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CHRONIQUES |
Si on ne présente plus TRUST, né en 1977 de la
rencontre entre Bernard "Bernie" Bonvoisin (chant) et Norbert "Nono" Krief
(guitares), on oublie en revanche parfois que la carrière du groupe n'a pas
débuté par son premier album éponyme (paru chez CBS en 1979) mais par ce premier
45 tours sorti chez Pathé Marconi le 09 janvier 1978.
C'est donc "Prends pas ton flingue", figurant en face A, qui fait office de
premier titre chronologique de TRUST, à moins de s'être trompé de face lors de
la pose de la galette sur la platine.
Et ce titre, même s'il ne restera pas dans les mémoires comme la plus brillante
réussite des parisiens, s'avère néanmoins particulièrement intéressant.
On retrouve ici un Bernie juvénile avec une voix nasillarde qui lui confère un
côté Punk que le jeune homme revendique clairement à l'époque, ne serait-ce que
par son look.
Une touche Punk que l'on retrouve aussi dans des textes plutôt bruts de
décoffrage, sans filtre, qui sentent bon la jeunesse en colère.
Bien sur, on est encore loin de l'excellence sémantique que le bonhomme
atteindra quelques années plus tard, mais on sent déjà que Bernie n'est pas là
pour conter fleurettes et que le style sera revendicatif et direct... ou ne sera
pas !
Musicalement, nous sommes ici bien loin des standards de qualité que le groupe
atteindra par la suite mais "Prends pas ton flingue" se révèle tout à fait
intéressant pour anticiper le style futur du groupe.
Les guitares acérées de Nono (épaulé par Mohamed "Moho" Chemlekh en rythmique)
nourries des influences des grands noms du Rock 70's (Jeff Beck, Led Zeppelin,
Johnny Winter...) sont bel et bien présentes et donnent son côté Hard Rock à la
musique du groupe, tant sur les refrains que sur des soli déjà endiablés qui
démontrent tout le potentiel du six cordiste.
Mais il convient de signaler le côté groovy de ce premier morceau, exacerbé par une
section rythmique (déjà constituée du bassiste Raymond Manna et du batteur Jeannot
Hanela) bien en place, en particulier sur les couplets où règne un côté quasi
disco.
Car d'ores et déjà, on comprend que TRUST, bien qu'estampillé Hard Rock, ne se
contentera pas de rester enfermé dans un style bien précis et s'autorisera une
liberté musicale totale, qu'il utilisera dans le futur à plus ou moins bon
escient, c'est selon !
En face B, on trouve "Paris by night (Love at first field)" une reprise
francisée du "Love at first feel" d'AC/DC (et les plus attentifs d'entre
vous auront noté la faute d'orthographe figurant sur la face B de la galette ou
"feel" s'est transformé en "field").
Le titre original est foncièrement excellent et la démarche aurait pu s'avérer
casse gueule, mais Nono rend sur cette reprise une copie parfaite à tous les
niveaux, tandis que les paroles de Bernie, à l'identique de "Prends pas ton
flingue", se révèlent tout à fait délectables avec ce côté juvénile et
hargneux.
Ce "Paris by night" lui aussi n'est pas anodin et constitue le point de départ
d'une belle relation entre TRUST et AC/DC, qui ne se démentira pas par la suite
et jalonnera la carrière des parisiens : première partie des Aussies au Stadium
de Paris le 24/10/1978, l'amitié avec Bon Scott qui aurait du écrire les textes
de la version anglaise de "Répression", des jams devenues célèbres (sur "Ride
on" le 13/02/1980 au "Scorpio studio" avec Bon Scott ou encore au club
"Le Rose
Bonbon" en 1982 avec Angus Young)...
Malgré son énergie et sa fraîcheur, dans un paysage musical français alors
dominé par le disco, ce 45 tours ne connaîtra pas un franc succès, bien peu aidé
en cela par un label qui ne mettra pas le paquet sur Bernie & co et préfèrera
miser sur un autre groupe à la carrière naissante : Téléphone.
De là à saboter la carrière de TRUST ? Certains, dont les musiciens eux-mêmes,
n'hésiteront pas à l'affirmer et s'ensuivra un bras de fer avec Pathé Marconi,
afin de mettre fin à cette collaboration peu fructueuse.
De cette passe d'armes naîtra d'ailleurs le titre "Telex", clin d'œil évident
à Téléphone, un des plus célèbres inédits du groupe avec des paroles de Bernie
sans équivoque.
Cet épisode, aussi dommageable soit-il, ne s'avèrera au final qu'un fâcheux
contretemps car le bulldozer TRUST venait de faire ces premiers tours de
chenilles et rien n'allait pouvoir arrêter son inexorable progression.
Le groupe enregistre dans la foulée de cette première sortie vinylique une
maquette de 6 ou 7 titres pour démarcher les labels.
S'il est confronté à de multiples fins de non recevoir, TRUST voit enfin le
fruit de son travail et de son talent récompensé grâce à Hervé Müller, alors
journaliste chez Best, qui flashe sur le groupe après un concert.
En effet, ce dernier présente la maquette du groupe directement à Alain Lévy,
alors président de CBS qui accepte de signer le groupe, lui offrant l'opportunité
d'aller enregistrer son premier album au "Scorpio studio" de Londres, sous la
houlette de Dennis Weinrech, l'ingénieur du son de Jeff Beck, l'une des idoles
de Nono.
Afin de conclure, et pour la petite histoire, je vais me permettre de citer Nono
qui dans le Rock Hard n°203 de novembre 2019, explique à Philippe Lageat : "Levy
a signé trois artistes en tout et pour tout : Trust, Jean Jacques Goldman et
Francis Cabrel ! Le garçon avait une bonne oreille !".
Tu m'étonnes ! Et il possédait aussi un flair sacrément aiguisé !
Afin d'être tout à fait complet concernant ce 45 tours initial, il convient de
signaler que EMI a mis sur le marché en 1992 une réédition au format MCD (tout
aussi difficile à dégoter que le 45 tours) qui contient en plus de "Prends pas
ton flingue" et de "Paris by night", les versions anglaises de ces morceaux.
Ils s'intitulent respectivement "Glamour and the rubbish bin" (présente
en deux versions dont une remixée) et "Love at first field" (avec la
fameuse faute d'orthographe) qui est évidemment la reprise du "Love at first
feel" original de AC/DC. |
Chronique par
Lolo36
Décembre 2019 |
01 - Prends pas ton flingue (4:12)
02 - Paris by night (Love at first field) (3:06) |
Paroles : Indisponibles. Ajoutez les paroles
ICI  |
Musiciens
: Bernard "Bernie" Bonvoisin (Chant), Norbert "Nono" Krief
(Guitare), Mohamed "Moho" Chemlekh (Guitare), Raymond Manna (Basse), Jeannot Hanela (Batterie) |
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