Pour cette galette, SATAN JOKERS propose un concept album ambitieux traitant des différentes addictions.

Ceci est le fruit de la collaboration entre Renaud Hantson et le psychiatre-addictologue Laurent Karila, grand fan de Métal, qui signe d'ailleurs ici la majorité des textes. Et le Monsieur sait de quoi il parle puisqu'il est l'auteur du best-seller "Une histoire de poudre" (Editions Flammarion), mais également un professionnel de renom.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le sujet, aussi douloureux et difficile soit-il, est ici abordé de belle manière, nous contant les déboires d'un individus devenu accros, de sa première prise à son sevrage, avec tout ce que cela comporte lors d'un parcours semé d'embuches, de rechutes et de désillusions.

Plus que cela, ce sujet et la façon dont il est traité sont un message fort, incitant et invitant l'auditeur à ne pas tomber dans de tels travers, plutôt pervers et avec lesquels nous sommes plutôt esclaves d'un bien-être virtuel et plutôt destructeur.

Alors, musicalement, je n'ai jamais été grand fan de SATAN JOKERS, à l'exception peut-être du premier album. C'est donc sceptique que j'engage ce "AddictionS" dans mon lecteur et... voilà tout simplement à mes yeux le meilleur album de SATAN JOKERS, rien que ça !

Renaud Hantson, le seul issu de la formation d'origine, s'est entouré de grands musiciens qui, même s'ils apportent leur étiquette musicale aux compositions (le jeu de guitare de Michael Zurita est reconnaissable entre tous, tout comme celui de Pascal Mulot à la basse), on retrouve l'esprit de SATAN JOKERS des débuts.

Mieux encore, il n'y a pas sur cet album de titre à mettre au rebus, ce qui était malheureusement le cas des opus précédents. Il faut dire que les musiciens ont le sens du refrain. Chaque titre possède effectivement la mélodie entêtante qui fait mouche.

La guitare sur le refrain de "Effet parano" vous rappellera peut-être le "Rainbow in the dark" de Dio, les synthés en moins. Il n'en demeure pas moins que ce titre est très bon.

La galette contient deux ballades : "Une semaine en enfer" est typique de la ballade métal aux guitares ambiancées et plaintives à la Scorpions, alors que "Lune de miel", la seconde ballade, est moins conventionnelle dans son approche et pourrait aisément figurer dans un registre plus pop.

D'autres morceaux sont un peu à part, tels le psychédélique "Puzzle cérébral" à l'ambiance lourde et sombre. Il s'agit presque d'une ballade aux arrangements orientaux. Le lent et lourd "Chute, rechute" revient aux sources, avec un esprit très SATAN JOKERS des eighties ou "Detox", plus dans un registre Metal Indus, avec des couplets saccadés dans l'élocution, pas trop à mon goût. Le titre est heureusement sauvé par un refrain imparable.

Les pièces maitresses sont à mes yeux "Reine cocaïne" qui ouvre l'opus, rapide et implacable d'énergie, "Dealer (Dr vice)" au refrain entêtant ou "Méphédrone" imparable et excellent de bout en bout. Le speed "Appétit pour l'autodestruction" est également excellent, avec une mélodie très bonne. Ces titres sont promus à un avenir radieux et font déjà office de classiques incontournables du groupe.

L'album comporte de quoi charger et visionner un eBook permettant d'en savoir un peu plus sur les addictions. Une action préventive et éducative à louer. Mais plus encore, cet eBook de 130 pages permet également d'avoir des informations très fouillées sur la conception des morceaux.