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CHRONIQUES |
Deux ans après la sortie d'un "State of
disillusion" plutôt prometteur, les mosellans de DEFICIENCY sont de retour
avec un deuxième opus qui se veut plutôt ambitieux, puisque articulé autour d'un
concept mettant en scène un homme en quête de vérité, tentant de répondre aux
sempiternelles questions existentielles.
... fils de la Terre et du Ciel...
C'est sur une intro typique de Slayer, (on s'attend même au cri suraigu à la Tom
Araya) que démarre "The prodigal child", un titre évoluant dans un style
thrash américain.
C'est principalement la performance vocale de Laurent Gisonna qui donne toute sa
saveur à ce morceau, avec cette alternance voix hurlée / growls (pour symboliser
l'opposition Ciel / Terre qui va malgré tout donner naissance à l'enfant
prodige) qui débouche sur un refrain du plus bel effet en voix claire. Ajoutez à
cela, un pont à la Metallica et des soli sachant allier mélodie et virtuosité et
vous obtenez un titre d'ouverture fort réussi.
... prisonnier d'une entité, d'un esprit... j'aimerais tant
être accompli...
"Unfinished" prend le relais sans transition et ne relâche pas la
pression avec ses riffs et ces soli thrashy à souhait, appuyés par un travail
énorme de Anthony Thomas à la batterie.
Comme sur le titre d'ouverture, un refrain et des soli plus mélodiques viennent
rompre l'atmosphère très pesante du morceau (en parfaite adéquation avec le
texte) au point de lui conférer bien des atouts pour en faire un excellent
single.
... qui décide en fait ? Suis-je le seul à l'intérieur de
ce corps ?...
"A prospect of travelling beyond" se révèle un titre très sombre, moins
mélodique, preuve d'un enfant prodige en plein doute et en pleine introspection.
L'utilisation de la voix gutturale apporte vraiment ce côté oppressant, qui
symbolise à merveille la souffrance intérieure de l'être tiraillé par ses
interrogations.
La musique quant à elle se situe dans un registre thrash métal avec beaucoup de
technicité, une sorte de fusion entre Slayer et Megadeth avec cependant un chant
plus agressif.
... notre histoire est écrite par ceux qui observent...
L'influence de Megadeth reste présente dans les parties les plus mélodiques,
mais des vocaux extrêmes bien que suffisamment variés pour ne pas lasser
tempèrent la comparaison.
On notera le côté groovy du morceau lié à l'utilisation des syncopes, mais qui
ne suffit pas à relancer une compo que je trouve un peu lassante sur la
longueur.
... une question me hante, ai-je un jour été dans le vrai
?...
"The introspection of the omnipotent" débute de manière assez éthérée,
avec piano seul puis orchestrations, avant l'entrée en matière tonitruante des
guitares, dans un style proche de Rage Against The Machine pour un rendu très
heavy.
Des saccades viennent ajouter ici et là un côté groovy et très rythmique à ce
morceau au point de rappeler System Of A Down.
Cependant le côté mélodique n'est pas mis de côté, avec des guitares
harmonisées, ou encore un passage en guitare sèche du plus bel effet qui calme
le jeu, avant que les guitares heavy ne reviennent à la charge.
Un nouvelle fois le travail de diversification sur les voix tour à tour Death,
Black, hurlées ou claires est somptueux.
En résumé, la caractéristique principale de ce titre c'est la diversité, tant
musicale que vocale, à tel point que l'on pourrait qualifier cette excellente
composition de heavy prog.
... vous êtes aveuglés, écoutez moi, vous n'êtes pas ce
que vous pensez être...
Après une entrée en matière très "slayerienne", l'utilisation des syncopes fait
virer "The flaw" vers le groove metal cher à un Pantera ou à un Gojira,
pour une coloration très moderne accentuée par des voix très souvent extrêmes.
Là encore, des guitares harmonisées vers la fin, donnent à cette composition une
touche plus mélodique pas désagréable et nous rappelle le Metallica des débuts.
... il y a quelque chose au dessus de vous et c'est plus
fort que vous...
"Stronger than you" démarre de façon très violente, quasi punk, dans un
style qui peut rappeler Strapping Young Lad avec des vocaux quasi blacks, mais
assez vite on ralentit le tempo. Le propos devient plus mélodique et si on pense
toujours à Devin Townsend, c'est plutôt au travers de sa carrière solo.
Un piano à l'inspiration quasi classique précède un soli en harmonie digne de
Metallica, qui marque le début d'une partie instrumentale de plus d'une minute,
où chaque musicien nous montre ses possibilités.
La fin du morceau s'avère tout aussi intéressante avec son côté groovy et son
solo de basse (l'occasion de saluer le travail de Vianney Habert) sur fond de
guitare acoustique.
On obtient ainsi un titre patchwork mais très vivant, très intéressant, un de
mes préférés avec toujours un gros travail sur les vocaux alternant diverses
tessitures.
... une issue pour s'extirper de nulle part...
"A way out of nowhere" est un instrumental qui s'inscrit dans une
tradition très années 80. On pense principalement à Metallica pour l'utilisation
des sons clairs et les soli, tandis que pour les parties plus enlevées c'est
plutôt Iron Maiden qui vient à l'esprit.
On note évidemment la belle qualité des musiciens, même si on ne fait pas ici
dans le shred, et pour moi qui ne suis pas forcément fan des voix extrêmes, ce
morceau constitue une magnifique respiration à ce stade de l'album.
... nous t'avons fait intelligent afin de voir comment tu
survivrais dans ce monde hostile...
La dualité des voix nous ramène au 1er titre de l'album pour un "The
experiment" moins foncièrement thrash et plus mélodique, qui possède un je
ne sais quoi du Anthrax période Bush.
On notera avec délectation le remarquable travail accompli par Anthony avec un
jeu de batterie et de cymbales qui n'est pas sans rappeler des cadors de la
trempe de Charlie Benante ou Mario Duplantier.
... nous voyons tout, partout, tout le temps...
Bien que thrashy, "The curse of Hu's hands" se révèle lui aussi moins
foncièrement violent, bien qu'entrecoupé de passages syncopés (avec une basse
marteau pilon) qui lui confèrent un côté moderne et groove metal.
Mais c'est sans compter sur un piano, qui débarque comme sans prévenir avant des
passages plus aériens qui me rappellent Paradise Lost.
Au final, ce dernier morceau résume assez bien l'album qui d'un point de vue
musical ne se fixe aucune limite et va encore plus loin dans l'expérimentation
que son prédécesseur, conférant un côté quasi progressif à plusieurs
compositions.
Si le thrash old school reste la base, les lorrains n'ont pas hésité à
développer un côté plus extrême (que l'on pouvait déjà pressentir sur leur
premier effort) ou à manier l'art du contre-pied en incorporant des éléments
tels que piano ou orchestrations.
Enfin l'idée du concept album, si elle ne manquera pas d'insister sur la
dimension progressive, se révèle lumineuse et permet surtout à un Laurent
Grisona d'explorer avec bonheur tout le spectre vocal à sa disposition pour
faire passer divers sentiments et coller à l'histoire avec une réussite totale.
Ce deuxième album constitue donc une réelle progression pour DEFICIENCY et il a
même réussi à captiver le thrasheur que je ne suis pas de par sa diversité
musicale (qui semble devenir une marque de fabrique du groupe) et son concept,
deux éléments qui réclameront bien sûr de la part de l'auditeur un
investissement total, mais la satisfaction est bel et bien au rendez vous in
fine.
En plus, non content de bénéficier d'un son d'excellente qualité signé David
Potvin (Lyzanxia entre autres), le CD est livré dans un digipack certes sobre,
mais bénéficiant d'un artwork magnifique signé
Ludovic Cordelières et
agrémenté des paroles, capitales pour s'immerger dans le concept. |
Chronique par
Lolo36
Janvier 2014 |
01 - The prodigal child
02 - Unfinished
03 - A prospect of traveling beyond
04 - Those who behold
05 - The introspection of the omnipotent
06 - The flaw
07 - Stronger than you
08 - A way out of nowhere
09 - The experiment
10 - The curse of Hu's hands |
Paroles : Indisponibles. Ajoutez les paroles
ICI  |
Musiciens
: Laurent Gisonna (Chant / Guitare), Vianney Habert (Basse), Jérôme Mekhelbeck
(Guitare), Anthony Thomas (Batterie) |
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