Le premier album éponyme de Speed Queen, il ne faut
pas se voiler la face, n’avait guère fait l’unanimité y compris au sein même du
groupe. A tel point que les membres avaient même tenté de s’opposer à sa sortie.
Cet imbroglio sera d’ailleurs le début de la fin de la collaboration entre les
alsaciens et Crypto, le label qui leur a pourtant donné la chance d’enregistrer
deux
titres sur la compile "Rock d’ici volume 2" ainsi que leur premier méfait.
Après moult tergiversations, c’est finalement chez CBS que les mulhousiens
signent afin de mettre sur le marché leur deuxième album.
Le premier opus du groupe était marqué par une forte influence d’AC/DC mais
malheureusement, si Angus Young fait quasiment mouche à chaque fois avec ses
riffs, ce n’était pas le cas de nos frenchies.
Et malgré la voix éraillée et si caractéristique de Stevie, il fallait bien se
rendre à l’évidence que ce n’était pas le genre de galette qui allait permettre
au groupe de percer.
C’est donc avec un soupçon de doute et une certaine dose de fébrilité que les
hard rockers de l’époque ont du posé ce 2ème vinyle, lui aussi éponyme, sur leur
platine.
Mais bien vite, les doutes, les interrogations et tout autre grief à l’égard du
groupe vont voler en éclat face à l’introduction du bien nommé "Haute tension".
Le son est excellent, le riff somptueux est enfin digne de la Young familly et,
divine surprise, Stevie a pour ce nouvel album opté pour le chant en français.
Et si ce n’est certes pas l’idéal dans l’optique d’une carrière internationale,
cela à le mérite de donner encore plus de cachet à la musique du groupe.
Bref, ce 1er morceau introductif est magnifique, quasi parfait et lance le
disque de la plus belle des manières. Il ne reste plus qu’à espérer que cette
première composition ne sera pas un feu de paille.
Pas de panique ! Car bien vite c’est "Revanche" qui agresse vos conduits
auditifs avec son riff très rock’n’roll et un guest de marque qui vient donner
de la voix ou plutôt du hurlement sur les refrains. Rien moins que Lemmy
Killmister himself qui vient éructer des "revanche" et des "vengeance" aux
côtés d’une Stevie en grande forme. Un deuxième titre excellent qui vient
confirmer un départ en fanfare.
"Travesti" se veut moins rentre dedans mais reste toutefois d’excellente
facture. Un rock hard bluesy porté par une section rythmique simple et efficace
et une guitare au son sec comme un coup de trique.
Stevie égale à elle-même, assure comme une bête sur cet agréable mid tempo qui
passe comme une lettre à la poste.
"Contre courant" sue la Young-connection à pleins pores et si vous ajoutez à
cela que Stevie livre peut être sa plus belle performance de tout l’album, vous
obtenez un des tout meilleur titres de cette rondelle. Remarquable !
"Cool it down" se démarque de ses prédécesseurs car étant chanté en anglais
(peut être une chute studio du 1er album) mais s’avère malgré tout un titre fort
sympathique en particulier avec sa fin tout en chœurs qui rentre insidieusement
dans votre petite tête de rocker.
Malgré son titre "Aeroplane man" est bel et bien chanté dans la langue de
Molière et si le riff parait simpliste, cette composition s’avère d’une
efficacité redoutable avec son refrain catchy qui en fait un single en
puissance.
D’ailleurs si "Haute tension" sera le 45 tours qui supportera l’album
c’est ce "Aeroplane man" bien senti qui fera l’objet d’un clip vidéo.
Le fantôme AC/DC plane encore et toujours sur "Les maudits", un titre qui ne
relâche pas la pression et nous assène une bonne dose de hard rock’n’roll à
l’australienne comme sait aussi en faire, les moins connus mais tout aussi
excellents, The Angels.
Avec "Viens faire un tour", pas de fioritures, pas de textes prise de tête,
juste 2 minutes et 15 secondes de bon vieux rock’n’roll dans la plus pure
tradition, pour notre plus grand plaisir. Simple et efficace !
Avec "Pas tout seul", on ne change pas de recette, on ralentit juste un peu le
tempo et on obtient une nouvelle fois un titre de qualité. Une composition qui
s’inscrit parfaitement dans l’ambiance générale, dotée d’un refrain agréable qui
fait mouche quasi immédiatement.
Enfin, on referme ce deuxième effort studio avec "Rien qu’une histoire".
Rien
de neuf à l’horizon juste un bon rock hard dans la lignée du reste de l’album
pour clore les débats efficacement.
Vous l’aurez compris, en 10 titres Stevie et sa bande ont grandement redoré leur
blason et nous proposent tout simplement ce qui constitue à ce jour un des
meilleurs albums de la planète hard rock française des années 80.
Un album indispensable à ranger dans votre discothèque entre le LP de VOIE DE
FAIT et celui de VOODOO CHILD, mais qui malheureusement constituera l’épitaphe du
groupe qui ne lui donnera pas de successeur.
Curieusement, ce second effort, pourtant un grand cru, ne s’est pas vu réédité
alors que son prédécesseur, pourtant nettement inférieur en qualité, a pu lui
bénéficier d’une réédition CD. Mais que voulez vous, les voix du business sont
impénétrables !
Cependant ce vinyle reste facilement trouvable sur le net et pour une poignée
d’euros, vous pouvez vous procurer ce remarquable album qui permet au combo de
quitter la scène de la plus belle des manières.
Douce revanche ! |
