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CHRONIQUES |
Après la fameuse tournée des 100 jours qui a vu
le groupe sillonner la France avec plus ou moins de succès, le groupe aurait
légitimement pu s'accorder un break bien mérité avant l'enregistrement d'un
nouvel album. En effet, TRUST a enchaîné albums et tournées à un rythme effréné
depuis la sortie en 1979 de son premier album. Mais voilà, l'ambitieux TRUST IV
n'a pas eu le succès commercial escompté et a coûté une fortune. Les parisiens
ne se retrouvent donc pas en position de force vis-à-vis de leur maison de
disque.
Ainsi, Bernie, Nono et Vivi s'adjoignent les services de Farid Medjane à la
batterie, qui succède à Clive Burr parti juste après l'enregistrement de l'album
IV et se rendent à Genève, sous
la houlette de Daniel Abraham pour mettre en boite "Rock'n'roll", leur cinquième
album studio.
Ce dernier s'ouvre sur "Chacun sa haine", un titre certes pas mauvais mais pas
transcendant non plus, doté d'un texte sans saveur où on a du mal à reconnaître
le style hargneux de Bernie. En somme, ça démarre timidement mais heureusement
la suite est plus ragoûtante.
En effet, voici "Mongolo's land" et là je retrouve la gouaille de Bernie pour
nous conter sa vision d'un pays de mongoles qui n'est autre que notre belle mère
patrie. Nono nous sert de plus un riff excellent mais sa guitare est un peu trop
en retrait dans le mix. Et surtout, elle se trouve édulcorée par des synthés,
très à la mode chez les artistes de "variétoche" flirtant avec les sommets des
hits parade français de l'époque. Autant dire que ce "blasphème" provoquera une
levée de boucliers de la part des puristes qui hurleront à la trahison et
accuseront le groupe d'être devenu "commercial" et d'avoir vendu son âme au
diable.
Mais le business, le groupe commence à bien le connaître et c'est d'ailleurs le
sujet de la troisième chanson : "Paris". Ici il n'est point question de la ville
lumière mais bien de l'évolution d'un dénommé "Paris" dans l'univers du music
business. Un texte excellent, tout en ironie, pour un titre rock'n'roll et
festif sur lequel Bernie partage le chant avec Vivi pour un duo qui constitue un
des meilleurs moments de l'album.
Le titre suivant, "Les notables" n'est pas inconnu des fans qui ont assisté aux
concerts de la tournée précédente, car le groupe le joua quasiment à chacune de
ses apparitions scéniques.
Un très bon riff de Nono qui nous gratifie aussi sur ce titre de l'un des plus
beaux soli de l'album. Il est ici question bien évidemment des notables, et si
ces gens là subissent les foudres de Bernie, on ne peut s'empêcher de penser que
sa plume aurait sans doute été plus vindicative à l'égard de cette classe
sociale, s'il avait traité le sujet quatre ans auparavant.
"Avenir" ou la peur des lendemains dans une France où l'espoir né de l'élection
de Mitterrand s'étiole, des paroles assez clairvoyantes mais qui manquent une
nouvelle fois de "couilles". Un titre sympa où la basse de Vivi est
omniprésente, tandis que Nono cède sa place à un saxophone au moment du solo.
Alors que l'on change de face, débarque l'OVNI de l'album, mais aussi son
single, un titre basé sur un riff de... synthés : "Serres les poings". Quelques
années plus tard le même riff sera utilisé sur le morceau "Je t'attends" composé
pour l'idole des jeunes par Jean Jacques Goldman, lequel utilisera un riff très
similaire pour son propre titre "Nos mains".
Bien que ce titre soit crédité à Bernie et Nono, d'aucuns n'hésiteront pas à en
accorder la paternité à JJG, remarquant que les deux parties possédaient la même
maison de disque.
Toujours est-il que le titre détonne dans le paysage "trustien", avec un texte
positif, qui encourage à se battre, à ne pas renoncer mais ceci sans piment et
on ne reconnaît décidemment pas le style hargneux et rageur de Bernie.
Cependant, "Serres les poings", s'il divisera les fans, reste un bon titre très
chantant et ses fameux chœurs à base de "Ohohohoh...", en font un véritable hit
potentiel à même de fonctionner sur scène. Ce titre est pour moi est un
excellent moment de l'album même si les puristes ne le digèreront jamais. Et
c'est certainement parce qu'il est si différent qu'il garde encore aujourd'hui
un certain charme et toute la sympathie d'une partie des fans.
Malgré son titre en anglais
"I shall return" se déclame bel et bien dans la
langue de Molière, et heureusement, car les paroles font tout l'intérêt de ce
titre. En effet, il permet à Bernie d'écorner les français et de fustiger leurs
contradictions, en particulier vis-à-vis des Etats-Unis. Un vrai titre "trustien",
tout comme "Mongolo's land" mais là encore, dommage que la guitare de Nono ne
bénéficie pas d'un peu plus de pêche dans le mix.
"Rock'n'roll star" pourrait être un titre de remplissage sans saveur s'il
n'était selon moi, sauvé par Nono qui délivre ici un riff intéressant mais
surtout deux excellents soli qui évitent à ce morceau de sombrer dans le banal.
L'album s'achève par un "Surveille ton look" au tempo ralenti et plutôt
monotone, porté par la basse de Vivi, un titre qui s'énerve quelque peu sur les
refrains où les guitares Nono se font plus heavy. Mais on ne peut s'empêcher de
penser que le guitariste en garde sous la pédale, en particulier sur les soli,
surtout lorsque l'on entendra la version dantesque que le groupe nous servira à
Bercy en 1988. Concernant le texte, il est ici question de l'image, du
paraître, ce qui donne un texte assez subtil de Bernie.
Au final, ce "Rock'n'roll" constituera clairement une déception pour les fans de
la première heure, lesquels fustigeront la présence des synthés, accusant le
groupe de "draguer" les hits parade. Les autres regretteront le manque de "gnaque" des textes et de la musique et il est vrai que la guitare de Nono n'est pas à
son avantage sur cet album. Bref, pour les "die hard" le divorce sera
définitivement consommé après cet album où ils ne ressentent plus l'urgence et
la hargne qui faisaient la force d'un "Répression".
Toutefois, pour celui qui est capable de faire fi du passé, il y a quand même
moyen de trouver son bonheur sur ce cinquième opus studio où l'on retrouve,
certes avec parcimonie, la Bernie's touch mais de façon plus retenue, plus
subtile et un peu moins véhémente. Il est aussi possible de se délecter
d'excellents passages de la part de Nono bien qu'il ne soit guère mis en valeur
par le mixage. On arrive même à taper du pied sur l'excellent "Paris" qui colle
parfaitement au titre de l'album ou à chantonner en écoutant "Serres les
poings".
Malgré tout, c'est un sentiment de trop peu qui subsiste après l'écoute de cet
album et malgré de bons titres (qui se verront donner une seconde jeunesse
quelques années plus tard sur le live "Paris by night" dans des versions plus
convaincantes) on sent que la flamme s'est éteinte, que l'osmose entre Bernie et
Nono n'est plus là. Ce que confirmera malheureusement la suite des évènements.
C'est en effet un soir de juillet 1985, du côté de Ploubalay en Bretagne, que
Bernie annoncera aux fans médusés, en plein concert, que le groupe arrête les
frais.
Après seulement un septennat de carrière, TRUST n'aura donc pas résisté au
rythme effréné qui lui a été imposé. Mais jamais avant ou après un groupe
français de hard rock n'aura à ce point marqué le paysage musical hexagonal et
ce n'est pas un cinquième album un peu moins réussi qui entachera tout le mérite
de ce groupe, surtout dans un pays si réfractaire à ce style musical. Total
respect Messieurs ! |
Chronique par
Lolo36
Avril 2010 |
01 - Chacun sa haine (3:51)
02 - Mongolo's land (4:24)
03 - Paris (3:50)
04 - Les notables (4:05)
05 - Avenir (4:10)
06 - Serres les poings (4:09)
07 - I shall return (4:28)
08 - Rock'n'roll star (3:48)
09 - Surveille ton look (6:41) |
Paroles : Indisponibles. Ajoutez les paroles
ICI  |
Musiciens
: Bernard "Bernie" Bonvoisin (Chant), Norbert "Nono" Krief (Guitares), Yves
"Vivi" Brusco (Basse), Farid Medjane (Batterie) |
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