En France, comme tant d’autres, j’attendais ce qu’il se passait outre Rhin, chez l’Oncle Sam ou de l’autre côté de la manche (de perf)...

Car certes, notre beau pays comptait son lot de groupes de Hard Rock talentueux et reconnus (et méconnus), mais en 1985, nous étions passés à l’ère Metal, bien avant l’Hair Guitar...

Les Metallica, Exodus, Slayer, Running Wild ou Helloween (entre autres) venaient de nous mettre un petit coup de fraicheur à notre bon Hard/Heavy Metal… Mais chez nous ça commençait à se faire désirer…

Et puis un jour on découvre la chronique d’une Démo d’un jeune groupe de l’Oise, dans le Mag "Metal Attack", avec une critique qui fait rêver, on va forcement toutes les semaines chez son disquaire préféré en espérant que le vinyle soit sorti ! (Pour les plus jeunes, un disquaire, c’était un commerçant souvent passionné qui vendait des disques, je sais ça parait dingue… Et le vinyle c’était… enfin bref…).

Puis par un beau jour de 1985, est sorti chez Devil’s Records le vinyle tant attendu. Sans la moindre écoute, on s’est jeté dessus ! La pochette avec cette guillotine d’argent était cool, les paroles étaient sur un feuillet détaché de la pochette intérieure du disque…

Alors arrive l’atterrissage du diamant sur la galette noire, un coup de gratte très speed, la batterie et un cri… On aurait du attacher nos ceintures…

Le son est moderne, les grattes incisives, le rythme rapide, la basse ronronne et le chant en Français est d’enfer ! (normal vu la maison de disque…).

C’est "Déesse du crime" qui démarre, à 200 à l’heure, c’est la rafale de claques ! Enfin une voix en Français, et enfin une voix en Français qui colle vraiment sur du Metal, on comprend même les paroles, un rêve !

"Déesse du crime" est énergique et très mélodique, déjà avec ce titre, l’alchimie entre la puissance et la mélodie existe. Le refrain, rentre tout de suite dans nos têtes, l’impression est forte, et avec ce premier titre, on devine, on sait que l’on ne sera pas déçu par la suite.

"Prisonnier de la nuit" me fait penser à l’un des groupes phares du moment, Tokyo Blade, par son début et son rythme mid tempo, mais surtout, ce titre est entrainant par ses enchainements de rythmes lourds et rapides, la basse à une place prédominante, jusqu’à ce que les guitares se lâchent sur la dernière partie du titre et emmènent tout sur leur passage…

Arrive cette chanson tubesque, "L’étranger", à l’intro mystérieuse et au tempo lourd qui ne demande qu’à partir. On ne peut être qu’absorbé par l’ambiance que dégage cette compo, il y a même quelque chose de magique dans ce titre. La musique colle parfaitement au récit, les interventions des guitares rendent la chanson encore plus pesante. La ligne de chant est parfaite. A l’écoute de ce titre, notre imagination nous délivre des images plein la tête… Vraiment magique !

"Exécution", titre de l’album est un instrumental, exercice difficile qui envoie si souvent tant de groupes dans le mur. Pour sa part, ADX a su façonner un vrai petit bijou, un diamant musical aux multiples facettes qui rivalise de talent avec un "Genghis Khan" du Dieu Iron Maiden. Commençant par des roulements de tambours annonçant l’exécution, ses nombreux rebondissements font de ce titre un véritable périple. Ce sera jusqu’à ce que mort s’en suive, au son d’une lame de guillotine qui fera rouler notre tête… Exécution, "annonçant le malheur" pour un futur album…

Dans un passé lointain, il fallait retourner le disque et passer en face B. (NDA : chose qui n’est pas utile avec la réédition en CD de 1997). Alors quand c’était après un titre comme "Exécution", cela nous donnait quelques secondes de répit, au moins de quoi se remettre de ses émotions. D’autant que la suite, comme le laisse deviner son titre, ne devait laisser rien repousser après son passage… "Les yeux sans âmes, la bave sur le fer …" que l’on pouvait lire derrière la pochette résume l’ambiance et annonce la couleur Rouge sang ! "Le fléau de Dieu" est une tuerie, un déluge de décibels féroces, une construction musicale qui caractérise ADX, tout en évolution souvent loin des schémas classiques et qui en fait son identité.

Alors quand arrivent ces quelques notes légères de synthé et de guitares douces, on se dit qu’enfin, ADX a déposé les armes le temps de "Prière de Satan".
Leurre que cette intro au visage d’Ange, qui dévoile peu après sa nature diabolique et nous fait entrer dans cette histoire fantastique, la compo est là encore à rebondissements, comme le texte, tous deux captivants.

Suit "Vampire" peut être plus standard au premier abord avec un début très "Flash Rockin’ man" d’ACCEPT, se développe petit à petit vers une mélodie qui dévore les neurones, jusqu’à ce Break énorme qui libère une partie de soli endiablés et un passage musicale inoubliable.

C’est par "Caligula" que l’album se termine, morceau qui fera d’ailleurs parti de la compile Devil’s Records sur lequel apparaissaient les jeunes groupes du label. Débauche d’énergie et de violence dont le refrain ne peut être que repris à tue-tête, fait de ce titre, un indispensable à toute set-list du groupe en Live.

Achevés que nous sommes, pauvres auditeurs en admiration totale devant un tel album et même plus que ca, devant un 1er album… Combien de groupe ont pu réussir un tel exploit ?