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CHRONIQUES |
Après le "one shot" de Bobital en 2006 pour le festival des terres neuves,
et la double sortie en CD et DVD de ce concert sous le titre "Soulagez-vous
dans les urnes" (lequel fut agrémenté de trois titres inédits), après une mini
tournée en 2006, puis des concerts ici et là dans des festivals d'été en 2007,
qui conduisirent le groupe jusqu'à l'Olympia pour fêter dignement ses 30 années
de carrière, le voici donc enfin ce huitième album studio de TRUST (si l'on
exclut le EP "En attendant").
Et autant le dire de suite, celui-ci ne va pas
laisser l'auditeur indifférent.
Mais à y réfléchir, le groupe ne nous a pas pris par surprise. En effet, qui
aura eu la curiosité d'écouter les trois titres inédits de "Soulagez-vous dans les
urnes", aura compris que la bande a décidé une nouvelle fois d'explorer de
nouveaux champs musicaux.
Qui aura assisté aux quatre concerts donnés en 2006,
à la suite du festival de Bobital, aura remarqué que le groupe a accueilli en
son sein un certain Bruno "DJ DECK" LE GOFF aux platines, afin de donner une
nouvelle orientation à sa musique (et peut être aussi de mieux coller à la
réalité et à la tendance musicale du moment je vous l'accorde).
Nouveaux
champs musicaux ! Nouvelle orientation musicale ! Aie ! Aie ! Aie ! Ça sent la
levée de boucliers tout ça. Un DJ qui vient poser du son sur le bon hard
rock'n'roll de cette institution qu'est TRUST et faire de l'ombre aux guitares
de Nono. Ça sent le sacrilège blasphématoire et je vois de là les vieux
grognards pour qui TRUST rime avec L'ELITE (l'album) et REPRESSION, prompts à
partir en croisade contre le dernier arrivant (Et malheureusement ça ne manquera
pas au cours de la tournée qui s'en suivra).
Seulement moi, je dis halte à
tout, Messieurs les grognards, car ce n'est pas la première fois que TRUST nous
fait le coup.
Souvenez-vous, dès son premier album, le gang incluait des
passages disco ("Le palace"), groovy ("Le matteur"), ensuite nous avions eu
droit à du saxophone sur "Fatalité", sans que cela ne nuise en rien à la
qualité de ce titre. En 1983, c'était carrément un orchestre symphonique et des
chœurs grandiloquents qui s'invitaient sur la trop mésestimée face du diable de
l'album IV. Enfin, en 1984 sur l'album "Rock'n'roll", c'étaient des
synthétiseurs que ne reniaient ni un Daniel BALAVOINE, ni un Jean Jacques
GOLDMAN qui venaient apporter une nouvelle couleur à la musique de Nono et
Bernie.
Enfin plus récemment, "Europes et haines" ou "Ni Dieu, ni maître",
ont respectivement vus la musique du groupe emprunter des chemins acoustiques ou
des expérimentations limite funky, sans que pour autant l'authenticité du groupe
n'en soit remise en cause.
Alors ? Car la véritable question est finalement
là, l'arrivée des platines a-t-elle gommée la tendance (hard) rock du groupe ?
Bernie s'est-il lancé dans le trip hip hop et a-t-il mis au placard sa voix
hargneuse pour adopter le flot caractéristique du genre ? A-t-il délaissé ses
textes fouillés pour des sujets plus "clichés" ?
Avouons-le, le premier titre de
l'album "Toujours parmi nous", qui est aussi le premier single, pourrait laisser
perplexe. Une musique pas très inspirée et un texte qui n'est autre qu'une
longue énumération de personnages, certes plus respectables les uns que les
autres, mais qui a de quoi rebuter l'auditeur. On est effectivement loin, très
loin, du déluge de guitares et des textes inspirés auxquels Nono et Bernie nous
ont habitués.
Pas très rassurant tout ça... Oui mais voilà, arrive un "Epistémophilique" fringant, taillé pour la scène, où je retrouve la plume de
Bernie qui fustige ici les dérives des "people".
"Promesse osée", et
pourtant promesses payantes, puisque que la personne visée ici deviendra le
président de tous les français. Excellent texte pour un excellent titre, tout
simplement.
"Tout est à tuer" voit les guitares reprendre du poil de la
bête, pour un des morceaux les plus "rock dur" de l'album et aussi un des
meilleurs selon moi.
"Venez", euh excusez-moi mon cher Bernie, mais je vais
passer mon tour et je vais aller directement à l'enchaînement "Psaume / Vae
victis" qui constitue selon moi l'un des points forts de l'album. Une lecture
biblique en guise d'introduction et on comprend de suite que le titre qui arrive
va traiter d'un sujet chaud : la religion. Et quel texte ! C'est du grand
Bernie, bien qu'il prenne plus de précautions aujourd'hui que lorsqu'il fustigea
en 1980 l'exil doré de Khomeiny à Neuf le Château. Et oui, bien sur ! Mais
Bernie a aujourd'hui quasiment 30 ans de plus et s'il utilisait toujours le même
phrasé on en trouverait pour dire que c'est un gamin attardé, qu'il n'a pas
évolué... etc. Bernie a grandi, Bernie s'est peut être assagi, mais l'intelligence
et la réflexion sont toujours là.
"Surveille ton look", malgré l'effet de
surprise, ne m'a guère convaincu à la longue... et jamais d'après moi le groupe
n'égalera la version dantesque enregistrée en 1988 à Bercy et que l'on peut
écouter sur le EP "En attendant".
"Black blanc beur" possède un
titre très clichesque, tout comme l'était le même slogan en 1998, lors de la
victoire de l'équipe de France de football. On n'efface effectivement pas les
plaies du colonialisme avec une victoire sportive, aussi belle soit-elle ! N'en
déplaise à tous les conseillers en communication de nos hommes politiques. Un
titre moyen au final mais sauvé par le texte.
"La morsure" propose là encore
un superbe texte de Bernie traitant du racisme, des différences et cette fois la
composition et la musique sont à la hauteur et ça donne un des meilleurs titres
de l'album.
La fin du CD me laisse de marbre. Pendant trois titres, je dois bien
avouer que je ne retiens pas grand-chose et soudain... c'est certainement le
titre le moins rock de l'album, le plus samplé qui me tire de ma léthargie. En
effet, c'est de "Après les hymnes" que surgit l'étincelle, DJ DECK porte le
titre sur les couplets où le débit de Bernie est assez incroyable, avant que le
tiercé guitares, basse, batterie ne s'enflamment sur les refrains. J'aime
beaucoup ce titre, un mélange des genres qui donne un cocktail plutôt savoureux.
On finit en douceur sur "En apparence", un titre qui aurait pu figurer sur "Europe et haines". Un morceau assez paradoxal, un texte fort qui dénonce tous
les beaux parleurs de notre pays, mais déclamé sur un tempo lent et acoustique.
Cette magnifique composition clôt en tout cas de bien belle façon ce huitième
album studio.
Alors que dire à l'heure de conclure ? Cet album n'est certainement pas le
meilleur que le groupe est sorti, car il possède un certain nombre de
compositions dispensables. Evidemment, la présence du DJ apporte une nouvelle
couleur à la musique du groupe et bien-sûr, les fans des débuts, ceux pour qui
TRUST a cessé d'être en 1981, et qui sont malheureusement les premiers grognons,
auront bien du mal à s'accommoder de cette nouvelle offrande du groupe.
En
revanche, ceux qui sont capables à la fois d'une certaine ouverture musicale et
à la fois de faire fi du passé du groupe, sauront trouver dans ce "13 à table"
de nombreux motifs de satisfaction et des titres excellents sur lesquels
l'esprit TRUST est bel et bien présent.
Et puis, comme l'a dit un jour Bernie
: "Si Nono joue de la guitare et que je pose ma voix dessus, ça reste du TRUST", et qu'on le veuille ou non, elle est là la vérité. TRUST, c'est avant tout
ces deux hommes, et après trente ans de carrière, ils ont largement gagné leur
liberté musicale, alors ils proposent la musique qu'ils ont envie de jouer.
Après c'est à prendre ou à laisser. Voilà tout. |
Chronique par
Lolo36
Septembre 2009 |
01 - Toujours parmi nous (3:52)
02 - Epistémophilique (3:33)
03 - Promesse osée (4:01)
04 - Tout est à tuer (3:23)
05 - Venez (3:25)
06 - Psaume (3:02)
07 - Vae Victis (4:57)
08 - Surveille ton look (6:23)
09 - Black Blanc Beur (3:42)
10 - La morsure (5:22)
11 - Que serais-je sans moi (4:04)
12 - La où je vis (4:01)
13 - Des mots (4:06)
14 - Après les hymnes (4:06)
15 - En apparence (2:29) |
Paroles : Indisponibles. Ajoutez les paroles
ICI  |
Musiciens
: Bernard "Bernie" Bonvoisin (Chant), Norbert "Nono" Krief (Guitare), Yves
"Vivi" Brusco (Guitares), Iso Diop (Basse), Farid Medjane (Batterie), Deck Le
Goff (Platines) |
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