve chez Dream Theater et plus encore
sur les premiers albums des américains de Fates Warning.
Un côté heavy progressif donc pour un titre qui monte crescendo jusqu’à un joli
solo où l’utilisation des guitares harmonisées et la voix rappellent qui vous
savez, pour ce qui constitue à mon sens un des meilleurs titres de l’album.
Pour l’anecdote, on signalera que "Time", le dernier titre, se termine par une piste
cachée (à partir de 6’53’’) qui n’est autre qu’un instrumental bluesy certes
sans prétention mais plutôt agréable.
Pour sa première sortie, KOB nous gratifie donc d’un solide album de heavy metal
traditionnel qui puise ces influences chez les pionniers d’outre manche avec une
forte empreinte Iron Maiden principalement du fait de l’organe de Stéphane
Graziani.
L’interprétation sans faille et la production équilibrée démontrent la grande
qualité et la maturité des 5 musiciens qui chacun dans leurs domaines, sont de
sacrés clients.
En revanche, au niveau des compositions on pointera un certain manque
d’originalité et plus encore le manque d’accroche de la plupart des titres.
L’absence de morceaux qui sortent du lot (par un refrain mémorisable, un riff
marquant) peut à mon sens se montrer préjudiciable en n’incitant guère
l’auditeur à se remettre la galette pour mieux la découvrir.
Car cet album, et c’est peut être là une de ses qualités, ne se livre qu’après
de nombreuses écoutes et il n’est pas certain, vu le nombre de productions qui
inondent le marché, que chacun soit prêt à fournir cet effort.
Si cet album se veut prometteur, les KOB, à mon sens, devront donc encore élever
leur niveau de composition sur leur prochain opus, au risque de passer
définitivement inaperçu.
Mais pour l’heure, ne faisons pas la fine bouche, saluons la persévérance et la
foi en sa musique du quintet parisien en écoutant ce 1er album marquant
l’aboutissement de près de 26 années de patience. |